Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Chikuma san de Tsuchika Nishimura

Titre : Chikuma san

Auteur : Tsuchika Nishimura

Éditeur vf : Le Lézard noir

Années de parution vf :  2023

Nombre de pages vf : 128

Résumé : Anthologie de dessins humoristiques à huit cases et d’illustrations parus dans le magazine « Chikuma », ce livre représente des métiers fantastiques aux couleurs pastels, tels que « Un homme cousant des feuilles mortes », « Un homme enregistrant des oiseaux ».

Mon avis :

Tsuchiko Nishimura est l’un de ces auteurs indie que Le Lézard noir a beaucoup affectionné à une époque. Ils ont désormais un catalogue qui tend à devenir plus consensuel mais parfois, ils aiment bien ressortir ce genre de pépite. C’est le cas ici !

Découvert avec le drôle et singulier Concierge du grand magasin, où l’on suivait une jeune employée dans un magasin deluxe aux clients animaliers, j’avais beaucoup aimé le ton et l’expérience graphique. Assez, pour foncer à l’aveugle vers ce nouveau court oneshot paru en 2020 au Japon.

L’expérience fut toute autre. Si le on retrouve le thème du travail, de son aliénation, et de l’envie d’en sortir pour le réinventer, la narration est très différente. Après avoir fait la rencontre d’une employée qui se sent mal parce qu’on la pousse toujours à plus de productivité et de compétition avec ses collègues, l’auteur nous embarque dans un voyage onirique et psychédélique où chaque double page est un nouveau panneau et un nouveau travail improbable qu’il nous présente.

C’est singulier, barré et ça pousse vraiment à réfléchir. Il y a une esthétique très arty qui rappelle certains courants artistiques post-modernistes des années 70, comme Jacques Tati au cinéma. On se perd dans des planches qui transforment des éléments 3D en 2D et fausse les perspectives et points de fuite. C’est déstabilisant, mais cela représente bien notre aliénation au travail et notre besoin de rêver plus pour se réinventer. J’ai adoré !

La lecture est donc très particulière. Il y a à chaque fois une pleine page en mode couverture pour introduire la courte histoire en face. On peut juste la contempler rapidement lire le titre et l’histoire correspondante qui éclaire le tout, ou bien prendre le temps de l’explorer et tenter de deviner le propos de l’auteur. C’est ce que j’ai aimé faire au bout d’un moment et ce fut bien plus enrichissant. 

En tout cas, il y a un imaginaire de dingue dans cette histoire quasiment entièrement en couleur. On y croise aussi bien une femme qui transporte le duvet, fait la circulation, distribue l’électricité, prédit aux prédicateurs, fait sécher son linge aux vents solaires ou enseigne le mimétisme. Soit 36 métiers différents présentés, certains très terre à terre mais revisité de façon poétique, d’autres totalement loufoques. J’ai beaucoup aimé même si c’était très étrange.

Lecture totalement différente de ce que j’ai pu lire auparavant, elle sera probablement clivante, mais elle offre une belle réflexion sur notre rapport au travail. A-t-on envie de s’y aliéner ou veut-on nous-mêmes mener la danse ? Entre des propositions plus loufoques et poétiques les unes que les autres, venez vous perdre dans la folle imagination et les planches très singulières de l’auteur.

6 commentaires sur “Chikuma san de Tsuchika Nishimura

    1. Oui, je ne m’attendais pas du tout à ça. Son précédent titre étant tout à fait classique, lui, dans sa construction. Du coup, ça m’a encore plus poussé à la réflexion et j’aime ce genre d’ouvrage atypique de temps en temps ^^

      Aimé par 1 personne

  1. Une lecture que j’ai trouvé totalement fantastique dans la forme (très libre et inventive) comme dans le propos sur le travail et la liberté de se chercher! Tu en parles très bien! Tu as lus les premières oeuvres de l’auteur parues au Lézard Noir? (avant La concierge quoi)

    Aimé par 1 personne

      1. C’est sur que ce n’est pas simple^^
        Je n’ai pas encore lu Au revoir Mina mais j’ai lu Eisbahn à sa sortie donc il me faudrait une relecture. Dans mes souvenirs c’était bien sans être marquant

        Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire