Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Insomniaques de Makoto Ojiro

Titre : Insomniaques

Auteur : Makoto Ojiro

Traduction : Florent Gorges

Éditeur vf : Soleil (seinen)

Années de parution vf : Depuis 2021

Nombre de tomes vf : 11/ 14 (en cours)

Histoire : Ganta Nakami est insomniaque. À l’école, Il semble donc fatigué, voire associable. Un jour, dans la salle d’astronomie, il découvre Isaki Magari, endormie dans un coin. Insomniaque comme lui, mais bien plus sociable, elle lui propose de partager l’endroit pour y dormir en cachette. Leur rapprochement semble les aider à retrouver le sommeil, chacun étant sensible aux battements de coeur de l’autre…

Mon avis :

Tome 1

Il y a quelques années, séduite déjà par les dessins et Makoto Ojiro, j’avais voulu lui donner sa chance avec La fille du temple aux chats, malheureusement les cadrages bourrés de fan service du premier tome avaient eu raison de moi. Cependant, à nouveau lorsque est sortie sa nouvelle série, j’ai été frappée par la beauté de ses couvertures et leurs ambiances. Malgré mes réticences l’envie était donc bien là. En plus, le sujet était original : des insomniaques. J’ai donc laissé passer quelques tomes et face aux retours plus que positifs que j’ai lus, je me suis lancée, à raison !

Insomniaques est donc la dernière série en cours de Makoto Okiro, avec 8 volumes au Japon, et ses couvertures sont magiques ! Elles dégagent quelque chose de poétique et lumineux qui m’a parlé d’emblée, et en plus on y retrouve un chat ! Contrairement à sa série précédente, exit les cadrages insistants sur les poitrines et fesses des filles, place plutôt à la lassitude de deux lycéens insomniaques qui rêvent de trouver leur havre de paix pour enfin se reposer !

En plus des couvertures, j’ai de suite était séduite par l’ambiance et le thème du titre. Qui avait déjà vu des héros n’arrivant pas à dormir ? Pas moi en tout cas. C’est un angle d’accroche totalement inédit qui ouvre la porte à un très beau et riche travail psychologique. Nous allons ainsi suivre Ganta Nakami, un garçon lambda mais toujours molasson, forcément il ne dort pas, mais qui ne veut rien dire aux autres, seul son meilleur ami est au courant. Un jour, il va tomber sur Isaki Magari, qui comme lui souffre d’insomnie. Ensemble, ils vont réhabiliter le lieu de l’ancien club d’astronomie pour en faire leur havre de paix.

Derrière cette rencontre et ces personnages encore très faiblement caractérisés, on sent que l’auteur va nous faire vivre une bien belle histoire. Déjà dans ce premier tome, les chapitres tranche de vie de celle-ci sont très émouvants. Ils dégagent quelque chose d’unique, un peu hors du temps et de l’espace, entre lourdeur et apesanteur, une sensation proche de ceux que doivent ressentir nos insomniaques. On les suit tandis qu’ils réhabilitent l’observatoire, leur nouveau lieu de repos, mais aussi tandis qu’ils font connaissance et s’apprivoisent. Ça n’a l’air de rien mais il se passe quelque chose dans ce lieu, mais aussi entre eux. On voit avec eux la difficulté de parler aux autres de sa différence, ici en l’occurrence leur insomnie, mais ce serait pareil avec n’importe quel secret qui les ferait sortir du lot. Et on voit avec eux l’importance de trouver quelqu’un qui nous comprend.

Pour mettre cela en scène, Makoto Okiro a un trait très nostalgique, rempli de mélancolie, où on sent un grand souci des décors et des ambiances. Ce chapitre où ils sortent se balader ensemble dans la ville la nuit est d’une magie rare ! Mais il y a aussi quelque chose de très pétillant qui se glisse peu à peu dans les pages une fois que la vie reprend en eux. Ainsi même sans ses cadrages si dérangeant d’autrefois, il y a quelque chose de très charnel dans le trait et la mise en scène de l’auteur, quelque chose d’insistant (dans le sens positif) sur les corps et leur matérialité, comme quand Isaki se met à danser ou quand elle s’endort au son des battements du coeur de Ganta. C’est magique.

J’ai ainsi été totalement séduite par cette entrée en matière pourtant assez avare en information mais riche en promesse. Insomniaques est un très beau titre d’ambiance, un très beau titre tranche de vie, avec un thème original mais un traitement universel qui donnera sûrement lieu à de très belles scènes pleines d’émotion. Moi, je suis déjà séduite par son ton, ses ambiances et ses dessins !

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Les voyages de Ly, Vous ?

Tome 2

Je n’ai qu’une chose à dire : j’adore ! Le premier tome avait déjà été une sacrée découverte, Makoto Ojiro assoit encore plus celle-ci ici avec un récit qui s’intensifie et s’enrichit dans une direction qui me plaît beaucoup : un mélange de tranche de vie et de romance, qui me parle totalement.

Avec des petits airs de Dans le sens du vent, Escale à Yokohama et autre Aria, Insomniaques s’inscrit dans cette lignée des titres paisibles là pour nous apprendre à profiter de la vie. Le genre de titre que Le Cabinet de McCoy qualifie de « Mono no aware », c’est à dire de beauté dans l’éphémère. Mais pour se faire, il se démarque de ses camarades en partant de personnages qui semblent avoir des problèmes dans leur vie et dont la rencontre va changer tout cela.

Nous sommes encore une fois aux prémices de quelque chose mais déjà l’auteur étoffe son récit avec l’ajout de nouveaux personnages, le développement de nouvelles ambiances et la rencontre de nouveaux lieux, le tout en tissant des liens de plus en plus forts et savoureux entre les héros. Ainsi, j’ai aimé les voir prendre à bras le corps leur club d’astronomie nouvellement créé. Ganta va même se trouver une passion grâce à cela : la photographie et à travers la lentille de ce médium, sa vision du monde va changer, le rapprochant d’Isaki, qui déjà semble avoir compris quelque chose, en sentant que c’est auprès de lui qu’elle dort le mieux.

L’auteur mélange ainsi allègrement petit train train quotidien de nos deux lycéens autour de ce club qui prend vie ou du moins qu’ils essaient de ranimer en le faisant participer à des activités et en en rencontrant une ancienne membre, ainsi que romance sur le point de naître, avec des héros maladroits et à fleur de peau. C’est archi savoureux, doux et sensuel également parfois. On sent leurs hormones doucement se réveiller et délivrer des messages emplis de sentiments à défauts de leur délivrer de l’endorphine pour mieux dormir. On s’attendrit devant les regards qu’ils échangent, les frôlements qui les agitent et le regard bienveillant de leurs amis tentant de les rapprocher fait chaud au coeur. C’est hyper chaleureux à lire.

Les dessins de Makoto Ojiro sont une fois de plus un accompagnement magique dans cette oeuvre. Ils apportent une belle chaleur humaine mais aussi un côté cotonneux rassurant pour ces ados au mal être encore caché entre les pages mais qu’on devine déjà dans les secrets qu’ils cachent. Il a une narration muette puissante comme je les adore et délivre ainsi des séquences magiques quand nos deux ados insomniaques se retrouvent la nuit pour observer le ciel. Ce sont des moments hors du temps en apesanteur qui nous mettent à nous aussi des étoiles plein les yeux.

La magie d’Insomniaques opère donc à fond sur moi de tome en tome. Je me régale des découvertes que font les héros, de leur rapprochement et de l’univers chaleureux dans lequel ils vivent que l’auteur croque avec beaucoup de douceur et de bienveillance, lui conférant une magie irréelle parfois.

Tome 3

Je suis définitivement conquise, sous le charme captif de cette si charmante histoire de deux jeunes insomniaques qui se rencontrent et soignent leurs plaies ensemble, le tout sous le regard protecteur de leurs amis et des chats de leur entourage.

Dans une ambiance estivale, nous continuons à suivre Ganta et Isaki qui tentent de faire revivre le Club d’astronomie qu’ils ont rejoint, ce qui n’est qu’un prétexte afin qu’ils se voient et soient proche l’un de l’autre. J’ai beaucoup aimé cette ambiance plus festive et chaleureuse, très bonne enfant, où leurs amis avaient une jolie place. Ils jouent un rôle certain dans l’histoire, leur permettant à chacun de prendre confiance et d’avancer. Ganta qui était tellement renfermé et ne côtoyait que son meilleur ami, parvient à se rapprocher des amies d’Isaki et à nouer une conversation avec elles. Cela crée ainsi un petit groupe charmant où l’on sent combien ils sont proches les uns des autres.

Cette bienveillance suinte de partout dans le titre. En effet, nous deux héros, sans qu’ils le sachent, sont totalement protégés et cocoonés par leurs amis. Ils leur rendent bien en ayant pour eux une affection sans commune mesure, ce qui semble bien compenser leur vie pas facile à côté. Si on ignore encore celle de Ganta, Isaki se livre enfin dans ce tome et l’émotion est au rendez-vous. L’auteur fait cela avec beaucoup de simplicité et de sincérité, ce qui émeut d’autant plus.

Mais c’est bien le rapprochement Ganta – Isaki qui est au coeur de l’intrigue ici et c’est mignon tout plein, au milieu de leurs nombreux rougissements, de décrypter leurs sentiments et de prédire leurs actions. J’adore leur maladresse et naïveté respective. Ce sont deux novices en amour et cela se sent. Pourtant leurs sentiments transpirent de chacune de leur action, que ce soient les photos de Ganta ou les confidences d’Isaki, ainsi que son envie d’être jolie à ses yeux. C’est juste adorable car tellement bon et positif. On voit tout le bien qu’ils se font mutuellement en s’était trouvés et en s’ouvrant l’un à l’autre.

Une fois de plus, les dessins de Makoto Ojiro ne sont pas pour rien à cet état de fait. Ils commencent, à l’aide de cadrages judicieux à montrer à quel point chacun est attentif à l’autre et l’observe, tenant de plus en plus difficilement son désir. C’est une belle captation sensible et presque sensuelle des sentiments adolescents.

Avec une partie plus estivale et légère, ce nouveau tome continue de développer l’univers d’Insomniaques dans une vision plus chorale avec l’ajout d’une dimension de camaraderie bienvenue et bien dosée donc judicieusement équilibrée avec le reste. C’est ainsi toujours aussi beau et émouvant de lire les aventures quotidiennes de Ganta et Isaki, deux insomniaques, qui tentent de trouver ensemble l’apaisement pour pouvoir enfin dormir.

Tome 4

Le charme opère encore et toujours avec ce tome décidément très estival où nos héros continuent de se rapprocher en menant de front leur projet de club d’astronomie. Poésie adolescente et romance naissante font de cette série un succès pour moi.

Depuis le début, j’adore l’ambiance d’Insomniaques et cela ne se dément pas au fil des tomes, même quand la série prend un tournant beaucoup moins intimiste qu’au début et s’ouvre à de nouveaux personnages. J’ai beaucoup aimé l’esprit de franche camaraderie de ce tome. Voir les amis de nos deux héros les aider et les soutenir dans leur projet faisait chaud au coeur.

Nous en plus dans un pur tranche de vie lycéens, ainsi avec l’été arrivant, nous avons droit aux habituels sorties de groupe à la place, au resto, ou encore aux petits boulots. C’est toujours aussi rafraîchissant surtout que c’est agrémenté à la fois d’une intrigue autour d’un projet pour le club d’astronomie et d’un rapprochement toujours plus concret des deux héros. On se retrouve donc dans une ambiance bon enfant charmante et chaleureuse.

Les thèmes des débuts ne sont pas oubliés, loin de là, ils sont au coeur de l’histoire. J’aime voir les héros se démener pour leur club, surtout Ganta qui donne tout pour leur soirée portes ouvertes mais également pour la photo qui semble devenir une grande passion pour lui. Leurs insomnies ne les ont pas quittés non plus et il est beau de les voir s’échanger des sortes de podcasts qu’ils font eux-mêmes pour combler leurs nuits blanches, c’est adorable.

Nos héros avancent donc et se rapprochent également. Je suis fan des moments qu’ils passent ensemble proche ou à distance. C’est tellement mignon et naïf. La façon dont le mangaka capture ces moments est magique, plein de douceur et d’une poésie entre enfance et adolescence. C’est très beau à voir. Il n’oublie pas cependant de les développer aussi en dehors de leur relation à deux. Ainsi, on découvre un pan de l’intimité et du secret d’Isaki, ainsi que des bribes sur la relation entre Ganta et ses parents. Émouvant et prometteur.

