Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Blue Giant Supreme de Shinichi Ishizuka

Titre : Blue Giant Supreme

Auteur : Shinichi Ishizuka

Éditeur vf :  Glénat (seinen)

Années de parution vf : Depuis 2020

Nombre de tomes vf : 10 / 11 (en cours)

Histoire : Après avoir conquis le Japon, Dai s’attaque à l’Europe ! Suite directe de Blue Giant, manga traitant de l’évolution du jeune saxophoniste Dai Miyamoto dans le milieu du jazz. Blue Giant Supreme voit le héros débarquer en Europe ! Fraîchement arrivé à Munich sans parler un mot d’allemand et avec un anglais approximatif, il parvient tant bien que mal à se trouver un toit, un repas et une bière, mais peine à obtenir le plus important : un lieu où il peut faire écouter sa musique ! Au passionnant récit initiatique qui enchante tout mélomane, s’ajoute là une dimension supplémentaire : la découverte d’une nouvelle culture. Sa musique au son unique trouvera-t-elle un écho chez les Européens ?

Mon avis :

Tome 1

Grande fan de la première série, Blue Giant, où j’avais adoré suivre la découverte du saxophone et du jazz par Dai, jeune garçon passionné issu de la campagne japonaise, je ne pouvais que continuer à suivre son parcours dans Blue Giant Supreme où après Tokyo, il se rend en Europe et plus particulièrement à Munich. Cependant, ce premier tome fut difficile et n’a pas eu la fougue que j’attendais de lui.

J’ai vécu cette lecture comme une transition entre deux moments très importants du parcours du héros : l’au revoir au Japon et à son groupe de là-bas, et la découverte d’un nouvel environnement où tout est à recommencer. Alors forcément, cela ne pouvait pas de suite être l’enthousiasme d’autrefois. On ne repart pas vraiment à zéro avec le héros en le changeant de décor, ce n’est pas un reboot de Blue Giant. Non, le héros a un passé et forcément la situation difficile dans laquelle il se retrouve lui pèse et l’ambiance est différente.

En cela, j’ai trouvé que l’auteur avait fait un excellent travail. A chaque changement de lieu dans la série, on sent bien que l’ambiance et le ton sont différents. Il y avait la solitude de Dai dans sa campagne mais sa volonté d’avancer. Puis il y a eu la fougue de la découverte d’autres passionnés comme lui à Tokyo avec en prime ses premiers concerts. A Munich, c’est radicalement différent. Les gens sont ultra calmes lors des concerts, ce qui n’est pas enthousiasmant. Les gérants de boîtes laissent peu leur chance aux petits jeunes seuls et en plus étrangers… Pas facile pour le héros de se refaire une place, surtout qu’il a peut-être tendance à vouloir aller trop vite parce qu’il a déjà connu mieux.

Ce premier tome est donc nécessairement calme car il faut reposer de nouvelles bases, se refaire des connaissances, trouver de nouvelles marques, etc. J’ai aimé la découverte de ce nouveau lieu où le jazz était vécu différemment. J’ai aimé la rencontre fortuite que va faire Dai et qui va tout changer, même si c’est un peu gros ^^! Maintenant, il me manque juste de retrouver sa passion, sa fougue et de voir enfin un public transporté parce que je me suis rendue compte que la passion seule du héros ne me suffit pas apprécier le titre, il faut aussi que ça touche d’autres personnes en faces et qu’elles l’expriment.

Pour les lecteurs de Blue Giant, première série du nom, il n’y aura donc pas de surprise ici. La narration est sensiblement la même. On retrouve notamment ces petits interviews à la fin témoignant du passé de Dai avant qu’il soit connu. On retrouve la même envie du héros de jouer partout tout le temps et notamment sous les ponts ^^ On retrouve ce même trait rond et passionné qui prend vie et force quand le héros se met à jouer, et qui est également très détaillé en terme de décors, ce que j’apprécie.

