Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Nos temps contraires de Gin Toriko

Titre : Nos temps contraires

Auteur : Gin Toriko

Traduction : Alexandre Goy

Éditeur vf : Akata (M)

Années de parution vf : 2020-2022

Nombre de tomes : 9 (série terminée)

Histoire : L’humanité, ne pouvant plus vivre sur Terre, s’est réfugiée dans l’espace, cloîtrée dans des « Cocoons ». Arata, Tara, Caesar et Louis sont des enfants précieux : des « néotènes », ces êtres qui, malgré leur apparence prépubère, possèdent la maturité d’adultes. Leurs corps se sont adaptés à la vie dans l’espace et, à ce titre, ils incarnent l’espoir et l’avenir de la race humaine. Quand un jour, ces quatre-là rencontrent une mystérieuse femme aux longs cheveux verts, leurs destins basculent à jamais…

 Mon avis :

Tome 1

Je fais partie de la génération de lecteurs qui a découvert le shojo dans les années 90-2000 avec des titres comme RG Veda, X, Please save my earth et autre 7 Seeds. L’aventure et de la science-fiction en particulier avaient une grande place dedans. Malheureusement, cela s’est totalement perdu avec la déferlante des romances lycéennes que nous avons eu après. Pas que je n’aime pas ça, quand c’est bien écrit, je suis bon public, mais mes premières lectures enfants et ados furent plutôt des romans d’aventure, de SF et de Fantasy, alors cette absence me manquait. La fantasy est peu à peu revenue, mais avec des worldbuilding souvent un peu trop légers, la SF, elle, manquait cruellement à l’appel. Alors je remercie Akata d’avoir bien voulu prendre le risque avec Nos étoiles contraires !

Dans ce titre extrêmement complexe qui n’a ici dévoilé qu’un tout petit pan de son univers, l’humanité, ne pouvant plus vivre sur Terre, s’est réfugiée dans l’espace, dans des « Cocoons« . Arata, Tara, Caesar et Louis sont des enfants précieux : des « néotènes », comme on les appelle, des êtres qui, malgré leur apparence prépubère, possèdent la maturité d’adultes. Leur corps s’est adapté à la vie dans l’espace, grandissant moins vite, mais n’étant pas parfait pour autant même s’ils incarnent l’espoir et l’avenir de la race humaine. Quand un jour, ces quatre-là rencontrent une mystérieuse femme aux longs cheveux verts, leurs destins basculent à jamais…

J’ai eu un énorme coup de coeur pour le premier tome de cette série. Peut-être parce que je retrouvais enfin un univers de science-fiction dense et sérieux, peut-être parce que j’ai senti que l’autrice ne nous prenait pas pour des idiots et se permettait de prendre le temps de déployer toute la richesse de ce qu’elle avait à offrir, peut-être parce que l’histoire dramatique de ces néotènes a su me toucher. J’en suis en tout cas ressortie avec l’impression d’avoir lu quelque chose de génial et de grandes attentes pour la suite.

La narration, je l’ai sous-entendu, peut être un peu déroutante. Quoique le titre se lise vraiment d’une traite, la quantité d’informations à assimiler au fil des chapitres est assez dense. Si je n’avais pas regardé la vidéo de présentation de Bruno, avant, peut-être d’ailleurs que je n’aurais pas tout aussi bien saisi à l’instant T malgré les nombreuses notes qui parsèment le tome. Au passage, ce sera mon seul reproche, mais j’aurais préféré, pour mon confort de lecture, les avoir en plus grand à la fin que là en tout petit… Car l’univers mis en place par Gin Toriko est vraiment complexe.

La fameuse vidéo de présentation à regarder absolument !

Nous sommes dans un univers futuriste où la Terre n’est plus un espace de vie possible pour l’humanité. Une partie d’entre elle (probablement l’élite) a pu émigrer dans des stations dans l’espace, les « cocoons ». Ceux-ci correspondent chacun à une grande métropole d’autrefois : Tokyo, New York, New Delhi, Paris… Et les gens qui y vivent descendent de ces peuples. Déjà pour la mixité, on peut repasser… Mais en plus, pour des raisons encore non abordées (peut-être pour limiter l’accroissement de la population), ils vivent sous un régime liberticide qui les empêche de former un couple comme ils veulent avec qui ils veulent. Ils sont sous un régime de contrat que l’on passe à chaque étape de sa vie pour arriver se mettre avec quelqu’un qu’on a quasiment choisi pour eux afin de favoriser un projet légèrement eugéniste !

Dans tout cela, nous suivons un groupe de jeunes – en apparence – qui sont en fait ce qu’on appelle des néotènes. Ils ont un corps adapté à l’espace qui vieillit bien plus lentement car ils pourront vivre des centaines d’années. Pourtant ils viennent de familles tout à fait normales, ce qui déjà pose des questions et certains problèmes. Et ils ont un statut vraiment à part, limite de star au sein de la population, ce qui fait que leurs faits et gestes sont épiés de partout. Big Brother si tu m’entends 😉

Au début de l’histoire, nous faisons la rencontre de trois d’entre eux, qui forment un groupe dans lequel ils vont devoir se choisir un compagnon ou une compagne de vie. Nous suivons leur quotidien entre retrouvailles, puisqu’ils viennent d’horizons différents, études, vie familiale et virées entre amis. Mais on sent très vite qu’il y a anguille sous roche. Tout bascule quand ils retrouvent le quatrième larron de leur bande et que celui-ci les entraine dans les bas-fonds cachés de Kyoto Cocoon, ou les quartiers de plaisir du coin. Ils y font la rencontre d’une drôle de fille où cheveux et aux yeux verts qui est très mystérieuse.

L’ambiance de Nos temps contraires est vraiment très immersive. L’autrice avec beaucoup de subtilité fait petit à petit basculer son récit de quelque chose de très banal et contemplatif, à un récit plus sombre et mystérieux où l’on sent de nombreuses zones d’ombre. L’univers dans lequel vivent les héros, qu’ils présentent comme quelque chose de tout à fait normal, nous titille peu à peu quand on commence à s’interroger sur la liberté et les contrainte de ceux qui y vivent. L’évolution décrite est malheureusement tout à fait crédible, ce qui fait dangereusement grincer des dents et montre le sérieux avec lequel il a été pensé.

Nous suivons un groupe de quatre jeunes gens : Arata, le japonais qui porte toujours un masque et est très discret, Tara, l’indienne, fidèle à sa tradition qui a du mal à exprimer ses sentiments, Caesar, l’américain très expansif mais qui cache ce qu’il ressent vraiment derrière un masque, et Louis, le français exubérant, l’artiste du groupe qui est handicapé depuis toujours. J’ai beaucoup aimé la variété des personnages, leur caractérisation qui fait écho à ce que l’on imagine de telle ou telle nationalité. Mais surtout, j’ai apprécié le travail plus subtil sur l’intériorité de chacun. Arata n’est pas le type dans sa bulle qu’on imagine, il se rend bien compte des problèmes de ses amis et tente d’y remédier. Tara sera probablement, je l’espère du moins, plus entreprenante et forte que ce que sa culture la pousse à montrer pour le moment. Caesar est celui qui m’a le plus touchée parce qu’il est les deux faces d’une même pièce, solaire et sombre à la fois. Enfin, Louis, le plus fragile, est le héros type des shojos des années 70 qui amèneront au Boys Love qu’on connait, je trouve. Mais j’ai eu du mal avec son grain de folie et sa dramatisation de tout. Cependant, l’autrice a vraiment fait un chouette travail sur la diversité.

L’ambiance graphique est tout aussi réussie. J’appréhendais au début d’avoir la même déception qu’avec Made in Abyss où le design très enfantin des héros m’avait vite déplu. Ici, ce n’est pas le cas. Il se dégage au contraire une grande poésie d’eux mais également un malaise pour nous faire mettre le doigt sur ce qui ne va pas dans cette évolution de notre humanité. Après je ne suis pas toujours fan des yeux vraiment immenses des personnages dans leur petit visage d’enfant, mais je trouve qu‘il y a vraiment un charme hors du temps à ses dessins, un peu comme chez Moto Hagio (Le coeur de Thomas, Le clan Poe), Keiko Takemiya (Terra E) ou Saki Hiwatari (dans la seconde partie de Please Save my Earth). C’est doux, vaporeux, ensorcelant, envoûtant ! Et les décors dans lesquels ils vivent ne sont pas en reste. Vraiment dépaysant !

Ce premier tome, qui prend son temps pour nous embarquer dans cet univers tellement différent du nôtre, est une belle réussite. Sous ses dehors tranquille, il m’a vraiment remué le cerveau, au point de me donner envie de le relire (ce que j’ai fait) à peine après l’avoir terminé. Il pose des questions très intéressantes sur l’évolution qu’on peut imaginer pour notre société. Mais surtout, il offre des personnages subtils et un récit envoûtant, qui nous achève par une ultime surprise dans les dernières pages, remettant pas mal de choses en question. Excellent !

Merci Akata d’avoir redonné sa chance aux shojos de SF.

Tome 2

Deuxième tome, deuxième coup de coeur pour cette série qui me fait tellement de bien tant je suis heureuse de retrouver un univers de SF fouillé comme j’aime dans un shojo.

Le premier tome était une vaste introduction à l’univers imaginé par Gin Toriko et cela ne manquait pas de complexité. Pour autant, il y avait un bon rythme et les sujets posés sur l’évolution de l’espèce humaine et de ses relations m’intéressaient vraiment. Ce deuxième tome poursuit et creuse encore cela mais en prenant son temps, je trouve. Pas de moment de folie, pas d’envolé dramatique, tout avance lentement mais sûrement et cela me remue tout autant.

Nous retrouvons nos néotènes 16 ans après les derniers incidents. Chacun a grandi et évolué, ce que l’autrice se plaira à mettre petit à petit en scène mais sans trop en révéler d’un coup. On découvre que l’incident en question a eu des répercussions sur chacun et je pense qu’on n’est pas au bout de nos surprises. Arata s’est lancé dans la recherche pour améliorer les conditions de vie de ceux souffrant de la maladie de Daphné. Il a passé un contrat de partenaires secondaires avec Tara, qui toujours très amoureuse, s’interroge sur son manque de passion. Louis et Caesar le sont également et leur relation a l’air bien tumultueuse. Mais surtout un nouveau personnage les a rejoint, Gigi, une petite fille souffrant de cette terrible maladie.

Ce tome est donc l’occasion de renouer avec chacun, pour voir où il en est, comment il a évolué. L’autrice centre beaucoup son histoire sur Arata et Gigi, laissant peut-être un peu trop les autres au second plan alors qu’ils ont plein de choses intéressantes à raconter. Mais elle en profite également pour mettre un coup de projecteur sur des questions typiques de la science-fiction qui me plaisent toujours beaucoup : l’évolution de cette société avec ses contrats, les interactions entre humains, leur évolution génotypique ou encore la gestion de la mort et de la reproduction quand on vit dans un vase clos dans l’espace.

Comme la dernière fois, le ton se veut léger mais ne l’est pas vraiment. On ressent au contraire une profonde mélancolie et un léger malaise en permanence. Non, ce n’est pas normal d’avoir un société régie par de tels contrats. Oui, il y a plein de choses qui mettent mal à l’aise et doivent faire réfléchir. C’est ce que l’autrice fait souvent au détour d’une situation ou d’une petite phrase, que ce soit en utilisant ses personnages principaux ou les secondaires comme les membres de la famille d’Arata que l’on croise pas mal dans ce tome. Et ainsi petit à petit on sent bien qu’elle remet en question les bases même de son univers.

Les influences des classiques de la SF (roman et shojo manga) sont toujours autant perceptibles et enrichissent toujours autant le récit et les personnages de l’histoire. On sent que l’autrice les a parfaitement digérées, c’est vraiment plaisant. Alors oui parfois, il y a ce côté un peu grandiloquent et mélodramatique des shojo d’autrefois mais comme j’aime bien cette surpuissance des sentiments ici, ça ne me gêne pas.

Avec ce deuxième tome, plus lent que je l’aurais imaginé, la série confirme tout de même son bel univers fouillé, intrigant et un brin dérangeant qui n’a pas à rougir de la comparaison avec d’autres très bon titres de space opera manga ou roman. Je suis curieuse de voir encore quelles surprises nous réserve l’autrice et j’espère qu’elle continuera à oser parler de thème fort comme l’euthanasie, la procréation planifiée, la maladie…

Tome 3

Ce fut encore un vrai plaisir de replonger dans cet univers de SF plein de réflexions profondes et pertinentes sur les relations humaines. On ne peut en ressortir indemne.

Cependant je note au bout de trois tomes que la narration est quand même bien lente, limite asthmatique, ce qui rend la lecture assez étrange, décrochée de tout et hors de tout. Toutefois, j’aime beaucoup cette ambiance étrange et complexe qui n’est pas sans me rappeler l’onirique Please save my earth qui me remuait bien le cerveau également à l’époque même s’il avait une trame narrative plus claire et plus dense.

Ici, nous sommes dans une intrigue bouillonnante mais qui avance très très lentement donnant une impression de surplace. Dans ce tome, l’autrice met l’accent sur la dénonciation de l’anonymat des gens à cause de leur statut, de la discrimination envers les Daphnées, des contrats qui nous enferment dans un monde administratifs loin des émotions qu’on devrait éprouver, mais aussi d’amours reposant sur un sentiment d’obligation, et de pédophilie. C’est très puissant.

Le porteur de toutes ces dénonciations, c’est Louis, celui qui était resté un peu en retrait jusqu’à présent et que l’on découvre plein de morgue et de fougue après l’apathie qu’il a ressenti suite à son drame personnel. J’ai adoré découvrir ce personnage même s’il peut sembler difficile à aimer au premier abord. J’ai été touchée par sa détresse bien cachée derrière ses propos toujours très rudes. C’est sûrement parce que c’est le néotène le plus « nature », celui qui ne veut pas se laisser corrompre par la société. Cela rend son discours d’autant plus impactant.

A côté, les autres semblent un peu fades à toujours, ou presque, vouloir rester dans les clous même s’ils commencent à s’interroger. Tara est peut-être celle qui va se laisser entraîner le plus facilement car comme lui elle ressent de fortes émotions même si elle les cache. J’aime beaucoup, par exemple, son attachement aux jeunes Daphnéenne avec qui elle se comporte comme une mère / grande soeur. Caesar pourrait lui aussi devenir un élément perturbateur mais il a encore trop de mal à rompre avec ce que la société attend de lui, comme le prouve cette histoire de partenaire reproducteur. Quant à Arata, on le découvre bien plus rebelle qu’on pouvait le croire grâce à quelques brèves pages retraçant un épisode de son passé avec son arrière-arrière-grand-mère. Il cache bien des choses. L’autrice rajoute ainsi des mystères tandis qu’elle en résout d’autre. On apprend ainsi la raison de son port quasi permanent d’un masque.

Tout cela se mixe étrangement pour développer à la fois une intrigue autour des Daphnées qu’on ne considère que comme des cobayes, donc pas comme des êtres humains, et contre qui on commet de vrais crimes ; et une histoire autour de ces quatre néotènes qui sortent du lot chacun à leur manière, qui remettent leur société en question et qui peut-être vont faire quelque chose pour la renverser. Il serait juste temps qu’il se passe vraiment quelque chose car même si les messages sont forts intéressants, l’ensemble peine à vraiment décoller et reste assez contemplatif.

Ainsi même si j’aime beaucoup Nos temps contraires, l’enthousiasme des débuts est un peu retombé à force de voir que la série ne passait pas à la vitesse supérieure. Certains dessins et certaines compositions sont magiques, les thèmes abordés sur la procréation, les relations en société ou encore le racisme frappent forts, mais il me manque une histoire à la narration riche et au rythme prenant, là j’ai plus l’impression qu’on se traine et c’est un peu dommage.

Tome 4

Nouvelle plongée dans l’univers si complexe, que je croyais pourtant désormais borné, de Nos temps contraires et nouvelle surprise qui m’assis !

Je tiens d’abord à souligner la narration de grande qualité de Gin Toriko qui offre ici un ouvrage de SF parfaitement fluide et immersif, alors qu’elle y aborde des éléments techniques comme les lois de Kepler ou encore des développements sociologiques et philosophiques comme les liens sociaux subits ou voulus, la mort, la maladie, l’asexualité… C’est vraiment riche et passionnant et tout ça s’intègre librement dans le récit sans lourdeur ni fausse note.

Dans ce nouveau tome où il semble y avoir eu un nouveau petit bond dans le temps, nous retrouvons nos héros dont les relations sont toujours les mêmes, enfin pas exactement, quelques nuances sont désormais présentes qui petit à petit l’air de rien vont amener au nouveau drame final.

Caesar et Louis ont rompu leur contrat de partenaire secondaire. Libérés de cette contrainte qui pesait trop pour eux, ils vivent désormais une relation interdite mais plus libre où chacun parvient à faire part de ses désirs à l’autre. Je reste cependant assez perturbée par cette relation aux allures de relation toxique pour Caesar puisque Louis se comporte vraiment mal avec lui parfois, lui faisant payer sa colère et sa frustration de sa vie dans les Cocoons.

