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La trilogie de l’héritage de N.K. Jemisin

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Titre : La trilogie de l’héritage

Auteur : N.K. Jemisin

Editeur vf : Le livre de poche  Orbit

Années de parution vf (poche) : 2012-2013

Nb de tomes : 3 (série terminée)

HistoireMon nom est Yeine et j’ai dix-neuf ans. Je suis membre du peuple darrène, au Nord des cent-mille royaumes. Une barbare. Il y a un mois, ma mère a été assassinée. Elle était l’héritière des Arameris, la plus puissante famille du monde. Ce matin, j’ai reçu un message de l’empereur, mon grand-père : une invitation à venir séjourner à Ciel, le palais familial. Plus qu’une invitation, un ordre.
Je veux découvrir pourquoi ma mère est morte. Même si on ne revient jamais de Ciel.

Mes avis :

Tome 1 : Les cent mille royaumes

J’ai voulu tester cette nouvelle saga après avoir vu qu’elle avait reçu un prix sur le site Elbakin, qui est LA référence pour moi en matière de Fantasy et je les en remercie. J’ai découvert avec Les cent mille royaumes une nouvelle plume, celle de N.K. Jemisin qui a  une manière toute à elle de jouer avec les codes de la fantasy et de proposer un nouveau genre de récit.

En effet, son histoire, qui est une sorte de huis clos alors qu’elle concerne l’humanité toute entière, est un mélange subtile d’aventure, de magie, de romance et de mythologie dans laquelle les Dieux ont une part prégnante et concrète. Ceux-ci sont en fait les vrais héros de l’histoire que nous suivons à travers le regard de la petite fille de l’Empereur. On pourrait croire que c’est Yeine l’héroïne, que c’est son destin que nous suivons, que c’est autour des questions qu’elle se pose sur son héritage, sa mère, son devenir que tout tourne mais ce n’est pas le cas. N.K. Jemisin est assez maligne pour ne pas limiter son histoire à celle de cette jeune adulte en quête de repères dans un monde qu’elle ne connait pas. Son histoire est plutôt celle des Dieux présents et passés qui régissent ce monde, des Dieux qui sont en même temps tellement humains. Elle peint ainsi une très belle mythologie avec des personnages divins très attachants qu’on découvre peu à peu mais qui savent aussi garder leur part de mystère. Cela donne à l’ensemble une ambiance inquiétante voire dérangeante parfois, les hommes étant autant si ce n’est plus cruels que les Dieux qu’ils adorent. J’ai beaucoup aimé découvrir l’univers de Yeine aussi bien côté terrestre que divin. J’ai aimé découvrir les personnages petit à petit en en apprenant assez pour satisfaire ma curiosité mais en en ignorant toujours un peu pour susciter mon intérêt. Je suis allée de surprise en surprise en suivant les complots des uns et des autres et les mouvements qu’ils annonçaient. J’ai beaucoup aimé la romance qui s’est peu à peu développée sans qu’on s’y attende ou qu’on le veuille vraiment ainsi que les relations qui se tissent entre Yeine et les Dieux. Cela donne un titre très particulier où l’univers propre à la fantasy côtoie celui de la romance faisant presque ressembler ce roman à un titre de Young Adult réussi (ce qui est fort rare selon moi…).

Ce titre est une vraie pépite. Son originalité pourra séduire ou rebuter. Ce n’est pas une grande fresque pleine d’aventure. L’ensemble se passe dans un temps et un espace restreint mais c’est bourré d’actions et d’émotions. La fin m’a particulièrement plu d’ailleurs tant je l’ai trouvée juste. En plus, c’est un roman auto-conclusif. On n’est pas obligé de lire la suite, celle-ci se suffit à elle-même.

Note : Petite déception cependant concernant les couvertures de la version poche qui ne sont pas à la hauteur de celles du grand format…

 

Tome 2 : Les royaumes déchus

Presque un an plus tard, me revoilà à lire la suite de cette trilogie de l’héritage. J’ai vraiment retrouvé avec délices la plumes si addictive de N.K. Jemisin. C’est une conteuse née. Elle a un style pur et simple qui va droit au but. Elle n’a pas besoin de fioritures et autres tournures alambiquées comme on en voit chez certains. Son récit n’a pas de temps mort non plus. Il alterne entre action et réflexions philosophiques, le tout dans un monde impitoyable.

Dans ce deuxième tome, nous changeons de paradigme. Nous ne sommes plus du côté des Dieux, mais nous suivons à la place une jeune mortelle aveugle, mais dont les yeux lui permette de distinguer les différentes émanations de la magie. Elle va sans le vouloir se retrouver embarquer dans une sorte de thriller haletant où l’on cherche à découvrir qui tue les enfants des Dieux, les génitures.

J’ai beaucoup aimé ce changement de point de vue. J’ai presque eu l’impression de découvrir une nouvelle série. Je suis repartie presque vierge de toute information et du coup je me suis laissée balader comme une bleue. Pourtant, il y a plein de liens avec le tome précédent. On retrouve des personnages connus mais vu à travers un regard différent ce qui permet de leur donner une autre dimension et ce qui m’a fait réfléchir sur sa précédente histoire.