Ce premier tome lance bien la série, et s’il n’a pas encore la fougue et la force de la série précédente, il pose de bonnes nouvelles bases qu’il ne reste plus qu’à exploiter pour l’auteur. J’ai hâte de voir ce que le destin réserve à Dai parce que je me doute bien qu’il ne va pas en rester là et que ça va vite remuer !

Tome 2

Je suis une fan de la première heure de la série mère qui m’avait frappé par sa fougue, sa passion, son énergie et la beauté de la narration percutante de son auteur. Le premier tome de cette suite m’avait un peu laissée sur ma faim car il était dur de repartir de zéro avec une telle apothéose. Cependant avec ce tome 2 que je tiens entre mes mains la série semble repartir sur de bons rails.

J’ai à nouveau retrouvé la passion des débuts, celle qui monte petit à petit crescendo jusqu’à nous prendre à la gorge, celle qui part de rien pour nous emmener dans les étoiles. Dai poursuit son rêve et ne lâche rien. Pourtant ce n’est pas simple dans un environnement qui semble aussi austère que celui dans lequel il a atterri. Mais avec sa joie de vivre communicative, il va réussir à transmettre ce sentiment et à nous faire vibrer à nouveau.

Il y a beaucoup d’éléments que j’ai aimé dans ce tome et en premier lieu le fait de suivre toute la première partie à partir du regard de l’homme très généreux qui a accueilli Dai chez lui et qui l’a aidé à trouver sa place dans cette nouvelle vie en l’introduisant dans le club/café où il a enfin pu jouer devant un public. Ce changement de regard était nécessaire pour se décentrer du héros qu’on avait suivi jusqu’à présent afin de prendre un nouveau départ.

C’est là que va se produire le déclic qui va embarquer la série dans une nouvelle voie : celle de trouver de nouveaux membres avec qui jouer. Dai va faire LA rencontre qu’il attendait en entendant jouer une contrebassiste dont la force lui rappelle la sienne : Hannah. Mais comme toujours dans la série, la suite n’a rien d’aussi facile. Il va donc partir à sa poursuite mais dans un pays comme l’Allemagne, puis dans une ville comme Hambourg, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Cependant, cela redonne de la niaque à Dai et cela permet d’assister à de belles rencontres.

J’ai beaucoup aimé le portrait de ce vieux propriétaire de magasin d’instruments de musique qui se prend d’amitié pour notre électron libre. J’ai beaucoup aimé découvrir également Hannah en tant qu’artiste avec ses forces et ses faiblesses. On sent qu’on n’est qu’au début de quelque chose de génial et de très puissant !

A l’image des scènes où Dai monte sur scène, c’est à nouveau toute la puissance de la musique jazz que l’on ressent à nouveau ici. La narration de l’auteur retrouve également ses lettres de noblesse avec une mise en scène magique qui souligne à merveille la puissance de la musique, la force de Dai mais également la difficulté de repartir à zéro dans un nouveau environnement. Ainsi, j’ai adoré cet enchaînement de planches muettes à mi-parcours, mais également celles où le héros monte sur scène et frappe tout le monde par la richesse de son son. Magique !

Ce tome 2 de Blue Giant Supreme, où Dai se retrouve et fait LA rencontre qu’on attendait et qui était nécessaire pour lui, m’a permis de renouer avec la série et de me lancer à ces côtés dans cette nouvelle voie même si je suis encore triste de ceux qu’il a laissé derrière.

Tome 3

Petit à petit la suite de Blue Giant commence à prendre son envol et l’auteur commence à envoyer du lourd graphiquement, quelle claque !

Même si je n’ai pas encore retrouver l’intensité de la série mère, petit à petit au fil des chapitres je sens le son redevenir de plus en plus puissant, et les rencontres de Dai redevenir de plus en plus marquante. Ainsi ce tome est sous le signe de sa nouvelle collaboration avec Hannah, petite contre bassiste de génie. Quand on se rencontre de manière impromptue comme eux, forcément le duo ne va pas de soi. On assiste ainsi pendant une partie du tome à leurs réglages, leurs disputes et leurs premières fois. Mais l’auteur a décidé d’aller vite cette fois pour faire exploser le talent de son poulain, il les envoie donc rapidement sur les charbons pour les tester et quel grand moment !

