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Coco : L’île magique de Keisuke Kotobuki

Titre : Coco : L’île magique

Auteur : Keisuke Kotobuki

Éditeur vf : Ki-oon (Kids)

Années de parution vf : Depuis 2021

Nombre de tomes vf : 4 (en cours)

Histoire : Coco, une magicienne en herbe aux pouvoirs explosifs !
Sur l’île de la jeune Coco, tous les habitants possèdent des pouvoirs magiques. Ils s’en servent comme source d’énergie pour faire fonctionner les machines, gonfler les voiles des bateaux, éclairer les rues… Les enfants apprennent à maîtriser cette force à l’école, mais Coco a un problème : dès qu’elle essaie d’utiliser ses capacités, elle provoque des catastrophes !
Pourtant, sous ses airs détachés, elle cache le rêve de devenir une magicienne digne de ce nom… Le professeur, un inventeur de génie, sent son potentiel et la fait participer à ses expériences… qui finissent toujours en explosions ! Cependant, l’énergie dégagée par l’enfant ne passe pas inaperçue : un étrange personnage encapuchonné est à sa recherche… Quel est donc son but ?
Retrouvez la poésie et l’humour de l’auteur de Roji ! dans cette nouvelle aventure tout en couleurs ! Le monde de Coco – L’Île magique remplira votre quotidien d’une bonne dose de magie et d’enchantement !

Mon avis :

Tome 1

N’étant pas vraiment le coeur de cible, je lis peu de mangas destinés aux plus jeunes habituellement. Mais comme d’habitude, les éditions Ki-Oon on su me donner envie, notamment grâce à la prépublication du premier chapitre dans leur magazine. Et ils ont eu raison car Coco fut vraiment une charmante lecture jeunesse à mettre entre toutes les mains des petits lecteurs.

Tout d’abord, c’est un charmant objet. Dans un sens de lecture français, l’ouvrage se présente sans jaquette mais avec un couverture à rabat comme à l’époque de DragonBall, ce que j’aime bien, je l’avoue. Je préfère cela aux jaquettes qui gêne la lecture pour les enfants. L’objet est bien souple et surtout l’ensemble est entièrement colorisé. Le trait simple de Kotobuki est parfait pour le jeune lecteur, tout comme sa narration et ses dialogues pas trop nombreux, ce qui donne des pages aérées et faciles à lire.

Côté histoire, nous avons un schéma typique de la littérature jeunesse avec une jeune héroïne, Coco, qui a d’immenses pouvoirs cachés qu’elle ne maîtrise pas et n’ose pas utiliser. Elle se fait repérer par une créature mystérieuse, ressemblant à un chat, qui aimerait bien les utiliser, mais cela attire aussi des personnes aux desseins bien plus sombres. 

Le caractère assez nonchalant de l’héroïne peut surprendre. Cela donne un ton assez décalé au récit, assez lent et peut-être un peu mou et fade parfois. Heureusement, les personnages qui l’entourent ont plus de peps’. On la suit chez elle, à l’école, déambulant dans les rues, avec ses amis ou encore chez un inventeur de génie. Mais ce premier tome est avant tout une introduction à son univers et sa vie.

La narration est archi simple mais distille déjà des petits mystères qui plairont aux jeunes lecteurs. Le choix de l’héroïne, des lieux où elle se rend, des aventures qu’elle vit, tout est fait pour que ça parle et plaise aux petits lecteurs. Pour le lecteur adulte, cela pourra paraitre un peu vide et contemplatif parfois. Cependant sous le trait de Kotobuki cela a un charme tout particulier.

Celle-ci a en effet un trait très rond et doux mais légèrement décalé avec des couleurs peintes qui créent comme un cocon pour le lecteur. Elle a un dessin de suite reconnaissable avec son économie de trait rappelant un peu les premiers mangas de Tezuka, me faisant dire qu’ils sont facilement animable de façon simple.

Avec Coco, Ki-Oon propose un titre jeunesse sur fond de magie et de découverte de soi légèrement drôle et décalé, qui tranche avec la production souvent plus tout feu tout flamme qu’on propose aux plus jeunes. J’avoue que j’aime cette originalité, ce ton différent, plus lent, plus calme et peut-être plus profond ainsi. Cette introduction m’a beaucoup plu et m’a donné envie de la faire découvrir à mes jeunes élèves de CP-CE1 pour leur proposer une lecture manga à leur portée.

 >N’hésitez pas à lire aussi les avis de : L’Apprenti Otaku, Vous ?

Tome 2

Deuxième tome des aventures de notre petite Coco qui manque tellement de confiance en elle malgré son grand potentiel magique. Un univers encore une fois étrange et décalé qui tranche avec la production habituelle pour les enfants.

On retrouve avec plaisir cette héroïne atypique qu’est Coco, petite fille au regard un peu vide et froid, qui manque d’entrain et de confiance en elle. Mais dans ce tome, on lui révèle qu’elle a un gros potentiel magique. Elle se réveille donc et commence à vouloir s’entraîner pour le maîtriser, ce qui réveille également la lecture.

Cela fait plaisir d’explorer enfin le potentiel magique de l’héroïne, d’en apprendre plus sur le fonctionne de la magie là où elle vit, mais également sur les origines de cette île et de celle d’où viennent les chats parlant qu’on croise. Pour les adultes, forcément ça ne révolutionnera pas le genre. Pour les enfants, c’est sympathique de voir l’univers s’enrichir et s’approfondir.

Les petits instants où Coco utilise ses pouvoirs sont sympathiques à voir car soit elle montre un sacré potentiel, ce qui impressionne, soit ça finit en eau de boudin et sa amuse. En plus, c’est joliment fait avec ces pouvoirs liés aux éléments, classique, mais j’ai toujours aimé ça, comme ça me plaît de voir une héroïne qui a besoin de travailler pour maîtriser ses pouvoirs car rien ne devrait être inné. Je préfère le goût de l’effort, cela permet à l’héroïne de nouer aussi des liens avec les autres habitants de l’île et notamment des filles de son âge, ce qui peut-être lui permettra d’avoir enfin quelques étincelles dans les yeux.

Ainsi, l’arrivée de ce gros chat venant d’une autre île aura secoué un peu l’héroïne et l’histoire faisant joliment avancer celles-ci avec des valeurs positives. Les enfants amateurs de jolies histoires de dépassement de soi seront comblés. Les amateurs cherchant le petit truc un peu différent, prendront plaisir à suivre une héroïne apathique et décalée au début, qui finit par se bouger. Le tout servit par un trait tout rond, plein de couleurs douces et apaisantes. Un bon titre jeunesse sur la magie.

Tome 3

Avec ce rythme toujours atypiquement lent et nonchalant, l’histoire avance pourtant suivant une direction classique mais prenante et simple à suivre pour les enfants, public cible de cette oeuvre. Les convaincus des premiers tomes le seront donc à nouveau ici.

Keisuke Kotobuki nous prend par la main avec sa très jolie et douce colorisation, à travers des paysages immersifs et un brin étrange, dans cet univers entre deux où l’on sent bien que malgré quelques ressemblances, ce n’est pas le nôtre.

On suit donc avec autant d’étrangeté les aventures de Coco et surtout des personnages qui l’entourent car celle-ci est quand même un peu en retrait, plus personnage qui subit que personnage qui agit. Et c’est cette fois le chat qui l’accompagne qui prend la main, menant son projet de trouver de l’énergie pour son royaume dans les nuages, tout comme la chercheuse qui s’intéresse à la singularité de Coco, seule rousse présente sur la terre ferme, alors que c’était apparemment la caractéristique des anciens habitants du ciel ayant créée leur civilisation.

Alors entre gentils entraînements où on voit notre héroïne maîtriser peu à peu ses pouvoirs, ce qui permet aux jeunes lecteurs de s’identifier à cette fillette en construction, et explications sur les divers fonctionnements de la magie, de nouveaux mystères naissent mais restent pour le moment sans réponse, apportant surtout plein de nouvelles interrogations.

L’auteur aime prendre son temps et cela se ressent fortement dans cette narration assez lente et un brin entêtante, qui fait avancer l’histoire, sans que l’on s’en rende compte. J’aime assez ce décalage mais je ne sais pas si ça plaira à tout le monde, surtout à un jeune public amateur de récit plus vif et rapide, alors qu’ici c’est une invitation à la contemplation et à la lenteur.

Coco reste donc une lecture singulière, particulière, avec une héroïne qui n’est pas tant que ça une héroïne tant elle est peu active et peu dynamique. Son univers empli de magie interroge. L’auteur le développe un peu plus à chaque tome, interrogeant sur sa nature et ses usages. Mais il manque peut-être d’une aventure plus consistante pour vraiment passionnant car pour le moment on reste calqués sur le rythme assez lent du récit et on peine à décoller. C’est joliment contemplatif mais un brin frustrant.

Tome 4

Il n’est jamais facile de trouver et conseiller un manga pour les tout jeunes lecteurs car souvent la complexité de la narration graphique ou de l’histoire est trop grande pour les 6-7 ans qui viennent de découvrir la lecture. Heureusement, il y a des titres comme Coco qui offrent une narration et une histoire facilement accessible mais invitant quand même à l’évasion. Une jolie pioche même si je ne suis pas le public cible.

En tant que lectrice adulte, je trouve que Coco traîne un peu en longueur pour ce que ça a à raconter. Il ne se passe pas grand-chose à chaque fois dans le tome et ici en plus ça finit sur un cliffhanger frustrant quand on se rappelle qu’il ne s’est pas passé grand-chose auparavant en dehors de la répétition d’éléments connus.

Par contre, quand je me mets à la place des enfants qui vont découvrir cet univers, je trouve assez sympathique ce ton calme et nonchalant pour parler cependant d’un monde plein de magie. Ça donne l’impression que c’est normal tout en nous mettant des paillettes dans les yeux avec le potentiel de cette petite fille. Celle-ci est le chantre de ces enfants qui se croient banals et se découvrent de superbes qualités mais qui doivent prendre confiance en eux. C’est ainsi charmant de la voir évoluer et grandir peu à peu.

J’aime aussi qu’on mette en avant les valeurs de l’amitié à travers le groupe qui se constitue autour de l’héroïne mais aussi dans les personnages secondaires comme ici avec ce groupe de garçons qui charrie l’un des leurs mais est quand même là pour lui. C’est mignon tout plein. L’ajout des créatures compagnonnes y joue pour beaucoup aussi. Les chats de l’histoire sont à la fois un élément comique et chaleureux mais aussi une source de mystère et tout se goupille bien pour intriguer le lecteur.

On prend plaisir aussi à voir les manifestations de magie, simples certes, mais pétillantes et explosives avec la question de ce mélange entre les différents types de celle-ci et la curiosité que cela suscite ainsi que les interrogations des adultes. Ceux-ci commencent d’ailleurs à se mêler à l’histoire par ce biais et c’est chouette aussi de les voir intégrés au récit car sinon ce serait trop hors sol. Je n’ai jamais aimé les histoires aux ceux-ci étaient totalement absents sans que ce soit justifié, ça m’a toujours donné l’impression que quelque chose clochait. Ici c’est moins le cas du coup.

La seule chose qui me chagrine une peu, c’est le sentiment d’avoir des couleurs aux teintes affadies, grisées, manquant de luminosité en bref. Ça donne une ambiance un peu morose au titre qui n’a pas besoin de ça. Alors certes, ça tranche avec la production jeunesse habituelle mais je ne suis pas sûre que cela apporte grand-chose au récit ici, si ce n’est le rendre plus mollasson aussi par ce biais.

Titre parfait pour le jeune public auquel il est destiné grâce à sa narration simple, son héroïne attachante qui grandit et son univers qui invite à faire preuve d’imagination, Coco, cependant peine parfois à voir son histoire avancer et à tendance à faire du surplace, ce qui peut frustrer un lecteur plus âgé qui en ferait également la lecture. J’espère que la promesse de révélation du prochain tome sera tenue et dynamisera la suite de la série.

(Merci à Ki-Oon pour ces lectures et pour leur confiance)

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© 2021 Keisuke Kotobuki

 

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