Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Spy X Family de Tatsuya Endo

Titre : Spy X Family

Auteur : Tatsuya Endo

Éditeur vf : Kurokawa

Années de parution vf : Depuis 2020

Nombre de tomes vf : 12 (en cours)

Histoire : Twilight, le plus grand espion du monde, doit pour sa nouvelle mission créer une famille de toutes pièces afin de pouvoir s’introduire dans la plus prestigieuse école de l’aristocratie. Totalement dépourvu d’expérience familiale, il va adopter une petite fille en ignorant qu’elle est télépathe, et s’associer à une jeune femme timide, sans se douter qu’elle est une redoutable tueuse à gages. Ce trio atypique va devoir composer pour passer inaperçu, tout en découvrant les vraies valeurs d’une famille unie et aimante.

Mon avis :

Tome 1

Voici la dernière série de Kurokawa qui fait du bruit. Issue du Shonen Jump+, elle était attendue de pieds fermes par bien des aficionados. Je n’en avais jamais entendu parler pour ma part mais le buzz autour m’a intriguée et le côté fun de la série m’a donné envie pour une fois. Je partais donc sans le moindre a priori et je pensais juste passer un bon moment de détente mais en fait je me suis régalée !

Tatsuya Endo, le mangaka, est déjà connu chez nous pour deux titres Tista et The Moon Sword chez Kazé, que je n’ai jamais lu pour ma part, mais à voir les couvertures, on sent que ce sont deux shonen plein de pep’s. Il renouvelle donc l’expérience ici avec Spy x Family, un titre parfaitement formaté pour plaire aux jeunes et aux moins jeunes, bref au plus grand nombre, qui est toujours en cours au Japon avec 5 volumes à ce jour.

D’habitude, je m’emballe difficilement pour les shonens et encore moins pour ceux prétendus humoristiques, mais ici tout a fait mouche ! J’ai eu l’impression de me retrouver dans une version revisitée mais tout aussi drôle de Kingsman (avec Colin Firth et Taron Egerton) qui fait partie de mes films préférés de la dernière décennie. L’auteur joue a fond sur les codes des récits d’espionnages mais en y apportant un tel humour et une telle dérision que j’ai trouvé impossible de ne céder à la tentation de rire tout du long.

Place à Twilight, espion ultra renommé pour ses déguisements et le nombre de missions qu’il a réussies. On lui confie donc un job ultra confidentiel et complexe à réaliser dans un temps très limité : s’introduire dans une école d’élite pour entrer en contact avec un chef politique. Le hic, pour cela il lui faut trouver une femme et un enfant en une semaine ! Qu’à cela ne tienne, Twilight relèvera le défi !

La mise en scène de Tatsuya Endo est vraiment excellente. Du début à la fin, il a un sens du rythme incroyable. On enchaine les pages, les ambiances, les missions, les moments truculents et abracadabrantesques. Tout est référencé. On sent parfaitement l’ambiance film d’espionnage nécessaire à ce genre de récit. On est également dans un univers tout droit inspiré de la Guerre Froide, avec l’Est contre l’Ouest, et les suspicions que cela implique. En même temps, on se retrouve avec un homme qui apprend à être père alors qu’il ne sait pas ce que c’est, qui jongle entre ça et ses missions, et qui trouve encore le temps de tenter de séduire des femmes. On a également droit à un portrait fort savoureux des écoles élitistes à l’européenne, c’est vraiment poilant. Tout est fait pour accrocher et amuser le lecteur.

Les personnages sont tout aussi haut en couleur, entre le père, espion de métier, la mère, tueuse à gages, et la fille télépathe. C’est vraiment un trio improbable et pourtant il fonctionne. J’adore le décalage que chacun crée avec la réalité dans laquelle ils vivent mais également entre eux dans cette famille totalement inattendue qu’ils vont former. La petite fille est ultra choupi et en même temps avec tout ce qu’elle entend, elle grandit à vitesse grand V. Le côté totalement dépassé vis-à-vis de la parentalité du père est tordante aussi, quand on voit qu’il va jusqu’à enfermer sa « fille » pour pouvoir sortir sans elle. La mère, n’est pas en reste, avec sa grande naïveté face aux relations hommes-femmes et sa force brute qui fait peur. Le mélange est explosif !

Ce premier tome fut donc une excellente introduction à l’univers. Moi qui avais peur de m’ennuyer ou de passer à côté parce que je ne suis pas une fan de titres humoristiques, je me suis poilée de bout en bout. J’ai beaucoup aimé le mélange entre missions d’espionnages et vie quotidienne complètement décalée. Ce début est vraiment prometteur. On n’est pas seulement dans un titre reposant sur un comique répétitif, mais plutôt sur une intrigue évolutive avec un comique de situation bien dosé, que je trouve très séduisante par les références qu’elle utilise. C’est donc une très belle surprise pour ma part et un beau coup de coeur !