J’ai vraiment vibrer graphiquement à plusieurs reprise dans ce tome, grâce à une mise en scène vraiment impactante des phases clés du jeu des héros. Le premier chapitre dessiné à travers le regard de Dai est génial. Le second quasi muet où les deux commencent à répéter ensemble pour la première fois continue à envoyer du lourd. Cela monte progressivement pour exploser quand ils vont monter sur scène pour la première fois. A nouveau l’auteur nous fait ressentir toute la hargne d’Hannah qui recherche la perfection sans l’atteindre. Il nous fait ressentir aussi la puissance et la magie du jeu de Dai en solo, mais également la beauté de son soutien quand il vient aider Hannah. C’est magique. Le découpage où l’on voit peu à peu son saxo soutenir la contrebasse m’a bluffée, tout comme quand leur musique explose en une pluie étoilée de notes, magique !

L’auteur nous fait vraiment vibrer à merveille comme il sait le faire, mais il ne se contente pas que de ça. Comme il va assez vite dans le développement du duo qui part ensuite à la recherche d’autres musiciens pour compléter leur groupe, il lui est aussi nécessaire de calmer le tempo parfois pour donner plus de corps à son histoire. Il le fait toujours avec talent, le temps de petites scènes de vie qui se veulent anecdotiques mais qui en disent long, que ce soit Hannah avec le chien errant sur lequel elle tombe, Dai et ses histoires de fric, ou Dai qui joue pour la première fois en public en pleine rue en Allemagne, tout est parfaitement calibré. Il en va de même lorsqu’il nous présente un nouveau musicien à la toute fin. Il a l’air de nous raconter l’air de rien la vie de celui-ci, mais il assène des vérités fortes aussi sur ce dernier, le milieu d’où il vient et sa conception de la musique. J’ai hâte de voir la dynamique qu’il va apporter au duo déjà formé.

Blue Giant Supreme s’achemine petit à petit de plus en plus vers le génie qu’avait été pour moi sa série mère qui m’avait vraiment retournée la tête. L’auteur va peut-être un poil trop vite dans ce tome mais il me fait vibrer comme jamais dès qu’il met son héros sur scène, donnant vie à sa musique tel un magicien. Intense !

Tome 4

Nouveau tome clé qui signe la formation du nouveau groupe de Dai, si j’ai passé un très beau moment avec, une fois de plus, je n’ai pas vibré autant que souhaité…

Pour célébrer ce moment de réunion entre 4 grandes personnalités, cette fois j’ai lu mon tome en écoutant les morceaux interprétés au fil des pages. Ce fut à la fois une riche idée et une erreur car l’auteur n’a pas du tout la même intensité que celle des morceaux joués, il est bien plus vif et profond, du coup ceux-ci m’ont un peu ralenti dans ma lecture et je me demande si ça ne joue pas sur mon interprétation.

Maintenant qu’il a trouvé Hannah avec qui former un super duo, Dai a besoin d’autres musiciens. Il y a bien Bruno, le pianiste de génie, mais il manque encore quelqu’un pour la batterie. C’est alors qu’on leur conseille Raphaël, un autre musicien au caractère bien trempé et surtout très indépendant, qui ne va pas être facile à convaincre. Peut-être est-ce dû à toutes ces individualités et la façon un peu éclatée qu’ils ont eu tous de se rencontre, mais je n’ai pas ressenti la même osmose que dans le précédent groupe de Dai au Japon… Pour se réunir et se convaincre les uns les autres, l’auteur propose tout de même une session de génie où chacun individuellement est incroyable et où le groupe fonctionne dans le sens où ils impressionnent le public chacun par leur talent, mais c’est plus de l’esbroufe pour moi.

Heureusement visuellement, ça claque. La puissance sonore de leur musique fait vibrer les pages. C’est à cet instant qu’écouter le morceau joué les dessert car ils sont tellement plus intenses sur les pages de  Shinichi Ishizuka qu’il vaut mieux les lire sans musique. En tout cas, le mangaka est passé maitre pour les mettre en scène dans ses moments de vie intense où la moindre note nous transperce et fait écho en nous. Je suis époustouflée devant tant de talent ! Cependant, ça tranche encore plus ensuite avec les moments plus calmes de leur quotidien et cela rend ceux-ci bien fade, ce qui n’aide pas à retrouver l’équilibre perdu dans cette seconde saison.

Je suis donc un peu les fesses entre deux chaises. C’est très bien écrit et particulièrement efficace. J’aime le rêve qui poursuit Dai avec ce désir absolu de ne vivre que de sa musique et peu importe le reste. J’aime individuellement les musiciens qu’il a trouvés pour jouer avec lui qui ont tous des marqueurs très forts qui se ressentent dans leur musique. J’adore la représentation archi vivante de celle-ci. Mais il n’y a pas encore d’osmose entre tout ça et ça reste un peu plat parfois comme dans ce tome où il y a beaucoup de discussion autour de la musique voire même trop de discussions par rapport à la musique en live. Alors oui, c’est nécessaire pour faire avancer l’histoire mais ça donne un tome un peu en creux pour moi.

Tome 5

Bien que très bonne série, très intéressante sur la construction et le démarrage de ce nouveau groupe de Jazz multiculturel, je peine toujours à retrouver l’enthousiasme et la passion que j’avais éprouvé dans la première saga, où j’avais été soufflée par les héros et leur musique. Ici, c’est bien fait mais presque mécanique et plus plan plan, même si c’est un très bon plan plan.

Nous retrouvons donc Dai, Hannah, Bruno et Raphaël pour leur tout premier concert ensemble. L’auteur nous avait montré qu’il n’est pas simple de former un groupe et de trouver d’autres musiciens. Il nous montre qu’il est tout aussi compliqué de s’entendre pour jouer ensemble sur scène la première fois, surtout avec d’aussi forte individualité qu’ici. J’ai beaucoup aimé toute la mise en scène parfaitement calibrée autour de ce moment. Les chapitres précédents préparent tout ça, de la compo de Dai, en passant par la venue de Boris, tout est très bien pensé. Puis vient le grand moment et là, la cacophonie se fait ressentir aussi bien dans les images que sur scène… Je trouve ça génial qu’un auteur ose montrer ses héros en plein échec. Ça pourrait être négatif, mais c’est au contraire très positif dans leur construction. Un schéma classique mais efficace dans les shonen et seinen autour d’une passion.

La vie du groupe est au coeur de ce tome. Un groupe ce n’est pas que des musiciens doués acceptant de jouer côte à côte. Il est donc temps désormais de forger un vrai esprit de groupe, ce qui manquait terriblement ici. Et là encore, l’auteur a su trouvé les bons mécanismes pour cela. Il met le groupe sur la route avec un nouveau personnage dont j’ai adoré la caractérisation : le neveu de Boris, Gabriel. Avec lui, le groupe va être poussé dans ses retranchements car pour le moment certains sont trop portés par leur orgueil et pas assez par leur passion et leur envie de la transmettre. On va ainsi assister à une lente remise en question et une lente transformation. Ce n’est pas ce qui est le plus vendeur, car c’est pointer du doigt les défauts de chacun, mais c’est nécessaire.

Avec un tome plein d’introspection où le goût de la défaite est bel et bien présent, l’auteur bouscule ses héros comme il bouscule le lecteur. Utilisant des ressorts bien connus, il met pousse son groupe à se remettre en question pour évoluer et changer et transformer ces instants sur scènes pour le moment un peu fades en moment bouillonnant. J’ai hâte que ce soit vraiment le cas car je trouve la série bien timide pour le moment par rapport à sa grande soeur. Les nouveaux personnages sont difficiles à aimer par rapport aux anciens et Dai patauge vraiment avec eux sans l’alchimie qu’il avait avec ses anciens amis. Ce n’est vraiment pas simple de monter un groupe ^^!