Tara, elle, s’interroge de plus en plus sur la signification de sa relation avec Arata. Elle l’aime et voudrait que ça soit payé de retour, sauf qu’Arata ne laisse rien paraitre, ne semble pas s’intéresser à elle et est plus occupé par ce qu’il fait en dehors. J’ai trouvé cette interrogation sur notre rapport à nos relations fort intéressante. L’opposition mise entre les relations issues de notre famille/entourage et celles qu’on se choisit en grandissant est pertinente, et le fait de tisser cela avec l’histoire de Lucas et Nana,ainsi qu’avec la relation entre Lucas et Arata enrichit la série.

Il est également toujours question de mort et de maladie avec Gigi, mais de plus en plus en miroir avec la procréation. Les jumeaux technocrates présents en couverture étant au coeur de ce tome avec leur folie de créer de nouveaux êtres humains et donc d’éliminer ceux qu’ils jugent inutiles. De vrais cinglés hyper mystérieux sur lesquels j’aimerais en apprendre plus surtout qu’ils vont bouleverser notre histoire. Gigi, elle, reste touchante et interroge aussi sur le droit de vivre pleinement sa vie même si on se sait condamné, après tout on l’est tous à plus ou moins long terme. Sa fougue m’a fait du bien, tout comme l’envie pressente de Nana et Lucas d’avoir un enfant.

Sauf que tout cela semble un peu vain quand même dans un univers entièrement clos où les perspectives semblent nulles. C’est effrayant de se rendre compte au fil des pages que tout est fait pour « bloquer » les être humains dans cette bulle hors du temps où rien ne se passe. On survit au jour le jour et c’est tout. Aucune perspective de retourner sur Terre et même pas la moindre idée de s’en éloigner. C’est d’une tristesse ! L’autrice nous amène ainsi ingénieusement à nous rendre compte qu’au-delà de ces histoires de contrats qui déjà puaient un peu, ils vivent vraiment dans une dictature faite pour les empêcher de penser au reste, à ce qu’il y a dehors. Les expériences tout comme les connaissances sont barricadées et soumises à un strict contrôle et gare à celui qui s’en écarterait ou en saurait trop. On s’en rend fatalement compte.

Ainsi avec son rythme lent et insidieux, l’histoire développe une mise en alerte du lecteur sur la société dans laquelle vivent en fait les héros. Il ne faudrait pas que leurs problèmes personnels, bien que réels, occultent le drame plus général qui se joue également en sous-main, c’est ce qui nous éclate à la figure dans les dernières pages et cela fait un bien fou. Nos temps contraires est vraiment une SF intelligente qui pousse à réfléchir, exactement comme j’aime !

Tome 5

Ce drame humain interstellaire continue à nous être conté de main de maître par une Gin Toriko inspirée pour plonger dans la psyché complexe d’humains déracinés dans l’espace et toujours à la recherche d’une chose : l’amour.

Je dois avouer qu’il n’est pas simple de chroniquer ce titre, car il n’est pas simple de mettre des mots sur les intentions de l’autrice, ni de les percer à jour. L’histoire se lit avec grand plaisir. On aime retrouver le monde des cocoons, suivre l’évolution des personnages, les mystères qui les entoure, essayer de deviner ce qui se cache derrière leurs actions, mais cela reste assez flou pour ne pas dire obscur et je pense que cela ne prendra forme totalement qu’une fois la lecture de la saga achevée.

Ici, nous suivons les conséquences du dernier choix d’Arata, celui de rejoindre les rangs des Technocrates. Cela a bouleversé toutes les relations et tous les contrats préalables des jeunes héros que nous suivions. On se retrouve donc dans une histoire où tout a bougé et où on va devoir essayé de décortiquer, analyser ça.

Désormais libre, Tara s’interroge sur ce qui la liait à Arata et son désir d’être sa partenaire reproductrice. Arata, lui, explique pourquoi il a agi ainsi, la poussant à rompre tout lien avec lui. Après le drame de la parte de Gion, qui avait un grand impact sur Louis, le drame de la perte de Lucas, en a eu un tout aussi important sur Arata. Et le choix d’Arata en aura un tout aussi important sur les pauvres Daphnés laissaient sans soin désormais. J’ai eu le coeur déchiré pour Gigi. Mais tous semblent grandir dans cette adversité. Ainsi Louis parvient à rompre un peu cette relation malsaine qu’il avait avec Caesar et ce dernier commence à analyser sa drôle de relation de soumission à ses parents. Tous ces contrats ne sont pas les seules choses à aliéner les individus dans l’espace, certaines relations existant autrefois sur Terre le sont tout autant.

A cela s’ajoute de nouveaux mystères, de nouveaux personnages troubles venant questionner nos héros sur leur rapport à la reproduction, la génétique et l’amour. On est bousculés par tout cela et tout autant sur la réserve et perdus qu’eux. J’ai été touchée par la fragilité dont Arata fait preuve en coulisses en allant trouver du réconfort auprès de son frère à plusieurs reprise, alors qu’officiellement il a l’air ultra déterminé dans son nouveau rôle. Ce jeu de double masque privé/public est bien présent chez chacun. Et les nouveaux personnages qui vont apparaitre ne vont faire qu’aggraver cela, que ce soit le Dr Cuvier de la famille de Tara, qui gravite autour d’Arata et elle, ou le fameux « Facteur/Professeur/… » (Soichiro, je parie) qui va semer des graines un peu partout.

Les néotènes restent au coeur de notre histoire et de l’évolution de la station. On semble compter sur eux pour pas mal de choses même si ça reste encore très flou. Il en va de même pour l’autre extrémité de la balance : les Daphnés. J’aimerais bien maintenant que l’autrice éclaircissent son propos vu que nous en sommes à la moitié de l’histoire et que ça reste très obscur dans les intentions finales de chacun. J’aime me faire porter mais là ça commence à être un peu long ^^!