Maintenant, saluons l’édition de Kurokawa, qui comme toujours est vraiment soignée avec une traduction de Satoko Fujimoto que je trouve excellente dans les jeux de mots qu’elle utilise. Pour le prix d’un shonen normal, on a également droit à quelques pages couleurs, le tout avec une reliure et un papier de qualité, offrant une belle impression au titre. Parfait !

Tome 2

Je m’étais régalée avec le tome 1, malgré mon manque appétence générale pour les titres humoristiques, j’ai remis le couvert avec ce tome 2. Même humour, même pep’s, même loufoquerie. J’adore !

L’auteur continue à développer son univers fait d’espionnage et autres missions d’infiltrations. C’est drôle, dynamique et cela se renouvelle sans cesse. J’avais peur qu’une routine épisodique s’installe, pas du tout, le mangaka déploie un fil narratif simple mais terriblement efficace qui nous tient du début à la fin.

Pour que Twilight réussisse sa mission, « sa fille » doit entrer dans une certaine école élitiste anglaise mais patatras, elle n’est que sur la liste d’attente. L’auteur s’amuse avec nous, tout comme il continue à jouer avec les personnalités hautes en couleurs de ses personnages. C’est vraiment très frais et le petit côté Kingsman que cela donne au récit est vraiment savoureux. Rebondissements en chaîne, personnages complètement barré, humour so british à la sauce japonaise. J’ai eu l’impression de me retrouver dans du Lupin 2.0.

Une fois l’épreuve de l’école passée, on n’est encore pas au bout de nos surprises, puisque c’est la sociabilisation d’Anya qui est mise en scène, elle, la petite fille télépathe. L’auteur joue à fond là-dessus car son pouvoir crée un nombre fabuleux de quiproquo. C’est juste tordant. Mais ce n’est pas la seule évolution du récit, nous découvrons également le frère de Yor, la maman tueuse, qui n’est pas en reste. C’est un vrai psychopathe sous ses airs de gentil frère adorant sa soeur au point que cela soit pathologique.

Ainsi, petit à petit se met en place un récit vraiment drôlatique mais avec une dimension espionnage très bien fichue qui passionne. C’est léger et sombre à la fois. La dichotomie entre les deux est parfaitement gérée grâce à un panel de personnalités variées et rocambolesques. Alors on s’amuse comme des petits fous à être surpris sans arrêt par ce qu’ils arrivent à inventer. Personnellement, j’adore !

Tome 3

Même si je suis toujours aussi séduite par le concept et que l’auteur tente de se renouveler à chaque fois, j’ai été moins séduite par ce tome que par les précédents.

L’idée de base de former une famille avec un espion, un assassin et une télépathe sans qu’aucun ne le sache et alors que chacun a des objectifs différents est original. Tatsuya Endo y ajoute en plus une bonne dose d’humour à la Kingsman depuis le début. Cela rend donc les chapitres savoureux aussi bien lorsque Loyd, l’espion, tente de mener à bien sa mission, que quand ils tentent de passer pour une famille normale.

Cependant dans ce tome, j’ai trouvé que l’ensemble manquait de souffle et que l’humour faisait déjà un peu déjà vu. J’ai donc moins ri et j’ai lu les chapitres avec moins d’allégresse que précédemment. Peut-être est-ce dû au recentrage sur la vie d’Anya à l’école, qui coince l’histoire dans des rebondissements digne d’une enfant.

Ce ne fut pas pour autant une lecture désagréable. Plein de petites choses m’ont amusée et je n’ai pas vu le temps passer. L’épisode avec le frère de Yor était fort amusant grâce au décalage occasionné par les métiers de chacun et les attentes que chacun avait. L’épisode spécial où Yor a reçu une balle dans les fesses est aussi tordant grâce à un bon comique de répétition dû à un malentendu et une absence de communication entre elle et Loyd.

Ce sont vraiment les chapitres se passant dans l’école d’Anya ou centré sur celle-ci qui m’ont moins convaincue, même si celle-ci tente de faire avancer la mission de son papa à tout prix et que l’auteur tente de développer la personnalité de son rival. Il y a cependant une promesse de rebondissement original visant la famille dans les ultimes pages qui me donnent envie de vite lire la suite.

Reposant toujours sur un concept loufoque mais original, Spy x Family reste une lecture sympathique mais moins convaincante que les premiers tomes à cause d’une répétition qui commence à poindre ainsi qu’un rythme qui marque le pas avec Anya qui est désormais à l’école. J’attends de voir comme l’auteur va parvenir à rebondir et insuffler un second souffle.

Tome 4

Alors que j’avais adoré le concept à sa sortie, j’avais senti comme un essoufflement à la longue et le dernier tome m’avait un peu déçue. L’auteur a dû le sentir lui-même car il redonne un second souffle ici grâce à l’ajout d’un personnage inattendu.

Qu’est-ce qu’une famille sans animal de compagnie ? Et qu’est-ce qu’une série sans mascotte ? Tatsuya Endo répare cela en ajoutant à la famille Forger le meilleur compagnon de l’homme. En effet, Anya ayant enfin décroché une étoile à l’école, pour la récompenser ses parents veulent lui offrir un chien, mais rien n’est jamais aussi simple avec eux.

J’ai adoré voir le glissement de l’histoire démarrant sur une tranquille visite dans une animalerie, certes tenue par une agence gouvernementale, et se terminant par un attentat à déjouer. On raccroche au côté complètement fou de la série, ce petit air de Kingsman que j’aime tant, et ça m’a fait un bien fou. Le tome est bien plus drôle et pêchu que le précédent, et le rythme incessant.

Ceci n’aurait jamais eu lieu sans la rencontre entre Anya et une gros chien blanc utilisé par des terroristes, avec d’autres, pour éliminer le ministre des affaires étrangères de Westalis. J’ai de suite beaucoup aimé ce duo décalé. Anya avec ses pouvoirs lit dans les pensées du chien, qui lui-même a des visions du futur car il fut le cobaye d’expériences gouvernementales pour produire des chiens surentraînés et très intelligents. Anya veut donc tout faire pour déjouer ce qui risque de se passer car son père est en danger. Le chien, lui, est certes protecteur mais pas mal nonchalant aussi, ce qui donne un duo détonnant.

Ainsi tandis que Yor cherche partout sa fille disparue et que Loid tente de déjouer l’attentat avec ses collègues des services secrets, Anya se retrouve en plein dedans, en contact direct avec les terroristes. Cela donne une histoire un peu fofolle, où on court dans tous les sens, où la tension est de tous les instants, mais où l’humour ne nous quitte jamais lui non plus tant ce qui se passe sous nos yeux est rocambolesque. L’auteur réutilise tout ce qu’il avait développé autour de ses personnages : la télépathie d’Anya, les talents en déguisement de Loid, la grande force de Yor et son côté bébête, ce qui donne un mélange hyper vif.

Cette petite intrigue visant à déjouer l’attentat m’a tenue en haleine et divertie tout du long. C’était vraiment fun à suivre et le décalage entre le sérieux de l’affaire et le côté loufoque des personnages était savoureux. L’ajout désormais dans la famille d’un chien, m’a beaucoup plu, en plus un chien tel que lui, en parfait décalage avec l’image qu’on aurait pu en attendre. C’est le genre d’intrigue que j’attends ici, ça et les petites scénettes familiales attendrissantes, car quand on retombe dans les histoires à l’école d’Anya, c’est de suite moins percutant…

Ce quatrième tome m’a dont réconcilié avec la série, me faisant reprendre du plaisir et des barres de rire. Il avait ce mélange entre humour absurde, intrigue décalée et action lourdingue mais parfaitement rythmée et mise en scène que j’aime !

Tome 5

Spy x Family continue sur la très bonne voie qui est la sienne, l’auteur semble avoir trouvé sa vitesse de croisière grâce à un mélange détonnant entre humour, espionnage, mission, vie de famille et vie scolaire. Tout se goupille à merveille et même les ressorts qui me font habituellement lever les yeux au ciel (les rivaux amoureux) sont ici savoureux !

La dernière fois, le tome était centré sur l’arrivée du nouveau membre de la famille : Bond. Cette fois, l’auteur change son fusil d’épaule et se recentre sur la mission. Il alterne ainsi les chapitres sur la vie de famille des Forger où chacun essaie d’entrer de mieux en mieux dans son rôle et les chapitres consacrés aux moments qu’Anya passe à l’école où elle doit approcher le fils de sa cible. Autant, il y a des tomes où j’ai moyennement aimé ces derniers, autant ici c’est passé tout seul grâce à une narration fluide où le comique n’était jamais trop lourd mais toujours drôle.

J’ai beaucoup aimé tous les petits moments de la vie quotidienne qui détournent avec humour notre propre routine. Ainsi, c’est amusant de voir Yor apprendre à cuisiner en mode cauchemar en cuisine. C’était également tordant de voir Anya tenter d’étudier, ce qui est loin d’être son fort, ou encore la voir suivre son père sur son lieu de travail officiel et entendre/voir un double discours lié à ses missions d’espion. Enfin, j’ai aimé le renversement de paradigme par rapport à d’habitude lors de l’arrivée de la rivale amoureuse de Yor. A chaque fois, l’auteur se joue des pouvoirs télépathiques d’Anya pour transformer avec humour des situations connues et nous les faire voir sous plusieurs angles différents tissant un beau réseau humoristique.

Même les chapitres se passant ou ayant un lieu avec l’école m’ont accrochée cette fois, ce qui n’était pas le cas avant. Je les ai trouvés plus dynamiques, plus drôles. Le fait que la plupart fassent lien avec le projet initial de se servir d’Anya pour se rapprocher de Damien et de son père a aidé, de même que le fait que Damien soit moins antipathique quand on le voit tout faire pour gagner l’attention et la reconnaissance de ce père qui se moque de lui. L’auteur ajoute une dimension attachante à ce pan de l’histoire.

Dans ce tome, j’ai donc trouvé que l’auteur gérait mieux sa narration, en alternant avec soin chapitres de la vie de famille et de la vie d’écolière d’Anya, alternant avec soin humour et mission. La série est vraiment sur de bons rails.

(Merci Kurokawa et Sanctuary pour ces lectures)

Tome 6

Spy x Family est vraiment l’un des titres les plus funs de ma mangathèque et alors que je ne suis pas une adepte des titres humoristiques, celui-ci m’amuse énormément par son décalage entre sérieux et loufoquerie. Quand en plus, l’éditeur met les petits plats dans les grands en proposant une version collector de ce tome avec couverture alternative en sus de l’originale et jolie plaque émaillée, je suis joie !

J’ai à nouveau passé un très beau moment fort amusant avec ce nouveau tome. S’il n’est pas à la hauteur de l’excellentissime tome 4 où on découvrait Bond, il reste dans le haut du panier grâce à une bonne alternance entre chapitre mettant Twilight en avant, puis son couple avec Yor et enfin la mission d’Anya à l’école. L’auteur est sur tous les fronts !

Le démarrage fut d’abord un peu poussif dans les premières pages avec Fiona/Nocturna, la collègue de Twilight. Mais très vite l’humour a pris le dessus grâce à une mission encore plus loufoque que d’habitude où les deux agents doivent participer à un tournoi de tennis clandestin en couple. Franchement, il faut aller loin pour imaginer cela mais que c’est jouissif à lire. Entre attaque complètement improbable, adversaires dopés à mort aux stéroïdes et inventions, Loid et Fiona ont fort à faire. Nous, on rit devant l’imagination dont fait preuve l’auteur, on savoure les situations improbables se déroulant sous nos yeux et on s’amuse du décalage entre les deux collègues. C’est fort réussi.

Mais l’auteur n’en reste pas là, en ajoutant le personnage de Fiona, il crée une nouvelle dynamique au sein de la famille Forger et c’est amusant de voir sur quoi va déboucher la jalousie légitime de Yor face à cette rivale inattendue. Je me suis autant amusée de son bref affrontement avec Fiona que de sa conversation à coeur ouvert avec Loid, où celui-ci a eu une réaction inattendue pour moi et elle encore plus. Cette petite incursion dans le monde des adultes version Tatsuya Endo est hilarante.

Enfin, n’oublions pas la petite Anya, électron libre qui n’oublie jamais sa mission, mais à une façon bien à elle de la remplir. Ça reste pour moi la partie la plus faible de la série, rien à faire, mais c’est quand même mignon. Je me suis amusée du défilé de mode d’Anya avec sa jeune amie. C’était fun et léger, en plus de montrer un côté attendrissant chez Becky. Les maladresses d’Anya pour approcher Damien à l’école sont une autre source de rigolade, mais on n’avance pas beaucoup. Alors heureusement que son père vient mettre son grain de sel, ce qu’on verra plus dans le prochain tome.

De manière assez équilibrée, l’auteur nous livre un tome où il offre son moment de gloire à chacun des membres de la famille. C’est chouette. L’humour fait toujours mouche chez moi, que ce soit dans le monde de l’espionnage, dans notre couple d’agent/tueuse ou à l’école. Une réussite à tous les niveaux !

Tome 7

Quand on lit des tomes comme celui-ci, on se dit que la série pourrait s’étirer à l’infini sans qu’on s’en lasse tant les blagues sont simples et efficaces, les moments d’émotions sympa et les avancées minimes, malheureusement…, un peu sur le schéma d’un Détective Conan où on cherche les chapitres faisant avancer l’intrigue ^^!

Pour autant, j’ai passé un très bon moment car le schéma narratif de Tatsuya Endo sur chaque chapitre est efficace. Il a parfaitement compris comment écrire des chapitres courts et dynamiques quasiment indépendant les uns des autres où il joue des particularités loufoques de chacun, que ce soit lors d’une partie de cartes où Anya lit dans les pensées, lors d’une mission où Loid fait participer Bond et sa précognition, où quand Yor retrouve son frère qui l’aime beaucoup beaucoup. Tout est drôle, fun, bien rythmé et pêchu.

Là où ça coince, c’est que derrière tout ça c’est un peu vain. On nous pitch la série au début avec un héros qui a une grosse mission mais celle-ci disparaît un peu sous le reste et ne refait surface que rarement. C’est heureusement le cas dans le premier chapitre où Loid rencontre le père de Damien. On s’amuse à voir le double dialogue entre celui qu’il tient officiellement et celui à l’intérieur de sa tête. Mais au final quelle avancée y a-t-il pour sa mission ? Aucune ou je cherche encore dans la toute toute petite évolution entre Damien et Anya qui tient plus aux deux enfants qu’à cette rencontre. Alors oui, c’était amusant comme chapitre avec le décalage parodique de la série, mais j’aimerais aussi que l’auteur pense un peu plus à son fil rouge et de manière concrète.

Pour le reste, j’ai aimé le bref focus sur Damien dans ce tome. On apprend à découvrir ce petit garçon en quête de reconnaissance de son père qui est hyper extrême pour y parvenir. C’est mignon tout plein de voir sa relation avec ses amis qui ne sont pas juste des profiteurs. C’est touchant aussi de voir les adultes veiller sur lui. Et il évolue gentiment avec Anya commençant à s’intéresser un peu plus à elle mais toujours derrière ce vernis de « je t’aime, moi non plus » de gamin mal à l’aise avec ses sentiments, qui m’amuse tant.

C’est donc un tome assez classique et un peu anecdotique que l’auteur nous livre là. Cela reste une lecture très amusante car il a su trouver la bonne formule et qu’il sait la décliner à l’infini avec les personnages qu’il a déjà introduits. Cependant ça manque également de matière pour faire vivre la série sur le long terme et il serait temps qu’il s’en rappelle.

Tome 8

Spy x Family est une série toujours aussi fun et sympathique à suivre. D’habitude j’aime bien quand l’auteur consacre un tome à développer le même personnage sur une aventure plus longue mais cette fois, cela ne l’a pas autant fait…

Nous sommes effectivement au tome 8 de la série et arrivé à ce stade, on peut s’attendre à ce que l’intrigue principale ait un peu avancée. Or depuis le début au final, chaque tome a plus été le prétexte de creuser ou introduire un personnage que de vraiment avancer et je le regrette.

Ici, c’est au tour de Yor d’être sur le devant de la scène, pas désagréable en soi mais pas transcendant non plus. Avec elle, nous sommes juste dans une banale histoire de protection de quelqu’un d’important. C’est quelque chose de vu et revu. On aurait pu s’attendre à une certaine originalité de la part de Tatsuya Endo qui s’est fait une spécialité d’ajouter de l’absurde et du burlesque dans ses histoires, mais ce fut au final très peu le cas ici. Il préféra avoir recours à des dynamiques très classiques, c’est un peu ce que je lui reproche et qui m’a manqué.

On suit Yor dans son rôle de garde du corps. On la voit surtout en interaction avec sa cliente et le bébé de celle-ci, mais c’est un peu plat, à part une certaine scène au cours d’un bal où là ça devient fun de la voir agir, parce qu’elle montre ce dont elle est capable. Sinon, cette nouvelle relation n’apporte rien, la voir évoluer dans les cabines et s’y battre non plus, même si c’est dynamique et dessiné de manière vive.

De la même façon, je m’attendais à ce qu’il y ait quelque chose en plus avec la présence à bord de Twilight et Anya, mais ceux-ci vivent pas mal leur vie de leur côté. C’est amusant de voir Twilight se meprendre sur ce que pense Anya et tenter d’être un bon père en étant totalement en décalage. Cependant, il manque quelque chose et c’est justement ce qui aurait pu se produire quand Anya découvre sa mère en difficulté et décide de lui porter secours, seulement c’est à nouveau tellement bref, que ça reste un peu plat.

Ainsi, oui je me suis amusée comme toujours en lisant ce tome. Oui ça reste sympa et bien dessiné. Mais la série a déjà été plus amusante et surtout elle dérive encore de la mission principale, ne faisant pas avancer celle-ci d’un pouce…

HS : Par contre, il y avait un joli collector avec ce numéro : une petite valise (trop petite justement) avec de belles cartes avec les illustrations phares de celle-ci que je voulais depuis un moment pour certaine et j’ai beaucoup aimé même si c’était un peu juste.

