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La Princesse et la Bête de Yu Tomofuji

Titre : La Princesse et la Bête

Auteur : Yu Tomofuji

Éditeur vf : Pika (shojo)

Années de parution vf : 2018-2021

Nombre de tomes vf : 15 (série terminée)

Histoire : Un territoire défendu, plongé dans une atmosphère impure… C’est là que vit un peuple de créatures étranges qui autrefois dominait et dévorait les hommes. Salifie est le 99e sacrifice offert à leur terrifiant roi. Or la jeune fille ayant été élevée pour devenir une offrande, ne craint pas le souverain et attend sagement la nuit de la cérémonie. Lorsque celle-ci découvre le secret de ce roi qui n’a pas de nom, une légende s’écrit…

Mon avis :

Tome 1

Sur les recommandations insistantes de mon amie des Voyages de Ly, je me lance dans l’aventure de la Princesse et la Bête. J’avais peur avec ce titre de tomber sur une copie de The Ancient Magus Bride, Somali et les autres titres dans cette veine. Si je retrouve certains éléments, nous sommes ici plus dans un univers proche de la Fantasy que dans le pur fantastique comme ces deux-là. On a donc droit à plus de politique et ça m’a assez plu.

J’ai tout d’abord aimé retrouver des influences assez variées dans ce titre, ça va de l’Egypte des Pharaons, à la Belle et la Bête, en passant par Shéhérazade, et ça donne un savant mélange enchanteur. On découvre au fil des pages un univers très inspiré de la fantasy avec des royaumes dirigés par des animaux anthropomorphes. Le bestiaire est d’ailleurs assez riche. Au sommet, nous retrouvons un roi tout puissant qui commande à ce petit monde grâce à des pouvoirs magiques dont il use avec parcimonie. On a donc tous les éléments du titre de fantasy classique : politique, magie, imaginaire.

Cependant l’intrigue se développe un peu trop rapidement dans le premier chapitre, qui a tout du oneshot et qui aurait pu se suffire à lui-même. On y découvre un univers où les humains et les bêtes se sont affrontés, les bêtes ont gagné et les humains doivent leur donner régulièrement un tribut vivant pour que le roi le sacrifie. Le sacrifice du jour est une jeune humaine, Selifie, qui a depuis toujours été destinée à tenir ce rôle. Du coup, elle n’a pas peur du sort que va lui réserver le roi et c’est ce qui va changer la donne par rapport à ses prédécesseurs.

Honnêtement, ça n’a rien d’extraordinaire mais l’ambiance est très agréable. C’est moins sombre que The Ancient Magus Bride auquel ce titre ressemble beaucoup, c’est plus drôle et plus mignon. Pour autant, petit à petit, des éléments plus complexes pointent le bout de leur nez et c’est totalement bienvenu. En effet, les relations entre humains et bêtes sont tendues suite aux différentes guerres. Il y a également des luttes de pouvoir et d’influence au sein des royaumes animaux. Le roi, lui-même, cache un secret qui peut être lourd de conséquences. On retrouve ainsi des thèmes intéressants : le poids du pouvoir, le poids de la différence, la difficulté à être pacifique dans un univers guerrier.

Pour finir, comme nous sommes tout de même dans un shojo, parlons de la relation entre les deux héros. Ils sont assez mignons entre eux, notamment parce que l’héroïne a du répondant et que le roi, de part son secret, s’ouvre avec elle. Cependant, j’ai été plusieurs fois dérangée par le rôle très classique attribué à la femme, soutien et réconfort de l’homme de pouvoir, et surtout par le côté sexuée voire sexuel qui intervient alors que pour moi l’héroïne est bien trop jeune pour ça. C’est vraiment dommage parce qu’en dehors de ça, je trouve les débuts de leur relation assez attachants.

Nous voici donc avec la Princesse et la Bête avec un titre à l’univers classique et pourtant original par rapport à la production actuelle. Les dessins sont doux et énergiques à la fois. J’aime le look qui est donné aux animaux anthropomorphes. Malgré un premier chapitre trop rapide, la suite prend un peu plus son temps et je préfère. On découvre ainsi des enjeux qui pourraient devenir intéressants et plus profonds par la suite. C’est une jolie découverte.

Tome 2

L’histoire prend son envol dans ce nouveau tome où l’autrice réutilise ses bonnes idées du tome 1 en allant plus loin.

Nous suivons ainsi une romance de plus en plus adorable mais qui sait également gagner en maturité avec une héroïne qui non seulement se questionne sur ses sentiments mais également sur ce qu’elle peut apporter à son partenaire. Bon, j’ai toujours du mal sur la différence de maturité que je ressens entre les deux, mais je pense que ça m’est propre.

En parallèle, on voit des complots naître au sein même du palais, au coeur du pouvoir. C’est passionnant et c’est fait avec pas mal de subtilité, au point qu’on se demande si c’est juste fait par méchanceté où s’il n’y a pas un vrai but plus altruiste derrière. Je trouve en cela les personnages bien travaillés et le fait que ce soit des animaux joue beaucoup aussi sur l’originalité du récit. L’autrice aime bien jouer sur les caractéristiques propres à chaque espèce.

Elle a ensuite la bonne idée d’introduire des épreuves afin que Salifie justifie sa place auprès du roi, et j’ai trouvé que ça dynamisait bien la fin du tome qui avait démarré sur un ton peut-être un peu plus humoristique qui n’allait pas forcément mener bien loin. Oui, c’est sympa de doter l’héroïne d’une bonne amie dans le palais, mais il faut plus ensuite pour corser l’histoire et c’est ce qu’a apporté ce ressors narratif. Au passage, cela a permis d’amener une nouvelle mascotte juste excellente avec notre petit phénix.

Je ressors donc à nouveau conquise par ce tome avec son histoire mélange de récits animaliers et des mille et une nuits. C’est drôle, c’est touchant, c’est énergique et parfois sombre et torturé. Une vraie réussite inattendue.

Tome 3

L’autrice continue de nous surprendre avec ce nouvel opus, malheureusement pour moi, ce n’est pas forcément de la meilleure des façons. En effet, elle choisit de casser un peu le rythme instaurer pour placer une intrigue qui court sur l’ensemble du tome. Et l’intrigue choisie pour cela est en plus assez basique et classique : l’arrivée du rival amoureux de Leonhart… En soit, ce n’est pas si mauvais que ça, mais j’attendais plus de cet univers. Ici, je n’ai rien appris de plus. J’ai juste vu quelque chose d’attendu : un garçon humain en colère comme jamais contre ceux responsables de la perte de sa famille, ce qui est fort compréhensible. Et que lui oppose-t-on ? La fille dont il est amoureux, qui s’est mis à comprendre les démons en vivant avec eux, et qui lui dit qu’il y en a des gentils parmi eux. Bref, rien de transcendant. Tout est assez évident. Alors, oui c’est bien bien dessiné, bien raconté. C’est dynamique. Il y a de l’humour et de l’émotion. Mais c’est sans surprise. Je suis un peu déçue…

Tome 4

Après l’écart de la dernière fois, l’histoire repart sur de meilleurs rails cette fois grâce à un tome consacré aux différences entre les humains et les démons. On reparle de ces vieilles questions que sont la tolérance et l’acceptation de l’autre. C’est l’un des thèmes centraux de la série et l’autrice y revient régulièrement. Ici, elle se sert bien sûr de la figure de Salifie pour ça, mais également d’un peuple de démons qu’on n’avait pas encore vu, les poissons et affiliés. C’est classique et gentillet mais assez bien fait. On devine facilement les rouages mais on se laisse prendre par la bonne humeur et l’entrain à toute épreuve de la future reine. C’est très bon enfant malgré la question sérieuse qui est soulevée. Après, je reste clairement sur ma faim, c’est trop léger et surfait pour le moment, ça manque de profondeur et de noirceur pour moi. On est sur un titre pour les plus jeunes et non pour les adultes et cela s’en ressent.

