Livres - Contemporain

Olympus Texas de Stacey Swann

Titre : Olympus Texas

Auteur : Stacey Swann

Traduction : Jean Esch

Éditeur vf : Seuil

Année de parution vf : 2024

Nombre de pages vf  : 422

Histoire : March a commis l’irréparable : il a entretenu une liaison avec la femme de son frère. Après deux ans d’exil, il décide de revenir dans sa petite ville natale, Olympus Texas. Mais son retour est loin de ravir l’ensemble des membres de la famille : sa mère, qui a elle-même été trompée moultes fois par son mari, ne lui a pas pardonné ; son frère rêve de régler la chose à coups de poing ; les jumeaux, enfants illégitimes de son père, se trouvent impliqués dans un accident fatal.
Chacun est absorbé par ses propres soucis, qui s’ajoutent à ceux des autres. Les vieilles rancœurs rejaillissent, les loyautés sont mises à mal… Une réconciliation est-elle encore possible ?
Avec brio et une rare finesse psychologique, Stacey Swann entremêle les souffrances les plus intimes aux rebondissements les plus inattendus, et signe un roman aussi tragique que palpitant.

Mon avis :  

Ce qu’il y a de chouette avec les propositions de Babelio pour les Masses Critiques, c’est que ça permet de sortir de notre zone de confort. Avec Olympus T.E.X.A.S., je pénètre ainsi dans la littérature américaine contemporaine, dramatique et familiale avec un premier roman vendu comme inspiré de la mythologie. Et vous savez combien j’aime la mythologie !

Cependant nous sommes ici dans un premier roman et cela s’en ressent d’un bout à l’autre, malgré la plume grinçante et pleine d’allant de Stacey Swann. En effet, quand on fait référence à de la mythologie, il doit y avoir une certaine hauteur pour moi et on est ici sur un texte des plus terre à terre, sans poésie, lyrisme ou originalité et imagination. Je suis ainsi plus d’accord avec la phare de USA Today : « Un véritable coup de balai qui dépoussière la saga familiale américaine », qu’avec celle de Richard Russo (auteur américain à succès) qui dit que ce roman est « une incarnation de la mythologie grecque débridée et follement divertissante ! ».

Nous sommes Olympus, petite bourgade du Texas et nous y suivons les déboires et galères d’une famille qui détonne dans le paysage avec son père, Peter, qui a couché à droite à gauche, étant jeune, semant des enfants aux quatre coins de la ville, qui vont cohabiter avec ses propres enfants, qui ont eux mêmes certains côtés dysfonctionnels. C’est drôle et grinçant de découvrir les tenants et aboutissants de cette famille pas comme les autres où jalousie et colère sont souvent exacerbées. C’est peut-être en cela que Richard Russo y a trouvé un écho avec la mythologie. Mais la plume de l’autrice, des plus simples, elle, ne suggère pas du tout cela à mes yeux. C’est plutôt une chronique sincère et honnête de notre époque où tout part à vau-l’eau, notamment les valeurs familiales.

J’ai ainsi pris plaisir à découvrir les membres de cette famille au cours de ce roman construit comme une mini-enquête familiale à suspense, ou une chronique sur les dérives d’une famille dans un petit village. L’autrice a découpé son roman en plusieurs parties reprenant les jours fatidiques que nous allons suivre où tout va dérailler. La narration est vive, rapide. Les phrases courtes et simples. Ça se lit tout seul. Cela manque cependant d’approfondissement pour moi avec des personnages assez archétypaux qui évoluent peu et restent bien souvent dans le rôle qu’on leur découvre au début, alors que les épreuves de la vie auraient dû les faire changer ne serait-ce qu’un peu.

J’ai été frustrée par les choix d’écriture de l’autrice. Elle fait reposer un certain mystère sur l’un des membres de la fratrie au début, qui est assez explosif et sur lequel on s’interroge. Ne souffre-t-il pas d’un trouble quelconque pour être ainsi ? Cela aurait été intéressant de partir dans cette direction et non pas dans une banale colère mal digérée sur laquelle on ne travaille jamais. Non, elle fait le choix de centrer plutôt son titre sur une surprise qui arrive à la moitié du tome et qui va accélérer les désunions et mésententes de la famille, mais aussi les liens étranges de chacun, au cours d’un incident tragique et imprévisible. Là aussi, j’ai eu le sentiment surtout d’un prétexte et non de quelque chose de réellement travaillé pour ce que ça aurait pu être. Dommage. C’est un second rendez-vous manqué.

Alors fondamentalement, j’ai aimé cette famille décomposée – recomposée aux personnalités multiples. J’ai trouvé intéressant la figure de ce père coureur et la façon dont il envisageait sa famille XXL, même si c’est au fond un personnage moralement détestable. J’ai été tragiquement fascinée, de manière presque morbide, par sa femme qui est restée malgré tout et a subi tout cela. Qu’est-ce que j’ai eu envie de la secouer et qu’est-ce que je lui ai reproché son désintérêt vis-à-vis de ses enfants. J’ai eu de la peine pour ses enfants qui ont dû cohabiter péniblement dans une petite ville pleine de ragots avec leurs demi-frères et soeurs. Je me suis amusée des drames à la Dallas entre eux, avec ces coucheries, tromperies, jalousies, les jeunes n’ayant rien à envier aux vieux. L’ambiance petite ville est bien rendue en cela, même s’il n’y a pas réellement de scènes décrivant cette vie là-bas, tellement on est auto-centré sur ces individualités. C’est surtout les jumeaux qui m’ont intéressée avec le drame qui les touche et la manière dont tout s’articule ensuite entre eux. Mais cela m’a laissé un grand sentiment d »inachevé dans l’ensemble.

Texte qu’on m’avait vendu comme beaucoup plus révolutionnaire qu’il ne l’ait, Olympus Texas est une fresque familiale assez classique avec des membres qui se déchirent, s’éloignent et se retrouvent. Les drames eux-mêmes n’ont rien de particulièrement remarquables malgré le côté fort dysfonctionnel de la famille. Parfois la communication des éditeurs fait plus de mal que de bien, car je m’attendais vraiment à un texte avec une certaine hauteur, une certaine acerbité du fait de la mention de cette « mythologie débridée ». Je suis restée sur ma faim. Ce fut un bon divertissement mais inabouti sur bien des points. Un premier jet encourageant.

(Merci à Babelio et Seuil pour la découverte de cette nouvelle plume)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : L’oeil de Sauron, Peluche, Vous ?

9 commentaires sur “Olympus Texas de Stacey Swann

  1. Je l’avais noté suite à différents avis mais vu ton avis, je ne suis pas certaine que ce soit pour moi, a fortiori si les personnages n’évoluent guère en plus d’être stéréotypés.
    Je te rejoins complètement sur la communication des éditeurs parfois dommageable en créant de fausses attentes.

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    1. Si on aime la littérature américaine, ça peut très bien passer, il y a un belle atmosphère, mais clairement mieux vaut ne pas écouter la com’.
      Je ne comprends pas ce besoin de vendre un titre pour ce qu’il n’est pas. N’a-t-il pas suffisamment de qualité pour avoir été édité ? Pourquoi en inventer d’autres ?

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  2. Le manque d’originalité et d’approfondissement que tu soulignes m’incites à ne pas retenir ce titre, d’autant que les références à la mythologie n’ont pas l’air si intéressantes que ça.
    Dommage que l’autrice n’ait pas su aller plus loin.

    Aimé par 1 personne

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