Tome 9

Après un tome précédent centré sur la croisière de la famille Forger, que j’avais trouvé un peu plan plan par rapport à d’habitude, j’ai été plus que ravie de retrouver le rythme habituel de la série fait de chapitres courts, d’aventure, d’humour et de cocasserie.

La croisière qui nous occupait est vite réglée et finalement elle offre de beaux moments d’aventure en famille où chacun, sans le savoir, met sa touche pour régler le problème des terroristes à bord. L’auteur tel un virtuose compose une symphonie où chacun y va de sa touche, les intrigues s’imbriquant les unes dans les autres, sans qu’aucun le sache. C’est hyper dynamique et savoureux.

Et puis, marque de fabrique de la série, l’humour est omniprésent dans ce tome, associé une fois de plus aux maladresses des héros. On rit de leur petite vie de famille qui part d’un mensonge mais qui devient de plus en plus réelle, ce qui est touchant. On rit des maladresses et incompréhension de Loid avec Bond mais qui se solde par un beau sauvetage. On rit de l’orgueil et des plans foireux d’Anya à l’école pour se rapprocher de Damien. Et on rit même du chapitre totalement loufoque où la coéquipière de Loid fait équipe avec son informateur. Tout cela est d’un doux farfelu très séduisant.

Il n’y a rien d’extraordinaire en soi, mais une suite de chapitres et de situations où le rocambolesque prend le devant de la scène pour nous amuser comme jamais. C’est léger, décalé et hyper frais. On n’avance pas beaucoup au final dans le fil rouge mais c’est touchant de voir la famille Forger forger justement des liens de plus en plus forts et s’apprécier autant. Le petit chapitre où on les voit passer une journée en famille est adorable. L’auteur joue à merveille des secrets et forces de chacun.

Après, les avancées d’Anya avec Damien sont toujours hyper minimes. Les scènes à l’école ne sont pas non plus celles qui me passionnent le plus, même s’il y a un mieux dans ce tome. J’ai par exemple trouvé très drôles les tentatives de séduction de Becky sur Loid. Et le chapitre avec la maîtresse des Tonito, sorte de Dolores Ombrage, distribuant allègrement et sans raison valable des mauvais points était tordant, surtout avec sa chute.

Un tome en soi assez banal et pourtant dans lequel on retrouve tout ce qui fait le sel de la série. Aussi bien sur les moments purement d’aventure, que dans les scènes plus familiales et tranche de vie, la série séduit, amuse et attendrit. Le lecteur s’est vraiment attaché à ce trio et à ceux qui l’entourent et aime suivre leurs charmantes péripéties toujours pleines de drôlerie et de tendresse. Une valeur sûre.

Tome 10

Votre série humoristique d’espionnage préférée est de retour et déjà 10 tomes, wow ! Si l’humour est toujours au rendez-vous, le délayage de l’intrigue aussi. La question est : qu’est-ce qui primera le plus pour vous : vous amuser ou voir l’histoire avancer ? De là résultera votre appréciation de cette lecture.

Je dois reconnaître que l’humour fait toujours mouche chez moi. Je m’amuse énormément du décalage entre le sérieux voulu pour ce type d’histoire d’espionnage et le caractère totalement loufoque des personnages qui des réactions vraiment décalées et ce même dans les situations qui se veulent sérieux, comme lors du récit du passé de Twilight qui ouvre le tome. Le reste est une vaste parodie avec des références plus ou moins appuyées, comme lorsque Yor se la joue « Jeanne et serge / Attacker You« .

Cependant, on peut aussi être en droit d’attendre de l’intrigue qu’elle avance un peu plus à ce stade, 10 tomes quand même. Certes, c’est appréciable de découvrir d’où vient Loid et d’avoir un discours à la fois nuancé et rude sur la guerre et son absurdité pour les habitants des deux camps qui ne font que subir la belligérance de leurs autorités, mais en attendant l’intrigue principale, elle, ne bouge pas. La seule avancée, on la doit à Yor, qui par le plus grand des hasards fait la rencontre de la mère de Damien, mais c’est bien mince. Je veux bien que ce ne soit pas le problème principal de l’auteur et qu’il préfère nous amuser des bourdes d’Anya ou de la vie familiale étrange des Forger, mais il y a un minimum et là le délayage se fait de plus en plus sentir, dans une série dont le succès doit pousser le mangaka à en rajouter sans cesse. La question est : jusqu’où va-t-il aller ainsi ?

Le tome reste cependant fort plaisant à lire. Comme je le disais, j’ai apprécié ce long retour en arrière sur le personnage de Loid. Avec lui, on a découvert les ravages de la guerre sur les jeunes esprits, la violence et la brutalité soudaine de celle-ci quand elle se déclenche et l’ambivalence de chacun des camps. C’est totalement d’actualité. J’ai également encore apprécié les petites incursions dans la vie familiale des Forger, notamment grâce au pouvoir d’Anya qui rend bien des conversations savoureuses avec ses multiples niveaux de compréhension. C’est aussi truculent de la voir toujours galérer à l’école et de voir la tête ébahie des professeurs face à la profondeur de sa bêtise à un moment où son pouvoir ne lui sert à rien tant elle ne comprend rien ^^! Même les petits bonus sont truffés d’humour et clairement c’est un gros atout charme ici.

Maintenant que la série est entrée dans sa première dizaine, on peut cependant être en droit d’attendre que l’intrigue prenne une autre ampleur et cela tarde vraiment à venir. On a plus un condensé d’humour loufoque qu’une intrigue d’espionnage bien construite qui avancerait au fil du temps et je regrette qu’un équilibre plus juste ne soit pas trouvé justement entre les deux. J’aime l’humour et le côté barré de la série mais une vraie intrigue vraiment portée par le mangaka me manque.

Tome 11

Tandis que le collector hors de prix de ce tome – que j’ai eu la chance de gagner à un concours ! – a fait couler beaucoup d’encre et de photos surtout, il est temps de revenir sur son contenu avec une histoire des plus prenantes cette fois après quelques chapitres en deçà auparavant.

Parlons donc d’abord, vite fait, du contenu de ce collector. Enfermés dans une petite boite en carton du format du manga (je m’attendais à plus grand), étaient regroupé un mini tote bag à l’impression calamiteuse, un joli serre-livre à la taille des volumes – parfait !-, dix marque-pages représentant les personnages, 10 cartes exclusives au cartonnage bien fin, un filtre instragram pas des plus solide contrairement à ceux d’Akata et un roman : « Portrait de famille » que je ne compte pas lire dans l’immédiat ; ce qui est un peu mince vu le prix… Fin de la parenthèse.

Revenons maintenant à ce tome plein de surprise. S’ouvrant sur des chapitres un peu anecdotiques mais toujours humoristiques mettant en scène les tentatives d’Anya pour être amie avec Damian ou le quotidien de la famille Forger avec le frère barré de Yor et Loyd qui tente de mettre son patron dans sa poche au boulot, ils ne sont pas du tout représentatifs de la suite. Celle-ci, avec son histoire complète sur plusieurs chapitres, va totalement élever le niveau de ce tome et raviver mon plaisir à lire la série qui s’était un peu effrité dans les tomes précédents. J’aime toujours autant son ton foufou, ses personnages loufoques et leur quotidien haut en couleur mis en scène avec pétillance, mais je trouvais que l’intrigue principale se traînait et que le reste ne venait pas éclairer l’ensemble.

Dans ce tome, avec la mise en danger d’Anya, Betty, Damian et leurs camarades l’auteur rattrape cela. Certes l’intrigue principale n’avance guère mais au moins il y a de la belle action, de l’émotion, de l’humour et un message. J’ai donc beaucoup aimé suivre cette prise en otage des bus scolaires de l’école d’Anya par un groupe d’activiste en colère contre un gouvernement répressif qui a déjà fait des morts plutôt que d’écouter les manifestants. Cela avait un certain écho mais surtout le message était nuancé, ce qui est rare dans les titres humoristiques qui ont tendance à tirer à boulets rouges.

Tatsuya Endo nous offre ici avec cette histoire une belle mise en valeur également d’Anya dans toute sa loufoquerie naturelle. On a une mise en action de ses pouvoirs avec leurs qualités et leurs revers, mais également de son courage un peu fou, et c’était tordant de voir en parallèle ce qu’elle entendait, faisait et les réactions de ses camarades et des adultes dans le bus. L’auteur a su mettre cela en scène avec une sacrée dose de rebondissements en jouant sur les codes du genre avec malice et astuce. C’était palpitant de voir les enfants chercher à se sortir de ce pétrin avec des actions simples mais efficaces et le parallèle avec le déploiement lourd et complexe à l’extérieur était saisissant. Je me suis régalée.

Ainsi pour une fois, l’humour de Spy x Family et la folie de son héroïne ont servi avec brio la phase 1 du plan : se rapprocher des Desmont. Mais comme souvent il ne faut pas croire que c’est acquis et l’humour et l’efficacité de ce tome peuvent vite tomber dans l’oubli face à d’autres chapitres banals ensuite. Seul l’avenir nous le dira. Moi, j’ai beaucoup aimé le rapprochement Anya-Damian dans l’adversité et surtout les dernières pages sur leurs modèles familiaux tellement différents que c’en était poignant. Rien que pour ça et la critique des gouvernements peu à l’écoute de leurs manifestants, ce fut une très bonne lecture !

