Livres - Romance

Boston Belles : The Hunter / The Villain / The Monster / The Wolf / Sparrow de L. J. Shen

Titre : Boston Belles

Auteur : L. J. Shen

Éditeur : Harper Collins Poche

Année de parution : 2024

Nombre de tomes : 4 + un Hors-Série

Histoire : Dans la vie, Hunter Fitzpatrick a trois priorités : le sexe, l’alcool et le sexe. Certes, il a peut-être manqué de vigilance en apparaissant dans une sextape qui a été diffusée dans tout le pays. Mais, déjà, on devrait le féliciter pour sa performance. Ensuite, est-ce vraiment grave que l’un des héritiers de la Royal Pipelines Company ait offert au monde le spectacle de sa – sublime – nudité ? Selon son père, oui. Au point que le patriarche lui a posé un ultimatum : soit il parvient à tenir six mois sans alcool, sans sexe et en se mettant sérieusement à travailler, soit il pourra dire adieu à son héritage. Pour être aidé dans sa traversée du désert de l’abstinence, il sera sous la tutelle de Sailor Brennan, alias l’athlète de tir à l’arc qui candidate pour les prochains JO, alias la fille la plus sérieuse et la plus chiante qui ait jamais existé. J – 183 avant la libération.

Mon avis :

Tome 1 : The Hunter

L.J. Shen et moi, c’est une grande histoire d’amour depuis notre rencontre et alors même que dans le fond ses histoires représentent souvent tout ce que je n’aime pas : des relations toxiques ou du moins des personnages toxiques trop portés aux nues. Mais c’est mon petit plaisir coupable.

Chez elle, depuis sa saga des Sinners, j’aime ses figures d’hommes repentis, enfin juste auprès de leur compagne, mais restent de fieffés salauds à côté. Elle exerce une sorte de fascination sur moi qui fonctionne à chaque tome, chaque série. Pourtant, j’ai vraiment cru ici que ce ne serait pas le cas. Les résumés de cette saga étaient pour une fois tout sauf vendeurs à mes yeux, au point que j’ai juste prudemment pris le tome 1 pour tester, pour voir. Cependant en découvrant à nouveau tout ce que j’aime chez elle, j’ai fondu à nouveau.

Ce n’était pourtant pas chose aisée. Le nouveau héros de cette saga et de ce tome : Hunter, est un sale gosse de riche, coureur, vulgaire et en plein craquage après avoir été ignoré, mal aimé, par sa famille depuis tant d’année. A cause du scandale de trop, son père lui adjoint un contrat de 6 mois d’abstinence (alcool et sexe) pour pouvoir continuer à figurer sur son testament et pour le surveiller, il demande à Sailor, une archère de génie, mais surtout fille du gros caïd de Boston. Une cohabitation forcée entre deux être très différents, Sailor étant concentrée sur son arc avec les JO en ligne de mire, et aimant autant sortir qu’Hunter aime boire de l’eau. Mais ces personnages ne sortent pas de nulle part, nous avions croisé Hunter dans la précédente saga de l’autrice : les All Saint High avec les enfants des Sinners et on recroise d’ailleurs certains d’entre eux. Il ne m’en fallait pas plus !

Mais pour être honnête, ce fut une lecture ambivalente. J’ai beaucoup aimé l’intrigue de celle-ci, très bien écrite, addictive et passionnante, avec cette cohabitation forcée entre deux êtres très différents, poussant chacun à changer, à sortir de sa coquille, à oser se montrer vrai, au fur et à mesure qu’une belle amitié et + naissait entre eux. J’ai aimé les voir se chercher car aucun ne savait vraiment qui il était et ce qu’il voulait au début. La passion de Sailor et les rebondissements autour de sa carrière m’ont fait vibrer. J’ai été touchée par cette jeune femme qui incarnait tellement son sport, de sa vivacité de chasseuse à son côté très solitaire. J’ai aimé aussi voir Hunter en proie à une famille détestable de laquelle il cherchait à se faire accepter, tout en, paradoxalement, cherchant à s’en extirper pour être lui-même et plus le vilain petit canard. En étant forcé à travailler avec son père, il va tomber sur un « complot » qui va le passionner et le faire jouer les espions, ce qui fut savoureux, surtout que tout le monde est bien tordu dans l’histoire.

