Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Hirayasumi de Keigo Shinzo

Titre : Hirayasumi 

Auteur : Keigo Shinzo

Traduction : Sylvain Chollet

Éditeur vf : Le Lézard noir

Années de parution vf :  Depuis 2023

Nombre de tomes vf : 5 (en cours)

Résumé : Hiroto Ikuta, 29 ans, est un travailleur indépendant. Il n’a pas de travail stable ni de petite amie et ne s’inquiète pas de son avenir. Sa voisine Hanae Wada lui a léguée gratuitement sa maison, après s’être liée d’amitié avec Hiroto.
Il commence à vivre avec sa cousine Natsumi, 18 ans, qui a déménagé de Yamagata à Tokyo pour entrer en école d’art.
Cependant, il est entouré de personnes ayant des problèmes qui lui rendent la vie difficile…

Mon avis :

Tome 1

Après un test réussi mais pas totalement concluant avec l’étrange Tokyo Alien Bros.c’était Mauvaise herbe est son histoire sociétale sur les enfants abandonnés par le système qui m’avait fait apprécier la plume et l’univers de Keigo Shinzo. Avec sa couverture ultra lumineuse et feel good, Hirayasumi me semblait une lecture indispensable, ce fut le cas. 

Keigo Shinzo est vraiment un auteur qui a son propre univers et surtout son propre rythme. Dans chaque de ses histoires, peu importe le propos, léger ou peu plus sérieux, il aime prendre son temps et surtout prendre de la hauteur. Il y réussit à nouveau à merveille ici tandis qu’il nous emmène à la rencontre d’Hiroto, un freeter de 29 ans, qui va hériter d’une vieille bicoque et y accueillir sa cousine Natsumi, une jeune étudiante qui monte à Tokyo pour étudier l’art.

J’ai de suite aimé le ton très lumineux de l’auteur qui ne cherche absolument pas à rendre misérable son héros freeter, ce qui est rare. Il montre au contraire combien il se sent bien à sa façon dans la liberté que ça lui offre et surtout quelle belle personne il est, avec son coeur sur la main en toute circonstance, ce qui en fait une lecture vraiment rafraîchissante. 

J’ai d’emblée été touchée par les relations décrites dans cette histoire toute simple, que ce soit d’abord entre Hiroto et la vieille femme qui va lui léguer sa maison, cette caricature de la vieille fille à la dent dure qui a en fait un coeur d’or. C’est le genre de relation qui me touche toujours. J’aime la simplicité et la chaleur humaine qu’elle dégage. Il en va de même avec celle qu’il va retisser avec sa cousine qu’il n’a pas vu depuis longtemps mais qu’il retrouve alors qu’elle a besoin d’aide. Hiroto est un personnage comme je les aime, il l’accepte comme elle est sans poser de question et fait tout pour qu’elle se sente à l’aise. 

Il y a un très beau potentiel humain dans cette histoire, entre ce jeune homme de bientôt 30 ans auquel va se poser les questions qu’on pose à tous les hommes de cet âge au Japon : à quand le mariage et un emploi plus stable ? ; et cette jeune étudiante en art qui discrètement écrit son propre manga, tout en cherchant sa place dans ce nouvel environnement. Je sens que je vais adorer leur évolution. 

J’adore déjà la représentation de leur petite vie tranquille. Keigo Shinzo a un dessin rond très apaisant, qui a un gros effet relaxant sur moi et ce n’est pas l’aspect très contemplatif du titre qui va changer cela. On sent que l’auteur prend le temps de poser ses décors, ses paysages, ses arrière-plans et le regard que les personnages posent sur tout. Je suis particulièrement fan de la vieille bicoque dans laquelle ils vont habituer qui est ultra chaleureuse malgré sa vétusté et qui représente bien la maison de famille accueillante à l’ancienne, avec un petit air de Maison Ikkoku pour moi. Je suis fan.

J’ai passé un excellent moment en allant à la découverte de ces cousins et de leur nouvel environnement en banlieue de Tokyo dans une maison à l’ancienne. C’est doux, charmant et plein de chaleur humaine, tout en traitant de sujet actuel tels que l’arrivée dans une grande fille, l’aube de la trentaine, le statut de freeter. J’ai hâte de découvrir ce que l’auteur nous réserve.

Tome 2

L’auteur conclut ce tome en disant : « C’était vraiment une journée merveilleuse », moi je dirais que c’est ce titre qui est merveilleux !

Dans Hirayasumi, nous avons vraiment la quintessence du manga tranche de vie. Avec une apparente simplicité, Keigo Shinzo parvient à nous passionner de petits riens du quotidien, de situations souvent déjà vécues, d’un Japon assez banal, et pourtant tout nous transporte.

J’ai été prise de tendresse en retrouvant Natsumi et son cousin Hiroto dans ce tome. Désormais bien installés dans leur routine de colocation, nous suivons les études d’art de l’une, qui veut devenir mangaka, et la petite vie paisible de l’autre, qui a abandonné son rêve de devenir acteur. Ils sont sur des trajectoires croisées et pourtant l’alchimie est de suite là. C’est tendre et apaisant de les regarder juste vivre !