Tome 12

C’est sympa, c’est fun, c’est rigolo, ça fait faire une petite pause détente dans la série après un tome précédent plus tendu avec la prise d’otage mais sans oublier pour autant son essence : l’humour et l’action, et en cela c’est réussi !

Malgré un air plus anecdotique, j’ai pris plaisir à suivre ce tome qui reprend le schéma habituel des chapitres un peu accessoires avant une histoire plus corsée. L’occasion comme toujours de mettre en avant chacun des membres de la famille Forger : Anya, bien entendu avec sa relation tendue avec Damian, mais aussi avec le chien de la patronne de Loid, ou encore Yor qui prend une cuite et a des reproches à faire à son cher et tendre, ce qui est très drôle, sans oublier ce dernier qui doit partir en mission. De grands classiques mais toujours aussi efficace.

J’ai d’abord eu peur qu’on se centre trop sur Anya après sa dernière aventure mais j’ai vite été rassurée. Puis j’ai cru qu’on allait avoir que de l’anecdotique quand la rencontre de Loid s’est transformée en concours canin, ou qu’on a découvrir Loid dans sa blouse de docteur en conseiller conjugal… C’était drôle à chaque fois mais ça ne faisait rien avancer ou si peu. On a droit à un Damian qui prête plus attention à Anya, à une Yor qui s’intéresse un peu à son mariage. Mais ce sont surtout les dernières pages qui bougent.

L’auteur nous offre une séquence des plus rythmée et dynamique sur base d’une mission express confiée au dernier moment à Loid dans laquelle il va devoir affronter l’organisation rivale dans laquelle est son beau-frère. C’est à la fois fun, tendu et dangereux, avec de belles scènes d’action percutantes, comme dans un vrai film d’espionnage avec ses luttes, ses combats, ses déguisements et plans foireux. C’est très cinématographique et j’adore ça. Après est-ce que ça fait réellement avancer l’histoire ? J’ai un gros doute…

Ce fut donc avant tout une lecture divertissante mais sans prise réelle avec le fond de l’histoire ou si peu. Je prends plaisir à chaque fois mais avec 12 tomes de passé, je me dis que je suis aussi en droit d’attendre plus côté scénario et intrigue générale. On a de l’humour, on a de l’action. Pourrait-on aussi avoir une histoire plus consistante et non une accumulation de petites scènes juste sympas ?

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©2019 by Tatsuya Endo  / ©2020 Kurokawa

34 commentaires sur “Spy X Family de Tatsuya Endo

  1. C’est vrai qu’on l’a pas mal vu passer ce manga et, apparemment, à juste titre 🙂
    Il était déjà dans ma wish list, mais dans le cas contraire, ta seule référence à Kingsman aurait suffi à me donner envie de le lire parce que si ce n’est pas un de mes films préférés, je l’ai quand même adoré.
    Quant au trio, il semble définitivement à découvrir !

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    1. Je peux très bien comprendre, il y a moi aussi des titres que tout le monde vante mais dont le pitch ne me parle pas et que je me vois mal tenter, donc no soucy 😉

      (J’espère tout de même que tu aimeras si tu testes un jour ><)

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    1. C’est le compliment qui me fait le plus plaisir ! Ravis de te donner envie 😊
      Après tu peux attendre d’avoir plus de tomes oui, mais je ne pense pas que ce soit le genre de titre où il est dur de gérer l’attente ^^!

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    1. On se rejoint. Honnêtement j’ai rien contre les séries longue quand c’est bien pensé, mais ici ça ne semble pas être le cas et la redondance des blagues, l’intrigue qui tourne dans le se font beaucoup trop sentir. On verra donc pour la suite si ça se renouvelle l’intrigue est en fin de développer ou pas. Advienne que pourra.

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      1. Je trouve ça dommage car cela laisse une impression désagréable au final. Je sais déjà que cela ne sera pas une série coup de coeur car plus on avance et moins on n’est sur l’histoire principale. Il y a tellement de bons mangas, que l’on peut aussi passer à autre chose.

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      2. Je lis Vinland Saga en ce moment, chaque tome est vraiment puissant, réfléchi et travaillé. Et tu as Spy X Family où le mangaka fait trainer, c’est d’autant plus énervant. A moins que comme le manga est à destination des enfants, cela donne le droit de faire du moins bon.

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      3. Je comprends que les mangakas doivent vivre de leur travail mais cela ne doit pas se faire au dépend de la qualité. Il y a du choix en lecture et c’est assez facile de changer en cours de route. Dans la bd jeunesse on trouve cela de plus en plus de faire trainer les tomes pour vendre des albums. J’ai laissé tombé beaucoup de série pour ça. Je les lirais quand elles seront terminées, elles finissent toujours par s’essouffler et sans vraiment de fin.

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