Livres - Science-Fiction

 La Maison des Saints de Derek Künsken

Titre : La Maison des Saints (Venus Ascendant Duology #2)

Auteur : Derek Künsken

Éditeur vf : Albin Michel Imaginaire

Année de parution vf : 2024

Nombre de pages : 575

Histoire : La spectaculaire conclusion de la saga vénusienne de Derek Künsken.

La famille d’Aquillon a trouvé un trésor dans les profondeurs de Vénus. Pour le mettre à l’abri, elle s’est associée à deux autres familles de colons. Ensemble, elles forment « la Maison de Styx ». Alors qu’elles acheminaient du matériel à proximité de l’inestimable découverte, notamment du métal, extrêmement rare sur Vénus, Marthe, la fille aînée des d’Aquillon, a perdu la vie. C’est une famille en deuil qui doit désormais affronter le gouvernement vénusien et la banque de Pallas qui ne cherchent qu’une chose : la spolier. Car trouver un trésor est facile ; le garder l’est beaucoup moins. Mais la Maison de Styx, d’origine modeste, est déterminée à devenir l’une des sociétés les plus puissantes de la galaxie connue… Quitte à mettre son existence en jeu. Un risque qu’elle va courir, sans hésiter.

Mon avis :

Après avoir adoré l’astuce et le vertige de son Magicien Quantique et son Jardin, j’avais eu une sacrée surprise en découvrant sa proposition de voyage sur Vénus où imaginaire et sociologie s’était magnifiquement percutés. J’attendais donc beaucoup de cette suite et fin sur la planète. Malheureusement si ce fut un divertissement très efficace, l’histoire fut un peu trop « Vénus à Vénus » pour moi.

Derek Künsken est un peu l’auteur de la surprise pour moi. Il a une capacité folle pour m’entraîner là où je ne l’attends dans des univers que je pensais sérieux et complexes mais qui se révèlent surprenant. Cela a fonctionné dans plusieurs de ses écrits mais c’est un peu tombé à côté dans ce tome-ci, avec une surprise qui ne m’a pas vraiment convenue. Après la fin de sa précédente aventure, je pensais qu’il avait lâché les chevaux en matière de SF vertigineuse et qu’il allait m’entraîner dans une aventure incroyable à dos de trou de ver. Ce ne fut malheureusement pas le cas, je suis restée pieds et poings liés à Vénus, sur Vénus même, et j’ai eu du mal à accepter cela.

Cela se lit pourtant toujours avec autant de facilité, ayant une plume des plus accessibles et fluides. Les chapitres sont courts rendant la lecture dynamique. On replace très facilement les différents personnages et lignes scénaristiques, notamment grâce à un résumé fort bienvenu en début de tome. L’intrigue en plus devient vite limpide et n’a rien de complexe, ce qui rend la lecture aisée et même addictive au bout d’un moment, mais le vertige de la découverte, lui, a disparu.

L’auteur, contrairement à ce que j’attendais, propose une SF éloignée du sense of wonder, pour quelque chose de bien plus simple où il est question d’un côté de dysphorie de genre et de l’autre de guerre contre un consortium politico-financier qui souhaite mettre la main sur les richesses de Vénus. Ça ne ressemble pas beaucoup aux promesses que j’avais cru percevoir dans le tome 1…

La première partie, très centrée, sur Pascal/Pascale et ce que son changement de sexe occasionne chez ses proches, ne m’a pas beaucoup plu. C’était fort long et répétitif, sans réel progrès jusqu’à la fin du volume en plus. Certes cela a un petit côté réaliste et c’est quelque chose de rarement abordé dans la SF que je lis, mais est-ce que cela m’oblige à aimer quand c’est maladroitement écrit et intégré ? Non.

La suite plus axée sur les tensions avec La Banque et le Gouvernement fut plus entraînante à lire, créant plus d’action, de rebondissements, donnant plus de vie à cette lecture un peu morne dans un premier temps. La Maison de Styx ne se laisse pas faire, combat ces oligarques qui veulent tordre le droit pour prendre leurs richesses, fruits de leur labeur. Ils se rebellent et c’est addictif de suivre leur résistance, dans les airs et sur Vénus, à l’aide notamment de leurs découvertes précédentes. Cependant, je dois aussi reconnaître nombre et nombre de facilités de la part de l’auteur, comme la construction d’un vaisseau en état de marche en à peine 12h… C’est bien de vouloir faire divertissant, c’est mieux de faire crédible.

Alors pourquoi est-ce que ce fut tout de même une très bonne lecture ? Parce que j’ai trouvé l’aventure diablement addictive à lire. Je voulais vraiment savoir si Pascal(e) allait être accepté(e) et allé(e) aller au bout de son projet, s’ils allaient réussir à lutter contre La Banque et leur Gouvernement, s’ils allaient faire quelque chose de ce trou de ver, etc. Il y a en plus ici toute la genèse du futur univers de l’ensemble des textes de l’auteur comme semble le dire la chronologie qu’on retrouve dans les dernières pages et moi, j’aime les auteurs qui bâtissent de tels univers tentaculaires où tout est lié. Reste maintenant à voir si les autres lecteurs suivront et si l’éditeur français aussi. Je croise les doigts.

Suite avant tout fort divertissante, La Maison des Saints a eu le mérite de me surprendre avec une proposition différente de celle que j’attendais. Plus « Terre à Terre » et moins WoW que prévue, cette lutte contre un consortium policito-financier dans un contexte de petit peuple ouvrier voulant qu’on respecte ses droits est diablement d’actualité, ajoutez une dimension sociétale « genrée » et vous avez un texte très actuel qui a tout pour plaire, même s’il ne défrise pas comme je l’aurais souhaité. Ça me donne envie de relire les autres romans de Derek Künsken avec ceci en tête et je croise les doigts pour que son oeuvre continue d’être traduite chez nous.

(Merci à Albin Michel de continuer à éditer l’univers de cet auteur)

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Liboveok, Vous ?

9 commentaires sur “ La Maison des Saints de Derek Künsken

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