Lord Cochrane et le trésor de Selkirk de Gilberto Villarroel

Titre : Lord Cochrane et le trésor de Selkirk

Auteur : Gilberto Villarroel

Traduction : Jacques Fuentealba

Éditeur : Aux forges de Vulcain / Pocket Imaginaire – SF (Les étoiles montantes de l’imaginaire)

Année de parution : 2022 / 2023

Nombre de pages : 624

Histoire : Le marin le plus audacieux de tous les temps revient pour une nouvelle aventure.Chili, 1822. Tremblement de terre et raz-de-marée à Valparaíso. Lord Cochrane, amiral de la flotte chilienne, sauve la vie du général Bernardo O’Higgins. En guise de remerciement, le général lui révèle que sur l’île principale de l’archipel de Juan Fernández, le corsaire Alexander Selkirk a caché en 1704 un trésor que personne n’a pu retrouver. Tout indique que le trésor est une relique que Selkirk a apportée avec lui d’une région du détroit de Magellan que les aborigènes appellent les Montagnes Hallucinées. Cet endroit aurait été la première demeure sur Terre d’un dieu venu des étoiles, l’immortel Cthulhu. Intrigué, Lord Cochrane part pour Juan Fernández avec son amie Maria Graham et le capitaine Eonet. Il est aussi poursuivi par un de ses vieux ennemis, le capitaine Gervasio Corrochano, un ancien officier de la marine espagnole qui commande désormais un bateau pirate, l’Águila. Cochrane est de retour pour élucider un ancien mystère et affronter de nouveaux dangers, cette fois dans les eaux dangereuses du Pacifique !

Mon avis :

C’est l’an passé que je découvrais la plume pleine d’humour grinçant et d’aventure de Gilberto Villarroel, auteur, scénariste et producteur de télé et de cinéma chilien qui s’amusait à utiliser un personnage historique méconnu pour lui faire vivre des aventures matinée de Lovecrafteries. Après un petit détour par Paris, place cette fois à une belle aventure maritime aux influences chiliennes : un beau retour aux sources pour l’auteur.

Bien que comportant 4 tomes à ce jour, la saga de Lord Cochrane de Gilberto Villarroel peut se lire aussi bien dans l’ordre de parution, ce que je fais, que dans l’ordre chronologique de l’histoire. Ainsi, ce tome-ci se déroule-t-il avant le précédent dans la vie du héros de cette saga et je dois avouer avoir trouvé l’expérience savoureuse que de repartir dans son passé.

A la fois auteur, scénariste et producteur de télé et de cinéma chilien, on sent à nouveau combien l’auteur s’amuse à utiliser son personnage, Lord Cochrane, pour lui faire vivre de drôles d’aventures dans le XIXe siècle à la fois réaliste et fictif qu’il a concocté où réalité historique se mêle à un fantastique aussi discret qu’insidieux. Avec son décor très ancré dans l’histoire de son pays natal, le Chili, il dresse cette fois un panorama encore plus réaliste que précédemment et nous fait vraiment basculer de la grande à la petite histoire.

Retour en arrière donc dans ce tome où on retrouve un Lord Cochrane plus jeune de quelques années, qui va partir à l’aventure après qu’on lui ait révélé l’existence du trésor caché du corsaire Alexander Selkirk qui pourrait peut-être le conduire à des indices vers l’effrayant Cthulhu dont il poursuit la recherche. Le voilà donc parti à la fois sur les mers et sur l’île de ce corsaire qui est également celle ayant inspirée Robinson Crusoe !

Ce tome fut pour moi avant tout un hommage à la littérature d’aventure qu’on offrait autrefois aux jeunes lecteurs adolescents. J’y ai retrouvé tout le rocambolesque, le rebondissement, la fougue et les personnages gouailleurs et charismatiques, un peu comme si Alexandre Dumas était parti sur les mers. Il y a un vrai souffle dans cette envie de partir à l’aventure, à la recherche d’un trésor, un peu en mode Indiana Jones du XIXe. On voyage vraiment aux côtés du héros, partant d’un Chili qui vient d’être victime d’un tremblement de terre suivi d’un raz-de-marée, pour aller voguer sur les mers, échouer sur une île déserte et enfin aller au contact d’une mystérieuse tribu aborigène oubliée. L’auteur mélange aventure pure, quête, aventures maritimes et mysticisme. C’est très entraînant et la course-poursuite qui s’opère entre le héros et son vieil ennemi : Gervasio Corrochano est un beau moteur à l’histoire.

Cependant malgré cet appel du large et de l’aventure pour aller à la recherche d’un trésor et de réponses, malgré les pages qui ont défilé plus vite que la lumière, je ne peux m’empêcher de me dire que l’auteur s’est surtout fait plaisir ici mais que le fantastique est plus que discret, encore plus que sur le tome précédent. Ainsi, la lecture a d’abord tardé à démarrer. Les cent premières pages sont assez longues pour pas grand-chose. Puis par la suite, c’est le jeu de piste des deux antagonistes qui motive la lecture. Même quand on finit par arriver sur l’île, l’auteur ne fait que glisser quelques minces références subtiles à Cthulhu. C’est fort peu. Cela ne se réveille que dans les dernières pages mais celles-ci ne sont là que pour lancer la suite qui interviendra dans un prochain tome qui vient juste de sortir en grand format. C’est un peu frustrant… On a ainsi l’impression d’avoir juste lu le long très long prologue d’une vaste aventure qui aura lieu plus tard T.T

Alors oui, la plume de Gilberto est entraînante. Son passé pour la télé se fait bien sentir dans une écriture plus vraie que nature qui nous plonge au coeur de l’action aux côtés des personnages. Oui, on s’amuse à suivre Cochrane et son vieil ennemi sur les mers, dans la jungle amazonienne et auprès de cette mystérieuse tribu des Selk’nams. Mais pour la fan de lovecrafteries que je suis, leur présence est bien trop mince et je reste terriblement sur ma faim même en sachant qu’une nouvelle expédition se prépare qui devrait nous conduire plus près des Anciens que jamais. L’auteur et les illustrateurs de ses différentes couvertures m’ont trop fait miroiter une horreur démesurée qui peine à venir. Il n’y a que quelques scènes tirées d’esprits perturbées qui viennent coller quelques frissons en références à certaines créatures connues. Le reste est plat de ce côté-là.

Nouvelle lecture divertissante, Lord Cochrane et le trésor de Selkirk tombe pourtant un peu à côté pour moi. Certes l’auteur brosse un décor maritime et aventure plus que crédible dans ce Chili et ses mers du XIXe avec une jolie références à l’île ayant inspirée Robinson Crusoe, mais la promesse de son propre imaginaire n’est pas respectée jusqu’au bout. Je ressors vraiment avec le sentiment de ne pas avoir été rassasiée par cette histoire et d’avoir assisté à un trop long prologue avant une aventure fantastique qui n’aura au final lieu que dans le prochain tome. Alors oui, ça se laisse très bien lire, c’est un peu hommage aux récits d’aventure et de quête de trésor, mais j’attendais plus !

(Merci Pocket pour cette nouvelle aventure haute en couleurs !)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Le syndrome Quickson, Au pays des cave trolls, Vous ?