Tome 6

Si vous cherchez une excellente série sur la musique, je ne peux que vous encourager à vous plonger dans l’univers d’Ishizuka Shinichi. Bien que ma coeur penche plus pour la première série où l’on sentait toute la fougue de la jeunesse et de cette belle amitié naissante entre trois artistes, cette suite n’a pas à rougir et offre un très beau développement sur la constitution d’un groupe de jazz hétéroclite en Europe.

Comme dans la précédente série, une fois le groupe constitué, l’auteur offre des développements à l’ensemble de ses membres à travers des tomes qui leur sont plus ou moins consacrés. C’est cette fois au tour de Bruno, peut-être le plus indépendant des 4 et le plus antipathique aussi. Cependant on le découvre tellement fan de musique et de jazz en particulier qu’on ne peut que flancher. Sa rencontre avec un ancien rival à l’aéroport offre un duo au piano d’anthologie. On tremble un peu ensuite face à son succès soudain mais heureusement on le découvre aussi fidèle et passionné par le son qu’ils arrivent à produire ensemble.

Ce développement sur fond de tournée du pauvre est assez amusant. Il y a un tel décalage entre ce qu’est capable de produire le groupe et les conditions dans lesquelles ils tournent, c’est impitoyable. L’auteur nous montre la difficulté à se faire connaître, la volonté et la débrouillardise qu’il faut avoir dans ces cas-là. C’est assez magique car nous sommes alors dans l’Allemagne profonde et non sur les scènes à la mode d’une grande ville. Pourtant, le groupe fonctionne et émerveille toujours autant, que ce soit Bruno ou Dai, les autres sont un peu plus en retrait. D’ailleurs, on franchit une étape importante ici : le choix du nom du groupe et je dois dire que j’adore la symbolique de celui-ci.

Cependant, cela avait quand même un petit air morose tout ça, alors je suis ravie que l’auteur ait décidé de les faire participer à tout petit festival qui se lance. Grâce à cela, on retrouve un peu de la fougue de la précédente série qui manque ici. En effet, pour les organisateurs, c’est la réalisation d’un long rêve et ils y mettent donc toute leur passion. J’ai trouvé génial de rencontrer ces hommes, de les voir auditionner, régler le son, monter la scène, avec les moyens du bord. C’est extrêmement touchant et encore plus quand ils sont confrontés à un musicien qui joue les divas et qu’ils subissent en silence pour arriver à lancer leur festival et réaliser leur rêve. J’ai adoré. Je n’ai qu’une hâte que celui-ci démarre !

Bien que toujours moins puissant émotionnellement que la première série, Blue Giant Supreme reste cependant extrêmement bien écrit et mené avec un développement intéressant de chacun des personnages chacun son tour, dans un cadre original et réaliste en même temps, où l’auteur montre la difficulté à se faire connaître et/ou gagner sa vie de sa musique. C’est superbement écrit et dessiné. Les fans de musique, qu’attendez-vous le découvrir ?

Tome 7

Qu’il est agréable de continuer à voir la belle percer des Number 5 dans le monde du jazz européen ! Même si, et je sais que je me répète, je ne retrouve pas la même passion et la même belle amitié que lors de la première partie de la série, les voir jouer me fait toujours un effet boeuf !

Et dans ce tome, l’auteur nous fait vraiment plaisir de ce côté-là grâce à leur participation à un tout jeune festival qu’ils ouvrent en montant sur scène les premiers et en défonçant tout. Comme à chaque fois, c’est jouissif de les voir jouer. On ressent à merveille toute la force, la puissance et la chaleur aussi de leur jeu, mais en prime on commence à sentir l’osmose du groupe ici et c’est superbe ! L’auteur laisse aussi bien la place au jeu solo qu’au jeu collectif, une dynamique qui me plaît énormément, car autant je trouve important d’avoir de la cohésion, autant je trouve essentiel de ne pas s’effacer pour cela, et ici, il a trouvé le juste équilibre.