Nos temps contraires reste une très bonne lecture de science-fiction post-humaine avec des questions sur l’eugénisme, la génétique et l’évolution des relations humaines qui interrogent. Reste que c’est aussi une lecture difficile à appréhender car on ne voit pas trop où on se dirige et c’est perturbant.

Tome 6

Passionnant mais encore très très flou, voilà qui résume bien ce nouveau tome où l’histoire connaît une avancée certaine alors que le rythme reste pourtant, paradoxalement, toujours aussi lent.

J’ai à nouveau été passionnée et fascinée par les étranges relations régissant les personnages habitant à l’intérieur de cette station flottant dans l’espace dans une espèce de lieu et temps suspendu. Les héros sont dans le même état que leur habitat, pourtant un événement va venir les secouer et tout relancer : l’enlèvement des Daphnées promises à l’extinction. Tout s’accélère alors, enfin de manière relative vue la série, et nous allons avoir nombre de discussions intéressantes que ce soit sur la façon dont sont régis les relations à bord ou sur les désirs de chacun.

J’ai beaucoup le choix des personnages mis en avant dans ce tome et la dynamique entre les 4 héros + Gigi. J’ai d’abord été extrêmement touchée par Ceasar, mon chouchou depuis le début. Ils se sont trouvés avec Gigi, ces deux laissés pour compte qui ne peuvent pas exprimer pleinement leurs sentiments à celui qu’ils aiment. Que ce soit à cause d’un incompatibilité des désirs ou d’une mort programmée. Tara m’a également bien surprise, elle s’est révélée bien plus forte dans ce tome, osant prendre les devants, osant exprimer ses désirs à l’encontre de ce qu’on attendait, osant s’affirmer enfin. A l’inverse, on a peu vu Louis et j’ai toujours beaucoup de mal avec son égoïsme et son excentricité poussés à l’extrême. Quant à Arata, il fait du Arata et ce costume de héros dont on l’a affublé me dérange tant il n’a pas les épaules pour et semble fade à côté des gens qu’il croise.

Il suffit de voir le nouveau personnage, qu’on croise au passage sur la couverture. Lacrimona a bien plus de charisme qu’Arata. Il a également un background plus solide, sombre et intéressant et un rôle fort dans le monde souterrain. Avec lui, l’autrice nous embarque non pas dans un nouveau monde car on connaît déjà un peu les dessous avec Gion, mais dans de nouvelles révélations. On peut alors être fasciné par la façon dont l’autrice parvient à relier tout ça : histoire de Gion, désirs d’Arata et mystère des hautes sphères du vaisseau. Pour cela, c’est vraiment un bon récit d’aventure et de SF, et pas seulement une oeuvre sociologique comme le laissait penser le reste.

En effet, l’autrice développe de plus en plus ses autres thèmes de science-fiction que sont la peur de la mort, la recherche d’une solution pour lutter contre, l’amour pour la Terre mais le désir de s’en détacher pour partir découvrir de nouveaux territoires et survivre. C’est très classique sous ce décor mystérieux, lent et chiadé dont Gin Toriko a affublé sa série, mais c’est prenant à suivre. On aime voir Arata faire part de ses désirs d’ailleurs. On aime voir les mystères poindre sur lui et ses ancêtres. On aime voir les personnages à fleur de peau avoir peur pour leur destin et oser affirmer leurs désirs contre l’ordre établi. Remettre en cause cette société de classes nouvelle génération est aussi l’un des piliers de la série et l’autrice y travaille à merveille.

Je découvre ainsi de plus en plus au fil des tomes une oeuvre singulière dont l’habillage classique s’efface face à l’émotion que me tirent les personnages et l’originalité de leurs relations imaginées codifiées par l’autrice. Ce tiraillement que l’on ressent en permanence chez eux est ce qui rend le récit si fort et émouvant, toujours à la limite du dramatique, mais profondément beau.

Tome 7

Après un début un peu compliqué pour moi car très verbeux et brouillon, avec le final concocté par l’autrice, j’ai frôle le coup de coeur. La complexité des relations des personnages entre eux et vis-à-vis de leur lieu de vie et société est magique !

Gin Toriko nous a habitués depuis le début à tout décortiquer, c’est un procédé qui me plaît pour m’emporter dans cette complexe société futuriste fantasmée. Cependant, le revers de la médaille, c’est que c’est parfois pompeux et verbeux pour pas grand-chose. Ainsi le début de ce tome en a vraiment souffert en terme de narration pure, au point que je me demandais où elle voulait en venir.

Mais quand le nuage s’est éclairci et que les intentions se sont révélées, j’en ai pris plein les mirettes. L’autrice fait vraiment avancer son histoire à pas de géants, aussi bien en ce qui concerne les personnages, leur projet que les secrets de leur société. Elle fait un travail plein de finesse sur la définition des relations humaines telles qu’elles pourraient être envisagées dans le futur avec leur beauté mais aussi leurs failles et tout éclate dans ce tome.

J’ai aimé la façon dont le projet totalement ubuesque d’Arata fait sauter tous les verrous. Il a enfin compris les limites de l’utopie dans laquelle ils vivent et souhaitent apporter une utilité réelle à ces néotènes à la vie si longue : aller chercher un nouveau lieu de vie aux humains. Cependant, le projet n’est pas simple, il est même interdit car il fait appel à des technologies et connaissances bannies et va à l’encontre du projet de société des Cocoons. Ainsi, c’est judicieux de voir des laissés pour compte devenir utiles et essentiels à ce projet. J’ai apprécié voir Arata chapeauter cela et ses amis le soutenir.

