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Le Secret des écailles bleues de Yoko Komori

Titre : Le Secret des écailles bleues

Auteur : Yoko Komori

Éditeur vf : Delcourt-Tonkam (Moonlight)

Année de parution vf : 2022

Nombre de tomes vf : 2 (série terminée)

Histoire : À l’approche de la rentrée scolaire, Tokiko et son père emménagent dans une petite ville côtière. En écoutant le bruit des vagues, la jeune fille sent remonter en elle le souvenir confus du jour où une sirène l’a sauvée de la noyade…

Mon avis :

Tome 1

Première incursion dans la collection Moonlight depuis ma brève découverte du Dévoreur de souvenirsJe n’étais pas retournée vers la collection, ne trouvant pas forcément d’histoires et de graphismes m’attirant. Mais ici, la singularité du trait de Yoko Komori m’a interpellée dès la couverture avec ce petit quelque chose rappelant un certain Shin’ya Komatsu (Souvenirs de la mer assoupie, Un été à Tsurumaki) dont j’aime beaucoup l’univers.

Comme attendu, j’ai eu la chance ici de lire une très belle histoire sur l’enfance, une histoire qui m’a touchée et de découvrir un univers plein de rondeur dont l’onirisme m’a emportée. Dès le début, le ton voulu par l’artiste est étrange, un brin mélancolique et hors du temps. Avec son dessin tout en rondeur et en suspension, elle offre quelque chose de très aérien à son histoire, comme des bulles flottant au grès du vent. C’est assez magique. Pourtant, l’histoire, elle, a un petit quelque chose de plus tragique. 

Tout commence lorsque Takiko va vivre au bord de la mer avec son père chez sa grand-mère après que sa mère, on le devine, les ait abandonnés. Cette petite, qui semble cacher sa grande tristesse derrière un calme et un sourire trompeur, semble irrésistiblement attirée par la mer et la légende des sirènes de la ville. Elle y va donc pour admirer ce lieu et se vider la tête avant de commencer une nouvelle vie.

C’est touchant de voir les premiers pas de cette petite dans sa nouvelle vie, sa nouvelle maison, son nouvel environnement, sa nouvelle école, ses nouveaux amis. Nous la suivons pas à pas avec émotion mais aussi avec la peur qu’elle craque face à toute cette pression. Mais vaillante, elle résiste et se fait sa place, ce qui est adorableOn aime découvrir cette charmante bourgade à ses côtés grâce aux superbes dessins tout en douceur et lignes courbes de Yoko Komori, c’est comme d’être face à plein de bonbons. On aime l’accueil chaleureux et amusant, typiquement enfantin, que lui réserve ses camarades de classe et la petite bande avec laquelle elle va frayer. On aime les efforts que font sa grand-mère et son père pour tenter de rendre ce changement moins douloureux. C’est très émouvant.

Cependant, la tristesse de l’héroïne est là et elle se manifeste notamment à travers la légende de cette sirène qui se rattache à un souvenir d’une journée passée avec sa mère. La superposition des deux donne quelque chose de vraiment étrange et particulier, surtout quand s’y ajoute le mystérieux Narumi, un camarade de classe, qui souffle le chaud et le froid, et semble attiré lui aussi par la mer mais refuse de parler des sirènes. On a ainsi l’impression, comme dans les titres de Shin’ya Komatsu (Souvenirs de la mer assoupie, Un été à Tsurumakid’embarquer dans un conte pour enfants plein d’aventures et d’étranges mystères où un quotidien un peu difficile va se retrouver métamorphosé et subjugué par un apport inattendu de fantastique. Ça fonctionne à merveille sur moi.

Surtout que comme je l’ai dit à plusieurs reprises, le dessin fort singulier de Yoko Komori qui travaille énormément sur les courbes, les rondeurs, les bulles, m’évoque une poésie enfantine doucement sucrée. J’adore les visages tout rond de ses personnages avec leurs petits yeux en amandes si mignon. J’adore sur le détail des paysages qui donne l’impression d’une grande familiarité avec cette charmante bourgade. Elle impose un tempo lent et entêtant, doux et apaisant, mais mystérieux et poétique qui nous entoure comme un cocon cotonneux. C’est réconfortant et intriguant. 

