Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Dear Gene de Kaya Azuma

Titre : Dear Gene

Auteur : Kaya Azuma

Editeur vf : IDP Boys Love (Hana Collection)

Année de parution vf : 2021-2024

Nombre de tomes vf : 2 (série terminée)

Résumé : Gene, parti habiter chez son oncle Trevor à New York, découvre dans son bureau un vieux journal intime. En le lisant, il découvre la relation de son oncle avec un autre Gene…
1973.
Trevor, avocat dans un cabinet, perd les documents d’une de ses affaires en cours.
Alors qu’il est assis dehors en pleine tempête de neige, un dénommé Gene l’approche et lui rend les papiers qu’il avait perdus. En apprenant que son sauveur est sans domicile et qu’il se réfugie dans une chaufferie pour lutter contre le froid, Trevor, afin de le remercier, l’invite à passer la nuit chez lui, puis lui propose un emploi comme homme de ménage.
Tandis que Gene, qui faisait autrefois partie d’une communauté Amish, n’est pas habitué au monde moderne, de son côté, Trevor, qui est gay, est troublé par la présence de ce beau garçon dans sa maison…

Mes avis :

Tome 1

Malgré sa superbe couverture tendrement rétro, j’étais un peu passée à côté de la sortie de ce titre. Merci à La pomme qui rougit de me l’avoir fait remarqué avec sa belle chronique dessus !

Je ne connaissais pas Kaya Azuma malgré ses deux autres titres publiés chez nous : La reconversion de Sakurada et surtout My Rumspringa qui se déroule dans le même univers que Dear Gene et le précède même. Ils ont d’ailleurs pas mal de point commun sauf qu’il se passe quelques années plus tard, dans l’Amérique des années 80, où après avoir renoncé à son rêve de danser sur les planches de Broadway, Oz s’installe dans une petite ville où il devient barman et gigolo. Quand Théo, un jeune Amish en plein Rumspringa, se présente au bar, Oz le prend pour un de ses clients et l’emmène dans sa chambre…

Dear Gene, lui, se déroule au début des années 1970 et met également en scène un jeune Amish, Gene, qui est recueilli par un avocat plus âgé que lui, Trevor, à qui il a bien rendu service. Devenant son homme à tout faire, Gene et Trevor vont se rapprocher, Trevor le prenant sous son aile pour lui faire découvrir le monde moderne. Mais chacun cache ses faiblesses et ses fêlures car la vie ne les a pas épargnés.

J’ai de suite été charmée par la narration de Kaya Azuma et sa teinte nostalgique et rétro. Le récit se fait par le biais de « Gene » le neveu de Trevor qui, un jour, tombe sur le journal intime de cet oncle qui lui semble si froid au premier abord. Il ne peut s’empêcher de le lire et découvre la relation que ce dernier avait avec Gene premier du nom, bien des années plus tôt.

L’ambiance du titre est magnifique, lente et inexorable, pleine de passion très très contenue et de sentiments retenus. C’est une superbe histoire en devenir mais également le triste portrait d’une époque où il était encore très dur de se revendiquer homosexuel pour s’assumer et vivre pleinement en tant que tel aux Etats-Unis, lieu de l’histoire. Trevor porte donc un terrible masque qui est en passe de l’étouffer quand il rencontre Gene.

Au début, c’est surtout une belle amitié qui semble se nouer entre les deux hommes pourtant à des âges bien différents de leur vie, mais les secrets et blessures qu’ils cachent vont les rapprocher. En plus de son homosexualité, Trevor porte un autre poids sur les épaules que seul Gene sera en mesure de l’aider à accepter. Gene, lui, a fui sa famille Amish dont il ne supportait plus les contraintes, lui dont la curiosité était étouffée. Trevor s’emploie donc à lui faire découvrir la vie hors des murs de son peuple. Il nourrit sa curiosité et l’aide à approfondir celle-ci tel un parent prenant son petit sous son aile.

Mais des sentiments plus complexes vont venir s’en mêler et la beauté du titre est d’avoir pris le temps de les faire naître et de les nourrir avant de les voir s’épanouir. L’histoire est donc douce et âpre, douce et amère, avec une pointe de nostalgie certaine ressentie dans les écrits de Trevor sur cette période. Le tempo est lent mais sourd et entêtant au fur et à mesure. On sent bien la retenue de chacun, ses interrogations, son envie de surtout ne pas briser la jolie bulle dans laquelle ils vivent. C’est très touchant surtout que ce sont deux très belles personnes, ce qu’on entrapercevoit aussi bien dans les souvenirs de leurs passés respectifs que dans leurs actions présentes, Trevor étant par exemple un avocat qui défend la veuve et l’orphelin.

L’histoire est cependant un huis clos un peu étouffant. Cela peut inquiéter de voir un si jeune garçon passer de l’emprise de sa famille, à celle peut-être non voulue mais existante quand même de cet homme qui le recueille. Gene est comme un jeune faon qui vient de naître, il accorde son amour et sa confiance au premier qui l’aide, comme ça sans réfléchir. Il serait intéressant de se questionner sur le bien fondé de cette relation et la véritable liberté en quelque sorte de Gene, dont les propos finaux sur Trevor me font un peu peur pour ma part, même si le reste avait été bien mené jusque là.

