Livres - Science-Fiction

Dune : Les Origines de Brian Herbert et Kevin J. Anderson

Titre : Dune : Les Origines

Auteurs : Brian Herbert et Kevin J. Anderson

Éditeur vf : Pocket (SF)

Années de parution vf : 2016-2021

Nombre de tomes vf : 3 (série terminée)

Histoire : La Bataille de Corrin a mis fin au règne et même à l’existence des Machines Pensantes qui ont menacé de détruire l’humanité. Tirant la conclusion du Jihad Butlérien, la Bible Catholique Orange édicte : Tu ne feras point de machine à l’esprit de l’homme semblable.
Mais il faut trouver des substituts aux compétences perdues des Machines. Les humains s’emploient à développer de nouveaux talents.
Un groupe y est déjà parvenu : celui des Navigateurs qui, seuls, savent trouver le bon chemin à travers les routes multiples de l’hyperespace. Sous la direction de Joseph Venport, ils s’efforcent de préserver l’essentiel des acquis scientifiques de l’ère des Machines.
L’ordre des Mentats, allié au mouvement Butlérien, entreprend de développer chez des hommes exclusivement les capacités logiques des ordinateurs proscrits.
Et, de son côté, la Communauté des Sœurs poursuit un gigantesque programme de sélection génétique en vue d’améliorer l’humanité, ou du moins sa pointe. Elle deviendra le Bene Gesserit, dont le but ultime est de produire un mutant qui lira les voies infinies de l’avenir.
Dix mille ans avant Dune. Et l’avènement du Kwisatz Haderach, Paul Muad’Dib.

Mon avis :

Tome 1 : La communauté des soeurs

Après la relecture l’an dernier du premier cycle de Dune écrit par Frank Herbert, même si l’écriture ne m’avait pas emportée jusqu’au ultimes volumes, j’ai eu envie de poursuivre ma découverte de l’univers et Pocket sortant l’ultime chapitre de la saga des Origines se déroulant juste avant, j’ai eu très envie de commencer par celle-ci. Je les remercie de me l’avoir envoyée.

Première remarque et elle est de taille, celle-ci a été écrite dans les années 2010 par le fils de l’auteur d’origine en collaboration avec Kevin J. Anderson auteur de nombreux romans et nouvelles depuis les années 80 et ayant notamment beaucoup contribué à Star Wars, ce qui se ressent ici, comme un effet retour de bâton. Et je dois dire que la plume du fils ne vaut malheureusement pas à mes yeux celle du père. J’ai trouvé la plume de Brian et Kevin très agréable, très actuelle, mais aussi très lisse et sans relief. C’est une écriture passe partout qui fait le job mais c’est tout.

Je m’attendais en plongeant dans les origines de Dune à avoir une histoire complète et indépendante en quelque sorte mais qui me ferait découvrir les arcanes de l’univers juste avant les événements relatés dans le premier tome de Dune. Je pensais par exemple découvrir la vie des Atréïdes et Harkonnen avant qu’ils ne se fassent la guerre sur Arakis. J’ai eu ça mais pas tout à fait. Ce cycle devrait en fait se lire après celui intitulé Dune, La Genèse. Pourquoi ? Parce qu’il y ait sans cesse fait référence comme si on savait parfaitement ce qui s’y était passé et que ce n’est pas mon cas ^^! J’aurais vraiment aimé avoir un bref résumé des événements par exemple en début de tome ou une fiche avec les personnages et leurs relations car clairement cela manquait. De plus, les nombreuses répétitions sur ce qui s’est passé avant agacent vite. Cela manque de fluidité et pour moi un cycle doit pouvoir se lire indépendamment des autres, les auteurs doivent rendre celui-ci accessible à tous.

