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La Concierge du grand magasin de Tsuchika Nishimura

Titre : La Concierge du grand magasin

Auteur : Tsuchika Nishimura

Traduction : Aurélien Estager

Éditeur vf : Le Lézard Noir

Année de parution vf : 2022

Nombre de pages  : 287

Résumé : Akino vient d’être engagée dans un grand magasin prestigieux fréquenté par des animaux. En tant que concierge, elle doit faire preuve de tact et de discrétion pour satisfaire les exigences d’une clientèle composée d’espèces disparues. Une ninoxe rieuse dirigeant une grande société, un vison de mer qui s’apprête à renouer avec sa fille, un loup de Honshû sur le point de se fiancer… Une galerie de portraits aussi fantaisiste qu’élégante de trésors perdus de la biodiversité, dont il se dégage un indéfinissable parfum de mélancolie.

Mon avis :

J’ai toujours associé Le Lézard Noir et la publication d’ouvrages un peu alternatifs. Si depuis quelques années, l’éditeur s’est en quelque sorte assagi en publiant des titres comme ceux d’Akiko Higashimura ou d’Aruko Kumota, il continue à sortir parfois des petites pépites inattendues aux dessins ou contextes / décors surprenants. C’est le cas de La concierge du grand magasin ou si Beastars rencontrait le tranche de vie josei en mode working girl. Décoiffant à sa façon !

Tsuchika Nishimura est un jeune auteur alternatif déjà dans son pays, qui partage son temps entre histoires courtes et travaux d’illustrations pour de multiples supports. Il a déjà été publiée par deux fois au Lézard noir avec Au Revoir Mina et Eisbahn – Sentier verglacé, dont j’avoue que les couvertures m’avaient fait craindre que je n’aimerais pas les histoires, mais je compte bien rattraper cela désormais et ouvrir au moins ces ouvrages pour y jeter un oeil car j’ai beaucoup aimé le trait et la sensibilité du volume lu ici.

Dans un esprit très japonais, l’auteur nous invite à découvrir les coulisses d’un singulier grand magasin où les clients ne sont pas des humains mais des animaux se comportant comme des humains. A travers cette parabole animalière, il nous offre donc un regard fort savoureux sur le monde du travail et du service, son héroïne étant l’une des employées, aspirante concierge dans ce grand magasin.

Travaillant moi-même dans le domaine du service, dans une certaine mesure, je dois avouer avoir été particulièrement sensible au double discours de cette oeuvre. Je me suis retrouvée dans les injonctions faites à Akino, jeune concierge, à qui on demande d’être plus que serviable. On retrouve aussi cela dans la vraie vie, même avec ce côté jusqu’au-boutiste parfois, ce qui m’amène à dire que la satire est assez fidèle, malgré le ton très doux de l’auteur. Heureusement, il ne parle pas que d’obligation de service et n’hésite pas parfois à pointer également le comportement déviant de certains clients, ce qui est bon à voir, après tout, même dans le service, le client ne devrait pas être roi et se croire tout permis.

En plus de cette satire réaliste à sa façon du monde du travail et du service, il fut fort savoureux de suivre, lors de chaque chapitre, un moment de vie d’Akino où elle aide le membre d’une espèce en voie de disparition ou déjà disparue. Une occasion unique pour mettre en lumière ces animaux de manière drôle, caustique mais aussi émouvante, car sentiment il y a dans ces près de 300 pages. La narration est peut-être un peu répétitive au début avec un schéma préétabli pour introduire les histoires de notre jeune concierge, mais peu à peu, l’auteur s’en détourne et alors les histoires n’en sont que plus savoureuses.

Il est touchant de voir cette jeune personne se plier en quatre, souvent avec maladresse et avec pas mal de ratés, pour ces animaux à la recherche de quelque chose de banal mais qui est unique pour eux. On prend plaisir à découvrir leur histoire, leur demande et la réponse souvent originale d’Akino. Il y a également de l’humour dans la façon dont l’auteur décrit les perpétuelles mises à l’épreuve qu’elle subit par son chef de service. Il y a de l’originalité avec les espèces d’animaux croisés : pingouin, furet, ninoxe rieuse, vison, dodo… et j’en passe. Il y a de la variété quand elle est envoyée dans les différents services de ce grand magasin, nous faisant découvrir aussi bien les boutiques, que les restaurants, cafés ou même la personne faisant les annonces. On n’a pas le temps de s’ennuyer.

Pourtant la narration est très calme, quasiment sans tension. On passe d’une mission et d’une créature à l’autre entre chaque chapitre. C’est à l’aune des dessins, très doux, très calme, avec une jolie rondeur et simplicité dans le visage de l’héroïne et un côté un peu rétro mais confortable dans celui des animaux. J’ai aimé son côté crayonné rappelant un peu les gravures anciennes des ouvrages de sciences, cela allait bien avec l’ambiance générale. Les détails bien que parcimonieux apportent une jolie profondeur à l’ensemble et rappellent Le Bonheur des Dames de Zola et son ambiance à l’ancienne que j’ai tant aimé.

Je remercie donc Les voyages de Ly pour m’avoir conseillé cette lecture qui m’a sortie de ma zone de confort et montré que les histoires de Tsuchika Nishimura correspondait parfaitement à ce que j’aime dans le tranche de vie. C’est légère loufoque, assez original et surtout très humain avec de belles rencontres, le tout dans un décor dépaysant hors du temps. J’ai vraiment pris plaisir à cette lecture suspendue et je compte poursuivre ma découverte de l’auteur, je l’espère, avec le même succès !

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Vous ?

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2 commentaires sur “La Concierge du grand magasin de Tsuchika Nishimura

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