Livres - Science-Fiction

La Machine à explorer le temps de H.G. Wells

Titre : La Machine à explorer le temps + Contes d’espace et de temps

Auteurs : H.G. Wells

Editeur vf : RBA – Les maîtres du fantastique

Année de parution : 2021 (1e édition : 1895)

Nombre de pages : 325

Histoire : « Je vis des arbres croître et changer comme des bouffées de vapeur ; tantôt roux, tantôt verts ; ils croissaient, s’étendaient, se brisaient et disparaissaient. Je vis d’immenses édifices s’élever, vagues et splendides, et passer comme des rêves. Toute la surface de la terre semblait changée – ondoyant et s’évanouissant sous mes yeux. Les petites aiguilles, sur les cadrans qui enregistraient ma vitesse, couraient de plus en plus vite. Bientôt je remarquai que le cercle lumineux du soleil montait et descendait, d’un solstice à l’autre, en moins d’une minute, et que par conséquent j’allais à une vitesse de plus d’une année par minute ; et de minute en minute la neige blanche apparaissait et s’évanouissait pour être suivie de la verdure brillante et courte du printemps. »

Mon avis :

J’adore les objets livres des éditions RBA qui proposent des classiques de notre littératures en version reliée et illustrée. Le hic, c’est que soit ce sont des textes qui ne m’intéressent pas, soit des textes que j’ai déjà lus. Du coup, je ressentais une petite frustration. Mais là, quand j’ai vu que pour lancer leur collection « Les maîtres du fantastique », ils proposaient à un prix dérisoire La machine à remonter le temps, j’ai sauté sur l’occasion !

Je remercie Océane de En tournant les pages de m’avoir accompagnée dans cette lecture !

Comme prévu, l’objet livre est de toute beauté pour le prix modique que je l’ai payé : une belle couverture reliée avec un dessin vintage, des dorures sur le dos, des illustrations façon gravure à l’intérieur, et l’ajout des Contes d’espace et de temps pour compléter La machine à remonter le temps qui n’est qu’une nouvelle d’une centaine de pages. Le seul défaut : il n’y a des illustrations que pour cette célèbre nouvelle, les autres en sont dépourvues.

Autant quand j’étais jeune, j’ai lu de nombreux classiques de la littérature blanche, autant je suis assez ignare en classiques de la littérature fantastique en dehors de Dracula, Le Horla et quelques autres nouvelles avec des soi-disant fantômes. Ainsi de La machine à remonter le temps, je ne connaissais l’histoire qu’à travers son adaptation de 1960 au cinéma (lien). Je ne savais donc pas trop à quoi m’attendre.

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La première chose que je tiens à souligner, c’est que j’ai été surprise par le côté très accessible de la plume de H.G. Wells pour un texte écrit fin XIXe (en 1895). Même si elle a un côté un peu poussiéreux, à la Jules Verne dans Le tour du monde en 80 jours, elle se lit également très facilement, car elle est très visuelle.

La seconde chose à souligner, c’est la modernité de ce texte. Quand on voit les concepts employés ici, on est surpris à nouveau de voir quand cela a été écrit. Les seules indices qui marquent l’époque d’écriture sont peut-être l’ambiance un peu théâtrale de la mise en scène et l’utilisation de l’anonymisation des personnages.

Cependant, le récit est vraiment court et je ne l’aurais pas su d’emblée, j’aurais peut-être été déçue de ne suivre qu’un seul voyage dans le temps de notre héros. En effet, le texte s’ouvre sur des discussions scientifiques que j’ai trouvé fort intéressantes, je m’attendais donc à une application plus vaste de celles-ci, notamment sur les paradoxes temporels. Mais le récit se présente au final plus comme une observation sociologique de l’évolution possible/imaginée de la société humaine, que comme une aventure à travers les âges. Ne vous y trompez pas, j’ai adoré cela. C’était fascinant de voir ce que l’auteur avait imaginé, les théories que son héros échafaudait avant de devoir les modifier suite à ses nouvelles observations. C’était également un beau contre-pied de ne pas présenter l’évolution attendue de la société humaine mais plutôt quelque chose qu’on aurait tendance à voir comme une régression. Nous sommes dans une oeuvre naturaliste mais également engagée où la question de la lutte des classes revient à plusieurs reprises lorsque le héros est confronté à la société futuriste dans laquelle il tombe. Océane a d’ailleurs partagé ma surprise face à cette richesse et cette modernité inattendue.