Tome 5

Après deux tomes un peu en-dessous, je renoue avec ce qui m’avait plu dans la série au début. Nous sommes toujours en plein test de Salifie pour voir si elle fera une bonne reine. Ça reste difficile parce qu’elle n’est toujours pas accepté par l’entourage du Roi, en particulier le mystérieux Anubis sur lequel on va se concentrer ici.

J’ai beaucoup aimé découvrir un pan de son histoire et de la construction de son caractère grâce au flashback que nous accorde l’autrice dans lequel on le découvre enfant lors de ses premiers temps auprès du Roi. Ils sont d’abord mignon tout plein. Leo a déjà un grand coeur maintenant mais c’était encore plus flagrant avant. Anubis a sale caractère maintenant mais c’était déjà le cas avant, c’est juste amplifié depuis qu’il a décidé de servir le Roi envers et contre tout. Du coup, cela donne un tome vraiment ultra adorable mais aussi porteur de sens, qui montre comment se bâtit une relation d’amitié et de confiance, mais également de Roi à serviteur.

Les petites touchantes d’humour et de douceur apportées en plus sont alors totalement les bienvenues, que ce soit au début avec la fin de la rencontre avec le Duc de Galois, ou à la fin avec la transformation de Leo en humain qui coince. L’autrice est à l’aise dans les deux registres et elle étoffe ainsi sa galerie de personnages auxquels on s’attache de plus en plus. Un tome qui ne révolutionnera rien mais qui était très mignon à lire.

Tome 6

Ce nouveau tome est dans la droite ligne des précédents. On reste sur une histoire extrêmement mignonne où l’on suit le rapprochement entre Salifie et le roi, tandis que la première mûrie et gagne sa place en tant que reine. J’aime beaucoup le mélange et la tonalité très douce qui se dégage de l’oeuvre sans pour autant que les personnages soient mou du genou.

Au contraire, dans ce tome chacun d’eux s’affirme. Leo ouvre le tome avec un très beau mouvement de majesté où il communique à chacun ses ambitions en tant que roi. Il prend aussi la décision d’épauler plus ouvertement Salifie dans ses épreuves. Cette dernière va assumer pleinement sa place à ses côtés, ça fait plaisir à voir, et ça donne presque le sentiment qu’Anubis va arrêter de leur mettre des bâtons dans les roues, ce serait bien.

L’autrice n’oublie pas en parallèle de développer son univers et son bestiaire. On découvre cette fois le pays des félins, le temps d’une histoire vraiment touchante sur une mère et sa fille qui cherchent maladroitement à renouer. J’ai presque versé ma petite larme lors du dénouement. Je regrette juste qu’à chaque fois que ce genre de découverte à lieu, le peuple en question soit un peu trop abandonné par le suite, j’espère que ce ne sera pas le cas ici aussi, mais je crains que si, puisque c’était surtout l’occasion de mettre en avant Salifie dans ses nouvelles responsabilités.

Tome 7

Pas trop de changements ici, l’autrice semble avoir trouvé la bonne recette pour faire fonctionner et avancer son histoire et ça lui réussi plutôt bien. Je n’ai pas ressenti l’ombre d’un ennui ici et j’ai passé un bon moment de lecture malgré un petit détail qui est venu me déranger en cours de lecture.

Les débuts sont consacrés à la fin de l’intrigue avec le royaume des chats. C’est l’occasion de voir la bête à appeler du roi mais aussi pour Salifie de s’affirmer comme future reine. Jusqu’ici on a tout bon, le souci est venu juste après avec l’interrogation posée quant à la future descendance. Je n’ai pu m’empêcher de tiquer à la fois sur la différence d’âge des héros mais également sur la différence d’espèce. Oui je sais, on est dans un titre de fantasy mais ça ne justifie pas ce malaise. Heureusement on oublie tout ça très vite pour parler brièvement de la relation entre Leo et son père qui est fort triste.

