Livres - Science-Fiction

Pyramides de Romain Benassaya

Titre : Pyramides

Auteur : Romain Benassaya

Éditeur : Pocket Imaginaire (SF)

Année de parution : 2019 (édition poche)

Nombre de pages : 624

Histoire : 2182. A bord d’arches géantes, les humains fuient une Terre sur le déclin. Leur destination ? Sinisyys, une autre planète bleue découverte aux confins du système Eridani. Parmi ceux qui rêvent de la rejoindre, Eric et Johanna. Or, après avoir émergé du sommeil cryogénique, ils comprennent qu’ils n’ont pas atteint Sinisyys mais une structure artificielle si grande que l’esprit humain ne réussit même pas à en imaginer les limites. Où sont-ils ? Comment sont-ils arrivés là ? Eric, Johanna, et les autres colons, parviendront-ils à percer le mystère de l’artéfact labyrinthique puis à faire repartir le Stern III vers sa destination initiale ? Pour cet échantillon d’humanité au bord de l’extinction, débute alors un compte à rebours au final incertain !

Mon avis :

Après toutes ces lectures de Noël, j’avais besoin d’une bonne lecture de SF bien classique reprenant énormément de tropes du genre pour m’emporter et me faire voyager. Pyramides de Romain Benassaya fut ce divertissement ultra efficace et prenant.

De l’auteur, j’avais déjà lu Les Naufragés de Velloa qui avait aussi été une aventure classique mais fort divertissante où j’avais aimé le mélange des thèmes, la réflexion sur la religion dans un cadre hautement technologique et les perspectives sur une humanité terriblement sectaire qui n’étaient pas totalement impossibles. Cela avait été un très bon planet opera efficace comme j’aime avec de jolies surprises finales. J’avais donc envie de poursuivre ma découverte de l’auteur avec son texte précédent : Pyramides, un nouveau space opera mais d’un genre différent.

J’ai de suite été frappée par l’efficacité de la plume de l’auteur. Il n’a pas son pareil pour capter et capturer l’attention du lecteur à l’aide d’une écriture simple mais percutante pour mener une intrigue ciselée qui rebondit sans arrêt et propose autant de surprises que de réponses partielles qui rendent l’ensemble hyper entraînant et très difficile à lâcher.

Pourtant le cadre de l’histoire ne paie pas de mine. C’est quelque chose qu’on a déjà croisé mainte fois : un vaisseau avec des colons endormis qui se réveillent brusquement mais pas comme c’était prévu. Sauf qu’ici, il y a une dimension claustrophobique dans le texte qui est tout bonnement étouffante et renversante, ainsi que par la suite des apports politiques et etnologiques fort intéressants qui vont nous happer et nous scotcher de bout en bout. J’ai adoré ! Seul le final, un peu trop brutal et trop ouvert m’a frustrée mais jusque là, c’était quasiment parfait.

J’ai beaucoup aimé monter à bord du Stern III et suivre le réveil de ces colons au milieu d’un Tunnel inconnu et interminable qui défie toutes les règles de la logique. C’était fascinant et angoissant à la fois d’imaginer comment leur vaisseau avait atterri là et comment ils allaient chercher à s’en sortir. Les mécanismes ensuite qui sont utilisés pour faire avancer l’histoire sont connus mais n’empêche que le cadre est très fort lui. Ainsi même si les personnages à des rares exceptions, furent un peu transparents face à l’histoire qui se jouait, j’ai été happée par le récit.

J’ai beaucoup aimé suivre les tensions qui forcément sont nées à bord entre ceux partisans de l’exploration pour tenter de trouver une solution et comprendre leur environnement et ceux partisans d’une acceptation du piège qui veulent juste améliorer leur condition de vie et refonder ici une société envers et contre tout. Les deux camps sont passionnants à suivre. Le premier parce qu’il nous embarque dans une exploration impressionnante, claustrophobique et vertigineuse, faisant appel à des tropes de la SF sur le temps, la vitesse de la lumière, les trous noirs et j’en passe, que j’adore. Le second parce qu’il fait appel encore plus à la politique, à la manipulation des masses pour imposer ses idées, mais aussi parce qu’il implique l’invention d’un nouvel habitat et d’une nouvelle adaptation de l’homme.

En plus, gros bonus, l’auteur ajoute une dimension ethnographique fascinante avec la rencontre entre les humains du vaisseau et les Jardiniers, une sorte de nouvelle espèce de pucerons génétiquement modifiés qui vont évoluer vitesse grand V et se rapprocher de l’homme avec lequel il vont entrer en communication. J’ai toujours adoré les récits faisant appel à ce genre de rencontre entre êtres et civilisations très différentes. C’était notamment le cas avec La toile du temps d’Adrian Tchaikovsky et ici bien que plus succinct, ce fut aussi passionnant de suivre les différents rapprochement entre les Jardiniers et leurs interlocuteurs.

Cette fresque de plus de 600 pages est également le récit de la vie d’une famille à bord de ce vaisseau, une famille à la vie et l’évolution inattendue qui va se retrouver déchirée à cause des différents événements imprévisibles qui vont se produire. L’un va plutôt être du côté des Explorateurs, des Téméraires, tandis que l’autre va vouloir créer une nouvelle société pour les générations futures et entrer en communication avec les Jardiniers. Leur progéniture fera le lien entre leurs aspirations et mènera à la fois une quête pour comprendre où elle est et découvrir ce que ses parents ont connu sous les étoiles, mais aussi sera une interprète de premier choix auprès des Jardiniers et des autres espèces que l’on croisera. Cette famille sera le moteur de l’histoire entre les querelles politiques d’idéaux à bord du vaisseau, les découvertes dans les Tunnels où ils se trouvent et les histoires d’hommes et femmes plus simplement qui caractérisent ce genre de space opera.

Passionnant et fascinant de bout en bout, Pyramides est un récit qui apporte à la fois une belle aventure trépidante et stressante dans des confins vertigineux inattendus et des réflexions pertinentes sur l’évolution de notre société quand elle est soumise à des situations de stress extrême, le tout avec une pointe de sociologie futuriste quant il s’agit d’aller à la rencontre de nouvelles entités pensantes. L’auteur a vraiment écrit des pages incroyables quand son héros part en explorations ou quand sa femme et sa fille entrent en contact avec d’autres êtres pensants. J’ai adoré ! Seul le final fait un peu retomber le soufflet même s’il est vraiment culotté !

(Merci à Pocket Imaginaire pour cette lecture et leur confiance)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis bien plus pointus de : Sometimes, Maki, Lianne, La Louve, Vous ?

 

 

15 commentaires sur “Pyramides de Romain Benassaya

  1. Va falloir que je le sorte, je l’ai en grand format depuis sa sortie mais pas encore lu, surtout que j’ai lu « La dernière Arche » (excellent) qui est plus récent et se passe dans l’univers de Pyramides.

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    1. J’ai enchaîné avec la Dernière Arche, qui personnellement m’a un peu déçu en comparaison de Pyramides, justement… Alors je t’encourage vivement à sortir ce dernier de ta PAL même si malheureusement tu as déjà été spoilé sur le premier twist de l’histoire, zut !

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  2. Et bien, je viens de le finir, et… bof.
    Certes c’est bien écrit, la plume de l’auteur est un vrai plaisir. C’est très fluide. Mais l’histoire me laisse grandement sur ma faim. J’aurai aimé que le contact avec les jardiniers soient plus poussés ainsi que leur évolution vis à vis des humains. Le personnage d’Eric est très intéressant mais là encore pas assez approfondi. Quand à Johanna, j’ai eu du mal à comprendre clairement son attitude au retour de l’Ookpik.
    Trop de ressorts déjà vu et revu. En bref, pas très emballée. Et cette fin… quand j’ai refermé le livre, je me suis dit : « tout ça pour ça ? ». Dès les premières lignes j’avais compris mais je ne pensais pas que cela allait arriver d’une si banale façon.
    En bref, déçue.

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    1. Navrée pour toi. Moi, j’ai été totalement embarquée comme tu as pu le lire. J’ai aimé justement ne pas avoir toutes les clés même si c’est frustrant et je trouve génial d’en grapiller certaines dans ses autres romans.

      Par contre, tu me rends curieuse : où avais-tu lu déjà ce type de récit ? car ça me tente bien d’en lire d’autres de ce style ^^

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      1. Et bien je dois avouer que c’est surtout sur l’aspect espace/temps. Ils reviennent au point de départ mais avec ce décalage temporel.
        Cela m’a fait penser plus à des films ou animés qu’à des livres.
        Quand j’ai écris le message, je sais que j’ai aussi pensé à des livres sur d’autres aspects mais là, je ne me rappelle plus desquels…
        Cela m’a aussi fait penser à Avatar avec l’histoire des jardiniers.
        En fait, je crois que c’est une compile de plusieurs choses que j’ai lu et vu. Souvent, dans ma lecture, je me suis dit : « tiens, ça me rappelle quelque chose », et le souvenir revenait.
        Et puis, je trouve le titre trompeur ou bien trop « Rose bud ». Et oui, parce que j’ai aussi pensé à « Citizen Kane »…

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      2. Je vois ce que tu veux dire, souvent c’est une ambiance qui nous rappelle plein de choses croisées sans pouvoir exactement mettre le doigt dessus.
        J’avoue que le titre m’a aussi un peu frustrée. Je voulais du Stargate par exemple. Mais j’ai aimé être contrariée pour une fois xD
        Je note Citizen Kane que décidément, il faudrait que je vois quand même ^^!

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