Livres - Fantasy / Fantastique

Les Brumes d’Avalon de Marion Zimmer Bradley

Titre : Les Brumes d’Avalon

Auteur : Marion Zimmer Bradley

Éditeur vf : Le Livre de Poche (Fantasy)

Année de parution vf : 1987

Nombre de pages vf : 409

Histoire : La légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde n’avait, depuis longtemps, inspiré un roman d’une telle envergure, d’un pareil souffle. Merlin l’Enchanteur, Arthur et son invincible épée, Lancelot du Lac et ses vaillants compagnons, tous sont présents mais ce sont ici les femmes qui tiennent les premiers rôles: Viviane, la Dame du Lac, Ygerne, duchesse de Cornouailles et mère d’Arthur, son épouse Guenièvre, Morgane la fée, soeur et amante du grand roi… Cette épopée envoûtante relate la lutte sans merci de deux mondes inconciliables, celui des druides et des anciennes croyances défendant désespérément un paradis perdu et celui de la nouvelle religion chrétienne supplantant peu à peu rites et mystères enracinés au coeur de la Grande-Bretagne avant qu’elle ne devienne l’Angleterre.

Mon avis :

– Cycle d’Avalon : Tome 6 (Tome 1 ; Tome 2 ; Tome 3 ; Tome 4 ; Tome 5 ; Tome 6)

Depuis que j’ai repris ma lecture du cycle d’Avalon de Marion Zimmer Bradley, j’alterne entre vif plaisir de la redécouverte et petite déception. J’aime ce que l’autrice propose dans sa revisite des mythes européens conduisant au mythe arthurien, avec notamment l’opposition des différents cultes, mais la narration de l’autrice est en dent de scie. J’avais donc peur de terminer sur une note moyenne ou négative en entamant ma lecture des Brumes d’Avalon. Heureusement il fait partie des tomes dans le haut du panier, ouf !

Publié dans les années 80, juste après Les Dames du Lac, celui-ci n’a rien à voir pour ce qu’il est de la plume et la narration. Là où j’avais trouvé son aîné froid et insuffisant du point de vue des dames qu’il mettait en scène, j’ai trouvé celui-ci bien plus immersif et intéressant. J’ai enfin eu ce que je cherchais : vivre ces terribles années aux côtés des dames du mythe arthurien. Je peux donc clore ma relecture de ce cycle sur une note positive. J’en suis ravie.

Il est tout de même surprenant qu’avec un récit faisant directement suite aux Dames du Lac, on ait une telle différence d’écrire mais qu’importe si on y gagne. J’ai aimé retrouver Guenièvre, Morgane et toutes celles moins connues qui peuplent cette histoire comme Morgause ou Ninue. L’autrice hausse le niveau et nous propose de vraiment entrer dans leur tête pour suivre leurs tortueuses destinées, tandis que le règne du roi Arthur avance dans les temps et que les difficultés s’accumulent avec l’absence d’héritier direct entre lui et sa reine, ou encore avec la progression brutale et pourtant insidieuse du christianisme. Pas de froideur cette fois mais un récit à la hauteur des enjeux avec des personnages éminemment touchant dans les tragédies qu’elles vivent. J’ai beaucoup aimé.

L’autrice nous offre un vrai panel de personnages féminins très différents les uns des autres, permettant de se prendre plus d’affection pour l’une ou l’autre. J’ai eu une tendresse toute particulière pour Morgane qu’on suit depuis plusieurs tomes et dont l’intrigue en tant que femme, épouse et mère fut la plus riche et complexe. J’ai eu plus de mal avec Guenièvre qu’on dépeint assez négativement dans sa quête de descendance, la transformant en personnages aigri assez insupportable. Les petites jeunes comme Ninue ou l’autre Guenièvre ont du potentiel mais ne font souvent que passer dans cette tapisserie tragique, l’autrice préférant offrir une place de choix à certains hommes. C’est le cas du jeune Mordred, qui est à la hauteur de mes attentes avec sa relation complexe à ses parents. J’aimerais beaucoup lire un roman où il serait le personnage principal. C’est également le cas de Galaad et Lancelot dont le duo aurait aussi mérité plus de place avec sa quête.

Comme les autres fois dans ce cycle, l’autrice utilise des éléments connus : absence d’enfant entre Guenièvre et Arthur, bâtard de Morgane, quête du Graal, ajouts des jeunes à la Table ronde et j’en passe, pour tisser une tapisserie passionnante sur l’histoire de cette époque où les peuples anglo-saxons basculent peu à peu, non sans difficulté, du paganisme au christianisme. Se mélangent ainsi les histoires troubles personnelles de chacun et les intrigues politiques compliquées du royaume auxquelles s’ajoute les problèmes religieux propre à ce contexte. J’ai beaucoup aimé ! Morgane semble être le catalyseur de tout ça et quel sacré personnage, sacrée destinée !

Marion Zimmer Bradley nous compose une superbe fresque dramatique dans ce tome où tout part à vau l’eau. Nos dames du lac n’ont pas la vie facile et cela les transforme. Les hommes, eux, ne semblent que penser à la guerre, au conflit et à l’héritage. C’est d’autant plus fort de le suivre du point de vue de ces dames. J’ai ainsi beaucoup aimé la mise en scène de l’évolution des destinées de chacun et notamment de la famille élargie d’Arthur avec toutes ces tromperies et ces non-dits qui conduisent à un final des plus tragique parfaitement écrit ici. Je garde cependant un sentiment de frustration. Si le premier tome avait été à la hauteur et n’avait pas eu tant de longueurs, on aurait peut-être eu encore plus de temps pour les développements si passionnants de ce tome.

Très belle restitution tragique de la seconde partie agitée du règne d’Arthur, les Brumes d’Avalon tiennent toutes leurs promesses avec un récit féminin des plus poignants quand les destinées spirituelles et séculières viennent se percuter. J’ai aimé le récit courtois de l’autrice sur ce changement d’ère et les drames intimes vécus par chacun des personnages. C’était riche et poignant, au point de me donner envie de plus encore sur cette période et ce mythe. Alors appel aux connaisseurs, si vous avez d’autres sagas arthuriennes de qualité à me conseiller, je suis preneuse !

-> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Nanet, Guenièvre, Sphinxou, Skarn-Sha, Dal-eg, Vous ?

17 commentaires sur “Les Brumes d’Avalon de Marion Zimmer Bradley

  1. Tu as terminé une série et tu l’as terminée sur une note positive, c’est chouette 🙂
    Je n’ai pas de titres récents en tête, mais je peux te suggérer L’Enchanteur de René Barjavel, la série Pendragon de Stephen Lawhead (c’est plus de la fantasy guerrière par contre) ou encore les cycles des Elfes de Jean-Louis Feitjane. En BD il y a Perceval de Pandolfo et Risbjerg et le Merlin de Jean-Luc Istin (mais ce ne sont pas vraiment des réécritures, ça reste fidèle à la légende dans les grandes lignes).
    Si tu trouves des titres plus récents, ça m’intéresserait que tu les partages 😉 Je ne suis plus autant à fond dans ce genre de lectures qu’avant, mais j’aime bien en lire de temps en temps 🙂

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    1. Exactement, j’ai été contente de terminer ainsi
      Merci pour toutes ces reco. Je crois que j’ai le Barjavel dans ma pal en plus ainsi que le tome 1 de Fetjaine. Je note le Lawhead du coup.
      Et non je n’ai pas de ref récente. On m’a parlé d’un DeSaxus : La malédiction des os d’argent mais j’ai peur que ce ne soit pas assez développé pour moi 😅

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  2. J’ai découvert Morgane à 11 ans grâce aux Dames du Lac/Brumes d’Avalon et c’est devenu l’une de mes héroïnes préférées de tous les temps.
    Mais il faut savoir qu’en anglais, Mists of Avalon est un one-shot. Et quand je l’ai relu en VO au début des années 2000, quelle n’a pas été ma surprise de constater qu’en VF il manquait environ un tiers du roman, au début de l’histoire. D’où, je pense, ton sentiment de froideur concernant le 1er tome et la différence d’écriture avec le deuxième.
    J’ignore s’il a été retraduit depuis, mais franchement, il en aurait bien besoin.

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      1. Je n’ai jamais compris non plus. Pygmalion a découpé Le Trône de Fer n’importe comment mais, à ma connaissance, il n’a pas coupé du texte dans cette série. Après, ça se faisait beaucoup dans les années 70, pour économiser le papier et réduire le coût de la traduction. Heureusement que ça a bien changé depuis !

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      2. Non pas de coupure dans le Trône de fer, en tout cas pour le tome 1 que j’ai aussi relu en vo ensuite. Découper un gros tome en 2 ok. En lever des pages, faut être fou !
        Oui heureusement que ça a changé.

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