La seconde partie m’a bien plus intéressée avec la séparation temporaire du couple royal dont l’un doit se rendre au chevet d’un puissant mourant et l’autre d’une armée qui a besoin d’être encouragée. C’est l’occasion de voir comment ils se débrouillent seuls. C’est encore assez discret du côté de Leo, mais j’espère bien le revoir. On s’intéresse plus à Salifie et au nouveau personnage haut en couleur qui la rejoint en tant que chef de sa garde, un jeune hyène qui a tout à prouver. C’est un archétype connu mais le personnage un peu fou fou, cabotin et fier à bras fonctionne bien. J’ai hâte de retrouver tout ce beau monde.

Tome 8

La série, décidément, continue sur sa bonne pente. C’est toujours le même discours mais l’histoire évolue dans la bonne direction même si c’est un peu lent.

Salifie et Leo sont séparés, chacun devant travailler de son côté, mais celle-ci s’en sort plutôt bien, c’est surprenant. Elle mène sa mission haut la main et va même plus loin en gagnant la fidélité de Lant. Grâce à son intervention, elle a su montrer à ce dernier que ses préjugés n’étaient pas forcément juste et qu’il y avait des personnes puissantes qui gagnaient à être connues. J’aime vraiment ce nouveau duo.

Vient ensuite le temps de rentrer et de retrouver Leo, alors que ça devrait couler de source, ce n’est pas aussi simple, parce que Sali commence à réaliser de plus en plus le sens de ses sentiments pour lui. Ceux-ci sont forts, complexes, et impliquent des choses nouvelles pour elle, qu’elle ne maitrise pas. C’est mignon tout plein pour nous lecteurs de la voir ainsi devoir demander conseil à ses amies. Cependant, je dois avouer que ça ne casse pas trois pattes à un canard non plus, surtout que je suis toujours autant perturbée par le côté zoophile de la chose quand je vois Sali avec Leo sous son apparence de bête… Mais au moins, leur relation évolue.

J’ai cependant été ravie de voir l’autrice revenir vers l’ami humain de Sali dans les dernières pages, pour ainsi nous livrer une belle histoire comme elle sait le faire sur la tolérance et la lutte contre le racisme sous toutes ses formes. C’est vraiment ça le coeur de l’histoire et ce genre de petit chapitre, qui ne mange pas de pain, mais qui met en avant des valeurs tellement positives, donne chaud au coeur et rappelle pourquoi il faut lire cette série.

Maintenant, il faudrait juste sortir un peu de ces petites histoires qui font si peu avancer l’intrigue et donner un coup de boost à celle-ci pour que la série ne traine pas trop en longueur et ne devienne pas anecdotique malgré ses belles idées.

Tome 9

Je commence à cerner l’autrice et ce qu’elle veut proposer dans son titre, je crois, et ce tome en est la parfaite illustration, un juste équilibre entre petite histoire personnelle douce amère et aventure politique plus sérieuse et stressante. Cependant malgré tout l’ambiance reste légère et pas aussi dramatique et lourde que dans d’autres titres.

Le tome démarre par un joli moment entre les personnages secondaires présents sur la couverture : Amito et Jormungand. La mangaka décide de faire doucement avancer leur romance mais avec beaucoup de pudeur. Ainsi, on les retrouve pris dans des sentiments complexes à cause des non-dits autour d’un talisman. C’est mignon et touchant même si ça ne casse pas trois pattes à un canard.

Non, j’ai été bien plus intéressée par la double intrigue politique qui s’est dessinée ensuite et qui met encore une fois chacun du roi et de la reine au coeur de l’action. Partis ensemble pour visiter un pays voisin, le Roi est rappelé brusquement à cause d’une menace qui le met dans tous ses états. Salifie, elle, décide de rester car elle perçoit quelque chose de louche chez le roi qui les accueille. Avec la même dynamique que précédemment, Sali se jette dans la gueule du loup pour dénoncer les atrocités de ce petit monarque absolu, qui dans le dos de Leo a rétabli l’esclavage qui est pourtant banni. Tout cela est rondement mené même si déjà vu. De son côté, Leo, lui va devoir affronter une révolte menée par la coalition de tous ceux qui sont contre lui. On sent que ça va être rude et nous n’en sommes qu’au tout début. A la tête de ceux-ci, de mystérieux canidés qui veulent en découdre et ont l’air bien menaçant. J’ai hâte de les voir en action.

Ainsi, comme d’autres tomes que nous avons déjà lus, l’autrice s’amuse à nouveau à mettre ses personnages en danger le temps d’intrigues politiques classiques mais bien menées et racontées, ce qui nous fait passer un bon moment à défaut d’avoir une lecture prenante et creusée.

Tome 10

Je me plaignais un peu la dernière fois d’une lecture qui manquait de poigne et jouait trop sur nos sentiments même si c’était plaisant. J’ai été entendu dans ce tome où l’autrice se tourne vers la nouvelle menace pesant sur Leo et Salifie et même cela reprend un schéma assez classique, cela n’empêche pas le lecteur de passer un très bon moment.

Alors que notre roi et sa reine de substitution avaient commencé à établir de solides bases à leur pouvoir auprès de leurs sujets, voilà qu’une nouvelle menace risque de tout faire capoter. Fenrir, héritier déchu du royaume des loups, a décidé de prendre sa revanche et pour cela de reverser Leo pour prouver à tous combien il est fort. C’est lui, avec ses sbires, qui est à l’origine des nombreuses attaques un peu partout dans le royaume. Alors lorsque l’occasion se présente de porter un coup fatal au roi en enlevant sa reine, il ne crache pas sur l’occasion.

Voilà en quelques lignes le résumé de ce qui nous attend. L’autrice offre ainsi un tome plus noir et tendu que précédemment. D’un côté, le royaume et ses habitants sont en danger à cause des attaques de Fenrir et il faut réagir et protéger tout le monde. De l’autre, Salifie a été enlevée. Leo est sous pression et ne peut agir sur tous les fronts. Il doit déléguer, ce qui n’a rien de simple pour ce roi proactif. Du coup, ce sont à ses amis d’agir pour lui prêter mains fortes et c’est ceux-ci qui auront la vedette dans ce tome pour mon plus grand plaisir. J’ai beaucoup aimé voir Anubis prouver ainsi son amitié au roi, épaulé par Jormungand. Mais surtout, c’est la loyauté à toute épreuve de Lant qui m’a touchée tant il va loin pour sa maitresse. La confiance que Leo leur montre est aussi touchante quand on connait son caractère. Sur le plan des émotions, l’autrice a donc encore fait mouche mais pas seulement.

J’ai aussi trouvé ce tome plus vivant que d’autres grâce aux combats qui le parsèment. Que ce soit sur le bateau, dans la grotte ou dans les villes frontières, les passes d’armes sont au rendez-vous et ça fait du bien. Il faut bien montrer que tout ne peut pas être que pacifisme dans un tel royaume. Le côté sombre de la série est nécessaire et vivifiant. Ainsi, j’ai apprécié le récit du terrible passé de Fenrir et les maltraitances dont il fut l’objet, pervertissant son coeur pur d’enfant qui voulait juste faire ses preuves. Sa relation avec Gleipnir est d’ailleurs importante pour ce dernier point, ce sera sûrement le point d’accroche pour le faire basculer, car on l’a tous bien compris, ce grand méchant finira bien par rentrer dans le droit chemin, Sali y veille déjà. Leur relation de kidnappeur à otage était d’ailleurs assez intéressante car Sali y a encore montré la bienveillance et l’oreille attentive dont elle sait faire preuve.

Ce petit shojo fantastique qui ne paie pas de mine continue donc à me proposer, non pas une intrigue puissante et marquante, mais une histoire qui a le mérite de tenter de s’aventurer vers quelque chose d’un peu plus sombre qu’habituellement pour ce public. L’autrice creuse bien son univers au fil des aventures et ajoute à chaque fois une jolie panoplie de personnages à ceux que l’on connait déjà. J’aime.

Tome 11

Je reproche depuis toujours à la série d’être sympa mais un peu plan plan, ce tome va me faire royalement mentir et j’en suis la première ravie !

Salifie a été enlevée par Fenrir, le loup déchu, qui souhaite prendre la place de Leonhart. Alors qu’elle croit avoir réussi à s’enfuir, celui-ci la rattrape le plus facilement du monde, montrant que c’est un jeu pour lui. Comment s’en sortir ?

Dans ce nouvel opus, l’autrice nous montre qu’elle commence à vraiment prendre les choses au sérieux. Il est bien beau de montrer sans cesse des héros gentils tout plein mais dans le rude monde des démons, il faut parfois faire preuve de force aussi pour s’affirmer. Un message cru mais honnête que j’ai eu plaisir à prendre ici. Leonhart prend enfin le taureau par les cornes et alors qu’il déteste se battre, il comprend bien qu’il y est obligé s’il veut protéger tout ce qui lui est cher.

Ainsi, sous le regard terrifié mais assuré de Salifie, il va lutter pour son royaume, pour ses sujets et pour elle. C’est un très beau combat, savamment orchestré avec une grosse part d’émotions tout sauf gnian gnian que l’autrice nous livre. J’ai beaucoup voir Leo écouter ses instincts et son coeur à la fois. C’était beau et tragique à la fois surtout face à un adversaire aussi malmené par la vie que Fenrir. Celui-ci offrait vraiment bien la réplique ici. Et le récit de son passé et de sa très belle relation avec son bras droit Nir a parachevé celui, offrant vraiment une très très belle séquence.

Seule petite déception, l’affrontement entre les magies des deux opposants a tourné court bien trop tôt. J’attendais vraiment cela et les voir au final s’affronter crument et violemment comme deux bêtes m’a moins plu même si j’en saisis la portée symbolique : ils donnent tout et s’affrontent nus avec honnêteté ainsi. Mais j’aurais aimé voir plus leurs pouvoirs à l’oeuvre…

Une très belle séquence donc qui s’enchaine avec une autre tout aussi cruciale qui s’annonce. La politique est décidément au coeur de l’histoire désormais et j’en suis ravie. On n’est plus seulement sur la découverte d’autres espèces, d’autres clans avec lesquels on use de diplomatie, là on rentre dans le vif du sujet avec des intrigues politiques bien plus rudes et menaçantes. La volte face du roi qui commence à prendre conscience de son véritable rôle et de sa véritable identité annonce du lourd pour la suite, mais je ne veux pas trop m’avancer.

Cette lecture bien plus nerveuse que d’habitude m’a donc comblée. Moi qui souvent trouvais la série un peu fade, j’ai été totalement contredite ici, avec une intrigue bien plus sombre et dynamique. Le Roi et Sali se mettent en danger pour protéger leurs idéaux, ce n’est pas la première fois, mais là ça m’a vraiment marquée. J’en redemande !

Tome 12

Alors que l’on approche de la fin de la série qui s’est conclut avec 15 tomes au Japon, l’autrice continue à faire prendre un tournant plus sérieux à son histoire et j’en suis la première ravie après tant de tours et de détours. Deux thèmes sont ainsi à l’honneur dans ce tome : l’image du roi et les relations à renouer avec les humains.

Ces deux thèmes sont au coeur de l’histoire depuis le début, mais c’est peut-être l’une des premières fois où l’autrice le fait aussi frontalement. On sent qu’elle a décidé de corser son discours et donc de frapper fort pour asséner ses idées. Elle accélère aussi sa narration faisant enfin arriver des événements qui auraient pu être attendus plus tôt, mais tout cela se fait toujours dans la grande douceur qui caractérise la série et avec un couple royal vraiment choupi malgré les airs de gros dur de Leo.

Le tome 12 s’ouvre ainsi sur l’organisation d’un défilé dans lequel le roi dans rencontrer son peuple. Celui-ci l’attend depuis un moment et tout l’entourage du roi a peur que cela tourne mal car il sait bien que les attentes de leur maître diffèrent de celle du peuple. En effet, le roi est un progressiste mais il veut aller trop vite. Il veut imposer sa reine et sa vision de la coopération avec les humains mais son peuple n’est pas près, lui. Ce serait une faute politique que de faire cela. Il faut alors toute l’astuce de l’autrice pour mettre en scène un très beaux moments entre les deux monarques afin à la fois de consolider leur couple et de faire comprendre à Leo que la force n’est pas la solution. J’ai beaucoup aimé ce moment de diplomatie en coulisses.

Cependant, ce moment fort et porteur de valeurs toutes en nuances que j’apprécie est un peu cassé par l’interlude léger que l’autrice y glisse avec la rencontre de ce jeune ornithorynque voulant assister au défilé mais atterrissant au palais avec Sali. C’est certes drôle, mignon et cocasse avec là aussi de jolis discours sur la différence, l’importance de faire passer les autres avant soi, etc, mais ça n’apporte pas grand-chose de plus à la série selon moi. C’est juste un chapitre visant à combler et délayer encore l’histoire.

En revanche, la dernière partie où il est question des relations diplomatiques entre les démons et les humains, elle, est plus bien pertinente. C’est une question qu’on n’avait un peu oublié à part lors de l’arrivée de Sali, puis lorsqu’on a croisé son ami, vers la moitié de la saga. Il était temps de s’y intéresser. Leo veut rétablir le dialogue, c’est tout à son honneur et ça montre surtout combien sa rencontre avec Sali a été décisive. Le choix de l’ambassadeur était tout trouvé vu les contraintes. Le déroulé est plus classique lui, mais j’aime assez qu’on mélange cette mission au mystérieux passé et aux origines de Leo. Nous n’en sommes qu’au tout tout début, et cela pourrait très bien être le dernier arc à mon sens, mais cela s’annonce riche en émotion et belles valeurs pour une harmonie entre les peuples.

Série appelant à la tolérance, cette petite bluette romantique dans un univers fantastique mêlant influences merveilleuse et fantasy, continue à faire son bonhomme de chemin en ayant vraiment sa patte. Je trouve l’ensemble mignon mais un peu léger pour ma part, manquant de force d’impact, mais c’est très agréable à suivre quand même et j’aime les nouveaux développements qui étoffent la trame principale. Hâte de poursuivre.

Tome 13

Comme le dit l’autrice elle-même, nous amorçons le dernier virage de la série et pour cela, elle nous offre un tome plein de chevalerie qui m’a beaucoup plu.

Alors que depuis quelques temps, je me lassais un peu du schémas répétitif de l’histoire qui peinait à faire avancer celle-ci au milieu de ses nombreuses circonvolutions, je dois reconnaitre que même si l’autrice continue sur le même ton, ça fonctionne très bien ici. En effet, Sali joue à nouveau les émissaires pour son Roi, mais cette fois c’est plus important. C’est un peu comme l’ultime mission, l’ultime épreuve pour devenir Reine, puisqu’on l’envoie négocier la paix avec les humains, seule espèce ennemie qu’il reste vraiment à convaincre après avoir fait le tour dans les péripéties précédentes.

Pour ce faire, Sali se rend dans leur monde avec une lettre qui a besoin d’être déchiffrée pour prouver son authenticité. Elle rencontre alors Othello, un jeune soldat qui l’oriente faire une « sorcière » capable de lire la langue des démons. Alors que l’histoire semble s’orienter vers un lien entre cette femme et le Roi de Sali, au final, ce n’est pas vraiment ce dont il sera le plus question. L’autrice joue habilement avec nous, délivrant une info capitale pour mieux en reculer l’effet en développant une jolie petite romance à la place.

J’ai été touchée par l’histoire de cette jeune femme dont la particularité familiale a poussé les gens à l’ostraciser. Heureusement, elle rencontre un gentil garçon qui va aller au-delà des préjugés. Mais en le perdant, elle perd aussi espoir et se renferme dans cette image que les autres lui renvoient. Il faudra toute la gentillesse et le coeur de Sali pour la faire sortir de cette noire spirale, avec l’aide de son chevalier servant. J’ai beaucoup aimé le ton gentiment sombre de cette histoire, la revisite de la figure de la sorcière et l’aspect très chevaleresque de la romance. Alors même si ça occupe presque tout le tome au dépend du reste, ce n’est pas grave car les personnages ont su me toucher.