La romance fut aussi savoureuse et épicée à souhait, avec un schéma d’ennemis to lovers + cohabitation forcée avec lequel je me suis régalée. Ils s’échangent piques sur piques, coups bas, petits surnoms et tout le package, mais on sent percer quelque chose. J’ai aimé les voir devenir peu à peu vulnérables, s’ouvrant et révélant leur faille. Leur amitié amoureuse est aussi un schéma que j’adore. J’aime le côté cocooning et cool de leur vie à deux en coloc, autour de bons repas et de séries Netflix. Quand ils se rapprochent, c’est vite chaud bouillant et l’autrice nous offre nombre de scènes de sexe pimentée et affriolantes, bon que je n’ai pas aimé à 100% à cause du langage vulgaire de Hunter, j’y reviendrai. C’est tout sauf émoustillant, ça. Mais c’est beau de voir quelqu’un d’autre barré que lui tomber les barrières justement et faire tellement pour elle. C’est beau de voir quelqu’un de réservé comme elle, oser monter au front et le défendre envers et contre tous parce qu’elle, elle le connaît vraiment. Leur relation est vraiment touchante car réelle et bouleversante, ils ne sont plus les mêmes après.

Là où le bas blesse, c’est que l’autrice en fait des caisses du côté de ce qui les oppose : le bad boy richissime et queutard, face à la sérieuse, sage et prude (?) archère. Je n’ai pas du tout aimé qu’elle force tant le trait sur la vulgarité et la provoc d’Hunter. Il fait vraiment sale gosse capricieux et on a tout le temps envie de le castrer, même quand il « s’adoucit » et se la joue plus romantique. C’est dommage parce que sinon sa relation compliquée à sa famille était fort intéressante et c’était sympa de voir un type un peu pourri, le rester quand même avec les autres, même après avoir changé avec elle. Il est piquant, ce petit ! De la même façon l’autrice en fait trop et de manière maladroite avec les complexes de Sailor. Pourquoi avoir absolument voulu transformer cette fille réservée ? Ce n’est pas normal de l’être ? On n’a pas le droit ? Certes, c’est moins vendeur, mais j’aurais aimé qu’on ne cherche pas à en faire une énième fille « qui se fait belle pour le mec qui lui plaît », mais qui plutôt change, s’ouvre, s’endurcit pour elle-même et seulement si elle le souhaite.

Autre reproche justement : l’âge des personnages. Qui croirait qu’ils ont 19 ans ? Franchement, il faut arrêter ça. Quand on donne des attitudes et caractéristiques aussi matures aux personnages, il faut leur donner l’âge qui va avec et arrêter de pousser le lectorat à ne s’intéresser qu’à des personnages de leur âge. C’est ridicule et pas crédible.

Dans le même genre, les familles respectives de nos héros sont vraiment too much. Qui imagine le côté hyper tordu de celle de Hunter avec le grand frère psychopathe, la mère dépressive (et +), le père tyrannique et insensible, la petite soeur fragile et effacée. On se croirait revenu au temps des Highlanders, mais c’est peut-être voulu vu leurs origines. C’était quand même bien gratiné. Idem chez Sailor, mais peut-être un peu plus atténué et mieux travaillé. L’autrice a d’ailleurs sorti un spin-off sur eux, dispo en grand format chez nous depuis quelques mois : Sparrow. Mais le père qui kidnappe et épouse la mère sans l’aimer et le frère qui a tout du caïd, c’est bien craignos aussi. Bref, vous l’aurez compris, je n’aime pas ce genre de profil que je trouve surjoué.

Malgré tout la sauce a pris et bien pris. Nullement effrayée par le langage peu châtié du héros et sa famille de sociopathes, j’ai aimé suivre le tendre rapprochement entre deux êtres n’ayant rien à voir, mais qui vont permettre à l’autre de se trouver et s’épanouir dans l’adversité, surmontant bien des obstacles pour être ensemble. L’autrice a, et a toujours eu, une plume addictive qui me capture malgré des schémas classiques flirtant avec la toxicité. C’est réellement mon petit plaisir coupable des romances New Adult.

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Diana, Luna, Maria, Mylène, Le sentier des mots, Steph, Vous ?

Tome 2 : The Villain

L.J.Shen nous a habitué à des romans sulfureux où ses héros ne sont pas des saints, mais clairement avec les Boston Belles on franchit un cap et avec Hunter et Kill, les deux héros des premiers tomes également. Est-ce que j’aime cela ? Oui, mais en étant un public averti. Je ne confierais absolument pas cette lecture à des lectrices adolescentes comme on en voit parfois malheureusement.

Hunter était le premier frère de cette riche multinationale issu d’une famille de détraqués, que nous avions rencontré. Il y avait à ses côtés, son frère aîné : Cillian ou Kill, qui faisait froid dans le dos. C’est lui le héros de ce tome que j’ai lu à mes risques et périls, car clairement Kill n’est pas des héros que j’affectionne.

La lecture ne partait pas sous les meilleurs auspices avec le duo de cette nouvelle histoire. Si j’aimais les références invoqués par les noms et attitudes de chacun : elle, Perséphone, lui, un Hadès moderne, j’avais en revanche bien plus de mal avec le côté groupie de la première et la méchanceté gratuite et la froideur du second. Et pourtant au fil de l’histoire, au fil de leurs confrontations, au fil des révélations et des épreuves de la vie, quelque chose s’est passé. Nous sommes clairement avec une lecture exigeante, une lecture qui exige du lecteur de faire un pas de côté, de se confronter à des situations horribles qui vont flirter avec le curseur de sa morale mais dont la finalité paie pour tous ces efforts.

Malgré mon manque d’affinité avec Perséphone, j’ai aimé la voir partir à la conquête de la forteresse Cillian. Leur première confrontation sur base d’un empoisonnement involontaire était déjà des plus cocasses, mais la suite est encore plus rocambolesque avec ce contrat pour la sauver sa mafieux voulant la prostituer pour payer les dettes de son mari parti en cabale. L’autrice va loin quand même dans l’incongruité et l’inattendu. Cillian apparaît ainsi à ses côtés à la fois comme la figure du sauveur et du méchant, une sorte de Bête (de la Belle et la Bête) avec des travers qu’il évoque toujours sans jamais bien les définir. On va découvrir un personnage bien plus intéressant avec lui, un homme qui se contient en permanence et se refuse de céder à ses émotions et même d’en éprouver. C’est très dur de le suivre et sa relation avec Perséphone est vraiment pleine de « warning ».

Je ne peux ainsi pas dire que j’ai aimé voir leur couple. C’était douloureux de le voir mal lui parler, mal la traiter, la négligeant et étant infect avec elle. Ce n’était guère mieux de la voir souvent accepter cela et se rebiffer certes, sûrement pour faire plaisir au lecteur, mais revenir toujours vers lui. Certaines scènes de quasi humiliation verbales ou physiques furent douloureuses psychologiquement pour moi. Mais en même temps, j’ai pris plaisir à la voir résister, lutter, faire tomber peu à peu ses barrières. Comme beaucoup de lectrices, je pense, j’aime ces moments où « un grand méchant » se métamorphose peu à peu et réalise ce qu’il y a de mauvais dans sa vie, ce qui doit changer et le fait. Ici, la source en plus des troubles de Cillian est poignante et si on la devine assez vite, elle nous frappe et nous touche quand même, même si l’autrice à nouveau, en fait peut-être un peu trop pour moi.

L’histoire d’ailleurs ne s’arrête pas là. Au-delà de ce jeu de chat et de la souris qui se crée entre eux, il y a également toute une dimension familiale et amicale que j’ai aimé suivre. Ça m’a plu de parler de l’engagement de la société de Kill et Hunter dans le forage de pétrole. J’ai aimé revoir le couple du tome précédent attendant leur premier enfant. Les filles, amies de Perséphone, ont vraiment bien joué leur rôle ici, et les garçons aussi, à leur façon, auprès de Cillian. Il y a même eu une sorte de petite enquête à base d’espionnage, de filature et d’écoute assez sympathique, avec des débouchés poignants évoquant maltraitance et violence psychologique. L’autrice tape fort sur ses adultes qui bousillent la vie de leurs enfants par leurs actes, leurs paroles, leur mauvais comportement professionnel ou dans relationnel dans leur couple. Il y a eu ainsi plein de petits à côté, de leurs amis, en passant par les petits surnoms qu’ils se donnent ou le mordant de leurs échanges, qui ont fait de cette lecture quelque chose de savoureux malgré le cadre très sombre.

Saga que je partais vraiment pour ne pas lire en découvrant les résumés, je me retrouve à prendre plaisir à découvrir l’évolution de chacun de ses sombres héros. Alors oui, l’autrice va parfois trop loin dans le glauque et tombe dans une surenchère ridicule, mais les troubles et douleurs psychologiques sous-tendant chacun sont aussi forts et poignants, rendant la lecture marquante. J’ai ainsi autant détesté qu’aimé l’évolution du couple Kill-Perséphone et j’espère bien les recroiser pour continuer à les voir grandir dans les prochains tomes consacrés à Aisling et Belle.

Tome 3 : The Monster

Me voilà à nouveau face à un dilemme pour évoquer cette lecture. Je ne peux nier que je l’ai dévoré, que je suis restée scotchée à l’histoire et que je me suis attachée à ce qui se passe comme aux personnages. Mais en même temps, c’était extrêmement toxique, souvent dans la surenchère également et clairement j’ai eu le sentiment que j’ai déjà lu mieux et plus fin chez l’autrice.

Je savais en entamant la lecture qu’elle me questionnerait au vu du métier de Sam : parrain de la mafia, mais vu ce que j’avais vu de lui dans les précédents tomes, je ne pensais pas que ce serait autant. L’autrice se fait un plaisir de nous décrire quelqu’un d’extrêmement sombre pour qui la rédemption est difficilement crédible, qui a eu un passé terrible le faisant totalement vriller et chez qui on ne voit pas l’espoir ni l’envie d’en sortir. Dur dur. En plus, face à lui, elle se proposait de nous mettre Aisling, la soeur des héros des tomes précédents, sorte d’ange sur Terre. La divergence était trop forte. Heureusement elle saura apporter de la nuance.

Je vais de suite évacuer ce que je n’ai pas aimé : le contexte soi-disant mafieux du titre qui n’est pour moi qu’un prétexte pour dire combien Sam est un bad boys torturé hyper sombre. Je n’y ai pas cru. L’autrice n’exploite pas assez le métier de celui-ci à part pour lui faire tuer de temps en temps des inconnus afin de faire peur à Aisling et qu’elle voit combien il est irrécupérable. Nul. Si on veut jouer avec la mafia, autant la faire réellement exister. Ici, nada. Ajoutez à cela, un héros qu’on veut nous décrire comme sombre très sombre et pour cela on le rend vulgaire au possible et totalement détestable avec l’héroïne pendant les 3/4 du roman. Nul à nouveau. On peut être sombre et torturé et ne pas sombrer dans de tels clichés. Il suffit de voir les portraits de ses romans précédents. Bref, je n’ai pas aimé cette accumulation de clichés maladroits et mal écrits de la « dark romance ».

Heureusement le roman ne s’arrête pas à ça. L’autrice a su créer autour de cette noirceur une histoire de vengeance pleine de suspense et de rebondissements avec une belle profondeur, qui m’a tenue en haleine jusqu’au bout. J’ai beaucoup aimé suivre le plan détestable de Sam pour se venger du père d’Aisling et assister à toutes les conséquences, voyant ce dernier vriller et sa famille avec, c’était aussi machiavélique que jouissif. J’ai encore plus aimé voir Aisling, malgré ses sentiments, lui tenir tête et chercher à le défier pour le piéger à son tour. Ce jeu du chat et de la souris a parfaitement fonctionné avec moi.

