Livres - Science-Fiction

Afterland de Lauren Beukes

Titre : Afterland

Auteur : Lauren Beukes

Éditeur vf : Albin Michel Imaginaire

Date de parution : 1 février 2022

Nombre de pages : 502

Histoire : Plus de 99% des hommes sont morts.
Trois ans après la pandémie qui les a balayés, les gouvernements tiennent bon et la vie continue. Mais le monde d’après, dirigé par des femmes, exsangue d’un point de vue économique, n’est pas forcément meilleur que celui d’avant.
Miles, 12 ans, est un des rares garçons à avoir survécu. Sa mère, Cole, ne veut qu’une chose : élever son enfant en Afrique du Sud, chez elle, loin des États-Unis, dans un sanctuaire où il ne sera pas une source de sperme, un esclave sexuel ou un fils de substitution.
Traquée par Billie, son implacable sœur, Cole n’aura pas d’autre choix pour protéger son fils que de le travestir.
À l’autre bout des États-Unis, un bateau pour Le Cap les attend. Le temps est compté.

Mon avis :

Albin Michel Imaginaire a vraiment l’un des catalogues les plus éclectiques à mes yeux de l’univers des éditeurs de l’imaginaire et ses résumés alléchants me poussent souvent à faire des découvertes que je n’aurais pas osé faire autrement car je fais aveuglément confiance à son directeur de collection : Gilles Dumay, que je remercie d’ailleurs pour cette lecture.

J’ai déjà lu et surtout vu des romans et films avec un pitch vaguement similaire à Afterland, c’est-à-dire dans un monde où un gros drame s’est produit à l’échelle planétaire et où on suit un duo qui part sur les routes pour x ou y raisons. Souvent, je n’ai pas été particulièrement emballée par ce que j’ai lu ou vu parce que le mode road trip ne me convenait pas particulièrement dans la façon dont il était écrit ou parce que le drame était un peu trop vite oublié au profit de la série. Pourtant, ici, Lauren Beukes est parvenue à éviter ces écueils et à m’offrir enfin un road trip que j’ai apprécié de suivre !

Il faut dire que d’emblée, je savais grâce à la poignante couverture d’Aurélien Police que j’allais avoir un très beau duo. Cole et Miles/Mila sont une mère et son fils qui tente de fuir le gouvernement et ses sbires qui pourchassent les derniers hommes survivants à un terrible virus qui a éliminé la plupart d’entre eux afin de les garder en cage. Leur désir de liberté, enfin surtout celui de Cole, va alors devenir le plus grand moteur de cette vaste histoire.

Pour nous conter cela, Lauren Beukes a su faire preuve d’un rythme qui m’a totalement convenu. Elle alterne dans un premier temps de manière un peu aléatoire récit de la fuite de nos héros avec souvenirs de ce qui s’est passé pour qu’ils en arrivent là. On découvre donc très très progressivement ce qu’ils fuient et la catastrophe qui a frappé la Terre. Ils font quelques rencontres en cours de route pour les aider dans leur périple et alors que c’était sur le point de devenir un peu routinier à mi-tome, elle nous assène un revirement qui fait changer de direction son récit. Elle réveille ainsi le lecteur et apporte une nouvelle profondeur bienvenue pile au moment où il le fallait. Ce n’est ensuite qu’une succession de chapitre retrouvant un second souffle pour nous conduire jusqu’à un final évident mais juste.

Tout au long de cette lecture, j’ai été très touchée par le duo Cole/Miles-Mila. L’autrice décortique très bien les personnalités de chacun d’eux, dont on entend tour à tour la voix, mais également leur relation un brin compliquée avec ce qui est arrivé. Ce sont les deux survivants de leur famille, le mari/père étant mort et étant chacun à un âge différent de sa vie, étant également d’un sexe différent, ils n’ont pas au final les mêmes aspirations, ce que l’on va découvrir au fil de l’histoire. C’est donc un superbe numéro d’équilibriste auquel se livre l’autrice pour nous décrire cette relation tendre mais compliquée avec une mère qui veut à tout prix sauver son ado de fils, mais avec un ado, qui lui découvre la vie et aspire à une liberté différente, se posant mille questions au cours de ce voyage par rapport à ses croyances mais aussi son genre et sa sexualité.

Le road trip, lui, m’a totalement convaincue parce qu’il n’était pas l’élément essentiel ici. Il partage la vedette avec le récit passé de la façon dont le virus a surgi, s’est propagé puis a changé la vie de milliards d’habitants. Il partage également le haut de l’affiche avec la relation compliquée dont je viens de vous parler, mais également avec le personnage de la soeur de Cole, qui va être l’électron libre et totalement fou, qui va les poursuivre dans leur cabale pour tenter de tirer profit de son neveu. Avec elle, nous touchons à ce qui se fait de pire dans l’humanité : mafia, trafic, drogue, tentative de meurtre, etc. Je n’ai pas du tout aimé son personnage. Je n’ai pas du tout aimé les chapitres quasi psychédéliques où elle intervenait, mais je reconnais son rôle dans cette histoire et le contrepoint qu’elle fournit.

Ainsi, nos héros vont vivre de sacrées aventures en traversant les États-Unis pour tenter de gagner leur liberté. Cela rappelle une littérature foisonnante sur le sujet aussi bien pour le mode road trip, que pour le désir de survivre, mais l’autrice à l’intelligence de toucher aussi à des questions comme la foi, la religion, la mixité ethnique, la sexualité et le genre, ce qui rend le titre vraiment plaisant à lire, car en plus de l’aventure, il y a de la réflexion. 

Afterland a donc été pour moi une excellente surprise, la preuve que moi aussi je suis capable d’apprécier un road trip survivaliste tant que l’auteur ne se cantonne pas à ça et ajoute avec intelligence d’autres éléments à son histoire. Ici, j’ai été touchée par la relation de cette mère et son fils. J’ai beaucoup aimé cette mère courage qui fait tout pour survivre et aussi accepter son fils qui traverse l’adolescence et le deuil de son père. Le décor SF avec ce terrible virus était fascinant et bien développé. Je n’ai pas vu les pages défiler tant j’étais prise dans l’aventure de ce duo émouvant parfaitement croqué par Aurélien Police. Alors si la couverture vous intrigue, laissez-vous séduire, vous ne regretterez pas l’expérience humaine que ce voyage vous fera vivre.

(Merci à Albin Michel Imaginaire pour cette lecture et leur confiance)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Yuyine, L’épaule d’Orion, Les lectures du Maki, La Geekosophe, Just a word, Le nocher des livres, Vous ?

8 commentaires sur “Afterland de Lauren Beukes

  1. Le rythme a l’air intéressant comme un duo mère/ado à la relation complexe bien retransmise. J’ai tendance à trouver les road trip survivalistes un peu répétitifs, mais ici, l’autrice semble avoir su dépasser ce cadre pour proposer une aventure captivant qui aborde également des thématiques variées.

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