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L’étranger du Zéphyr de Kii Kanna

Titre : L’étranger du Zéphyr

Auteur : Kii Kanna

Éditeur vf : IDP – Boy’s Love (Hana Yaoi)

Années de parution vf : Depuis 2016

Nombre de tomes vf : 5 (en cours)

Résumé du tome 1 : Shun, écrivain en herbe, a quitté la maison familiale depuis plusieurs années après avoir annoncé à ses parents qu’il était gay, le jour-même de son mariage. Lorsque Sakurako, son amie d’enfance et ex-fiancée, vient lui rendre visite sur l’île où il habite à présent pour lui apprendre que son père est malade, Shun décide de partir pour Hokkaido, embarquant avec lui son petit ami. Si la situation met Shun très mal à l’aise, Mio, lui, qui n’a jamais connu ses parents, semble ravi de découvrir une nouvelle vie de famille…

Après « L’étranger de la plage » suivez Shun et Mio dans leurs aventures à Hokkaido ! de De la tendresse à profusion, de la joie et des rires, mais aussi parfois du chagrin et des inquiétudes dans un quotidien pas toujours facile à vivre.

Mes avis :

Tome 1

Après avoir lu avec grand plaisir l’Etranger de la plage, je poursuis avec tout autant de plaisir à découvrir les aventures de Shun et Mio, tandis que ce premier a décidé de rentrer chez lui.

Cette histoire est vraiment très intéressante. L’auteure s’attarde sur de vraies questions qui touchent beaucoup de personnes dites différentes : l’acceptation de soi, le regard des autres et de sa famille, le poids de la société, etc. C’est fait ici avec beaucoup de sensibilité et de justesse, sans jamais être dans le jugement, ce qui j’ai vraiment apprécié. On ressent très bien la triste de Shun, on comprend les raisons de ses choix de vie suite aux épreuves qu’il a vécu. On réalise combien c’est normal qu’il soit à fleur de peau après tout ça et en même temps ça permet également de réaliser à quel point Mio est fort en comparaison. Leur couple en cela est très bien équilibré du coup et ils peuvent compter l’un sur l’autre.

J’ai trouvé Shun beaucoup plus ouvert dans ce tome. Il se morfond moins. Il affronte son passé et ses craintes et du coup il montre beaucoup ses sentiments à Mio, ce qui est adorable. Mio reste fidèle à lui-même même s’il est un peu en retrait dans l’histoire par rapport à l’Etranger de la plage, c’est normal c’est au tour de Shun d’être un peu le héros.

Concernant la famille de ce dernier qu’on rencontre enfin, j’aime la douceur et la compréhension de la mère, j’aime le côté un peu bourru mais avec un grand coeur du père. Je suis convaincue que ce dernier accepte son fils et qu’il est juste maladroit dans l’expression de ses sentiments. Seul le petit frère me casse vraiment les pieds. C’est une vraie pile électrique au point de même rendre la lecture des pages où il intervient fatigante tellement ça part dans tous les sens c’est dire !

En tout cas, j’ai été ravie de ses retrouvailles et je poursuis les aventures de notre couple de suite dans le tome 2.

Tome 2

Ce deuxième tome est tout aussi plaisant à lire. On y a découvre le quotidien de Mio et Shun maintenant qu’ils se sont installés chez les parents de ce dernier.

Les mêmes questions reviennent sur le regard que les autres posent sur eux mais j’ai beaucoup aimé la réponse qu’apporte la petite fille, camarade de classe de Fumi. On s’intéresse également à leur sexualité et à la façon dont Shun, qui est le vrai homo du couple, considère les choses. On pourrait croire qu’il complique tout mais c’est surtout qu’il est très sensible et attentionné envers son partenaire. La question reste posée mais j’ai aimé le cheminement qu’ils ont fait.

Puis viennent des questions plus terre à terre comme la façon dont ils vont gagner des sous, le fait de vivre encore chez ses parents, etc. Ce sont des questions que se posent beaucoup de jeunes, alors c’est amusant de les voir croquées ici.

J’ai également apprécié qu’on continue à s’intéresser à la famille de Shun. Comme je le soupçonnais Fumi a été adopté et ce n’est pas une position facile. Je l’ai d’ailleurs trouvé moins pénible que dans le premier tome et les question qu’il se pose sur Mio et Shun sont naturelles. Je n’avais pas vu venir la dépression du père par contre et j’espère qu’on en reparlera. Quant à la mère, elle est plus caustique que je ne le pensais et n’a pas la langue dans sa poche, ce qui m’a bien fait rire. Reste l’ancienne fiancée de Shun qui est un peu trop en retrait pour moi et que j’aimerais voir intervenir plus souvent et pas seulement quand Fumi est concerné.

Ce petit boys love reste donc super agréable à lire. C’est un peu une lecture cocooning mais avec de vraies questions de société aussi. Je recommande.

Tome 3

C’est avec un grand plaisir que j’ai retrouvé nos deux amoureux dans ce tome très centré sur Shun. On a encore et toujours une ambiance douce et apaisante malgré le fait que Kii Kanna aborde parfois des sujets difficiles. Ici, on reparle de l’adoption du jeune frère de Shun, puis du coming-out de celui-ci auprès de ses amis. On sent que c’est toujours aussi difficile pour eux. Malgré le fait que Fumi soit heureux avec sa nouvelle famille et accepte la situation de son frère, il en faut toujours peu pour qu’il craque. Malgré le fait que Shun soit heureux avec Mio, il a toujours du mal à l’assumer devant des gens qu’il connait, comme avec Wada, un ancien camarade de classe.

J’aime vraiment beaucoup la sensibilité avec laquelle l’autrice traite ces questions. On ressent bien leurs doutes, leurs hésitations, leur trouble, leur malaise. J’adore. D’ailleurs les dessins rendent à merveille cette justesse des sentiments grâce à un trait doux et dynamique plein de poésie et d’humour selon les situations. Le couple est juste adorable et va tellement bien ensemble. J’en redemande.

Après le côté tranche de vie pourrait en lasser certains, ce n’est pas mon cas, mais la mangaka y a pensé et nous propose donc dans les toutes dernières pages un saut dans le temps bienvenue où l’on retrouve un Fumi devenu un ado qui promet ^^

Tome 4

Trois ans plus tard, nous retrouvons enfin notre charmant petit couple imaginé par Kii Kanna et c’est comme si on ne les avait jamais quitté. On suit à nouveau leur quotidien fait de questions que tout un chacun pourrait se poser, ce qui est à la fois reposant et rafraichissant.

J’ai vraiment pris plaisir à replonger dans l’univers de l’autrice, non pour ses dessins, que j’ai souvent trouvés un peu brouillon et fouillis, ce que je regrette car quand elle s’applique, ils sont plein de douceur et de joie de vivre. En revanche, j’ai pris grand plaisir à retrouver Shun et Mio, et leur petite vie de famille chez Shun avec Fumi. C’est du tranche de vie on ne peut plus classique mais il se dégage un tel charme de tout leur remue ménage qu’on ne peut qu’être attendrie par leur histoire.

Dans ce tome, l’autrice se concentre sur deux axes. D’abord le train train quotidien des héros 5 ans plus tard et comment faire pour s’en accommoder. En effet, Mio fait un peu tout dans la maison, tandis que Shun se laisse vivre après avoir fait une sorte de burn-out au boulot. Il n’est donc pas simple pour le couple de trouver du temps pour eux deux. On les voit souvent pris par tout autre chose et les moments romantiques sont rares. C’est un peu l’image du vrai quotidien d’un couple qui court partout et n’a pas le temps. J’ai aimé cette sensation d’une autrice qui croque son quotidien même si bien sûr c’est ultra romancé. C’est mignon de les voir s’organiser leur premier rendez-vous depuis longtemps, chercher de brefs moments d’affection ou encore échanger sur des platitudes telles que leur longueur de cheveux. L’autrice parvient ainsi toujours à maintenir cette proximité chaleureuse avec eux.

