Livres - Science-Fiction

La Mer de la Tranquillité d’Emily St. John Mandel

Titre : La mer de la tranquillité

Auteur : Emily St. John Mandel

Éditeur vf : Rivages

Année de parution vf : 2023

Nombre de pages : 295

Histoire : Quel est cet étrange phénomène qui semble se produire à diverses époques et toujours de la même façon?? Dans les bois de Caiette, au nord de l’île de Vancouver, des gens entendent une berceuse jouée au violon, accompagnée d’un bruissement évoquant un engin volant qui décolle. L’expérience est intense mais brève, au point que l’on pourrait croire…

Mon avis :

Depuis les débuts de leur présence sur le marché de l’imaginaire avec leur nouvelle collection, les éditions Rivages ont su choisir des ouvrages singuliers qui avaient le don de me déstabiliser. Celui-ci n’y coupe pas en reprenant un de mes tropes préférés de la SF de manière lente, entêtante et envoûtante au point de me perdre parfois.

J’ai ainsi fait la connaissance de la plume simple mais ambiançante d’Emily St. John Mandel, qui m’a au début paru trop simple et direct avant de se métamorphoser au fil de l’intrigue ou plutôt des intrigues. Romancière remarquée outre-atlantique, je comprends le prix qu’elle a pu recevoir et les accueils chaleureux qu’on pu lui faire la critique si elle a su les envoûter autant que moi ici avec ses précédents ouvrages. Voici quelques uns de ceux-ci avec des jeux de fils qui s’entremêlent comme elle semble aimer le faire mais dans des ambiances plus sombres et proches du polar.

Dans La mer de la tranquillité, elle nous propose un mélange de fix-up et de roman autour de plusieurs personnages, plusieurs époques et toujours du même mystère : un violon qui se fait entendre sans être là. L’ambiance est étrange, presque mystique. Elle happe et interpelle le lecteur qui s’interroge sur ce qui se passe et je pense qu’il faut se laisser porter par le roman pour en apprécier toute la saveur lorsque les fils s’entremêlent et se démêlent.

Je suis convaincue que si nous nous tournons vers la fiction post-apocalyptique, ce n’est pas parce que nous sommes attirés par le désastre en soi, mais parce que nous sommes attirés par ce qui, dans notre esprit, risque fort de se produire. Nous aspirons en secret à un monde moins technologique.

J’ai beaucoup aimé chaque moment pris séparément que je lisais au début telles des nouvelles. La première m’a un peu pris à froid avec une plume assez froide et distante justement, tel le destin de son héros. C’est par la suite qu’elle s’est réchauffée au fil des rencontres, avec cette femme victime d’une arnaque, avec cette écrivaine en tournée à la veille d’une pandémie, avec cet homme embauché par une drôle d’organisation qui va mener une mission qui va tout changer. Chacun représente un moment, une époque, un quelque chose d’indéfinissable qui va pourtant les réunir d’une façon et va redéfinir l’ambiance et l’univers du récit, l’autrice transformant sa plume au fur et à mesure, la rendant plus chaude, plus sûre, plus humaine.

J’ai aimé ce jeu sur les lieux, les personnages, les tendances, les thèmes, les époques. J’ai aimé le trope que l’autrice a choisi de visiter même si c’est une visite fort classique à la morale connue d’avance de tous. Cela offre tout de même de beaux moments et des réflexions toujours nécessaires autour de ce thème donc je n’ai pu qu’apprécier, surtout en présence de ce cher Gaspery et des références littéraires de l’autrice. Cette autrice dont le besoin de décortiquer avec mélancolie nos rapports les uns aux autres et ce qui compte pour nous n’a pu que me parler.

Dernièrement, j’ai beaucoup réfléchi autant et au mouvement, au fait d’être un point fixe dans le va-et-vient incessant.

Alors je vous invite vous aussi à vous laisser bercer par l’écriture apaisante et envoûtante de l’autrice, à vous laisser conduire dans les histoires de ces gens a priori sans le moindre lien, pour découvrir ce qui va les réunir et voir si cela vous touche vous aussi, ces petites histoires de vie toutes simples et pourtant ô combien nécessaires. Un bel ouvrage faisant la césure entre littérature blanche et imaginaire, parfait pour la rentrée littéraire qui se profile !

(Merci à Rivages pour cette expérience.)

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Maki, Sometimes, Orion, Elwyn, CélineDanaë, Le Fictionaute, Benjamin, Café noir, Outrelivres, Lune, Le nocher des livres, Vous ?

11 commentaires sur “La Mer de la Tranquillité d’Emily St. John Mandel

  1. J’ai noté, et aussi de lire L’hôtel de verre avant, pour savourer d’autant plus ce dont il est question ici.
    J’avais regardé l’adaptation de Station Eleven et ça m’avait complètement refroidie, alors je n’ai encore jamais lu l’autrice. Une œuvre différente comme celle-ci me paraît pas mal pour la découvrir.
    J’aime bien l’idée du pont entre blanche et imaginaire, j’aime bien les jeux sur les frontières entre les genres comme ça.

    Aimé par 1 personne

    1. Je trouve aussi très appréciable cette volonté d’ouvrir au plus grand nombre tout en gardant de belles spécificités.
      Il faudra assurément que j’aille voir comme toi le reste de sa production et cette adaptation quand même car tu m’intrigues ^^

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