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Chasse au cadavre de Hosui Yamazaki

Titre : Chasse au cadavre

Auteur : Hosui Yamazaki

Traduction : François Boulanger

Éditeur vf : Casterman (Sakka)

Année de parution vf : Depuis 2023

Nombre de tomes vf : 2 (en cours)

Résumé : Devant : la perte de l’innocence ; derrière : des adultes prêts à tout pour que les pires secrets restent enfouis. À la faveur des vacances d’été, un groupe de collégiens se lance en cachette sur les traces d’une camarade disparue deux ans auparavant. À mesure que l’horreur refait surface, ils se rendent compte qu’absolument personne n’a intérêt à ce qu’ils remuent le passé.

Mon avis :

Tome 1

Qui désormais ne connaît pas Stranger Thingscette série avec une bande de gamins qui jouent les détectives de phénomènes paranormaux ? Inspiré du Scoubi Gang et autre élément de la pop culture comme le film Les Goonies, il représente l’aventure jeunesse par excellente. Un genre parfois pour l’été que Hôsui Yamazaki reprend ici pour une enquête bien plus sombre. 

Série à peine débutée au Japon avec juste 2 tomesChasse au cadavre, nous propose de suivre trois copains du collège et une fille qui s’incruste avec eux, profitant de l’été pour tenter de résoudre le mystère de la disparition de l’une de leur ancienne camarade il y a 2 ans. En reprenant avec brio tous les éléments et codes du genre, le mangaka nous propose un thriller jeunesse tendu et passionnant, parfait pour la saison, mais ô combien frustrant d’avance vu le rythme de parution qu’on va devoir subir…

Fan de ce type d’histoire et de schéma, j’ai de suite adhéré à ce groupe de copains, clichés à mort, qui décide de manière totalement ubuesque de partir à vélo à la recherche d’Ayano, fillette disparue il y a deux ans, dont ils avaient reçu un cliché à l’époque avec pour indices un type avec masque de tengu et un pilonne électrique, ce qui tombe bien parce que l’un d’entre eux Inui est fan du sujet.

C’est totalement improbable mais il y a un vrai souffle d’aventure. On sourit de la dynamique du groupe, de l’inclusion maladroite de filles dans le groupe, du choix de partir à vélo sur les routes avec une carte routière et des portables au GPS bidouillé, etc. C’est d’une autre époque mais ça fonctionne. L’auteur joue à fond la carte des coïncidences et des mystères, mélangeant cela avec de bons codes du polar et des éléments du folklore japonais + cette passion d’Inui pour les pilonnes électriques.

Le rythme est bon. L’auteur alterne entre l’aventure de nos jeunes enquêteurs en herbe, une petite tension avec une voiture qui les suit, des va-et-vient avec un policier étrange chargé d’une ancienne enquête similaire et plein d’autres petites pierres qui ajoutent du mystère au mystère. C’est archi classique, archi convenu, mais ça fonctionne parfaitement car on est emporté par la volonté de ces gamins de résoudre le mystère et leur sentiment de détenir quelque chose pour toucher à la vérité.

Côté dessins, nous avons un joyeux mélange d’ambiance entre Urasawa et Kei Sanbe, les maîtres du genre polar et histoires d’enfants. C’est moins fignolé que chez eux, de près les visages sont plus banals, le découpage est plus bateau, mais l’atmosphère est là.

Premier tome accrocheur d’un polar, d’une aventure portée par le regard d’une bande d’enfant, Chasse au cadavre reprend avec brio tous les éléments du genre pour accrocher et emballer direct le lecteur amateur de Stranger Things, Goonies et autres Scooby Gang, qui pardonnera volontiers les quelques maladresses et clichés du genre.

Tome 2

Suivant un modèle toujours très classique mais fort addictif, Hosui Yamazaki poursuit sa balade le long des pylônes qui sillonnent le Japon pour aller à la recherche d’une amie disparue mais c’est un complot de plus vaste ampleur qui éclot.

Depuis le début, Chasse au cadavre est un thriller classique qui utilise les grosses ficelles du genre mais qui offre également une histoire addictive reposant sur le désir d’un groupe d’enfant de faire justice à leur amie disparue en la retrouvant, elle ou son cadavre. Petite originalité, le groupe d’amis en mode Goonies, parcoure la campagne japonaise à l’aide de leurs vélos en suivant les lignes de pylônes électriques comme indice. C’est toujours aussi efficace dans ce tome où la tension monte pour les héros et le lecteur. Ces derniers se confrontent à la nature et à ses dangers. Le lecteur, lui, voit arriver par derrière le complot visant à les éliminer car ils sont devenus des gêneurs et c’est jouissif à suivre.

La double narration est donc des plus savoureuses malgré des ressorts vus et revus. J’ai aimé suivre d’un côté les péripéties de nos jeunes amis et les suivre dans leurs aventures à hauteur d’enfant. Mais j’ai encore plus aimé découvrir à l’aide de leur amie adulte le vaste complot que toute cette affaire cache et qui est rattaché à un terrible souvenir culturel japonais : des sacrifices d’enfants déguisés sous le nom de « sacrifices au tengu ». Cet événement sordide est parfaitement exploité pour susciter horreur et suspense, faire monter la tension et la peur. Il surfe certes sur la mode, tous pourris et flics véreux, mais il dénonce aussi avec force les violences domestiques faites aux enfants qui explosent ces dernières années et deviennent un réel problème de société comme alertait Nippon.com en 2022. Le manga est un medium pertinent pour alerter et informer.

Le seul gros bémol du manga pour moi, ce sont ses dessins que je ne trouve vraiment pas à la hauteur. C’est maladroit. Ça fait amateur : on a des grosses poitrines qui se baladent, des méchants caricaturaux au point d’être ridicules et dans l’ensemble un décor un peu trop absent pour un tel cadre. Il y a pourtant aussi quelques jolies trouvailles comme la scène flippante reprenant le dos de la jaquette, ou une certaine attaque de bon matin, sans parler d’une traversée à haut risque. Ce sont des moments bien mis en scène mais qui ne permettent pas d’oublier le dessin assez moyen des visages et personnages en général…

Petit thriller à la dynamique enfantine des plus addictifs, en utilisant cette bande d’amie comme fer de lance et en les couplant avec une enquête extérieure plus rude, l’auteur nous tient en haleine. On a peur pour eux, on a peur avec eux et on veut savoir la vérité. Des grosses ficelles oui, un dessin perfectible oui, mais une histoire coup de poing pour dénoncer la maltraitance infantile et ça fait du bien !

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Vous ?

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7 commentaires sur “Chasse au cadavre de Hosui Yamazaki

  1. Du convenu qui a l’air des plus efficaces ! Comme toi, j’aime beaucoup ce schéma d’un groupe d’amis qui part à l’aventure et mène une enquête… Quant à l’ajoute du folklore japonais, cela change de toutes les histoires du genre que j’ai pu lire 🙂

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  2. Une passion pour les pilonnes électriques, voilà qui n’est pas banal ! 😄 Tout comme partir à vélo avec une carte routière d’ailleurs. 🤭 Elle a l’air bien sympa cette histoire, et apparemment ça fonctionne bien. Merci pour la découverte Tachan, c’est une idée de lecture que j’aimerais certainement. Reste juste à savoir combien de tomes elle comptera, et si elle sera toujours traduit chez nous par la suite. 🙂

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