L’autre axe de l’histoire, c’est la crise d’ado, si on peut dire, de Fumi. Celui-ci assiste à bien des choses depuis qu’il a été pris en charge par la famille. Mais maintenant ado, il en a marre de certains aspects et compte bien le faire entendre. Les relations hors-norme qu’entretiennent les membres de cette famille le perturbent, notamment parce qu’il est amoureux de Sakurako, l’ex-fiancée de Shun, toujours très présente. Et Fumi voudrait bien avancer lui et ne pas resté figé comme le sont tous les autres. L’autrice exprime à merveille la fougue brouillonne et braillarde de la jeunesse à travers ce jeune héros. Il est particulièrement émotif, parfois de mauvaise foi et assez agaçant mais terriblement humain. C’est chouette de suivre son évolution dans ce tome et les interactions avec ses camarades du lycée sont bien intégrés. Le dernier chapitre lors de la fête du sport est superbe, résumant à merveille l’ensemble de l’histoire avec cette famille atypique mais chaleureuse où chacun est terriblement humain. J’ai adoré la conclusion.

J’espère juste maintenant que j’ai renoué avec la belle ambiance des oeuvres de Kii Kanna ne pas devoir attendre la suite encore 3 ans. Il en va de même pour l’artbook Queue qui a été annoncé par l’éditeur français et dont j’aimerais bien avoir des nouvelles car j’adorerais retrouver les belles ambiances de ses illustrations couleurs sur papier glacé ^-^

Tome 5

Toujours pas d’artbook Queue en ligne de mire mais enfin un nouveau tome de cette charmante romance MxM entre deux hommes doux et tranquille à la vie de farniente.

Je prends toujours plaisir à retrouver l’univers de L’étranger du zephyr, pourtant on ne peut pas dire que le titre brille par son originalité, mais c’est sa simplicité justement qui me touche et m’émeut. J’aime suivre ces garçons aux préoccupations simples qu’on ne cherche pas à rendre dramatique ou plus mature. La vie juste tranquille comme elle est, ça fait du bien aussi.

Pourtant, je pourrais reprocher à l’autrice d’avoir un trait qui les rajeunit de plus en plus, ce qui est assez perturbant ou d’avoir une narration bien trop rapide et braillarde dans ce tome, ce qui fait qu’on passe un peu trop vite et que ça manque d’approfondissement. Nos héros prennent de grandes décisions à la va-vite et Shun, le plus vieux des deux, est toujours aussi nonchalant et apathique. Pourtant ça me plaît.

J’aime la dynamique que l’autrice a instauré entre eux, avec Mio, le petit jeune qui a la tête sur les épaules. J’aime qu’elle aborde ainsi avec humour le poids de la vie quotidienne sur le psyché et la vie sexuelle des gens, le fait que ce ne soit pas forcément une sinécure de vivre avec sa famille/belle famille et qu’un couple ait besoin d’indépendance et d’intimité. Ainsi même si la décision est prise bien trop vite, même si on est balancé hyper rapidement dans leur nouveau quotidien tokyoïte, je suis ravie du tournant pris par l’histoire. J’aime voir nos garçons enfin avancer dans la vie, faire de nouvelles rencontres, avoir de nouveaux boulots, grandir et créer leur cocon avec chat et bains publics, mais toujours aussi amoureux.

Cette peinture du quotidien, Kii Kanna y excelle. Elle nous met en relation avec une vie banale qu’elle rend belle grâce à la luminosité de ses mots, de son trait, de ses ambiances. C’est doux et rafraîchissant et nous aussi on a envie de voir la vie du bon côté comme eux, sans se prendre la tête, en mettant de côté ce qui peut agacer mais sur lequel on n’a pas de prise. C’est une jolie leçon de vie.

Boys Love qui avance tranquillement à son rythme, L’étranger du zephyr raconte la vie à deux d’un charmant petit couple nonchalant qui prend la vie comme elle vient et qui a bien raison. Traçant enfin sa route pour créer son petit cocon, ils n’en sont que plus charmant ici. Reste plus que la parution du fameux artbook de la série pour me combler !

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