Mais ce tome n’est pas que le récit des Number 5 qui se trouvent enfin, c’est aussi l’histoire d’une transmission et d’échanges réussis. Pendant le festival, nos héros se font remarquer par les cadors venant le clôturer et un boeuf est vite concocter pour un moment de folie où chacun se voit transcendé grâce au musicien de génie qui les a invités. Sauf que Ishizuka Shinichi se serait pas le mangaka qu’on connait s’il se contenter de célébrer des génies, il a aussi l’humanité et l’humilité pour porter aussi aux nues un jeune groupe de lycéen, encore maladroit et hésitant, leur offrant aussi leur chance de briller, et c’est toute la beauté de l’oeuvre. Il montre combien la musique est universelle, combien la musique peut-être tolérante et porteuse d’échanges valorisant aidant chacun à grandir. C’est superbe !

Graphiquement, c’est encore une claque mais cela devient un peu la norme dans cette série, donc je suis moins surprise par l’impact de leur jeu sur les planches. C’est moins explosif en quelque sorte et plus doux. On ressent ainsi à la fois la force et la beauté de la musique alors qu’avant seule la puissance avait son mot à dire. C’est un beau changement.

Changement qui se produit aussi dans le scénario dans la seconde partie du tome. De manière assez inattendue, un caillou vient gripper l’engrenage de nos héros partis sur les routes, qui viennent de se faire remarquer par un grand nom, et à qui on propose désormais plein de scènes dans des bars de multiples villes allemandes. Ce caillou était imprévisible et renverse bien la donne. Il permet d’écarter un temps Dai pour laisser la place aux autres et voir comment ils peuvent évoluer sans lui, mais voir aussi s’il est si indispensable que ça au groupe. Cela pimente le récit et offre une nouvelle proposition pour cette histoire au final assez linéaire jusqu’à présent.

Ainsi, j’ai beaucoup aimé l’arrivée du rival de Dai, un personnage haut en couleur et très différent de lui, qui a une autre forme de charisme et de talent que lui, une autre façon de s’intégrer et d’évoluer dans le groupe, une autre façon d’interagir avec le public, le tout sans qu’ils se soient jamais rencontré ou entendu l’un l’autre. Alors la confrontation promet !

Blue Giant Supreme est définitivement un titre de très grande qualité évoquant avec dynamisme et passion une scène musicale un peu méconnue sauf des amateurs de jazz. Il a cependant le défaut de sa qualité, à force d’avoir un auteur maîtrisant à la perfection son histoire, ses dessins et leur mise en scène, on se retrouve parfois avec un titre un peu lisse et prévisible, très beau, mais moins fou et percutant qu’à ses débuts. Heureusement, dès qu’un élément perturbateur arrive, le titre reprend son envol et le son puissant de leurs instruments vient à nouveau nous exploser aux oreilles et réveiller nos sens. J’ai hâte de voir le résultat de cette perturbation dans le prochain tome et le réveil de tout ce qui sommeille encore en Dai.

Tome 8

Y a pas à dire Blue Giant Supreme est vraiment une grande série. Elle est l’une de celles sur lesquelles je me jette à peine sortie et qui me fait vibrer à chaque tome. Je suis avec enthousiaste les aventures musicales de nos jeunes héros à travers l’Europe et je suis derrière eux à chacune de leurs réussites ou de leurs déconvenues car leur passion est vraiment communicative.

J’ai d’abord au des réserves avec cette suite se déroulant en Europe car il y avait une telle puissance dans la première partie au Japon que je voyais mal l’auteur l’égaler. D’ailleurs il a commencé assez tranquillement et ce n’est que depuis quelques tomes que je ressens la même force. Mais alors dans ce tome, c’était criant !

Ishizuka Shinichi commence enfin à nous montrer toute la puissance de son groupe. Avec Dai qui a dû partir aider son père malade, le groupe a dû le remplacer. Mais lors de son retour, il doit démontrer qu’il mérite sa place, ce qu’il fait avec brio. Puis nous assistons ensuite au fil des chapitres à une vraie démonstration de style pour affirmer peu à peu le style de chacun et c’est magique !

J’ai une nouvelle fois adoré suivre les duels de nos musiciens sur scène, que ce soit des duels face à des musiciens de même calibre comme pour Dai et Ernest, que ce soit des duels face à d’anciens collègues comme pour Hannah et les Moren 5, ou des duels face à eux-mêmes comme pour Rafa, le batteur. Tous se transfigurent dans ce tome pour donner une vraie richesse et puissance au son de leur groupe qui se retrouve matérialisée dans les quelques images muettes du film de leur manager dans les ultimes pages qui montre les changements qui se sont opérés et leur expression sur le public. Magique !

Il faut dire que le mangaka a toujours cet art de la mise en scène. Il sait comme personne ou presque nous faire ressentir la puissance de la musique et son écho sur les spectateurs ainsi que son impact sur les musiciens. On sent littéralement vibrer les notes à travers les pages, les tempo nous transpercer et les rythmes nous traverser. C’est assez incroyable à vivre et il nous a gâtés dans ce tome avec les nombreux passages de son groupe sur scène. J’ai adoré les voir se trouver de plus en plus en tant qu’individus et en tant que groupe, chacun ayant une révélation.

Mais l’auteur sait également calmer le jeu et nous gratifier de petits moments du quotidien plein d’humour et de charme, comme Dai qui s’interroge sur le fait de draguer Hannah ou Bruno qui continue de provoquer leurs rivaux, ou encore Ernest et Dai qui se chamaillent en mode bagarre de chats des rues. C’est charmant et cela consolide encore les liens entre chacun.

Avec brio, Shinichi Ishizuka continue donc de mener son histoire vers son apothéose, nous faisant vibrer aux côtés des héros grâce à leur passion pour la musique et le jazz. J’adore découvrir la scène européenne à leur côté et plus particulièrement la scène française dans ce tome. C’est magique d’assister à leur métamorphose et à la création de leur groupe, encore plus aux côtés d’un mangaka qui maîtrise aussi bien l’art de la mise en scène. Chapeau bas, monsieur !

Tome 9

Alors que Glénat vient de nous annoncer la prochaine sortie de la prochaine saison de la série, nous atteignons ici l’un des climax ou plutôt l’un des tournants de l’oeuvre avec un tome essentiel qui fait décoller le lecteur !

Quel bonheur de replonger à cette fois dans cet univers jazzy remplis de passionnés et de professionnels. J’adore le discours de l’auteur sur la musique, les groupes, les musiciens. C’est passionnant de le suivre à travers le personnage de Dai et le groupe des Number 5 qu’il a formé avec ses collègues et amis désormais. Tous adorent ce qu’ils font, tous sont des pro consciencieux et tous nous offrent de grands moments.

Ce tome n’est qu’une lente montée en puissance. Il explose d’abord dans un premier temps avec l’enregistrement, enfin, du premier disque de Dai et quel grand moment ! C’était puissant de le voir aller aller à la rencontre de sa musique en studio, le tout sous le regard incisif d’un ingénieur pro. L’auteur a toujours le chic pour trouver et placer des regards extérieurs incisifs qui nous font comprendre la force de leur musique et le génie de leur évolution. Ce moment fut ainsi à la fois réaliste et percutant !

On aurait ainsi pu craindre le groupe arrivé à une crête, mais non, il ne fait que mieux repartir grâce au sens du rebond scénaristique de l’auteur, qui nous achemine ainsi lentement vers la fin de cette époque et de cette saison, non pas sur une pente descendante comme autrefois, comme sur une pente ascendante prête au décollage. Ainsi même si les coéquipiers de Dai se rendent compte du fossé qu’il commence à y avoir entre eux, ils ne le lâchent pas et continuent de tenter de le suivre. C’est la beauté de ce groupe, nous sommes avec de vrais pros, de vrais passionnés et surtout des adultes cette fois.