L’auteur a ce je ne sais quoi pour transcender le quotidien. La préparation d’un poisson, la réparation d’un toit ou une dispute autour d’un film plastique, prennent une toute autre saveur ici. Pour cela, il faut dire qu’il accompagne ses héros de jolis personnages, que ce soit l’ami de toujours d’Hiroto avec qui il a une relation unique, ou Mlle Tachibana l’employée de l’agence immobilière qu’il trouve toujours sur sa route. Cela donne un petit air de Maison Ikkoku fort savoureux à l’ensemble.

L’ensemble oscille donc entre le banal et le lumineux. Les relations sont tour à tour drôle, tendre et chaleureuse. Ça parle d’ambition abandonnée, de passion avortée mais aussi de passion naissante, de job alimentaire mais aussi de boulot où on s’épanouit, de célibat mais aussi de vie en famille tout en conservant ses amis de jeunesse. C’est très simple et très actuel. Cela dégage une belle nostalgie du présent qui moi me touche en plein coeur et me fait (re)découvrir un Japon du quotidien avec sa cuisine simple, ses fêtes de quartiers, ses petits moments conviviaux après le boulot, etc. J’adore !

Quel génie de la simplicité ce Keigo Shinzo, avec Hirayasumi il nous démontre avec brio qu’on peut faire une histoire fantastique, pleine de sensibilité, qui va droit au coeur des lecteurs, avec trois bout de ficelle. Il fait croire que c’est simple de mettre en scène le quotidien, alors qu’on sent toute sa science de l’a propos, du bon angle de vue, de la bonne chute humoristique cocasse. Vraiment génial !

Tome 3

Si vous avez passé une journée un peu merdique, venez prendre mon dose d’Hirayasumi, c’est du soleil en barre, ce titre et ça vous remet de suite d’équerre !

J’avais pourtant testé sans grand succès son titre Tokyo Alien Bro qui ne m’avait pas donné envie d’y retourner malgré une ambiance sympathique. Ici alors que le scénario est bien plus simple, c’est tout le contraire, j’y reviens et reviens régulièrement avec grand plaisir tant il m’apaise, me repose et m’aide à relativiser.

Pourtant l’histoire n’a rien de riche ou complexe, elle se propose juste de suivre le quotidien de deux cousins, l’un faisant des petits boulots après avoir hérité d’une maison, l’autre poursuivant ses études d’art à la fac, tout en préparant son premier manga. Mais c’est justement dans cette simplicité que le titre tire sa force car on se reconnaît dans ce que peuvent vivre les personnages ou du moins on s’y imagine très bien.

Et ça fait du bien d’avoir des histoires aussi simples et lumineuses. On sourit ainsi quand on voit les avancements de Natsumi quant à son projet de manga. Sa rencontre avec son premier responsable éditorial, c’est quelque chose, ça sent le vécu ^^ C’est également avec tendresse qu’on regarde Hiroto veiller sur elle ou encore retrouver son meilleur ami qui vient d’avoir une petite fille, et surtout penser avec nostalgie au passé, lui, ce grand enfant qui ne veut pas grandir. Et s’ajoute depuis quelques temps Yomogi, l’agente immobilière, qui est peut-être la plus savoureuse des trois à ce jour pour moi, car je peux me reconnaître dans sa nature de femme célibataire prise par son travail, la tête souvent ailleurs, à la fois nature et s’adaptant à son public. J’aime sa fraîcheur, la mise en scène de ses craintes et complexes et la relation qu’elle va nouer avec un certain écrivain à succès.

Avec une simplicité narrative confinant au génie, avec économie et efficacité, Keigo Shinzo continue donc de nous conter avec saveur ce quotidien fort simple fait de moments entre amis, repos à la maison, boulot – passion, jolis souvenirs de l’adolescence ou rencontre prometteuse. C’est beau, c’est doux, c’est tendre, c’est simple. Pas besoin de plus pour faire passer l’émotion et nous attendrir. Tout le monde peut se reconnaître chez ces personnages tellement humains, c’est la force d’Hirayasumi et j’espère qu’elle la conservera longtemps.

Tome 4

Tranche de vie par excellence, Hirayasumi confirme son statut de série simple qui me fait simplement du bien quand je la lis. Pas de complication incroyable, juste du quotidien et le plaisir d’y suivre nos héros qui évoluent au gré des saisons.

Le fil d’Hirayasumi est simple : la vie. Tandis que l’hiver s’installe, les fêtes de fin et début d’année arrivent et nos cousin-cousine avancent tranquillement au fil du temps qui passent. Sans tension, sans complication, nous assistons donc à leur premier Noël, premier retour à la maison, etc. C’est amusant, calme et reposant.