J’ai également vraiment aimé la nouvelle héroïne, Orie qui n’a pas une vie facile. Son pouvoir et sa généalogie sont très intéressants. J’ai aimé entendre « sa voix » au début des chapitres, cela permet de s’attacher encore plus à l’histoire. J’ai aimé la façon inattendue par laquelle elle se retrouve impliquée dans toute cette histoire. Mais surtout, j’ai adoré ses relations avec les Dieux et les génitures. Les relations entre les personnages sont le gros point fort de ce nouveau tome. Sa relation avec Madding est belle et tragique, de même que celle qui se dessine entre elle et Brillant dont l’issue ne m’a pas surprise.

Du côté de l’histoire, c’est intéressant de suivre une enquête pour découvrir qui tue les génitures à Ombre. La ville d’Ombre est d’ailleurs un paysage tout autant à la hauteur que Ciel avait pu l’être. Le récit est fait de nombreuses surprises et retournements de situation que je n’avais pas vu venir. On se retrouve ainsi peu à peu avec une histoire bien plus profonde qu’une simple enquête. On se retrouve avec une vraie réflexion sur l’amour aussi bien l’amour passion, que l’amour pour les membres de sa famille, mais aussi une réflexion sur le handicap et les différences ou encore sur la peur de l’autre.

J’ai donc retrouvé N.K . Jemisin avec un grand plaisir et je vais de suite enchaîner sur le dernier tome, en sachant que normalement sa nouvelle série : The Broken Earth et son tome 1 : The Fifth Season, devrait arriver chez nous cette année chez J’ai Lu dans la collection « Nouveaux Millénaires ». L’ouvrage avait obtenu le prix Hugo du meilleur roman 2016, alors ce n’est pas une surprise, non plus ^^

 

Tome 3 : Le Royaume des Dieux

Déjà le dernier tome de la série et je suis vraiment triste de quitter les personnages qu’on a rencontrés tout au long de ces trois tomes. Je m’étais vraiment attachée à cet univers entre mortalité et déité, ainsi qu’aux personnages qui le peuplaient et qu’on retrouve dans ce dernier tome. Celui-ci est un peu le condensé et le point d’orgue de la série. Nous suivons le destin de Sieh, le diablotin du premier tome qui avait tant fait pour le couple Yeine – Nahadoth et que j’avais trouvé très attachant.

Ici l’auteur a construit le tome autour de lui, aussi bien au niveau de l’histoire dont il est le héros que de la narration qui est calquée sur la nature de Sieh. En effet, celle-ci se révèle être aussi décousue que l’attitude et les actes du diablotin, mais elle murit également avec lui au fur et à mesure des chapitres. Au début, c’est assez perturbant. L’histoire part un peu dans tous les sens, on ne sait jamais dans quelle voie elle s’engage et où on va se retrouver d’ici quelques chapitres, mais ça donne un côté très exaltant aussi à l’histoire. Il y a aussi un côté très lent dans le déroulement alors que pourtant il se passe plein de choses et que le temps passe vite grâce à plusieurs sauts dans le temps. C’est déroutant à nouveau mais ça correspond si bien à la personnalité de Sieh.

Celui-ci est vraiment le coeur de cette dernière histoire. On le suit dans ses relations avec Shahar et Deka, deux jeunes arameri, qui vont bouleverser sa vie. Ils vont le faire grandir et murir. Il va s’interroger sur ses relations avec les Dieux et les autres génitures, mais aussi sur l’amour, l’amitié, la parentalité… En cela, c’est un très beau tome parce que les réponses ne sont jamais simples. L’auteur ne choisit pas la voie de la facilité et c’est après bien des tourments, des tours et des détours, qu’on arrive à une certaine conclusion qui en même temps n’est jamais définitive avec Sieh. J’ai beaucoup aimé les relations qu’il développe tour à tour avec Shahar puis Deka. Cette dernière est même celle que j’ai préféré ici alors qu’elle était assez inattendue pour ma part.

D’ailleurs, j’ai également aimé la complexité de ces nouveaux personnages qui était bien nécessaire pour contrebalancer celle de Sieh. La force de ce tome est également dans ses personnages aussi bien les nouveaux que les anciens. On retrouve ainsi avec plaisir ceux qu’on a croisé dans les précédents tomes, que ce soit dans le présent avec nos trois chers Dieux ou certaines génitures, ou dans des évocations du passé avec des personnages qui ont été importants pour le développement de l’histoire et la mythologie de la série.

Celle-ci se révèle d’ailleurs très solide dans ce dernier tome. On voit bien que l’auteur a construit un univers très cohérent. Tous les éléments qu’on a vu par le passé s’imbriquent parfaitement ici et les nouveaux ajouts se font sans accroc. La hiérarchie entre les Dieux, les génitures, les démons et les mortels gagne encore en richesse avec les découvertes qu’on fait. C’est vraiment un univers dans lequel j’ai aimé me plonger et que je suis triste de quitter même si les derniers mots de Sieh me laissent espérer qu’on les retrouvera un jour.

Au final, cette série a été un vrai coup de coeur pour moi. J’ai aimé chaque tome. Chacun avait ses spécificités qui le distinguait des précédents et pourtant l’ensemble est ultra cohérent. L’auteur a su apporter sa touche dans ce monde si vaste de la fantasy. Ça donne une saga un peu atypique, empreinte de bienveillance, qui sait donner des leçons de vie sans tomber dans le manichéisme et avec un univers vraiment original. Je testerai sa prochaine série The Broken Earth avec grand plaisir quand elle sortira chez J’ai Lu.

Ma note : 17 / 20

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