Grâce à cela, la romance que je craignais énormément, car il faut dire qu’elle débute quand même avec un rapport assez brutal suivi d’une héroïne bien trop soumise et décrite comme la petite fille naïve amoureuse depuis toujours du méchant diable, passe bien mieux que je ne l’espérais. Je n’ai pas aimé son côté sombre, je persiste et je signe. En revanche, j’ai aimé la tension qu’il y avait entre eux, la résistance de Sam et sa manière de céder. J’ai apprécié de découvrir une Aisling plus combattante qu’annoncé. J’ai aimé découvrir sa part de noirceur et de mal être avec cette famille tellement déglinguée qu’elle se traîne. La rencontre des deux ou plutôt la façon dont ils se percutent était assez addictive, on avait envie de voir qui allait céder en premier et comment ils allaient construire quelque chose. Je ne suis pas convaincue par tout, loin de là, mais j’ai trouvé cela fort addictif à lire et j’ai apprécié l’évolution de chacun sans qu’il se renie pour autant, ce qui est rare avec de tels clichés au démarrage.

Je ne suis pas et ne serait jamais, je crois, une adepte des « dark romance », mais je sais occulter cela pour apprécier les autres mécanismes en branle quand il y en a des addictifs comme ici. Ainsi plus que la romance, j’ai aimé suivre les chemins de vie de ces 2 nouveaux écorchés de la vie. J’ai adoré assisté à leurs plans de vengeance et de conquête. Ce fut palpitant et jouissif, amusant et émouvant, une lecture qui se dévore malgré ses défauts.

Couverture Boston Belles, tome 4 : The Wolf

Tome 4 : The Wolf

Ce n’est jamais facile de finir une saga, surtout en romance avec des tomes compagnons comme ici où souvent on grille ses cartouches dans les premiers pour garder le personnage le plus secondaire pour la fin. Ce fut malheureusement le cas de The Wolf qui en plus souffrait d’une accumulation de biais narratifs dont je ne suis pas friande ^^!

Après avoir eu droit aux deux frères de la famille Fitzpatrick et à leur soeur, il restait qui ? Leur avocat. Et ça tombe bien parce que côté fille, il restait aussi une copine parmi ce groupe s’étant juré de ne se marier que par amour, la soeur de la femme de Cillian, l’aîné des Fitzpatrick. Vous suivez ? C’est un peu ça le hic dans ce type de série où les autrices essaient de caser ensemble tous les membres d’un groupe d’amis. Vive l’endogamie poussée à l’extrême ^^!

Soyons franc, même si j’ai dévoré cette histoire, parce que je trouve toujours la plume de l’autrice addictive et que j’apprécie sa manière de pimenter les relations sur base, très souvent, de joutes verbales dont je raffole, ce n’est pas non plus une réussite pour moi. Le titre réunit trop d’éléments narratifs que je n’aime pas et qui sont poussés, poussés, jusqu’au bout ici. Faisons un peu le tour.

Nous avons d’abord le trope du millionnaire/milliardaire + membre de la noblesse anglaise ici, avec un Devon Whitehall qui a fui sa famille pour se transformer en self-made man aux Etats-Unis. C’est le cliché du type qui a réussi et ne veut pas d’engagement, mais qui a un passé trop sombre qui explique cela. Il y a un vrai manque de finesse dans l’écriture des premières caractéristiques du personnage qui m’a vraiment fait lever les yeux au ciel. Et c’est plus dans les détails de celui qu’il est au-delà de ça qu’il m’a charmée, avec sa prévenance, sa manière de lutter puis succomber à ses sentiments, son désir de trouver une famille à lui, son courage de ne pas céder à la pression parentale parce qu’il mérite tout autant d’être heureux lui aussi.

S’y ajoute le trope de la fille qui veut un enfant et qui tombe enceinte. Ne voulant pas d’enfant pour ma part, c’est forcément quelque chose de bloquant pour moi quand c’est présenté en plus comme un désir sortant un peu de nulle part comme ici, et que cela se passe de manière aussi désinvolte avec un contrat entre deux parties prenantes n’étant pas en couple et ne voulant pas l’être… C’est extrêmement tiré par les cheveux et je n’ai pas aimé ce total manque de réalisme. De même, une fois Emmabelle enceinte, j’ai été partagée entre le fait de la trouver attachante dans sa manière de parler à « sa fille », d’aimer sans désir d’indépendance qu’elle défend farouchement, et en même temps son caractère trop entier que l’autrice accentue trop au point qu’elle se met volontairement régulièrement en danger. Ça manque à nouveau de nuance.

Pour ne rien gâcher, il y a encore par dessus le marché cette idée de vouloir donner à chacun un passé qui craint sérieusement : viol et relation malsaine/toxique d’un côté, parents défaillants et trauma d’enfance de l’autre. N’en jetez plus ! Surtout qu’encore une fois c’est écrit de manière très très maladroite. J’ai trouvé vraiment gênant la relation entre Belle et son coach alors qu’elle est ado et la manière dont l’autrice gère et conclut celle-ci. Ce n’est pas un bon message. De la même façon, tout est très caricatural du côté de Devon et sa famille, avec des membres totalement fous autour de lui, et un manque total de crédibilité de mon côté en tant que lectrice. Je comprends que dans les deux cas, c’est pour ajouter tensions et rebondissements, surtout que quelqu’un menace Belle depuis le début et qu’on se demande (mais bien sûr…) qui ça peut être, mais j’ai trouvé tout ça bien trop exagéré.

Alors que reste-t-il ? Une relation qui se construit péniblement sur tous ces malaises avec des personnages qu’on j’aurai sûrement vite fait d’oublier, désolée. L’autrice ne leur laisse pas l’opportunité d’être autre chose, ou si peu, que le cliché qu’ils véhiculent. Et si ça peut être touchant de les voir dépasser leurs craintes et barrières pour oser s’ouvrir et s’autoriser à aimer et être aimé, c’est beaucoup trop noyé sous toutes les maladresses qui émaillent l’histoire. Alors oui, c’est addictif à lire. Est-ce bon pour autant ? Non. C’est l’un des romans que j’ai le moins aimé chez l’autrice.

7 commentaires sur “Boston Belles : The Hunter / The Villain / The Monster / The Wolf / Sparrow de L. J. Shen

      1. Ce n’est même pas la question d’être à l’aise ou pas, c’est plus que je n’éprouve aucun intérêt pour les romances (en tant que genre littéraire, je n’ai rien contre les histoires d’amour dans les autres genres) en général (et encore moins pour celles qui, comme tu le soulignes dans ton billet, mettent en avant des relations toxiques).

        J’en ai lu un peu étant ado/jeune adulte, mais je m’en suis vite lassée: pour moi, c’est toujours plus ou moins le même schéma, on sait comment ça va finir dès le début et je ne trouve pas ce genre romantique, émouvant ou émoustillant. J’ai besoin de croire un minimum à ce que je lis pour être emportée dans une lecture et ces histoires-là, je n’y crois pas.

        Après je comprends qu’on puisse apprécier ce genre, je ne juge absolument pas les lecteur-ice-s les apprécient (chacun-e a bien le droit de lire et d’aimer ce qu’il/elle veut), plusieurs personnes dans mon entourage en lisent beaucoup, on en discute parfois et c’est toujours sympa. C’est juste pas mon truc ^^

        Désolée pour ce long message, ta réponse m’a fait réfléchir et je trouve intéressant d’en discuter. ça pourrait être chouette d’écrire un billet sur ce sujet, même. Je vais y réfléchir.

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      2. Et je comprends aussi parfaitement qu’on n’aime pas le genre si comme toi, on ne parvient pas à y croire ou à rêver devant ces histoires. Donc zéro jugement chez moi aussi 😉
        Je trouve ça même chouette que tu aies réfléchi sur le pourquoi et que tu échanges dessus. J’aime discuter comme ça calmement à coup d’arguments avec les gens aux goûts différents des miens, c’est toujours enrichissant et ça offre de nouvelles perspectives 🙂

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  1. Je ne vais pas lire cette série ou peut-être qui sait… un jour.
    Par contre, je suis d’accord avec toi sur l’âge des protagonistes. Je suis toujours choquée quand je lis qu’ils ont souvent autour de 18-19 ans. Ce n’est absolument pas crédible ! Pourquoi pas leur donner 10 ans de plus ? Cela paraît un minimum dans ce genre de récit. Il faut laisser de si jeunes âges pour les récits scolaires.
    Je trouve que cette façon de faire est très américaine.

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    1. J’avoue que je ne lis pas assez de romance française pour dire, mais le fantasme de jeune à qui il arrive tout ça et qui ont une telle maturité, c’est néfaste. Ça met entre les mains de certains lecteurs trop jeunes, des lectures pas encore faites pour eux. Et si les français évitent cet écueil tant mieux !

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