Venons-en au coeur de ce premier tome. Intitulé La communauté des soeurs, je m’attendais à suivre les premiers pas des soeurs du Bene Gesserit, ce fut effectivement le cas avec l’entité qui les précède, mais ce ne fut pas tout. Les auteurs ont allègrement pioché, sans vraiment rien inventer, dans l’univers de Frank Herbert. Ainsi, nous suivons comme chez le père une intrigue à la fois politique, religieuse, mercantile et plus dans un univers de space opera bien connu. Nous assistons à la transition entre le monde d’avant où la technologie et les robots étaient omniprésents et le monde d’après la guerre contre ceux-ci où tout est à réinventer. C’est une base fort séduisante mais qui n’a pas été exploitée comme je l’aurais aimé.

Les deux auteurs plutôt que de proposer une vaste fresque comme j’aurais aimé, manquent de souffle et proposent à la place, une histoire un peu plate et passe partout où de grandes familles et de grandes institutions s’entre déchirent pour le pouvoir et l’argent. Je m’attendais à plus d’imagination, plus d’ampleur de la part des auteurs. J’ai eu l’impression d’un copier coller de la saga d’origine mixée à un peu de Fondation et de Star Wars… On suit ainsi en parallèle plusieurs histoires de personnages clés : le patriarche Atréïde, son ennemi Harkonnen, l’Empereur en manque d’appui et son frère trop populaire, la Guilde des navigateurs, la future communauté des Soeurs et les Mentats. Tout ce petit monde complote pour lui-même et vise donc à en dégager certains. Seul Vor Atréïde est différent bien entendu… Tout cela a lieu dans des décors connus : de Corrino, en passant par Arakis ou les vaisseaux de la Guilde. Les interactions sont prévisibles ici puisque les ennemis d’alors sont ceux de demain.

Cependant, malgré tout, j’ai pris plaisir à voir les interrogations qu’ils se posent sur la place de la technologie avec ou sans robot et sur le monde à réinventer. J’ai aimé voir certains douter, savoir que le tout robot comme avant peut être dramatique mais se rendre compte que le zéro technologie est impossible aussi, et chercher un entre deux. J’ai aimé voir les prémices de la Guilde et des Soeurs avec l’usage de l’épice et d’autres drogues pour entrer dans l’état nécessaire au voyage intersidéral d’un côté et dans celui pour devenir une Révérende Mère de l’autre. C’était fascinant de suivre leurs expérimentations. J’ai aimé voir l’Empereur en difficulté tandis que son frère et la famille de celui-ci monte en puissance. Cela promet de belles tensions fraternelles. J’ai aimé voir les intrications entre les différents groupes : famille Impériale, Soeurs, Mentats, Atréïde et Harkonnen. J’ai été fascinée par le récit des bribes du monde d’avant et de la guerre contre les Machines pensantes et le père de Vor Atréïde. Donc tout n’est pas à jeter loin de là.

J’attendais juste plus d’un tel univers. J’attendais plus d’invention, plus de souffle épique, plus de nouveaux personnages, plus d’immersion peut-être aussi dans les groupes qu’on connaît. Là j’ai eu l’impression qu’à vouloir raconter trop de choses les auteurs se perdaient et me perdaient. J’ai en même temps eu l’impression d’un récit bien trop délayé. Je pense qu’on peut facilement retirer un bon tiers des paragraphes pour alléger tout ça et le rendre plus incisif. J’avais donc très envie d’être séduite et je sors un peu mitigée par la forme que cela a pris malgré un fond que je trouve séduisant.

(Merci à Pocket pour leur confiance et cet envoi)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis : Ireth, Un brin de lecture, Vous ?

Tome 2 : Les Mentats de Dune

Après un premier tome pas désagréable à lire mais pas transcendant non plus, un peu trop classique et passe-partout qui ne m’avait pas apporté toute la complexité que j’attendais, en dehors de l’histoire de l’implosion des Soeurs qui m’intéressait bien, j’ai trouvé ce deuxième tome bien plus plaisant à lire. Peut-être parce que je connaissais mieux les acteurs en jeu, peut-être parce que j’avais pas à découvrir le style plus commercial des deux auteurs. En tout cas, la lecteur fut plus simple et plus addictive.

Nous nous retrouvons toujours dans ce monde post-Jihad où les I.A ont été les ennemis à bannir et ont en apparence disparu même si la technologie, elle, est toujours là et semble avoir de beaux jours dans les formes qu’elle est en train de prendre sur base de mix avec des psychotropes comme l’Épice. Nous sommes toujours dans un monde où le pouvoir de l’Empereur est en déclin. Nous sommes toujours dans un monde où de grandes familles et de grands noms se disputent des ères d’influence et où de grands groupes cherchent à trouver leur place au soleil.

Une fois habituée au style plus passe-partout des auteur et une fois oubliée mes envies d’univers riche et complexe, j’ai apprécié l’oeuvre pour ce qu’elle était : un space opera divertissant avec beaucoup de tensions et manigances entre les différents groupes. L’écriture spiralaire des auteurs permet d’avoir une lecture fluide et dynamique. On enchaîne les chapitres courts aux quatre coins de la galaxie avec ses multiples acteurs et petit à petit une toile de fond se dessine de plus en plus clairement dans ce nouvel ordre interstellaire post-Jihad. Ma seule petite déception vient de l’utilisation de la famille Atréïde qui tient plus de l’accessoire qu’autre chose dans ce tome…

Sinon, j’ai aimé suivre la longue décadence et perte de pouvoir de l’Empereur Salvador qui peine à lutter face à l’influence grandissante à la fois du Dirigeant Manford Torondo avec son engagement anti-techno et des Venport qui dirigent la flotte des Navigateurs. Le conflit de ces deux va être au centre de l’histoire et avoir de lourde conséquences sur l’Empire intergalactique. Nous assisterons à leur lutte à distance, à leur recherche d’influence, à leurs manigances et à leurs actions également, tout du long de ce tome et ce sera passionnant.

En parallèle, nous assistons également au destin croisé des deux grands ordres de l’Empire que sont les Mentats et les Soeurs. Si ces dernières vont peu à peu se relever du coup porté par l’Empereur Salvador grâce à l’effroyable astuce d’une certaine Harkonnen qui gravit les échelons en leur sein, les Mentats, eux, connaîtrons un destin inverse à cause du lien entre leur chef et un ancien robot tout puissant. C’est également très intéressant de suivre ce qui s’y passe et d’y voir les prémices de ceux qu’ils seront plus tard et des techniques et programmes qu’ils utiliseront et vont promouvoir les uns et les autres.

Mais les auteurs ne se contentent pas de ça, ils greffent également plein de petites histoires autour, de celle de Vorian Atréïde qui cherche à aider les Harkonnens et également à trouver l’apaisement au sein de sa famille, en passant par le savant-fou Ptolémée qui est en train de développer ces mystérieux être que sont les cymeks, ou encore le destin de certains Freemen qu’on croise et à qui on promet un avenir plus radieux… C’est très riche en ramification, mais une fois qu’on se note un peu qui est qui, ce n’est pas si compliqué et c’est vite fascinant de voir comment l’action de l’un va jouer sur celle de l’autre à l’autre bout de la galaxie. J’aurais juste aimé que Pocket nous fournisse ce petit travail éditorial consistant à recontextualiser l’histoire, actions et personnages compris. Ça manquait vraiment.

En tout cas, même si on est loin de la profondeur et du génie de la série originelle, cette lecture fut un bon divertissement, une suite honnête et plus simple à suivre que le premier tome, avec des actions individuelles et de groupes passionnantes de part l’ampleur qu’elles prennent à plus vaste échelle. C’est aussi très intéressant de voir les prémices de ce qu’on connaîtra plus tard, de voir la montée et la chute de certains individus, et encore plus de découvrir quelques zones d’ombre dont les mystères pourraient nous surprendre. N’est-ce pas les cymeks ? 😉

(Merci à Pocket pour leur confiance et cet envoi)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis : Ireth, Vous ?

Tome 3 : Les navigateurs de Dune

Quand je me suis embarquée dans la lecture de cette saga, c’était pour en apprendre plus sur l’univers de la série Dune avant la grande saga qu’on connaissait tous. Pour savoir comment on en était arrivé à ce monde sans robot, à ce monde où tant de grandes familles étaient en guerre, à ce monde où l’épice est tellement important. Malheureusement en refermant cette saga sur « Les Origines », j’avoue avec eu des réponses bien trop molles.

En effet, même si c’est un bon divertissement, j’ai eu le sentiment tout du long d’une lecture bien trop classique et prévisible qui reprend sans cesse les mêmes querelles pour susciter de l’action à coup de batailles sur les planètes et dans l’espace, mais sans que rien ne soit vraiment creusé. Tout est survolé. Il n’y a pas la moindre dimension philosophique ou intime, à part peut-être un petit peu avec Erasme et son incarnation humaine mais c’est tellement éphémère, ni le moindre vrai sentiment de souffle épique. C’est très très lisse et prévisible.

Je ne me suis pas ennuyée à la lecture mais je m’attendais à bien plus qu’à voir le nouvel empereur, Roderick, frère du précédent affronter à la fois les Butlériens menés par Manford et Anari Idaho qui professent un monde sans technologie et les Venport, propriétaires des Navigateurs, nouvelle race essentielle à voyage dans l’espace à l’aide de l’épice. Leur affrontement dure dure et dure pour finir sous forme de grosse bataille où chacun se tire dans les pattes et où les morts et pertes pleuvent mais où on écope d’un monde fade et sans relief tant on s’attendait à ce résultat. Zéro réflexion en profondeur est menée ici en plus…

S’ajoute à cela, la querelle millénaire entre les Harkonen et Atréïdes, qui va en plus entraîner les Soeurs dans la tourmente de ce conflit. Ici aussi, zéro surprise et zéro évolution au final, mais plutôt quelque chose d’assez répétitif où aucun ne fait un pas en avant pour stopper tout ça. Ce n’est qu’une suite de griefs et de vengeances. Bof bof.

Alors tout est écrit de façon à capter le lecteur sensible aux récits de SF dépaysants avec de l’action et des factions qui se querellent. Mais j’attends aussi d’un récit de SF des réflexions un peu plus poussée sur l’humain, la robotique, les interactions entre les deux, etc. Et je n’ai rien eu de cela. Même du côté des vendettas entre les différents groupes, on en reste à quelque chose de très superficiel : t’as été méchant, je me venge, oh tu as tué un des miens, je me venge aussi… Il n’y a aucune profondeur. C’est assez triste.

Alors désolée mais je n’irai pas plus loin dans la découverte des sagas associées à Dune écrite ou co-écrite par Brian Herbert, le fils de l’auteur d’origine. Je ne me retrouve pas assez dans ce qu’il écrit. Il fournit du divertissement basique, là où je cherche de la profondeur. Il fournit des personnages et thématiques classiques et survolées, là où j’attends de l’originalité et de la réflexion. Son écriture n’est pas faite pour moi.

(Merci à Pocket pour leur confiance et cet envoi)

7 commentaires sur “Dune : Les Origines de Brian Herbert et Kevin J. Anderson

  1. Pas lu ce cycle mais j’avais trouvé plutot sympa la trilogie prequelle immediate Laison atreides/harkonen/corrino puis franchement consommé le cycle du djihad butlerien. J’avais noté comme toi une ecriture de consommation, a l’americaine, et la propention a vendre au poids avec des paginations tout a fait boursouflees par rapport aux dune d’origine. Qu’en est-il sur ce cycle?

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    1. Je ne suis pas sûre que ce soit indispensable d’avoir tout lu franchement. Je pense qu’en ayant juste en tête les 2-3 premiers tomes, ça peut aller, surtout vu tous les rappels qui sont fait. Mais clairement, on s’attend à quelque chose de plus wow

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