Là où ça se complique, c’est dans les désirs propres à chacun pour rejoindre le projet. Arata est celui qui a le but le plus humaniste dirons-nous. Cesar, lui, oscille entre un rêve d’enfant et l’amour qu’il porte à Louis, mais sa nouvelle relation avec Gigi va tout faire basculer et c’est déchirant. On voit à quel point Cesar est un beau personnage, profondément humain dans sa relation aux autres où il s’oublie totalement lui pour donner à son prochain. Je suis fan. Gigi m’a aussi profondément touchée tant elle a essayé de renier ses envies ou du moins de faire coïncider des envies contradictoires pour ne pas perdre Cesar. Quel est le mieux pour elle mourir avec lui ou continuer à voir sa chère Terre ? Avec une vie qui s’étiole aussi vite, il va falloir y réfléchir.

Reste Tara, que je trouvais assez fade depuis le début, trop soumise à ses sentiments pour Arata et à la froideur de celui-ci. L’autrice renverse tout cela ici encore. On découvre enfin une Tara, forte, qui ose s’affirmer, qui ose tenir tête à Arata et qui réfléchit par elle-même. Enfin ! Du coup, cela pousse Arata dans ses retranchements et ce n’est pas trop tôt. J’ai adoré la façon dont Gin Toriko décortique la différence d’éducation et de culture des deux amis pour pointer ce qui les empêchait de se comprendre. C’est très fin. Et la scène de résolution finale où ils posent tout à plat, où chacun ose montrer celui qu’il est devenu, avancer ses idées et être honnête, est magnifique tellement elle est passionnée et émouvante ! J’ai adoré.

Tout cela se mélange donc pour nous porter de plus en plus près d’un final qui je suis sûre sera riche en émotions et en surprises. L’autrice goupille à merveille ses concepts sur cette société de contrats, cette société où tout artificiel, cette société où on a perdu le rêve et la spontanéité mais cette société qui ne demande qu’à renaître sous l’égide de nos jeunes héros. J’ai hâte d’y être !

Tome 8

Alors que je me plains souvent de ne pas avoir de shojo ambitieux en France et de lire un peu toujours les mêmes, souvent très accès sur la romance ou le quotidien, Akata et Gin Toriko viennent complètement balayer cette idée préconçue avec Nos temps contraires, dont l’avant-dernier tome, ici, est une pépite d’idée sur le thème de la SF.

J’ai littéralement dévoré ce tome, qui m’a passionnée et bouleversée en même temps, m’enrichissant de plein d’idées et de réflexions sur le thème de la vie, l’amour, les relations, l’évolution, la politique, etc. C’était foisonnant de partout et en même temps, l’autrice n’a jamais oublié ses personnages, leur offrant un écrin superbe, pour mettre en scène leurs sentiments à fleur de peau. C’était magique.

Arata et ses amis d’un côté, Ceasar et Gigi de l’autre, ont chacun un projet pour quitter ce cocon aux barrières trop restrictives pour eux. Nous allons dans un premier temps suivre leurs projets, enfin surtout celui de Ceasar et Gigi qui s’apparente quasiment à une mission suicide et qui donc va bouleverser tout le monde. Entre réflexions scientifiques et sentiments à fleur de peau, notre coeur et notre cerveau vont être mis à rude épreuve. On est totalement emporté par ce flux d’informations et de sentiments. On a le coeur qui se serre pour Ceasar qui trouve enfin sa voie dans ce projet, quitte à balayer la relation tellement compliquée qu’il a avec Louis et celle si proche avec Arata, mais c’est Gigi qui compte le plus, telle l’enfant qu’ils n’ont jamais eu, et c’est bouleversant.

L’autrice a énormément de talent dans ce tome pour décortiquer les sentiments complexes et contradictoires de chacun, de Louis qui ne veut pas de Ceasar comme amant mais n’est pas prêt à le laisser partir, d’Arata qui voit en Ceasar sa boussole contraire mais est capable de s’en détacher pour l’aider à accomplir sa destinée, à Tara, soutient à de tous mais qui ne reçoit l’aide de personne. Et il y a Gigi, cette petite vie qui s’accroche à ses rêves pendant le temps qu’il lui reste… Puis nous découvrons le terrible Soichiro, celui qui va tout bouleverser et nous glacer d’effroi, avec lui, la donne va totalement changer.

Titre de SF, l’aventure est clairement au rendez-vous également dans ce tome où nous suivons les préparatifs de chacun, leur mise en exécution et leur réalisation au résultat différent d’attendu. L’autrice nous interroge énormément sur nos capacités à voyager et vivre dans l’espace, ce qui est passionnant et fait rêver. Mais elle a aussi un discours bien plus impactant et terre à terre juste sur nous, Hommes, comment on a été créé, notre rapport à l’évolution et à notre planète natale et c’est là qu’elle est forte. Gin Toriko utilise les désirs de nos héros de quitter leur cocon pour tout faire imploser en revenant aux sources. Les révélations pleuvent alors et se mélangent concepts biologiques et politiques, avec une gouvernance des cocons qui cache un grand secret à ses habitants, ce qui va tout faire basculer.

Ce tome est en effet celui des révélations au-delà de cela de l’implosion des relations et de la poursuite de ses rêves. On découvre enfin ce qui se cache derrière cette société tellement contrôlée, et si c’est une surprise pour tous, ce n’est pas le cas pour les lecteurs qui devaient bien s’en douter. L’autrice utilise pour cela un trope connu de la SF mais qui est toujours aussi efficace, le mensonge et la manipulation des foules à l’aide d’illusions. J’adore ! Parce que ça occasionne révélations, remises en question et révoltes également, puis nouveaux projets et on est en plein dedans. L’autrice a d’ailleurs une analyse assez fine des réactions des gens vivant cela et c’est fascinant.