Insomniaques est donc toujours d’une grande justesse, offrant un récit sensible sur l’adolescence avec un beau groupe d’amis qui soutiennent l’ambition de deux d’entre eux de faire revivre le club d’astronomie et de trouver ainsi un havre de paix. Cela fleure bon l’adolescence et ici, en prime, l’été avec ses entraînements, ses sorties, ses soirées et ses rapprochements. 

Tome 5

Quelle beauté à nouveau dans ce tome avec ces instantanés de vie tellement émouvants ! J’en ai le coeur tout serré.

Comme à chaque tome, la couverture est un très bon indicatif de ce que va donner la lecture. Ici, une émouvante incursion dans l’été que vont vivre nos deux héros racontée avec beaucoup de douceur et de poésie par l’auteur. Depuis le début, je suis fan de sa façon de mélanger tranche de vie, romance et photographie, c’est encore plus le cas ici, où j’ai eu le sentiment à presque toutes les pages qu’il réfléchissait longuement à chaque cadrage pour encore mieux faire ressortir les émotions. Cela a totalement fonctionné sur moi.

J’ai ainsi totalement adhéré à l’ambiance estivale créée autour du voyage d’Isaki et Ganta pour aller prendre de belles photos, le tout sous la férule de la grande soeur de la première. Cette dernière apporte un joli vent de fraîcheur dans le duo, mettant ces derniers en tension chacun à leur façon. Elle va agacer sa jeune soeur et l’auteur nous révélera tout en douceur le sort de la soeur en bonne santé dans une fratrie où l’autre est malade. Elle va également titiller Ganta et le pousser à réfléchir sur leur relation et la façon dont il voit Isaki. C’est trop mignon.

Il se dégage ainsi de cette nouvelle lecture une grande douceur, couplée d’une jolie dose de taquinerie et de romantisme. On sent les coeurs meurtris de nos héros se rapprocher de plus en plus sous le regard discret de leurs proches qui les ont vus vivre l’enfer de ces insomnies mais sans les comprendre. Là, ils ont trouvé celui/celle capable de les accompagner dans tous les sens du terme et c’est poignant. Ainsi les scènes nocturnes sont d’autant plus fortes en symbole car non seulement c’est poétique de les voir se balader, regarder la ville et les lieux autrement, mais en plus, c’est sur eux-mêmes que leur regard évolue, ce qui permet de cimenter leur relation. L’émotion est donc garantie !

En plus, comme je le disais plus haut, les dessins de Makoto Ojiro sont d’une grande puissance évocatrice. Je suis fan de ce regard qu’il porte sur ses personnages et de celui que ces derniers portent les uns sur les autres, qu’il nous transmet à travers un trait très doux et sensuel à la fois, montrant l’importance de la chair, sans rendre cela vulgaire au contraire. On sent le besoin des personnages de se toucher, mais plus comme un manque d’affection ayant besoin d’être comblé, que comme un pur désir sexuel. Cela rend ainsi les regards d’autant plus importants et la passion de Ganta pour la photo, même si elle est souvent de paysage, rend cela d’autant plus criant, surtout quand Isaki se retrouve « par hasard » sur les photos. En amoureuse des expériences graphiques, celle-ci me fait vibrer.

J’ai donc refermé ce tome sur un très beau coup de coeur qui n’a fait que monter de pages en pages au fur et à mesure que les sentiments des héros se sont faits plus criants. L’auteur a astucieusement utilisé la coupure estivale et ses voyages, ainsi que l’ajout de la famille des héros, pour faire se cristalliser des émotions en germe depuis le début. Cela a rendu la lecture encore plus forte et le dénouement, bien qu’attendue, vraiment poignant. Une très belle série à ne pas manquer.

Tome 6

Il y a des lectures qui ne paient pas de mine. Tout s’y déroule tranquillement, banalement et pourtant cela nous touche. C’est le cas d’Insomniaques où l’auteur capture avec beaucoup de subtilité le charme de ce quotidien, encore plus pour nous lecteurs européens.

Ce tome est adorable. Nos héros ont enfin franchi une étape, ce n’était pas trop tôt et pourtant l’auteur continue de prendre son temps, sans rien brusquer et montrant encore plus l’importance des petites choses et la force de leurs sentiments.

J’ai aimé que suite au baiser de l’héroïne, il ne propulse pas directement son histoire dans une romance qui aurait tout bouffé. Les héros sont avant tout amis et ils se restent. Ils sont complices d’insomnie et ils le restent. Ils sont un soutien l’un pour l’autre et ils le restent. On vit ainsi à nouveau de jolies scènes de leur quotidien au cours de ce voyage à deux, qui sont enrichies un temps par l’arrivée de leurs amis qui viennent ajouter leur bonne humeur à la leur. Tout ce petit monde crée un cocon charmant.

Pour nous lecteur occidental, c’est encore plus charmant car le dépaysement joue à fond. Ainsi ces jolis moments que l’auteur capture avec ses dessins de l’instant, sont renforcés par le charme que la campagne japonaise nous offre. La puissance de la patte graphique du mangaka a alors toute son importance, c’est parce qu’il sait capturer ces instant à l’aide d’un rien qu’il nous fascine ainsi avec une fleur, un détail de la maison, du jardin… Cela rappelle avec bonheur que le héros est fan de photographie tant le manga semble le pendant de cette passion dans la façon dont l’auteur l’écrit. J’adore !

Ainsi, j’ai aimé voir la lente évolution de la douce relation des héros dans ce tome et j’ai encore plus apprécié de voir la photo toujours au coeur de l’histoire, tout comme leur amitié. Le tome est aussi doux et maladroit que les héros et l’auteur nous offre une scène pleine de charme délicat et maladroit lorsque son héros répond à son tour, c’est adorable. Je pardonne grâce à cela la brusque incursion du mélodrame dans les dernières pages quand la réalité rattrape les héros sous la forme des parents d’Akari qui inquiets pour elle débarquent sans prévenir comme un ouragan.

Encore une jolie petite bulle hors du temps. Insomniaques est vraiment une lecture qui se savoure de part sa lenteur, sa capture de l’instant. J’espère que ce sera encore longtemps le cas et que l’introduction de drames ne viendra pas tout gâcher car pour moi ce n’était pas le propos de l’oeuvre et que ça n’y a pas sa place.

Tome 7

En refermant ce tome, je me suis dit : « Voilà, voilà ce que doit être une tranche de vie adolescente au lycée » ! Makoto Ojiro en a parfaitement saisi toute l’essence et nous l’infuse avec force par intraveineuse dans un tome bouleversant et lumineux.

Telles ces étoiles qui parsèment les titres des chapitres, cette lecture brille de mille feux tout en étant parfaitement connue, prévisible et donc réconfortante. Les émois adolescents mis en scène, les scènes du quotidien de nos lycéens, tout ça on connaît et pourtant, ça nous touche en plein coeur. J’adore !

Ganta et Isaki sont allés trop loin pour les parents de la jeune fille avec leur petit séjour interdit à la campagne, ils en paient désormais les pots cassés. Entre inquiétude parentale et envie de pleinement vivre cette relation, les adolescents sont d’abord tiraillés avant de se décider à écouter leur coeur. Nous allons ensuite vivre de très jolis moments à leur côté à regarder leurs sentiments grandir et nous émouvoir.

J’ai adoré le côté très tranquille et apaisant avec lequel le mangaka nous conte leur histoire. C’est très agréable. Les drames n’en sont jamais vraiment et l’amour et la bienveillance sont partout. On se plaît à sourire devant les scènes montrant l’amitié qui noue tous ces personnages, nous rappelant parfois nos propres souvenirs de lycée, où chacun se chambre, fait les idiots et reste pourtant présent pour l’autre, se réjouissant de ses victoires, l’aidant dans les moments de faiblesse. C’est tellement positif.

On prend ainsi plaisir à suivre les débuts du couple au lycée, avec ces élans qu’Isaki ne peut cacher et cette gène qui gagne Ganta, mais aussi la fierté de chacun d’annoncer leur relation à leurs amis. C’est mignon de voir les réactions de chacun et les implications différentes pour Ganta et Isaki, leur relation rassurant l’un, inquiétant l’autre par les possibilités que cela ouvre. C’est raconté avec une grande douceur et un doigté très franc pourtant. La place de leurs amis dans tout cela est essentiel pour les épauler, mais en plus, ils rendent l’histoire plus dense avec leurs propres histoires. Je me suis plu ainsi à suivre les sentiments secrets de Ka-chan, l’amie sportive d’Isaki, et ses interactions avec Haida, le pote de Ganta, un beau glandeur maladroit. Ça fleure bon la jeunesse tout ça, surtout dans un joli contexte connu mais tellement bien écrit de fête sportive de l’école.

Rien de révolutionnaire ici, donc, mais toujours une écriture particulièrement réussie de l’adolescence, de ses sentiments, de ses inquiétudes et de ses relations entre ado et avec les parents. C’est un beau récit, très doux, plein de bienveillance, qui donne à chaque fois le sourire et qui gagne en émotion à chaque tome pour nous toucher avec leurs petites histoires, banales et pourtant qui sonnent très juste en touchant à des sujets universels. J’adore !

Tome 8

Insomniaques est un titre discret, au point que j’oublie à chaque combien sa simplicité en fait en réalité toute sa force. Une belle pépite d’émotion !

Dans ce tome, l’auteur se centre, avec justesse et sans jamais tomber dans le pathos, sur la maladie de coeur d’Isaki. Celle-ci vit avec depuis toujours, avec la peur qu’elle occasionne, avec les limites qu’elle lui impose. Mais l’adolescence venant, elle a marre et on la comprend. Elle a envie de liberté, elle a envie d’expérimenter. C’est ce que va nous conter l’auteur avec une belle émotion.

De l’aveu de sa maladie à son petit ami Ganta, en passant par les examens clés qu’elle doit passer et qui la stressent tant, nous sommes aux côtés d’Isaki à vivre cela. Pourtant l’auteur n’en fait jamais trop. Il en fait le focus de l’histoire ici mais pas son essence. Ainsi, il coupe cela par de si beaux moments de vie que c’est plus celle-ci que l’on célèbre que la maladie et on est touché !

J’ai adoré voir grandir Isaki dans ce tome. La voir prendre son état par les cornes pour avancer. Elle ose en parler à Ganta. Elle ose s’affirmer auprès de ses parents. Elle ose confier ses inquiétudes à ses proches. Et elle ose enfin faire avancer leur projet de vie à Ganta et elle. Superbe ! Cela n’a pourtant rien de facile et l’auteur nous conte pourtant cela l’air de rien au détour de leurs petits moments à deux, de leurs discussions avec leurs amis, de leur soirée d’observation avec leur prof. L’auteur fait mine de rien mais tout en dit très long.

On sent que les planches sont chargés d’émotion derrière ces rien qui sont capturés. Saisir l’instant présent à un sens encore plus intense ici avec quelqu’un dont la vie peut s’arrêter en un instant depuis toujours, mais également avec quelqu’un qui a la force de se lever chaque jour malgré tout. On cerne de plus en plus les forces et les faiblesses d’Isaki, sa joie de vivre et sa peur de dormir, d’où ses insomnies. Elle forme un très joli couple, vraiment émouvant avec Ganta qui, lui, sait trouver la bonne distance avec cette maladie et ce qu’elle implique. C’est un garçon qui semble banal, mais qui est fort, solide et rassurant, tout en sachant assumer ses failles. Il me plaît énormément.

Et Makoto Ojiro capture tout cela entre ses pages à l’aide d’un dessin plein de nostalgie et d’émotion où on sent toute la réflexion qu’il met dans chaque cadrage pour bien faire ressortir ses intentions. Ce n’est pas surprenant à partir de là que son héros se passionne pour la photo pour capture le présent, l’auteur en fait de même avec son dessin. Nous refermons ainsi ce tome réconfortés et le coeur bien au chaud après avoir vu nos héros évoluer encore une fois si joliment et nous quittant sur une danse pleine d’espoir.

Parents, maladie ou typhon, rien n’arrête plus nos héros dans leur soif de liberté toute fraîche dans cette adolescence si joliment capturée par un auteur inspiré qui nous offre des moments de pure poésie et mélancolie dans ses tableaux magique. Un titre discret mais qui mériterait assurément plus d’être découvert de tous les amoureux des belles histoires de vie.

Tome 9

Tranche de vie adolescent par excellence, Insomniaques est une série qu’il fait bon de déguster à n’importe quel moment, on en ressort toujours le sourire aux lèvres.

