Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

The Elf and the Hunter d’Aoi Umetaro

Titre : The Elf and the Hunter

Auteur : Aoi Umetaro

Traduction : Sophie Piauger

Éditeur vf : Soleil Manga (Fantasy)

Années de parution vf : 2021-2022

Nombre de tomes vf : 5 (série terminée)

Histoire : Dans une petite cabane au fond des bois vit l’elfe artisan Magritte, ainsi que celui qui lui voue une adoration sans borne, le chasseur humain Yura. Bien qu’ils soient d’âges et d’espèces différents, ils demeurent ensemble et créent des objets fabuleux pour répondre à diverses requêtes. Et si vous jetiez un oeil à leur paisible vie, tissée au quotidien dans cet atelier forestier ?

Mon avis :

Tome 1

Il y a toute une veine de titres un peu feel good qui est arrivée sur le marché ces dernières années et également toute une veine de titres qui racontent leurs histoires dans un univers de fantasy, mais rare sont ceux qui ont le petit truc en plus pour m’accrocher, car étant avant tout une fan d’univers de fantasy dans les romans, je suis souvent déçue de leur version manga. Hors ici, justement parce que la dimension feel good entre en jeu, on a un récit auquel j’ai direct accroché.

Soleil est pour moi un éditeur que j’associe aux RPG, j’avais donc un peu peur avec ce titre, mais il n’y avait pas du tout de quoi. Nous sommes dans de la pure veine d’un titre tranche de vie, limite romantique, où la fantasy n’est qu’un décor pour laisser libre cours à l’imagination de l’autrice. En plus, le titre sera court et ne fera que 5 tomes, ce qui évitera de se perdre en cours de route.

Aoi Umetaro, dont c’est le second titre chez nous après Bonheur c’est simple comme un bento de yuzu découvert en 2018 chez Nobi Nobi, propose ici de suivre un duo détonnant formé par une elfe artisane experte en artefacts et un chasseur qui s’est mis à son service pour pouvoir rester près d’elle. Au fil des chapitres, nous allons découvrir à la fois leur quotidien et les doux sentiments qui les unissent.

Démarrant sur un registre légèrement humoristique, je craignais le titre surfe trop sur une ambiance fun et légère, mais j’ai très vite été détrompée. L’autrice offre plutôt un récit doux et tendre entre deux être vivants ensemble par choix, qui apprennent à ouvrir leur coeur et à oser s’avouer leurs sentiments. Magritte, l’elfe, est une fabricante d’objets magiques, passionnée par son travail, mais terriblement maladroite dans la vie de tous les jours pour exprimer ses sentiments et côtoyer les autres. Sous ses dehors jeune et frêle, elle a de la bouteille et de la gouaille. Yura, lui, est un jeune chasseur qui a choisi cette branche afin de pouvoir aider Magritte et rester près d’elle après qu’elle l’ait sauvé enfant. Malgré son air mature et sa férocité au combat, c’est quelqu’un de très doux et naïf. Des caractérisations archi classiques mais qui ici fonctionnent à merveille car se complétant avec douceur et bienveillance.

Le duo est parfait, hyper tendre, maladroit et touchant. On s’attendrit devant leur petit train train quotidien où chacun pense à l’autre dans ce qu’il fait pour lui faire plaisir et lui tirer le sourire qui lui plaît tant. C’est émouvant. Il y a un petit déséquilibre au début avec un Yura qui est celui qui en fait le plus et dont on voit le plus les sentiments, mais petit à petit, on découvre aussi ceux de Magritte et ça fait comme un deuxième effet kiss cool fort appréciable. Ainsi, j’ai aimé les suivre dans leur vie à deux pleine de douceur. J’ai aimé voir tout ce qu’ils faisaient l’un pour l’autre. J’ai aimé les voir lentement, très lentement se rapprocher et afficher l’un sentiment l’un pour l’autre, car on sent un vrai attachement sincère et profond de l’un pour l’autre.

Alors bien sûr, on est dans du pur tranche de vie. Il n’y a pas vraiment de tension narrative, mais juste le récit de la fabrication quotidienne de nouveaux artefacts par une Magritte aidée par Yura dans la recherche des éléments nécessaires et ce pour faciliter la vie des habitants de son univers qui aiment bien aller explorer d’autres univers magiques. On a donc bien cette dimension un peu RPG et héroïc fantasy dont je parlais plus haut, mais par petite touche. Cela permet surtout d’avoir un décor dépaysant séduisant par sa touche de folie et d’originalité, faisant rêver le lecteur.