Chaque étape est ainsi parfaitement rendu pour mieux nous faire sentir la progression du héros dans ce tome. Après l’enregistrement de l’album, c’est un concert plein de symbolique qui vient nous scotcher, puis de nouvelles propositions s’offrent à eux avec l’envol du groupe en Europe. On a presque du mal à y croire, mais comme le récit nous est raconté depuis le passé où on sait Dai célèbre, on n’est pas si surpris non plus. On en prend juste plein les yeux face à ces progrès fulgurants et ces liens toujours plus serrés.

Maintenant, le dernier tournant est là. Le virage a été amorcé et le festival auquel Dai et les Number 5 vont participer avec leur adversaire Ernie promet d’envoyer du lourd ! L’auteur prépare déjà le terrain et on prend plaisir à voir un Ernie bien plus sérieux et moins capricieux, ce qui fait qu’on l’attend au tournant tout comme il attend les Number 5. Moi, pour ma part, j’ai hâte de voir ce que ce groupe de jazz va faire lors d’un festival de rock, car après tout jazz ou rock, la musique est là pour nous faire vibrer !

Tome 10

Les amateurs de musique live seront encore à la fête dans cet avant-dernier tome qui montre encore toute la puissance de ce medium pour renverser les tables et les préjugés. Un grand moment !

Dai et sa bande ont été invités à un festival rock. Quelque chose de complètement contre-intuitif pour un groupe de jazz. C’est ce qui va nous faire vivre de grandes émotions. Shinichi Ishizuka n’a vraiment pas son pareil pour mettre en scène de tels moments. Il alterne entre petites histoires simples dans les coulisses et démonstrations scotchantes sur scène. C’est excellent !

On assiste vraiment à un moment d’anthologie ici fait pour nous montrer la puissance de la musique. En voulant la montrer divisée entre fans de rock et fans de jazz, le mangaka va finir par montrer comment une bonne prestation peut rassembler tout le monde sans préjugé. Il fait donc très bien monter la tension avant le concert, faisant croire que la réussite de cette entreprise est impossible, mais ce n’est que pour mieux nous scotcher ensuite et bien que simple, ce procédé fonctionne à merveille. Toutes les tensions disparaissent le temps d’une prestation à marquer d’une pierre blanche et au contraire de nouvelles opportunités s’ouvrent.

J’ai beaucoup aimé la mise en scène de tout cela. Voir ce Dai mature, calme, posé qui ose aller vers les autres avec simplicité puis qui avec la même efficacité se montre tel qu’il est au naturel sur scène pour faire entendre la puissance de son son et la profondeur de sa passion, c’est excellent ! On réalise à quel point il est loin devant son rival Ernest, qu’il affronte ici. On sent combien ce groupe autour de lui a progressé avec lui et est désormais passionné aussi par ce qu’il fait. On sent combien tout cela fascine le public et fait bouger les lignes. Un grand moment. Normal après cela qu’il se fasse remarquer par de grands pontes et que de nouvelles possibilités enthousiasmantes s’offrent à lui. C’est ce qu’on attendait, ce qu’on a et ce qu’on sera ravie de suivre dans la suite déjà annoncée par Glénat pour le printemps.

Toujours un grand moment musical, Blue Giant Supreme renverse les tables ici et déjoue les préjugés sur la réception du groupe jazz par des amateurs de rock, montrant l’émotion universelle que peuvent transmettre des musiciens qui croient en ce qu’ils font. C’est beau, intense, magistral et la mise en scène de Shinichi Ishizuka nous percute encore une fois les tympans, nous faisant revivre, pour ceux ayant été en festival, la puissance et la magie de ces moments. J’ai vibré avec Dai et ses amis et j’ai été émue par les changements qui se sont opérés en eux. Je prépare les mouchoirs pour le dernier tome qui approche.

©2017 Shinichi ISHIZUKA / SHOGAKUKAN – ©2020 Editions Glénat

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