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Puis nous avons poursuivi notre lecture avec les Contes d’espace et de temps qui suivent, 12 nouvelles de longueurs et qualités inégales sur des thèmes très variés, où nous avons retrouvé la même modernité mais surtout une plume encore plus vive et accessible, contenant beaucoup de traits d’humour.

Si l’histoire de ces nouvelles m’a moins passionnée et est moins marquante, la plume de l’auteur y est pourtant meilleure, plus incisive et vive, plus drôle et caustique aussi. Il manie de nombreux thèmes et concepts. Il nous communique à la fois sa passion pour la science et les inventions à travers les deux premières nouvelles (Le vol du microbe et Les argonautes de l’air). On a aussi droit à des concepts typiques de notre SF contemporaine, comme les différentes dimensions (Un étrange phénomène et L’histoire de Plattner), les créatures effrayantes à la Lovecraft (Les pirates de la mer), les martiens (L’oeuf de cristal), le film catastrophe avec une menace contre la Terre (L’étoile), l’espace-temps (Un nouvel accélérateur), ou encore les rêves (Un rêve d’Armageddon et La porte dans le mur).

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Nous sommes tombées d’accord pour dire que nous avons beaucoup aimé cette découverte. Nous avons été surprises par la modernité du ton, des thèmes et de la plume de l’auteur. Celle-ci semblait avoir beaucoup d’humour et se plaisait beaucoup à interpeller son lecteur pour rendre son récit encore plus vif, ce qui fonctionnait. Il était aussi à l’aise sur les textes courts qu’un peu plus longs. Le côté un peu poussiéreux de La machine à remonter le temps m’a plu car c’était ce que je cherchais dans un texte du XIXe, je voulais un petit côté vintage. Oui, j’ai été un peu frustrée par sa brièveté et peut-être le manque de « science dure » ici, mais j’ai été agréablement surprise par son aspect anthropologique. Quant à ses nouvelles, l’auteur s’y fait encore plus plaisir. Il y teste, expérimente et laisse libre cours à tout son humour et son imagination. Ça donne envie de découvrir les autres textes de l’auteur. Ça donne envie de lire plus de classique de la SF.

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : En tournant les pages, Maven Litterae, Lecture enfant-parent, The Cannibal Lecteur, Dans ma bibliothèque, Vous ?

15 commentaires sur “La Machine à explorer le temps de H.G. Wells

    1. Oui, il a une très belle plume qui donne envie de plus. Et surtout, c’est devenu un élément tellement phare de la SF ces voyages qu’on a envie de voir des origines plus développées. Mais ça reste tout de même une très bonne lecture vu que je savais que ce serait court ^^

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  1. On ne s’attendrait pas à une telle modernité dans la plume et les thématiques, deux points qui donnent envie de découvrir un peu mieux l’auteur. Il me semble avoir lu La Machine à explorer le temps mais si c’est bien le cas, je n’en garde pas de souvenirs précis…

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    1. Oui, c’est chouette de voir que de vieux auteurs qu’on croit un peu poussiéreux ne l’étaient pas tant que ça au final et qu’on peut trouver leur plume moderne à l’heure actuelle.
      N’hésite pas à le relire à l’occasion, ça passe tout seul, comme tu l’as compris 😉

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    1. Je suis d’accord, il y a un côté un peu poussiéreux dans l’écriture, mais qui correspond bien à ce que j’attendais, en revanche j’ai vraiment été surprise par la modernité du reste !
      D’ailleurs, vu que tu lis plus de SF que moi, si tu as d’autres auteurs anciens classiques à me conseiller avec leurs titres, je suis preneuse 😉

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  2. Je n’ai jamais lu HG Wells et comme toi (avant cette lecture du coup), je ne connais ses oeuvres que par les adaptations qui ont été faites. Cela dit le côté vintage me plaît bien, et puis c’est un classique de la SF alors ça vaudrait surement le coup de tenter. Surtout maintenant que je sais que c’est relativement court 😇 Mais je m’attendais également a découvrir une aventure dans le temps plutôt qu’une observation de notre évolution. Je saurais à quoi m’attendre si je me lance, merci 😊

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  3. Si vous n’en avez pas eu assez, il y a eu des suites… 😉

    Feu Christopher Priest avait écrit un « prolongement » de ce livre de Wells (titré La machine à explorer l’espace), qui faisait d’ailleurs le « pont » avec La guerre des mondes.

    Quant à Stephen Baxter, il avait titré sa propre suite « Les vaisseaux du temps« … avec un nombre certain de voyages!

    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

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