Les dessins d’Aoi Umetaro portent cela d’ailleurs. Elle a un design assez doux de ses personnages qui me rappelle un peu celui de Sorata Akiduki sur Shirayuki, une autre aventure dans un paysage de fantasy. On retrouve les mêmes visages masculins ciselés, la même douceur dans les regards et la même belle variété dans les costumes et décors. J’ai été très sensible à ces derniers, notamment à la demeure et à l’atelier de Magritte, ainsi qu’à la ville dans laquelle ils se rendent, c’est un décor moyenâgeux typique que personnellement j’adore, surtout quand il n’y a pas la moindre trace de noirceur comme ici. C’est juste du pur enchantement.

J’ai donc été surprise par ce titre dont je n’attendais pas grand-chose, voire que je ne pensais pas lire au début. Mais Light and smell et Les voyages de Ly ont su me convaincre et je ne regrette pas du tout. J’aime plonger dans ce genre de douce aventure feel good où les héros sont attachants et leur relation pleine de maladresse et de tendresse. C’est émouvant et cela fait chaud au coeur. L’habillage fantasy n’est au final qu’un joli décor mais il apporte la touche de poésie et d’évasion permettant de le sublimer. Ce fut un très beau et doux moment.

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Light and smell, Les voyages de Ly, Pommy, Audrey, Vous ?

Tome 2

Ce deuxième tome confirme décidément que j’ai bien fait d’écouter Audrey et Ly et de commencer cette série. Elle qui démarrait comme déjà un joli tranche de vie dans un univers de fantasy basé sur l’artisanat, se révèle ici une histoire plus dense et sombre sur fond de la malédiction. Je sens que je vais adorer.

Aoi Umetaro nous embarque vraiment dans une ambiance bien plus RPG d’action que dans le premier tome qui était concentré sur la vie de tous les jours de Magritte et son protecteur Yura. On sent d’entrée qu’elle veut aller plus loin que nous proposer juste leur train train quotidien sur fond d’invention d’objets magiques, et même si j’ai aimé cela, je valide cette nouvelle direction qui ne peut que complexifier l’histoire. On se retrouve ainsi comme dans un jeu vidéo à participer à une quête dans les profondeurs d’un donjon, et si cela va très vite, c’est aussi pêchu et bien mené.

En plus, l’autrice n’oublie pas l’objet principal de son histoire à savoir la relation Magritte-Yura, qui reste au coeur de tout. C’est beau de les voir se soutenir à chaque étape de l’aventure, de voir également combien ils se font confiance l’un l’autre, ce qui leur permet d’avancer sans se poser de question car ils savent que l’autre assure leurs arrières. J’aime vraiment beaucoup leur dynamique. Qui plus est, je ne peux m’empêcher d’être touchée par la douceur de leur relation dont les liens semblent si profonds. Yura est très attentif à Magritte et veut absolument l’aider mais aussi lui exprimer ses sentiments sans lui faire de mal. Quant à elle, sous ses airs froids, elle est très attachée à lui et j’adore la voir câline de temps à autre.

Mais surtout, c’est la découverte d’une complication qui fait le lien entre le côté RPG et le côté relationnel de l’intrigue, qui va venir enrichir et sublimer celle-ci dans la seconde partie du tome. C’est assez classiquement une malédiction, comme dans bien des histoires d’héroïc-fantasy, mais qu’importe, je ne suis pas là pour l’originalité. Cette malédiction va relancer l’histoire dans une nouvelle direction où Magritte va devoir user de tout son talent et où les émotions vont être à fleur de peau. J’adore déjà.

Ainsi, en utilisant les mêmes ingrédients que dans le tome 1 mais en les poussant plus loin, Aoi Umetaro exploite parfaitement l’univers qu’elle a choisi et l’angle d’accroche émotionnel de son histoire. Elle nous propose ainsi une belle histoire touchante et émouvante entre un duo doux et amoureux mais naïfs dont je raffole déjà. Hâte de voir les conséquences de cette malédiction sur leur petite vie.

Tome 3

The Elf and the hunter me surprend vraiment de plus en plus en m’entraînant dans une direction que je n’avais pas vu venir en débutant la série. L’autrice se joue du classicisme de son histoire pour nous proposer un récit plein d’émotion, de douceur et de peps. 

Quand la malédiction est arrivée sur le tapis, je me doutais bien qu’elle allait occuper une certaine place dans l’histoire mais je ne pensais pas qu’elle en constituerait l’essentiel. Je ne déteste pas mais la fraîcheur des débuts me manque un peu avec ce quotidien passé à inventer de nouveaux artefacts pour aider les autres. Là, on est dans du 100% sombre à la sauce héroïc-fantasy classique certes, donc un peu léger et déjà vu, mais on est loin de la légèreté des débuts.

Magritte et Yura sont partis dans leur propre quête pour venir à bout de cette malédiction et les intentions de l’elfe sont louables. L’autrice concilie ainsi la malédiction avec les talents de Magritte puisque c’est en utilisant ceux-ci qu’elle compte rompre le sort qui pèse sur Yura. Les voilà donc partis en quête d’un ingrédient essentiel à cela et ils feront en route une rencontre qui les bouleversera.

J’ai aimé le dynamisme induit par cette quête. J’ai aimé les combats induits par cette rencontre. J’ai aimé voir la malédiction à l’action et découvrir un drôle d’antagoniste avec lequel on ne sait pas sur quel pied jouer. Est-il bon ou mauvais ? Va-t-il gêner ou encourager Magritte et Yura ? C’est le genre de personnage ambigu que j’aime beaucoup, tout comme son associée qu’on découvre à la toute fin.

Mais voir Magritte jouer les savantes m’a manqué. C’était sympa de la voir manipuler des formules mathématiques pour créer des objets. Ici, nous n’avons qu’une pauvre scène bien courte où cela a lieu. Cependant, j’ai aimé à la place voir encore sa relation avec Yura se renforcer. Ils sont vraiment touchants tous les deux et l’autrice nous gâte de scènes toutes plus mignonnes les unes que les autres entre eux. On aurait pu craindre un schéma classique du garçon fort protégeant la faible femme elfe, mais Magritte ne s’en laisse pas compter et elle est plus forte que sa frêle apparence le laisse penser. J’adore ! Elle a un sacré répondant, la petite, et elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle est intelligente, maligne et courageuse, luttant même contre ses peurs. Un beau personnage.

Avec une malédiction qui prend de plus en plus de place, voire occulte le reste de l’histoire, Aoi Umetaro a fait prendre un sacré tournant à son histoire. Si j’aime voir ainsi la relation des héros renforcée et assister à plus d’action, je ne peux pas m’empêcher de regretter aussi la fraîcheur et la légèreté touchante des débuts. Ici cette noirceur est arrivée un peu trop vite et s’est mis à occuper trop rapidement tout l’espace. Mais je continue à adorer nos héros et c’est l’essentiel dans ce genre de titres !

Tome 4

La série a définitivement basculée dans le monde quête de RPG avec malédiction à la clé occultant totalement la phase tranche de vie des débuts que j’aimais tant. Je ne déteste pas, je trouve même ça charmant, mais ça ne me touche pas autant que les premiers chapitres.

L’autrice sait cependant y faire, avec un rythme soutenu, elle nous entraîne dans de nouvelles aventures nous rapprochant du final et de la résolution du mal dont souffre Yura. A l’aide de nouvelles épreuves que le couple doit surmonter, on voit de plus en plus les liens solides qui les unissent, ce qui est adorable, mais surtout on voit combien ce sont chacun de belles personnages qui peuvent ainsi susciter l’adhésion des autres.

Ainsi, il n’est pas surprenant de voir peu à peu celle qui les tourmente dans ce tome, la jeune Milette, s’attendrir malgré elle, et il était prévisible aussi de voir revenir l’ami de toujours de Yura pour l’épauler dans cette ultime quête. Le monde des RPG est présent à fond dans ce nouveau tome, entre sort lancé sur eux, où pour sortir du rêve où ils sont piégés, ils doivent déjouer le plan de Milette qui s’inspire d’un conte ancien, puis retour insistant sur la malédiction pesant sur Yura, ses origines et conséquences, qui les amènent à repartir vers LE plus grand donjon de monde pour vivre de nouvelles aventures.

Les amateurs de jeu de rôle vont adorer les voir partir ensemble déjouer les tours de ceux cherchant à piéger Yura dans la noirceur qui l’habitent. C’est plein de gimmicks du genre avec en prime de bons sentiments et une relation chasseur humain – elfe atypique et décalée. Je regrette un peu pour ma part qu’on s’enferme là-dedans et qu’on ait moins de petits moments trognons et touchants entre Yura et Magritte comme dans les premiers temps, et qu’on ne voie plus celle-ci créer de nouveaux objets. C’était important pour moi et ça marquait une certaine différence. Là, j’ai l’impression d’être tombée dans quelque chose de plus facile et prévisible.

Reste une histoire rondement menée, où on sent une autrice qui maîtrise parfaitement les codes des RPG et des quêtes associées, dont elle se sert pour écrire un scénario efficace permettant de bien mettre en valeur les qualités humaines de ses héros à la relation atypique et touchante. Les décors tout comme les personnages sont vraiment séduisants et l’ensemble annonce un dernier tome à la résolution pleine d’aventure et d’émotion.

Tome 5 – Fin

Série plutôt tranche de vie à ses débuts, puis qui a basculé en récit d’aventure d’héroïc-fantasy en cours de route, The elf and the hunter a finalement su rejoindre les deux lignes de son scénario dans ce final adorable de bout en bout.

J’ai parfois été assez critique avec le virage pris par la série. J’avais adoré l’ambiance « artisanale » et quotidienne des débuts et j’avais été un peu déçue du virage assez classique pris avec cette histoire de malédiction et de quête initiatique. Cependant, je dois reconnaître maintenant que nous sommes dans le dernier tournant que tout cela se marie très bien et que l’autrice a eu raison dans sa logique d’introduire cette intrigue.

En effet, nous sommes dans un univers d’héroïc-fantasy avec une elfe et un humain qui cohabitent ensemble et ont une relation de couple atypique. Il était normal que la question de la différence entre les deux espèces se pose et comme nous sommes dans ce genre d’univers et que les japonais ont souvent une vision fort classique de la fantasy, du moins telle qu’on peut la percevoir dans leurs oeuvres arrivant chez nous, je ne suis pas surprise que cela se goupille avec une quête, une malédiction et une créature « à vaincre ».

Heureusement, dans ce dernier tome, on ne se limite pas à cela. L’affrontement n’est au final qu’un prétexte pour revenir sur les liens entretenus par les personnages et mettre à l’épreuve la solidité de ceux-ci. Magritte doit donc se battre avec ce qu’elle a à disposition, ses inventions, pour sauver le coeur de celui qu’elle aime. Quant à Yura, il doit se confronter à lui-même et à son souhait le plus intime pour arriver à rompre le sortilège. C’est assez touchant et émouvant, avec une solution douce-amère classique mais qui m’a touchée en plein coeur.

Au cours de cette aventure, ils font en plus une jolie rencontre en la personnage de Hiéronymus, être né de tout un tas de sentiments négatifs, qui n’aspire qu’à une chose, être aimé et ne plus être seul. A nouveau, c’est quelque chose de classique mais de joliment raconté et qui touche en plein coeur car on sent une belle émotion et une belle sincérité dans la relation qu’elle noue avec les chasseurs qu’elle va suivre. Et puis, tels ces savants fous, elle va se retrouver à jouer les apprentis sorciers pour les garder montrant le poids de la solitude, du deuil et de la perte, des sentiments pas facile à gérer.

C’est donc dans une ambiance douce amère, un brin triste mais quand même touchante et douce, qu’Umetaro Aoi a bâti ce récit, comme une intrigue à tiroirs, partant d’une histoire un peu banale, pour la transformer en jolie quête personnelle pour que les personnages apprennent à accepter l’ensemble de leurs sentiments même les plus sombres. C’était mignon, émouvant et adorable. J’ai adoré le travail sur les artefacts. J’ai été touchée par les relations mises en lumière. Ce fut vraiment un joli moment avec parfois des développements inattendus. Un bon classique.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

© 2021 Editions Soleil

 

4 commentaires sur “The Elf and the Hunter d’Aoi Umetaro

  1. Tellement contente que cette série ait réussi à te séduire. Tu en parles divinement bien et me rappelle pourquoi je l’aime autant ! On partage le même avis notamment sur la belle relation unissant nos deux héros. Comme tu le lis, Magritte est bien plus forte que son apparence le laisse supposer et puis, quel caractère 🙂
    J’ai hâte de lire le troisième tome, cette malédiction m’intriguant pas mal même si c’est un peu dommage qu’elle finisse par prendre la place centrale…

    Aimé par 1 personne

    1. Oui, je ne regrette pas du tout de t’avoir écoutée malgré mon scepticisme au début. C’est vraiment une belle histoire basée sur une très jolie relation avec des personnages attachants.
      J’espère juste qu’avec ce format court de 5 tomes, on ne restera pas trop sur la malédiction (je n’y crois pas trop…) pour revenir à un peu de simplicité (peut-être dans les derniers chapitres ><)
      Mais vraiment merci de la découverte et ton commentaires me fait d'autant plus plaisir ! ❤

      Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire