Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Frau Faust de Koré Yamazaki

Titre : Frau Faust

Auteur : Koré Yamazaki

Éditeur vf : Pika (seinen)

Années de parution vf : 2017-2018

Nombre de tomes vf : 5 (série terminée)

Résumé du tome 1 : Frau Faust est un manga qui adapte librement la légende allemande d’un héros populaire du XVIe siècle, Faust.
Johanna est une jeune érudite qui vagabonde de ville en ville à la recherche de quelque chose qui lui est très précieux. Un jour, elle fait la rencontre fortuite de Marion, un garçon qui la bouscule lorsqu’il tente de fuir un homme à qui il a tenté de dérober des livres. Désemparé, il explique alors à Johanna qu’il est sans le sou et vit dans la misère avec sa pauvre famille. Touchée, la jeune femme décide de le prendre sous son aile et lui propose de devenir son professeur, à condition qu’il l’aide dans sa quête…

Mes avis :

Tome 1

Voici le dernier titre de Koré Yamazaki, auteure de The Ancient Magus Bride, qui arrive en France. Ce josei, classé dans la collection seinen par son éditeur pour mieux arriver à le vendre, porte clairement la patte de la mangaka dès le premier coup d’oeil. On le découvre avec une couverture fantastico-gothique où deux mystérieux personnages sont mis en avant. Ça rappelle furieusement son autre série et quand on ouvre celui-ci on retrouve également des thèmes chers à la mangaka.

Dès le premier chapitre, on plonge dans le nouvel univers très européen encore de Koré Yamazaki. Dans ce titre, elle revisite avec talent le mythe de Faust que nous connaissons plus traditionnellement chez Goethe. Mais ici, elle modifie subtilement son histoire pour en faire quelque chose d’original et de proche de sa sensibilité. Ainsi le héros est une héroïne : Johanna, et elle est loin de l’image de celui qui a échangé cupidement son âme avec un démon contre des avantages pour elle.

Ainsi dès le premier chapitre d’exposition, l’auteure présente bien les personnages, les enjeux ainsi que la mythologie de ce nouveau titre. On se retrouve avec quelque chose de très dynamique à l’image de son héroïne. On alterne moments d’action, moments d’humour, moments de réflexion et moments de tendresse. La mangaka joue parfaitement sur les différents registre pour soutenir notre intérêt et gagner nos sentiments.

J’ai de suite beaucoup aimé le personnage de Johanna qui m’a rappelé un certain personnage secondaire de The Ancient Magus Bride. Je la trouve drôle, pétillante et en même temps sensible, sombre et déstabilisante. J’ai aimé la relation qu’elle a nouée avec le jeune Marion pour qui elle va se transformer en mentor. On sent de suite que Johanna est quelqu’un qui aime partager ses connaissances et faire le bien autour d’elle. Elle est bien loin des clichés qu’on véhicule sur elle en tant que maîtresse du démon Méphistophélès. La relation qu’elle avait avec celui-ci et qu’on entrevoit lors de quelques flashbacks avait l’air bien ambigüe, elle aussi.

L’autre force du titre, c’est clairement son univers. On se retrouve plongé dans une Europe post Renaissance où l’Eglise est encore toute puissante et où elle chasse les démons et leurs « amis ». Cela donne une ambiance nerveuse et mystérieuse où les secrets autour de Johanna semblent nombreux. J’aime beaucoup l’aura qui entoure ce titre à la fois du côté des personnages adultes que de l’univers ainsi créé. On sent beaucoup d’humanité chez Johanna. Elle véhicule parfaitement le message de tolérance si cher à l’auteure. J’aime aussi beaucoup son discours sur les apparences, les faux semblants, la vérité derrière la fiction, etc.

Mon seul regret est que ce premier tome s’arrête trop tôt (au bout de 122 pages) pour laisser place à une petite histoire, certes touchante sur une ado dont les parents viennent de se séparer et qui se sent non désirée, mais qui occupe une place que j’aurais préférée prise par la suite de Frau Faust.

Je suis donc complètement sous le charme de cette nouvelle série qui s’annonce fort prometteuse.

Tome 2

Le tome d’introduction étant passé, nous plongeons au coeur de l’action avec ce deuxième tome. L’histoire reprend exactement où on l’avait laissée après un bref passage dans le passé de Faust qui nous raconte sa jolie rencontre avec Méphisto et comment ils ont passé leur pacte. J’ai beaucoup aimé la jeune Faust, tellement curieuse que ça l’ostracise du reste de sa communauté. On est en plein dans la problématique de l’Europe de la Renaissance mais aussi plus tard des Lumière avec ce savoir qui dérange l’ordre établi. La question se repose un peu plus tard dans l’histoire, bien sûr, avec cette Eglise encore et toujours passéiste qui stigmatise tous ceux qui veulent apporter le progrès, c’est un sujet qui me plaît beaucoup.

Mais n’oublions la quête de Faust, celle de redonner son intégrité à Méphisto. Elle repart donc en quête d’un des bouts manquant et tombe sur le cas d’une petite fille qui n’est pas sans rappeler un certain épisode de FullMetal Alchemist. Pour l’occasion, elle s’associe enfin avec Lorenzo et j’en suis bien contente. Je pense que la résolution de cette histoire ne peut passer que par l’alliance de ces deux pans de l’univers pour lutter contre la corruption où qu’elle soit.

En tout cas, j’aime toujours autant l’univers de cette Europe en chemin sur le progrès mais encore tellement archaïque. L’ambiance est sombre et gothique avec une pointe d’horreur. Ça donne des frissons bienvenus. On sent vraiment que l’autrice maîtrise son univers, que l’histoire est cohérente et avance à un bon pas. C’est encore une réussite.

Tome 3

Je suis toujours autant conquise par cette série malgré un tome plus calme et introspectif. Arrivée à la moitié de la série, celle-ci continue toujours à avancer aussi vite. Après une première partie terrible où l’on voit où peut nous mener un amour irraisonné quand on subit la mauvaise influence de quelqu’un, on revient sur le passé ô combien intéressant de Fraust. J’ai beaucoup aimé l’alternance entre ces deux moments.

L’autrice garde le coeur des personnages que l’on connait déjà et ajoute juste ce qu’il faut de nouveautés. Avec la fin de l’intrigue entamée dans le tome 2, on découvre des membres hauts placés de l’Inquisition et on sent que bien des mystères les entourent, notamment avec la soeur de Lorenzo et la Grande Inquisitrice. Puis avec la fuite de Faust, on fait la rencontre de son amie Sara qu’elle a connu quand elle était étudiante. J’ai beaucoup aimé cette dernière, son parcours personnel, sa relation avec Faust et avec son propre démon. On suit ainsi la naissance de Nico et on apprend comment elle a obtenu son corps.

L’univers de Kore Yamazaki ne finit pas de m’étonner et de me séduire. C’est noir, c’est sombre et c’est chaleureux en même temps. Des thèmes durs sont abordés, un peu comme dans FullMetal Alchemist à l’époque, mais avec beaucoup de bienveillance et de douceur aussi. C’est passionnant à suivre et quand on lit la dernière page, on ne peut qu’avoir envie de se jeter sur la suite.

Tome 4

A un tome de la fin, je n’ai pas beaucoup eu l’impression d’avancer dans ce tome. On ne s’intéresse pas du tout à la recherche de la tête de Mephysto, seul élément encore manquant, je crois. Non, on fait le lien avec l’un des derniers éléments manquants de l’histoire : la soeur de Lorenzo et son contrat avec un démon. On passe donc les 3/4 du tome à assister à la capture de Faust puis à ses échanges avec Anastasia. Ce n’est pas que ce soit mauvais, mais j’ai trouvé que du coup, il y avait beaucoup de parlottes inutiles. Découvrir le passé de celle-ci et de son frère ne m’a apporté aucune révélation majeure, je n’ai pas le sentiment d’avoir appris grand-chose. La fin du tome quant à elle revient sur la relation si particulière de Johanna et Mephysto à travers les retrouvailles de celle-ci avec une amie d’enfance. Ce chapitre à lui seul a apporté bien plus d’émotions et d’informations que l’ensemble de l’histoire d’Anastasia… C’est donc jusqu’à présent le tome le plus faible pour moi qui me fait craindre un peu un final bâclé. Je croise les doigts pour me tromper.

Tome 5

Voici déjà la fin de cette courte série revisitant le mythe de Faust. Premier point, la couverture est juste magnifique dans ses teintes marron, sépia. Je suis ravie d’y voir notre duo Faust-Méphisto mis en avant, et d’y retrouver nos autres personnages nous dire au revoir en 4e de couverture.

Ensuite pour ce qui est de l’histoire, j’ai trouvé celle-ci fort précipitée et j’aurais sûrement besoin de relire la série pour tout remettre en place parce que je ne suis pas sûre d’avoir eu les réponses à toutes mes questions. J’ai cependant trouvé le tome dynamique. Il n’y a pas de temps mort. La course poursuite est intense entre l’Inquisition et le groupe de Faust. Il est maintenant temps pour Méphisto de récupérer tout son corps et de régler ses comptes avec l’Inquisition, mais la résolution est presque trop simple après tant de sacrifices et de péripéties. J’ai été un peu déçue de ce côté-là. J’en attendais sûrement trop.

Par contre, le côté positif, c’est vraiment les relations avec les personnages. Leurs amitiés sont très joliment mises en scènes lors de moments émouvants. J’ai particulièrement aimé le sacrifice de Sarah, la liberté retrouvée de Lorenzo, la fidélité de Nico ou encore la force de Faust. Je continue à rester sur la réserve avec Marion cependant, que je trouve trop transparent pour ne pas dire inutile…

Cependant malgré ces petits défauts, l’autrice a mené son projet à son terme, proposant une conclusion douce-amère parfaitement dans le ton. Les dernières pages où l’on voit chacun quelques années plus tard sont parfaites pour cela et j’aime beaucoup la fin ouverte que la mangaka propose et dont je me suis faite ma propre interprétation.

Ma note : 15,5 / 20

6 commentaires sur “Frau Faust de Koré Yamazaki

  1. Je l’ai vu cette semaine en librairie ! Pareil, j’ai failli le prendre. Je n’avais pas remarqué qu’il était de Koré Yamazaki, je n’hésiterai plus la première fois. J’adore ce côté réinterprétation du mythe, et puis 3 tomes ^^
    Par contre … c’est dommage de devoir le faire basculer en seinen. Ca ne marche vraiment pas, le josei ? Les derniers que j’ai lus, Mes petits plats faciles by Hana et Yako et Poko j’ai effectivement eu un mal fou à les trouver en librairie, je viens de commander la suite d’ailleurs (je prendrai Lady Faust en même temps ^^).

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    1. C’est drôle de voir que vous avez failli mais pas osé toutes les deux ^^
      Par contre, attention, ce n’est pas en 3 mais en 5 tomes, ce qui reste court quand même.
      Oui, le josei ne se vend pas en tant que tel et c’est vraiment dommage. Après si les changer de catégorie pour le marché français permet quand même de les avoir, tant mieux pour les lecteurs ^^

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