Avec cette nouvelle courte série, Delcourt-Tonkam m’a touchée en plein coeur. J’ai été autant séduite par ce trait si doux et enfantin de l’autrice qui me rappelle celui d’un autre auteur que j’adore et que je vois encore trop peu dans le paysage manga français. J’ai été émue par l’histoire de cette petite fille que sa mère a abandonnée et qui essaie de se reconstruire en se confrontant, mais en même temps en fuyant un peu aussi, la réalité grâce à ses rêves de sirènes. C’est touchant et poétique, dur et réconfortant, mais en tout cas très singulier et cela interpelle.

Tome 2 – Fin

Charmant petit conte pour enfant dont la suite nous offre une fin douce toute en émotion sur les épreuves de la vie qui nous font grandir.

Dans ce paysage de bord de mer, j’ai beaucoup aimé suivre les aventures de Tokiko qui emménage afin de refaire sa vie avec son père maintenant que sa mère les a quittés. C’est charmant de voir cette enfant évoluer dans une ambiance de conte pour enfants entre légendes fantastique et sortes d’épreuves de courage comme les enfants aiment en passer dans les mangas.

Le temps d’un été, on voit notre héroïne s’habituer peu à peu à la vie dans ce petit village avec ses mythes et légendes, ses us et coutumes. Elle a un charmant petit groupe de camarades avec elle pour vivre ses douces aventures, dont Yosuke, qui ressemble étrangement au triton qui lui a sauvé la vie autrefois. Entre quête personnelle où elle va en apprendre plus sur sa mère et son sauveur, et légende du cru, le lecteur est emporté dans cette jolie lecture estivale, fraîche et bon enfant.

L’autrice associe très bien les histoires que se font les enfants et la réalité qu’ils vivent. Elle mélange ainsi le mystère que représente un certain tunnel pour eux et la nouvelle vie que se fait Tokiko, loin de sa mère qui est partie obligeant son père à envisager la vie en solo. C’est doux, charmant, plein d’ellipses et de non-dits pour évoquer avec émotion et sensibilité cette réalité qui peut être douloureuse et pas facile à vivre. Mais en découvrant un nouveau lieu chaleureux où elle va pouvoir laisser s’épanouir son imagination et ses sentiments grâce à de jolies rencontres, l’héroïne va reprendre pied et retrouver le sourire. Charmant !

Les jolies compositions Yoko Komori accompagnent avec beaucoup de poésie cette lente transition qui fait grandir l’héroïne. Avec son trait très rond, elle amène beaucoup de douceur à l’oeuvre et se joue à merveille des cases pour laisser les émotions et pensées s’échapper. J’ai beaucoup aimé ses représentations de l’été au bord de la mer, de la nature campagnarde et des fêtes folkloriques qui s’y ajoutent. C’est enivrant et reposant à la fois.

Même si elle ne sera pas inoubliable, la lecture du Secret des écailles bleues fut un charmant conte moderne pour enfants entre désuétude et actualité, sur fond de légende de sirène et d’histoire moderne de divorce. C’était beau, doux et rafraîchissant avec une belle pointe de mélancolie et de dépaysement. J’aime beaucoup ce genre de petite parenthèse.

(Merci à Delcourt-Tonkam et Sanctuary pour cette lecture.)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Vous ?

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15 commentaires sur “Le Secret des écailles bleues de Yoko Komori

  1. La couverture est très douce et j’aime beaucoup les récits un brin mélancolique et hors du temps. L’histoire de cette petite fille a l’air également très touchante et les illustrations sont très jolies.
    Un titre aux beaux atouts que j’aimerais beaucoup découvrir.

    Aimé par 1 personne

      1. Oui j’aime beaucoup la manière dont est traité l’enfance avec un regard à leur niveau (c’est ce que j’ai ressentit). J’espère qu’on aura rapidement le second tome car ce fut également une très belle surprise pour moi

        Aimé par 1 personne

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