Depuis la dernière fois, je me suis lancée dans l’animé mais la version papier a toujours ma faveur. Elle dégage un je ne sais quoi de différent, plus onirique, mélancolique, touchant. Mais le fait d’avoir vu s’animer les personnages et les lieux rend tout de même la lecture différente et cela ajoute un petit plus. J’ai d’ailleurs en tête la musique du très beau générique de fin ❤

En ces jours bien chauds, c’est une couverture hivernale qui nous attend pour symboliser le passage rapide des saisons que vont vivre les personnages dans ce tome. Makoto Ojiro continue de nous charmer en mettant en scène de petits instants de leur quotidien de futurs jeunes adultes. Cela va de la vie de club, en passant par la préparation d’un événement, une jolie sortie nocturne ou la réalité de la maladie qui les rattrape. Tout est tendre, doux, mélancolique et bienveillant.

L’auteur et les lecteurs prennent autant de plaisir à suivre les deux héros que leurs amis et les petits focus sur ces derniers font du bien. On apprécie celui sur Anamizu, l’amie joueuse de baseball d’Isaki et sa passion pour ce sport malgré les efforts que cela demande. C’est une douce rengaine dans le tableau de la vie lycéenne japonaise mais cela fonctionne à merveille car on aime voir les jeunes se dépasser ainsi avec un si bel esprit. Il en va de même quand on voit Ganta et Isaki faire tout ce qu’ils ont fait pour leur nuit étoilée et quel bonheur de voir qu’ils rencontrent le succès escompté. C’est un moment magique et tellement plein d’émotion, magnifiquement mis en scène par le trait de Makoto Ojiro.

Le mangaka apporte cependant aussi du nouveau dans son titre, notamment avec ce bref chapitre où l’on suit notre tendre duo dans une exploration nocturne d’un site rappelant la mode de l’urbex : ces lieux désaffectés qu’on aime aller visiter désormais. C’est quelque chose de sublime, complètement hors du temps, où il se dégage une poésie folle sur leur équipée mais aussi sur la beauté de la nature et des lieux de notre quotidien qu’on abandonne, avec en prime les étoiles en fond, comment ne pas succomber.

L’auteur se dépasse d’ailleurs dans ce tome en terme de mise en scène. Il ouvre par un superbe parallèle sur Ganta et Isaki étudiant, poursuit avec cette nuit unique et parachève cela avec des chapitres finaux totalement inattendus où la parole se fait rare mais l’émotion saisit le coeur quand on voit une Isaki qui, a beau être souriante, mais voit sa maladie la rattraper. Comment faire face à l’inimaginable, une fille de 16 ans qui a l’air en pleine forme mais ne peut aller en cours quand les conséquences de ses opérations passées la rattrape ? L’auteur le fait avec simplicité mais force et ça percute le lecteur.

Encore moment d’émotion en présence de ces adolescents bousculées par leurs troubles du sommeil, qui ont su se trouver et s’épanouir pour vivre des moments magiques ensemble. On aime les voir se poursuivre mais on est frappés aussi de les voir rejoints par des moments plus durs, poétiquement et subtilement mis en scène par un auteur simple et juste, pour nous frapper en plein coeur.

Tome 10

Plus les tomes passent, plus je trouve en Insomniaques le summum du tranche de vie romantique ! Pas de drame, pas de tension, juste le plaisir de suivre ce duo d’adolescents passionnés. Je me régale.

C’est un vrai bonheur de retrouver Isaki et Ganta à chaque tome sous le trait toujours poétique et mélancolique de Makoto Ojiro qui sublime l’adolescence, ses amours et ses amitiés, sous son air pourtant terriblement simple. Sans fioriture, il nous va droit au coeur avec ces portrait simple et sans chichi d’adolescents qui aiment passer du temps ensemble, que ce soit entre amoureux ou entre amis. Il se dégage une très belle chaleur humaine dans ce titre.

Pourtant, on ne peut pas dire qu’il se passe grand-chose. Rassuré sur la santé d’Isaki, on a un tome assez tranquille où on la voit retrouver ses marques et retrouver son petit monde : son club, Ganta, l’observation et la photo, qui vient s’y ajouter. Ce sont des petites scènes toutes mignonnes et simples de son quotidien qui viennent pourtant nous charmer par leur émotion juste. Quand une personne a autant craint pour sa vie qu’elle, apprécier les choses simples et ce qu’il y a de plus beau. C’est ce que nous raconte l’auteur avec modestie.

