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Promesses en rose de Kaho Miyasaka

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Titre : Promesses en rose

Auteur : Kaho Miyasaka

Éditeur vf : Panini (shojo)

Année de parution vf : Depuis 2016

Nombre de tomes : 6 (en cours)

Résumé du tome 1 : Iroha, une jeune fille de 16 ans, vient de perdre son père et vit désormais avec sa belle-mère qui a dilapidé l’héritage familial. Un jour qu’Iroha se recueille dans son jardin, elle surprend un jeune homme en train de sentir ses roses. Pensant qu’il s’agit d’un voleur, elle tente d’appeler au secours, mais tombe accidentellement dans les bras du bel inconnu. La jeune fille ne sait pas encore que cette rencontre va bouleverser sa vie…

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Mes avis :

Tome 1

Sous cette couverture très belle et accrocheuse et derrière un petit mot de l’auteur attirant se cache une histoire somme toute très classique. Je m’attendais à quelque chose de bien plus mature, creusé et immersif. Malheureusement l’histoire reste à l’aune de ce qu’a autrefois fait l’auteur, c’est donc très plat et superficiel.

Les dessins, les décors et les costumes sont jolis mais n’ont rien de transcendants. Il existe bien des séries mieux réalisées et plus belles avec une vraie atmosphère historique, ce qui n’est pas le cas ici. On a l’impression de lire un de ses shojos habituels transposés dans le passé. L’histoire invite à une légère revisite du conte de Cendrillon, c’est assez bien fait mais du coup il n’y a pas vraiment de surprise. Le ton de l’ensemble est très léger alors que je m’attendais à quelque chose de plus sombre. Les personnages sont ultra caricaturaux mais restent mignons à suivre. Pour le moment Retsu reste très mystérieux mais je devine déjà un peu ce qu’il cache, dommage. Iroha est un peu comme les dernières héroïnes de Kaho Miyasaka, une fonceuse et une forte tête attachante. Les personnages secondaires eux sont vraiment antipathiques, il n’y a rien à sauver chez eux. L’histoire, elle, se met en place et avance rapidement. Du point de vue historique, elle n’est pas du tout crédible, elle fait plutôt conte de fée ou romance qui a besoin d’un décor historique mais c’est tout. Donc à part les jolis décors et costumes ne cherchez rien de plus.

En bref, c’est une romance qui se laisse lire mais qui n’est pas à la hauteur des ambitions annoncées de la mangaka. Cela reste mignon et on a envie de découvrir la suite mais c’est tout.

Tome 2

Ce deuxième tome m’a plus plu que le premier. J’ai eu un peu de mal à me rappeler l’histoire vu que ça fait près d’un an, mais c’est revenu petit à petit. L’histoire est toujours aussi classique mais les personnages s’étoffent. Au début, je trouvais Retsu assez imbuvable tellement il était arrogant et sûr de lui, mais il a su montrer d’autres facettes. Iroha reste fidèle à elle-même, mais elle s’ouvre peu à peu à lui et parvient à lui faire confiance. C’est un long chemin qui les attend.

Encore une fois, ce n’est pas aussi sombre qu’annoncé mais ça reste plaisant. J’ai aimé qu’on revienne sur le passé d’Iroha et l’origine de sa cicatrice. J’ai aimé qu’on revienne également sur son précédent fiancé et qu’on s’en débarrasse. Et j’ai aussi aimé que ça permette à Retsu de se dévoiler. On sent que l’auteur veut une romance plus sombre et mature mais avec les mimiques qu’elle donne au couple, c’est dur de les trouver crédible. Au moins, je trouve ça amusant de mon côté. J’aime bien les voir se chamailler et essayer de piéger l’autre. Ils sont mignons tous les deux et Retsu fait tout pour essayer de la conquérir sous ses airs bravaches, ce qui fait battre notre coeur de midinette.

Après ses intentions étant désormais claires, il va falloir qu’Iroha se fasse une raison concernant ce mariage et surtout qu’elle murisse un peu parce qu’elle est encore très immature. Surtout qu’un certain personnage de leur passé à tous les deux fait son apparition dans les dernières cases et va venir les embêter dans le prochain tome, je parie.

Tome 3

Voilà une série dont je n’attendais absolument pas le retour, perdue dans les abysses des séries arrêtées par Panini. Kaho Miyasaka qui a fait les grandes heures de l’éditeur avec des titres comme Kare First Love ou Binetsu Shojo, revient donc avec sa dernière série toujours en cours au Japon avec 8 tomes, et de nouveau disponible chez nous.

Malheureusement, le temps a passé depuis ma découverte des premiers tomes et la série n’a pas super bien vieilli. Si à l’époque, j’avais déjà un peu de mal avec une héroïne particulièrement immature à qui on promettait un joli destin en épousant le beau gosse riche du coin dans un décor de Japon à l’ancienne, 5 ans plus tard ça devient difficilement lisible.

Les dessins de Kaho Miyasaka sont toujours aussi jolis. Ils s’en dégagent beaucoup de vivacité, d’humour mais aussi de finesse et une belle profondeur dans les teintes sombres, ce qui est parfait vu le sujet de l’histoire et le coeur bien noir d’égoïsme de pas mal de personnages. L’autrice d’ailleurs, en mode auto-dérision, se moque d’elle-même d’avoir choisi autant de personnages aux cheveux noirs. Cependant, tout cela est bien superficiel et c’est tout le problème.

En reprenant ma lecture de cette série, j’ai été surprise de voir à quel point elle était cul-cul. Je n’ai rien contre les romances un peu immature, mais ici c’est quand même particulièrement gratiné, au point de mettre même mal à l’aise, car un héros mature qui aime une héroïne aussi gamine, ce n’est pas très sain pour moi. Malgré le grand nombre de scènes qui se veulent romantiques, il m’a été impossible de trouver leur romance crédible, le décalage entre les deux est trop grand. Du coup, je suis plutôt partie en mode : « je lis une parodie et je vais m’en amuser ». La lecture est bien mieux passée ensuite.

Sur ce mode de la drôlerie, je me suis amusée du trouble fête qui vient semer la zizanie entre eux mais pas forcément en visant celui/celle qu’on croit. J’ai également souri des premiers temps de nos tourtereaux sous le même toit et du rapprochement gênant mais tendre que cela implique. J’ai ri lors de l’arrivée de la famille qui bien sûr tente de leur mettre des bâtons dans les roues.

Kaho Miyasaka maîtrise parfaitement sa narration et enchaîne les pseudo péripéties pour ses héros. C’est du vu et revu. C’est totalement farfelu et pas crédible. C’est même nian-nian à souhait, mais c’est léger et amusant finalement. A lire pour qui veut une romance lycéenne amusante et classique dans un décor légèrement historique mais sans profondeur prise de tête.

Tome 4

Panini poursuit la reprise de cette romance d’un autre temps signée Kaho Miyasaka, une autrice qui a fait le bonheur de leur catalogue à une époque.
Toujours aussi classique, elle détaille une histoire d’amour vaguement historique avec tous les marqueurs du genre. Si une histoire banale du genre ne vous dérange pas, vous passerez un bon moment car l’écriture en est parfaitement maîtrisée. Si vous cherchez une pointe d’originalité vous serez en revanche déçue. Je suis un peu entre les deux, appréciant une histoire bien contée mais m’ennuyant un peu face à tant de prévisibilité.

Retsu et sa fiancée Iroha ont beau s’être trouvés et compris, il leur reste encore bien du chemin à faire avant leur mariage en grandes pompes, car tout le monde n’est pas très chaud à l’idée de leur union dans leur monde de la haute.
L’autrice consacre donc ce tome à leur conquête de la famille de Retsu et en particulier de son petit frère et de son père. Le premier est très attaché à Retsu et va tout faire pour discréditer et faire tourner en bourrique sa fiancée afin de le garder. Le second est plus mystérieux et semble opposer à leur union, mais pour quelle raison on se le demande bien. Est-ce que ça aurait un rapport avec son grand amour pour la mère de Retsu ?

En attendant, la mangaka enchaîne ainsi les épreuves pour eux, enfin je dis pour eux, surtout pour Iroha car Retsu se contente la plupart du temps de tenter de la séduire et de la réconforter quand ça ne va pas. Il a un rôle de chevalier servant un brin coquin et sexy bien ancré. Kaho Miyasaka enchaîne donc les scènes romantico-piquantes où les héros se tournent autour, se volant une caresse ou un baiser sans jamais aller plus loin. On est vraiment à fond dans une adaptation à la lettre donc un peu kitch des romances historiques. C’est assez amusant.
Retsu est en plein dans le rôle du chevalier servant et Iroha de la damoiselle en détresse mais avec un répond qu’on voit apparaître peu à peu, tandis que Rui le petit frère est le diablotin qui vient leur jouer des tours et que le père de Retsu est un grand diable un peu manipulateur. Cela reste cependant fort gentillet et à chaque fois tout est bien qui finit bien avec un schéma visant à consolider le couple dans leurs sentiments et dans la confiance qu’il gagne chez les autres.

Cependant l’autrice s’est sentie obligée d’inclure dans les dernières pages la sempiternelle rivale amoureuse mesquine qui va tenter de piquer Retsu à Iroha en se comportant comme une peste. Celle-ci ? Une belle marquise raffinée et impitoyable à l’opposée d’Iroha. On est en plein dans les clichés du genre avec le père qui semble observer cela sans sourciller voire l’avoir organiser et une héroïne à nouveau en détresse. Cela prête donc plutôt à rire pour le lecteur un peu blasé comme moi.

Promesses en rose se présente donc comme une lecture fort divertissante pour peu qu’on ait le recul nécessaire. C’est une interprétation à la japonaise d’un genre éculé chez nous : la romance historique victorienne. Tous les éléments y sont pris et assemblés au pied de la lettre, ce qui m’amuse bien je trouve. Alors oui, c’est classique, téléphoné, sans nuance ni profondeur, mais c’est parfaitement raconté, avec tendresse et humour, donc on s’amuse bien à le lire.

Tome 5

J’ai souvent été sévère avec cette série, lui reprochant son ton fleur bleu ou ses valeurs pas très morales et modernes, cependant force m’est de reconnaître que peu à peu Kaho Miyasaka y présente sa propre interprétation de la romance historique et qu’elle se glisse parfaitement dans les codes de celles-ci.

Ce nouveau tome offre au couple de franchir une nouvelle étape indispensable, comme dans toute romance où un héritier doit se marier : le consentement du père. De manière assez drôle et rocambolesque, l’autrice met ceci en scène au cours d’un bal masqué et d’une animation où la lumière est éteinte, l’occasion pour le couple de prouver aux yeux du père la profondeur de leurs sentiments. J’ai bien ri de cette mise en scène farfelu qui reprend les fameuses soirées où se rendent souvent les héros de romances historiques. L’autrice fait en plus d’une pierre deux coups, éliminant également la rivale de l’héroïne de l’équation, ce qui offre un début de tome enthousiasmant.

La suite est à l’aune de cela. Le couple désormais libre de s’assumer car ayant reçu l’autorisation qui leur manquait, en profite pour approfondir encore ses sentiments. La mangaka nous offre ainsi une suite de tableaux de leur quotidien où l’on voit Iroha se rapprocher de son beau-frère, sa gouvernante tenter de l’éduquer sur la nuit de noces, et Retsu s’amuser à la taquiner. C’est drôle et charmant, plein de chaleur humaine et de joie de vivre, avec une touche de taquinerie qu’on ne se permet que quand on est proche, ce qui montre le chemin parcouru. Je me suis amusée du détournement façon méta de la romance historique puisque l’autrice nous en propose une mise en abyme cocasse.

Mais l’histoire ne pouvait pas faire que baigner dans cette ambiance sirupeuse faite de baisés volés et de plus en plus approfondis préparant les noces. Il fallait un peu de piquant en attendant. Ainsi, Kaho Miyazaka a eu la riche idée de repartir sur la passion de l’héroïne pour les fleurs et de lui faire rencontrer un drôle de professeur d’ikebana qui va raviver la jalousie de Retsu d’un côté mais aussi déclencher des signaux de danger de l’autre. En effet, le tome se conclut par une menace encore inédite envers notre petit couple, qui devrait s’ouvrir dans le tome suivant sur un petit climat d’enquête à la Rampo Edogawa, ce qui sera des plus charmants, je parie.

Avec une force tranquille, Kaho Miyasaka s’amuse donc de plus en plus dans cette série à écrire sa propre version d’une romance historique dans un Japon en pleine transformation. Il est plaisant de voir le ton chaleureux et doux qui se dégage du couple. Il est amusant de suivre les taquineries et situations cocasses inspirées de cette littérature qui émaillent le tome. Et il est plus que plaisant de la voir introduire une dose de danger et de mystère pour la suite. Seul regret : ne pas savoir exactement combien de tome fera cette série toujours en cours au Japon depuis des années car j’aime me projeter.

Tome 6

L’accalmie a été courte et je vais très vite redevenir sévère avec cette série qui est vraiment un cliché ambulant de romance historique et pas dans le meilleur sens du terme…

Kaho Miyasaka a beau être une autrice d’expérience sachant narrer une histoire, elle va beaucoup trop vite ici et enchaîne les poncifs. Ainsi dans ce tome, nous avons droit à un enlèvement, une amnésie, un recouvrement de mémoire et surtout beaucoup de couches de mélo entre tout ça. C’était trop pour moi.

Je ne peux pas dire que c’est foncièrement mauvais mais ce n’est pas génial non plus. Tout est téléphoné. Tout va très vite et s’enchaîne sans qu’on ait le temps de reprendre notre respiration. Tout reste en surface et du coup, cela perd toute portée.

L’impression de danger du début est vite oubliée pour se concentrer sur un couple culcul au possible. Certes le héros a un peu évolué et est moins forceur qu’au début, ayant appris de ses erreurs. L’autrice en fait quand même un sacré poseur dans le genre beau ténébreux. C’est archi caricatural. Il en va de même pour l’héroïne qui se sauve elle-même en pensant que de toute façon son chevalier servant sera là et qui en plus va souffrir d’amnésie, ressort par excellence de certaines romances, que personnellement je déteste tant il a été vu et revu.

J’ai donc passé la majorité de ce volume à soupirer et lever les yeux au ciel. En plus, cela se lit très très vite tant il y a peu de texte et d’intentions fouillées. Bref, j’ai connu mieux même chez une autrice aussi classique.

Je regrette vraiment que Panini perde son temps à publier ce genre d’oeuvre alors que clairement il y a tant d’autres shojo – comme Princesse Kaguya – beaucoup plus profonds qui mériteraient aussi une seconde chance, car non je ne crois pas que Promesses en rose se vendent des masses vu son cadre et la coupure de parution qu’il a eu. Alors quitte à mévendre, autant le faire avec panache, avec des titres qui valent le coup !

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