Livres - Jeunesse / Young Adult

Un beau voyage de Balint Zsako / Nocturnes de Lucas Riera et Angel Svoboda

Besoin de cadeaux de Noël de dernières minutes pour des enfants de votre famille que vous auriez oubliés ? Laissez-moi vous présenter les deux beaux albums avec lesquels Saltimbanque débute l’année : un conte muet poignant et d’actualité et un splendide documentaire pour les curieux qui veulent guérir de leur peur de la nuit !

Titre : Un beau voyage

Auteurs : Balint Zsako

Éditeur vf : Saltimbanque

Date de parution vf : 5 janvier 2024

Nombre de pages vf : 184

Histoire : Deux amis se rencontrent pour la première fois alors que le lapin tente de fuir un loup féroce. L’arbre viendra à sa rescousse, faisant courageusement fuir le prédateur. Le lapin va alors expliquer à l’arbre qu’il a perdu sa famille dans sa fuite et l’arbre se propose de l’aider. Ensemble, ils vont débuter un grand voyage pour retrouver la famille du lapin. L’arbre va se transformer simultanément en train, en bateau, en avion et ils vont continuer ainsi à chercher et lancer des appels jusqu’au moment où l’un d’eux sera entendu.Une fois les lapins retrouvés, c’est à l’arbre d’avoir besoin d’aide: il doit vite être replanté pour survivre…A travers cet album sans paroles, l’auteur illustrateur met en scène un périple amical et solidaire et rappelle qu’on peut lire avec le cœur et que les images sont tout aussi évocatrices que les mots.

Mon avis :

Avec sa poétique couverture en mode lever ou coucher de soleil, Balint Zsako a de suite attiré mon oeil d’amoureuse des beaux livres et le poignant voyage qu’elle m’a offert ensuite aux côtés de ce détonnant duo de lapin – arbre, a achevé de me convaincre !

Je lis peu de livres muets, sans le moindre texte, ça me mets étrangement mal à l’aise avant d’entamer la lecture. Pourtant chacune de ces expériences s’est révélée positive et celle-ci également car l’absence de mots écrits laisse encore plus la place à mes propres mots intérieurs lors de la lecture de cette aventure. Et ici, c’était particulièrement nécessaire.

Auteur d’origine hongroise, qui a immigré au Canada, Balint Zsako est un artiste complet. Fils d’une artiste textile et d’un père sculpteur, il s’est lui-même intéressé à la photo, à la peinture et au collage, travaillant notamment pour la presse, avec des passages dans le célèbre The New Yorker par exemple. Il nous livre ici son premier album dans lequel j’ai trouvé une belle résonance avec l’époque actuelle.

En effet, je ne sais pas si c’est moi qui surinterprète, mais j’ai vu ici une fable aux pays et populations qui traversent la guerre en ce moment. Avec ce petit lapin, qui se retrouve chassé de chez lui par un horrible loup et qui perd tous ses repères et sa famille, j’ai eu l’impression de suivre un réfugié. Mais loin du message parfois misérabiliste offert, c’est plutôt une aventure pleine de courage et d’amitié que l’auteur propose avec une très belle rencontre entre ce lapin et un arbre protecteur, qui va le défendre et l’accompagner dans sa quête pour trouver un nouvel endroit où vivre en paix avec sa famille qu’il aimerait retrouver.

Voici mon interprétation de ces superbes tableaux mélangeant aquarelle, collages et acrylique où l’auteur fait défiler les paysages à travers les voyages de ces héros en quête de leur famille et de leur havre de paix. C’est lumineux, accueillant et plein d’imagination avec un arbre qui se transforme pour épauler et protéger de petit lapin tout du long. Le voici tour à tour loup contre le loup, train, bateau, avion, arbre nourricier. L’imagination des enfants est ainsi sans cesse sollicitée mais également leurs sentiments avec cette belle amitié qui naît de la peur, du besoin de protection et de la solitude de l’un, une amitié qui semble d’abord à sens unique mais qui va devenir réciproque quand l’arbre aura lui aussi besoin d’aide, montrant que l’homme n’est pas une île. 

Album à découvrir seul ou accompagné, album à admirer ou à décortiquer, Un beau voyage frappe en tout cas par l’imaginaire doux et pourtant puissant qu’il déploie à travers un schéma amical simple et des personnages à l’origine de bien des histoires pour enfants mais qui prennent une autre dimension ici. La richesse des albums muets n’est décidément plus à vanter.

(Merci à Saltimbanque pour ce beau voyage)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Vous ?

Titre : Nocturnes – La Terre et ses créatures lorsqu’il fait nuit…

Auteurs : Lucas Riera et Angel Svoboda

Éditeur vf : Saltimbanque

Date de parution vf : 12 janvier 2024

Nombre de pages vf : 28

Histoire : Chaque jour, la nature a deux vies! Celle que nous connaissons le mieux, avec la lumière du soleil, représente la vie la plus active. La majorité des animaux et des végétaux se règlent sur ce calendrier et suivent ce rythme, depuis l’aube.Ce documentaire aborde la seconde partie de la journée, quand le soir tombe et que le soleil décline dans le ciel: des animaux sortent, certaines plantes s’épanouissent et fleurissent, des organismes brillent dans le ciel et dans les profondeurs de la mer, des phénomènes extraordinaires se produisent…Les mammifères chasseurs, les oiseaux de nuit, les insectes nocturnes, les poissons des abysses, les aurores boréales sont autant de thématiques abordées dans ce documentaire.Le lecteur découvrira, grâce à des textes documentés et poétiques, tout ce qu’il faut savoir sur la vie la nuit.

Mon avis :

Si vous me suivez depuis quelques temps, vous connaissez mon goût pour les albums documentaires jeunesses et en particulier pour ceux de Saltimbanque dont je trouve toujours l’infographie moderne et actuelle. Impossible alors de résister à ce nouveau numéro sur la nuit, ses créatures et ses mystères, un sujet phare des peurs enfantines !

Derrière ce nouvel album : Lucas Riera, longtemps enseignant avant de devenir auteur et vulgarisateur dans le domaine des sciences naturelles qu’il aime tant ; et Angel Svoboda, artiste espagnol, illustrateur et auteur de bandes dessinées mais aussi graphiste. Un duo très efficace pour porter simplement à la connaissance des enfants ce qu’il y a à savoir sur la nuit.

Ayant depuis des années des élèves de 7-8 ans, je peux vous dire que cet album est parfait pour eux ! A travers des doubles pages simples, pas surchargées d’informations mais avec de belles illustrations et juste les données nécessaires portées à leur hauteur d’enfants, les auteurs font un super travail de vulgarisation. Souvent dans les documentaires, je trouve l’âge recommandé un peu juste car les informations sont trop riches et complexes pour les enfants que je connais, ce n’est pas le cas ici. C’est vraiment parfaitement adapté !

De plus, le programme proposé est varié. Il s’intéresse aussi bien aux créatures peuplant la nuit et l’obscurité, abysses comprises, qu’aux phénomènes naturels lorsque la lumière baisse et que la nuit tombe. Les auteurs évoquent aussi bien la nature que nos vies de citadins et villageois. On nous parle d’heure d’ensoleillement, de phases de la Lune ou encore d’Aurores Boréales. Il est question des oiseaux de nuits, mais également des mammifères et autres insectes. Pour lutter contre les peurs nocturnes, on décortique ce qui peut faire peur comme les bruits, les yeux qui brilles ou les animaux qui volent vers nous. Pour une pointes d’originalités, on nous parle de choses peu abordées comme les fleurs nocturnes ou les animaux aveugles. C’est vraiment très riche et complet.

Les dessins, eux, sont très modernes. On sent bien que c’est un graphiste aux manettes car ils ont beau être beaux, ils schématisent bien et vont à l’essentiel. Il ressortent très bien sur les fonds neutres mais colorés choisis et percutent l’oeil dans un mélange parfois envoûtant comme la double page consacrée aux oiseaux de nuit où grands ducs et hiboux nous fixent tous de leurs drôles de regards. Ils permettent ainsi aux informations de parfaitement ressortir car il y a un bel équilibre entre eux, aucun ne prenant le pas sur l’autre. Et quand il s’agit de représenter la nuit avec poésie pour écarter toute peur, l’auteur y réussit à merveille avec ces animaux de lumière ou ces phénomènes naturels extraordinaires qu’il met en image à notre hauteur. C’est splendide.

Nocturnes est donc à nouveau une réussite à mettre sur le compte des albums documentaires proposés par Saltimbanque pour les plus jeunes. Contenant juste la bonne quantité d’informations pour instruire un jeune public aux questions sur la nuit, les créatures et phénomènes qui la peuplent, l’album est beau, concis et moderne. C’est une très jolie façon d’aller à l’encontre de ses peurs et d’essayer de comprendre ce qui s’y passe pendant qu’on dort.

(Merci pour ce beau livre qui va encore enrichir la bibliothèque de ma classe)

9 commentaires sur “Un beau voyage de Balint Zsako / Nocturnes de Lucas Riera et Angel Svoboda

  1. Ils sont vraiment trop chouettes, les albums Saltimbanque ! Le premier a l’air puissant et d’une poésie folle (je dis ça alors que mes enfants n’ont jamais non plus été très à l’aise avec les albums sans texte, ils insistaient toujours : « mais lis ! »), le second attractif et original !

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  2. Nocturnes me plaît bien, mes neveux et nièces sont un peu grands peut être pour cet ouvrage mais n’empêche qu’il a l’air très bien fait ! Je serais bien tenté de le feuilleter au détour d’un rayonnage pour me faire une idée. Car je trouve ça super intéressant de ne pas s’arrêter aux animaux de la nuit mais aussi d’inclure les phénomènes naturels et biologiques de notre belle planète ☺️

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