Ainsi, je trouve superbe ces instantanés qu’il parvient à capturer, qui de Ganta à vélo avec son meilleur ami pour capture sur la pellicule le premier lever de soleil de l’année, qui de Meguri qui découvre les joies de prendre des photos qui ont du sens pour elle avec un appareil de qualité. Ça n’a l’air de rien mais c’est tout pour eux et ça le devient pour nous aussi. C’est la force de ce titre. Certains pourront trouver qu’il ne se passe rien, ce rien est exactement ce que j’aime. Il appelle à réfléchir, se poser et apprécier les choses simples, à l’image de cette « tata » à qui Isaki rend visite pour combler la détresse de son âme. C’est ça ce titre, la gentillesse à l’état pur.

Alors que dire de plus si ce n’est que je suis définitivement conquise par la simplicité et l’émotion de cette si jolie histoire de deux adolescents dont les solitudes se sont trouvées et qui ont totalement ouverts leurs horizons au contact l’un de l’autre. J’aime les voir se fondre dans leur passion commune. J’aime les voir grandir et porter un regard simple et pur sur la vie. Ça me touche.

Tome 11

Insomniaques, c’est vraiment une lecture douce et doudou qui, sans que tu t’en rendes compte, vient d’un coup t’assener une grande claque dans le dos et te faire basculer. Magnifique !

Je suis une fan de la première heure de l’ambiance tellement douce et chaleureuse d’Insomniaques où on n’a qu’une envie, c’est de rejoindre les personnages et de revivre cette adolescence avec eux. Il faut dire que Makoto Ojiro déploie un charme certain pour mettre en scène de petits instants du quotidien qui semblent banals mais qu’il magnifie sous son trait, sous l’angle de sa prise de vue, sous l’intention qu’il cherche et parvient à lui donner. Ça me frappe à chaque fois et je me sens bercer par ses images, comme dans le chapitres d’ouverture ici, où un peu plus loin lorsque les héros font exploser leur adolescence lors de balades a priori sans conséquences, quoique.

Et c’est là tout son talent, derrière cette bluette lycéenne fort réussie où on parle de premier amour, d’activité de club, de nouvelles rencontres, il y a aussi des sujets plus riches, plus profonds, plus concrets, comme l’avenir. Et ici avec la maladie dont Isaki souffre depuis toujours cela revêt une nuance bien à part, ce que nous confie déjà la couverture de ce tome où on les voit joyeusement avancer vers le futur, Isaki devant, Ganta suivant. Et l’auteur de nous montrer combien un choix de vie peut se faire de manière un peu légère à l’adolescence mais avec le poids d’une telle destinée, ce n’est peut-être pas si léger chez Ganta. Il veut être là pour Isaki mais peut-être est-ce aussi sa manière de montrer son profond altruisme, après tout, il est resté et s’occupe de son père aussi. Ça semble bien ancré en lui.

Les discussions sont donc plus profondes que celles d’adolescents normaux et pourtant on n’oublie jamais leur âge. L’auteur est vraiment doué pour cela. Il associe à la fois le poids de cette maladie, de son avancée, de ce qu’elle pourrait être plus tard, et la légèreté de l’adolescent en train de se construire et de rêver. Le club d’astronomie devient en ce sens presque le miroir de leur relation et leur évolution : simple, chaleureux et sans prise de tête au premier abord, mais plus complexe désormais qu’ils se sont ouverts aux autres. Quel talent chez l’auteur.

Entre instantanés de la vie de lycéens et réflexions profondes sur un avenir à deux avec une personne malade, Insomniaques parvient cependant à trouver son équilibre dans la joie de vivre, la chaleur humaine et la gaîté. C’est un titre qui donne toujours le sourire et qui réchauffe le coeur, même lorsque nos héros sont confrontés à des choix difficiles à mettre en oeuvre. On les aime, on les soutient et on les accompagne.

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©2021 Editions Soleil

 

Un commentaire sur “Insomniaques de Makoto Ojiro

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