L’auteur concocte ici une histoire pleine de bienveillance où des gens très différents se rencontrent, s’ouvrent et se côtoient. C’est le cas de notre agente immobilière dans le premier chapitre qui, bordélique chez elle, fait la connaissance de quelqu’un de plus minimaliste qui lui ouvre avec humour de nouveaux horizons. C’est également le cas de Natsumi qui se pensait bien loin du clan des populaires de sa fac, mais qui à l’occasion d’une soirée va se découvrir des points communs avec eux. Keigo Shinzo nous apprend ainsi à briser nos préjugés et à oser aller à la rencontre des gens, comme l’avait déjà fait avec émotion, Hiroto avec la mamie qui lui a légué sa maison. Verdict : ça fonctionne plutôt bien.

Après la vie n’est pas qu’un long fleuve tranquille, le quotidien lui-même peut être source d’aventure et rebondissement. Hiroto va le découvrir avec humour à ses dépends quand le chauffe-eau qu’il aime tant le lâche, le poussant à changer sa façon de vivre : il va devoir travailler plus et ne plus tant se laisser vivre mais assumer. Natsumi, aussi, va se réveiller et assumer son rêve de devenir mangaka, l’avouant à ses parents, après avoir déjà fait le pas d’en parler avec des gens qu’elle pensait inaccessible. Chacun avance et c’est touchant à voir.

Keigo Shinzo manie donc avec brio la simplicité du quotidien et sa magie, ses hauts et ses bas, ce qui rend la lecture de Hirayasumi si tendre et touchante, si cocasse et amusante. On se sent bien avec ces personnages qui pourraient être nous et on aime les brefs instants de vie qu’il nous laisse à voir dont certains semblent reposer sur du vécu comme la rencontre avec ce tantô (responsable éditorial). C’est pour ça que ça semble si authentique.

Tome 5

Toujours tranche de vie très juste et fort intéressant, il s’attaque dans ce tome à un sujet plus lourd que d’habitude : le surmenage. Forcément cela rend la lecture moins légère mais l’émotion est intacte.

Après tant de bons moments en leur compagnie, il était tant de regarder de l’autre côté de la vie, celui qui est un peu plus rude, un peu plus amer. Hideki et Hiroto, les deux amis de toujours, se sont éloignés et ne se voient plus trop. Ils se sont tous les deux un peu perdus dans leur vie d’adulte, ce qu’essaie de nous montrer l’auteur avec la justesse qu’on lui connaît.

Ce ne sont pas des moments facile mais il essaie de capturer au plus juste ce que peut être la vie d’adulte quand on se sent coincé par ses obligations. C’est en particulier le cas d’Hideki, jeune papa, qui tente de faire de son mieux, et je salue cela car c’est rare les portraits de papa de ce genre dans le manga, mais c’est très dur pour lui. L’auteur ne nous épargne rien : l’éloignement du couple, les difficultés au boulot, la fatigue non-stop et les amis de qui on se coupe parce qu’on ne veut pas leur montrer. C’est rude. Du côté d’Hiroto, ce n’est guère mieux. Certes l’éloignement de son meilleur ami lui pèse, mais est-ce tout ? On le sent de plus en plus perdu. Il tire trop sur la corde à vouloir assumer plein de jobs et aider partout. Il fait de la peine.

Heureusement au milieu de toute cette morosité, quelques respirations plus douces et joyeuses nous sont offertes. Merci ! Je n’ai rien contre la morosité mais ça plombe un peu une lecture, alors j’aime avoir aussi de la légèreté pour équilibrer. C’est le cas avec l’histoire de l’agente immobilière bordélique et de l’écrivain maniaque, dont je m’amuse toujours autant, surtout que ça inclue un triangle amoureux avec Hiroto. Je me serais bien passée en revanche de la fixette sur la forte poitrine de la jeune femme… Le message m’a bien plus plu où chacun fait un pas dans la direction de l’autre (pour ce qui est de l’agente et de l’écrivain), ou lorsque le destin frappe (pour l’agente et Hiroto). Il y a également de l’amour dans l’air pour les amis de Natsumi. C’est mignon tout plein. Mais du coup, je remarque combien l’intrigue fait du surplace la concernant dans ce tome. Elle est bien loin du coeur de l’histoire… J’espère la retrouver prochainement.

Beau seinen croquant la vie comme elle est, douce quand les cerisiers sont en fleurs, plus compliquée quand les obligations de celle-ci nous rattrapent. Cette amertume m’a bercée pendant tout le tome me faisant plaindre nos héros en plein surmenage mais m’émerveiller devant la beauté simple de la vie qui leur met des étoiles dans les yeux à coups de coïncidences fortuites et de nature sans cesse renouvelée. C’est touchant quand même.

5 commentaires sur “Hirayasumi de Keigo Shinzo

  1. J’ai adoré aussi !! Ça me fait penser à Une Sacrée Mamie dans l’ambiance 🥰 Trop d’accord avec toi concernant le côté chaleur humaine, c’est vraiment une lecture feel good, avec un peu d profondeur néanmoins ✨

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