Avec une volonté d’avoir toujours l’humain et les sentiments au coeur de son histoire malgré cet écrin froid et ultra contrôlé des cocons, GIn Toriko écrit une histoire qui bouleverse et fascine où petites histoires personnelles se mêlent à celle d’une humanité à plus grande échelle. Le jeu sur le dimensionnement des idées est vertigineux et les concepts utilisés pointus et maîtrisés, ce qui confère à l’oeuvre une belle dimension de Hard-SF sous cet écrin émotionnel à fleur de peau rappelant les vieux shojo. J’adore ce mélange à la fois moderne et mélancolique et ce tome m’a bouleversée de bien des façons. J’ai hâte de voir quelle sera sa dernière touche.

Tome 9 – Fin

Je suis un peu embêtée pour vous parler de ce tome final. Même s’il a de belles qualités, j’ai quand même eu l’impression de m’être fait un peu arnaquer sur toute la ligne avec une histoire qui reste pour moi à écrire…

Le tome précédent nous avait montré une société qui se rebellait enfin face à la réalité qu’on lui dévoilait et également des héros qui allaient partir à l’aventure. Je m’attendais donc logiquement à avoir la suite ici. Ce n’est absolument pas le cas. A la place, l’autrice nous propose de revenir sur quelques figures clés de l’histoire et avec elles de remonter à la genèse du projet. Ce n’était pas ce que j’attendais et souhaitais, cependant je ne peux nier que ce fut bien fait et bien écrit.

Gin Toriko frappe fort pour commencer en nous raconter enfin l’histoire de Soichiro, ce néotène à l’origine de tout. Figure mystique pendant longtemps, il redevient humain ici dans le drame qui se joue pour lui avec sa compagne qui n’a pas les mêmes aspirations que lui. Le chapitre est étrange, il manque de contexte et plonge le lecteur dans un pan de l’histoire méconnu dont il manque le début. Cependant les idées véhiculées sur l’extinction de la Terre, sur cette arche de Noé réservée à une élite, etc, furent joliment intéressante et portée par une jeune héroïne inattendue. J’ai juste eu un sentiment de trop peu ici malgré la très belle romance de Soichiro aux impressions mélodramatiques.

La deuxième histoire ne fut pas aussi essentielle à la série, elle a plutôt tout de l’histoire annexe et dispensable, contrairement à la première. Cependant à nouveau, l’émotion qu’on y retrouve fait qu’on oublie un peu cela quand on la lit. On prend plaisir à découvrir la romance qui a lié le frère d’Arata à sa premier partenaire secondaire, un jeune homme brillant, avec qui malheureusement cela n’a pas fonctionné à cause de leur différence de classe. Comme dans l’histoire de Soichiro, on retrouve cette injustice qui conduit à un drame personnel et intime, empêchant le héros de trouver le bonheur sentimental auquel il a droit. Cependant une note d’espoir est présente dans les dernières lignes et permet de faire le lien avec l’histoire qu’on a quittée au tome précédent.

Cette histoire, on la retrouve enfin dans l’avant-dernier chapitre, qui reparle des soubresauts vécu par les Cocoons lors des révélations et du voyage entrepris pour nos héros. Mais nous sommes dans un texte léger, tendre et surtout un peu extérieur à la chose, comme s’il prenait beaucoup de recul. Le lecteur sera tout de même ravie, même si c’est bref, d’assister à de jolis moments à vocation de conclusion entre les deux couples du vaisseau et surtout il sera heureux de retrouver l’émouvant Girafe dans ce quotidien qui revient à zéro chaque jour. C’était poignant de revoir l’ancienne génération, de les voir se soutenir et poursuivre leurs travaux pour le bien de l’humanité, enfin selon eux.

Cet ultime chapitre des aventures des néotènes de Nos temps contraires ne fut pas celui que j’attendais. Il ne m’a pas offert la conclusion que je souhaitais ou plutôt la poursuivre de l’aventure que j’attendais. Cependant l’émotion fut là et j’ai été touchée par les histoires de Soichiro, Daichi et Girafe. J’ai aimé les thématiques sur les différences de classe, l’allongement de l’espérance de vie, la procréation et la parentalité, etc. C’était dans la lignée de ce que la série avait proposée et ça fait tellement plaisir de lire de la SF moderne et actuelle en manga que je n’ai pas boudé mon plaisir. Alors oui, frustration il y a eu mais beau moment aussi. Avis aux amateurs de SF !

© 2017 by Gin Toriko / © 2020, Editions Akata

28 commentaires sur “Nos temps contraires de Gin Toriko

  1. Il me semble que tu mets rarement 17 à un livre, ce qui laisse voir à quel point ce titre t’a plu !
    L’univers proposé semble d’une grande complexité avec sa part de mystère à découvrir et d’ombre à creuser… Quant aux personnages, j’apprécie l’effort de diversité autant au niveau des origines que des personnalités et physiques.
    Et cette idée de corps qui ne reflète pas l’âge réel des individus est assez déstabilisante, mais super intéressante !

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    1. Tout à fait, je dépasse rarement le 16 en temps normal, parce que je considère qu’au-delà il faut que ce soit à la fois bien écrit, bien construit et que j’aie un coup de coeur. Les 3 sont rarement réunis, donc oui, ça en dit long sur ce titre 😀
      Il faut foncer le mettre sur ta wishlist pour ne pas dire dans ta PAL ><

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  2. Très bel article, super riche et complet… le mien ne le sera pas autant .

    Car oui ! J’ai aussi acheté ce premier tome un peu pour les raisons que tu évoques au début, et pour les raisons mises en avant par Akata. J’ai envie de voir de la diversité dans le shojo pour que le genre soit moins assimilé aux romances lycéennes, et j’ai tout de suite été intrigué par le titre.
    Je n’ai lu que la moitié de ce premier tome mais je suis déjà plutôt conquis !

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  3. J’étais déjà intriguée, mais là je pense que tu m’as convaincu de tenter le coup !
    Je lis peu de SF, mais l’atmosphère et les thématiques peuvent me plaire (par contre je ne suis pas très fan du dessin o/).
    Akata est une maison d’édition qui commence à vraiment sortir du lot en proposant de la diversité à foison, c’est chouette 😀

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    1. Tu me fais le plus beau des compliments et j’espère que ça te plaira autant qu’à moi.
      Personnellement, j’ai toujours aimé les choix d’Akata et ils me confortent un peu plus chaque année dans ce sentiment. Vraiment une belle maison d’édition 🙂

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  4. Je viens de lire le tome 1 de Nos Temps contraires, ce manga me faisait de l’oeil depuis un moment, je voulais me l’acheter mais par chance ma biblio l’avait et je suis allé l’emprunter cette semaine (les 9 tomes d’un coup mdr).
    C’est effectivement assez complexe à lire, il y a énormément de texte et de données.
    Ca m’a fait penser à Destination Terra, surtout dans ce style SF et pour les questions soulevées : il y a aussi un peu de Five Star Stories ; pour la densité de l’épopée spatiale.
    Les dessins sont bons.
    On a envie d’en apprendre plus.
    Cette société où tout est contrôlé (les contacts, les amitiés, les paroles) me fait quand même assez peur.

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    1. C’est clairement de la bonne space opera avec une dimension sociale et intime de l’être très forte. Tu verras, y a parfois des moments de creux, de pause, dans la narration, mais ça reste puissant côté émotion et recherche de soi.
      Ça rappelle par exemple les romans de Becky Chambers, je trouve.
      Il faut aimer en revanche, la dramatisation inspirée des shojo des années 70 ^^!

      J’aime aussi Five Star dans un genre totalement différent, mais j’ai l’impression de n’en avoir rien vu et je suis totalement dans le flou, ce qui me frustre pas mal.

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  5. J’ai terminé le tome 2 ; il se lit plus facilement que le 1 et surtout le lexique aide beaucoup, il aurait pu être intégré au tome 1.
    Ca parle énormément de « harcèlement sexuel » au moindre propos ; c’est un peu surprenant.
    Pareil pour Tara, dans le tome 1 elle met une robe et on demande si ça ne va pas heurter sa famille qu’elle montre ses jambes alors que dans tout le tome elle se balade en crop top.
    Belle arrivée des technocrates qui font froid dans le dos ; on dirait le mal incarné.

    J’ai hâte de savoir pourquoi les relations « normales » on été remplacée par ces contrats d’union, de bisous, de tertiaire, voire même des contrats juste entre citoyens pour pouvoir se parler sinon c’est mort.

    Dessin toujours au top.
    La station spatiale a été un peu délaissée et mise de côté.
    J’espère que l’on en saura plus sur la situation de la terre.

    en tout cas une belle série.

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    1. Oui c’est plus facile parce que la mise en place était essentiellement dans le 1, même s’il y aura des ajouts au fur et à mesure.
      En tout cas, c’est un titre qui suscite la curiosité et les questions et nous pousse à imaginer la vie dans ce futur.
      Ça reste après très japonais et je me demande si ton ressenti sur la question du « harcèlement » et de ce qui y touche ne vient pas de là. Nous ça nous semble parfois discordant, mais l’autrice profite de cette fiction pour interroger ses lecteurs japonais. Il y a aussi la vision japonaise des autres cultures et c’est un peu caricatural ^^!

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  6. J’ai lut les tomes 3, 4 et 5.
    C’est effectivement une belle série SF mélant amour et romance, mais de nombreuses questions sont soulevées puis disparaissent.
    exemple : Tome 3 ; nos héros découvrent un télescope placé dos à la terre, et donc à quoi sert-il ?
    Au final, dans la tome 4, personne n’e reparle.
    Tome 4, Lucas se fait exploser en vol avant de découvrir un secret, Nana sa femme disparait elle aussi emmenée par les technocrates ; mais peu semblent se soucier de son devenir.
    Tome 5 : la situation des daphnéens semblent alarmer certaines personnes mais sans plus non plus.

    A voir si tout s’imbrique à la fin.
    en tout cas, ici les technocrates sont magnifiés dans leurs rôles, ils servent clairement à supprimer toute dissonance autant sociale que morale, comme des technocrates tels que tout le monde les voit.

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    1. Je ne veux pas te spoiler alors je peux juste dire qu’après avoir poser un certain décor, l’autrice ne l’exploite pas pleinement et se focalise plutôt sur la dimension relationnelle et émotionnelle. C’est frustrant mais c’est son choix. J’aurais clairement voulu plus sur bien des points.

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  7. Et hop, terminée la série Nos Temps Contraires.
    Une très belle série, avec des thèmes forts, mais de trop nombreux thèmes sont lancés mais pas forcément jusqu’à leur fin, certes on a une bonne réflexion sur l’amour, les relations sociales, les relations en société (le fait de s’afficher avec d’autres juste pour augmenter son capital social), le contrôle de la société (avec les technocrates).
    Cependant de trop nombreuses questions restent sans réponses :
    -Les technocrates : on les voit en force dans un tome (le 7 je crois), mais ensuite ils disparaissent du manga, et laissent Arata monter sa fusée alors qu’ils avaient réussi à empêcher celle de Lucas de partir.
    -Nana, la femme de Lucas, personne ne se soucie de son devenir…
    -Les daphnéennes : elles se font kidnapper, dans quel but, et personne ne se soucie trop de leur devenir.

    Et j’en passe.
    Après, ça reste une bonne lecture, un shojo SF même si le décor spatial n’est que là pour planter les bases d’une société moderne qui a bannit toute relation naturelle basée sur les sentiments (quel mot vulgaire !).

    Les dessins sont bons.

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    1. Je te rejoins il reste bien trop de zones d’ombres et l’univers est bien mal exploité au vu des promesses faites. On ne reste que centré sur ces personnages et on aimerait bien voir l’ensemble. Cela aurait mérité quelque chose de bien plus long et fouillé.
      Oui, les dessins sont beaux 😍

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