En ce concerne, les dessins de Kaza Azuma, il faut reconnaitre un talent certain à la mangaka. Il suffisait juste de regarder la couverture pour s’en convaincre mais l’intérieur n’est pas en reste. Elle sait donner des traits très doux à ses personnages, leur conférer une belle profondeur d’émotion. Même si la composition des pages est assez classique, elle a également un vrai souci du détail, et l’époque de l’histoire est parfaitement retranscrite ici aussi bien dans les décors intérieurs qu’extérieurs.

Ainsi comme me l’avait prédit La pomme qui rougit, Dear Gene fut une très belle lecture vraiment émouvante qui démarre lentement mais nous ensorcelle par l’émotion que dégage la relation qui se noue entre ces deux très beaux personnages. J’ai aimé son côté rétro, j’ai aimé l’originalité du personnage Amish, j’ai aimé que l’autrice prenne son temps, et je n’ai hâte que d’une chose, de poursuivre pour voir comment on en est arrivé là dans le futur.

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : La pomme qui rougit, Nos book boyfriends, Alex et son monde

Tome 2 – Fin

Il y a des séries avec lesquelles on pense ne pas avoir d’affinité et qui viennent nous surprendre d’une grande claque derrière la tête : Dear Gene fut celle-ci pour moi.

Commencée il y a déjà plus de 2 ans chez nous et enfin terminée alors qu’elle n’était qu’un simple diptyque, elle est en fait une série dérivée de My Rumspringa déjà paru auparavant chez nous, qui nous invite à aller à la rencontre d’une culture méconnue : la culture amish. J’avais de gros a priori sur la question car la religion et moi, ça fait deux, mais l’autrice fait preuve de tellement de bienveillance et d’ouverture d’esprit qu’elle m’a complètement fait changer d’avis.

Autre point d’achoppement pour moi dans cette belle rencontre, la différence d’âge entre les deux héros formant le couple que l’on va suivre. Gene a à peine plus de 20 ans et est en situation de précarité, alors que Trevor est son aîné de plus de 10 ans et est en position d’autorité. Je sais que certains ne trouveront rien à redire, moi ça m’a énormément bloquée et mise mal à l’aise, même ici alors que l’autrice fait mille et un efforts pour rendre la situation tout sauf sordide et qu’elle montre combien ils sont doux et bienveillant l’un envers l’autre. Je trouve ça malaisant cette position d’autorité et cette représentation de « l’adulte » dépendant de l’enfant. Ça ne passe pas…

Et pourtant, la beauté de l’histoire est parvenue à me faire dépasser ça, ce qui est incroyable. En laissant de côté la romance, qui pour ne fut qu’un prétexte au récit de cette rencontre et au cheminement de vie de Gene, j’ai adoré suivre ce dernier. C’était bouleversant de le voir se remémorer avec douleur ceux qu’il avait laissé derrière lui, tout en se sentant tiraillé d’apprécier sa nouvelle vie et d’avoir envie d’encore plus, plus de découverte, plus de voyage. Cette métaphore du passage de l’adolescence à l’âge adulte où on doit laisser son cocon familial pour partir à l’inconnu, se découvrir, est parfaitement replacée ici dans le contexte spécifique de Gene, ce qui rend la chose encore plus forte.

L’autrice a vraiment su créer une atmosphère et gère cela de main de maître entre les différentes temporalités, les différents traits de caractères, les différentes époques et problématiques. On est tiraillés par les sentiments des « jeunes » Gene et Trevor autrefois. On est touché par le jeune Gene, le neveu, avec qui on découvre cette histoire passé et sa propre histoire présente. On est amusé aussi par les réactions du « vieux » Trevor du présent, tellement à l’aise et au-dessus de tout ça, en apparence. Et pleins d’autres détails viennent s’y ajouter, de ce portrait de femme divorcée qui cherche à s’affirmer, ce qui n’était pas simple à l’époque, jusqu’au parent du jeune Gene – neveu, qui veulent renouer, en passant par la famille amish du premier Gene dont on a quelques aperçus. C’est vraiment parfaitement pensé !

J’ai ainsi été très touchée par cette ultime lecture, qui m’a à nouveau permis de découvrir une société amish, ou plutôt des exemples de personnages amish, tellement touchant et plus ouverts que je le croyais. Le couple de cette histoire qui avait tout pour me déranger m’a fendu le coeur dans les ultimes pages. Ce jeune trublion de Gene a été le focal parfait de l’histoire. Et que dire de cette ambiance rétro et de son témoignage si juste sur la société new-yorkaise d’alors. Bijou comme dirait l’autre ! 😉

7 commentaires sur “Dear Gene de Kaya Azuma

  1. Coucou ^^
    J’avais repéré My Rumspringa, puis Dear Gene à leur sortie et ta chronique me donne vraiment envie de m’intéresser à ces deux titres. La couverture de Dear Gene est vraiment de toute beauté ! Etant sensible à ce genre d’argument, je vais peut-être craquer…

    Le problème reste le budget et la place XD Mais peut-être que la série (Dear Gene) ne sera pas très longue.

    Aimé par 1 personne

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