Cependant, je reconnais avoir été bien intriguée par tout ce qui se tisse en filigrane autour du Roi et de ses origines, que ce soit au Palais ou du côté de Sali. C’est mystérieux et tordu à souhait avec un complot ourdi au plus près de lui. Tout semble petit à petit se mettre en place pour deux ultimes volumes haletants, sombres et complexes pour nous héros, du moins à hauteur de cette gentille petite histoire qui revisite des univers d’héroïc-fantasy pour les plus jeunes ou néophytes du genre. Ça m’a plu de voir ce qui se tramait dans le palais même si c’était assez évident et j’ai aimé les quelques petites découvertes faites par Sali. J’attends de voir comment tout cela va se mélanger.

Ainsi, ce 13e tome de la Princesse et la bête fut bien meilleur que les précédents. Il revient en quelque sorte aux codes du genre que l’autrice a instaurés dès le début, un mélange de merveilleux et d’héroïc-fantasy pour de jeunes lecteurs adolescents. C’est mignon tout plein avec une légère touche de noirceur et quelques thématiques intéressantes comme la figure de la sorcière ou les lignées, ici. J’ai hâte de découvrir ce que le final nous réserve.

Tome 14

A un tome de la fin, il était temps de corses les choses, heureusement l’autrice l’a bien compris et donne un très beau et judicieux coup de fouet à sa série avec ce tome très politique et aventureux !

Rien ne va plus, le secret du Roi n’en est plus un ! C’est tout l’univers d’Osmalg qui est bouleversé. Depuis le début de l’histoire, on se doutait bien qu’un jour la question de l’identité du Roi serait amenée sur le tapis et qu’elle serait le ressort ultime de la série. L’autrice a ainsi très bien travaillé au fil des différents arcs pour prêcher la tolérance et l’intégration de l’ensemble des strates de la société dans cet univers autrefois tellement divisé et cela fait parfaitement sens ici !

En effet, avec la révélation du secret du Roi, qui est désormais connu comme étant mi-humain mi-démon, ce sont les fondements même de leur société qui s’effondrent. Quoi de mieux pour un héritier au trône frustré pour pouvoir se faufiler et chambouler le destin ? J’ai beaucoup aimé l’utilisation que l’autrice fait de tout ce qu’elle a su créer précédemment pour le renverser brutalement et créer ainsi une belle tension dans cet ultime chapitre de l’histoire. C’est saisissant de voir la violence avec laquelle le Juge Seto s’empare du pouvoir et efface tout ce qu’avait construit le Roi pour revenir à une société divisée et inégalitaire.

Bien sûr tout cela étant esquissé rapidement, cela est fait sans vraiment de profondeur, à grand coup de crayon magique scénaristique, mais l’intention est louable, car le tome est vraiment dynamique à lire. Nous assistons d’un côté à une rapide régression de la politique du royaume et de l’autre à un Roi qui va devoir apprendre à surmonter ses failles. Car il y a du boulot à faire pour Leo, lui qui a toujours renié son côté humain. Heureusement à ses côtés, il y a Salifi et toutes les amitiés qu’il a su se forger. C’est émouvant de les voir soutenir leur Roi, non pas parce qu’il est roi mais parce qu’il est lui et qu’ils aiment les valeurs qu’il défend.

Ainsi, l’autrice offre également une jolie ouverture d’esprit avec cet avant-dernier tome, avec la proposition d’un Roi pour qui l’égalité pour tous est source de la plus grande liberté dans un pays.

Sur fond de secret révélé au grand jour, l’autrice amorce ainsi le dernier tournant de son histoire le temps d’un tome au rythme permanent, passant de révélations, à des moments d’apitoiement, avant qu’on se relève pour partir à l’assaut. Aventure, grands sentiments et exploration du passé sont ainsi au rendez-vous et nos héros n’ont jamais été aussi touchants.

Tome 15 – Fin

Ultime volume de cette longue saga, en tout cas pour un shojo en France, d’une histoire somme toute classique mais fort plaisante à lire car reposant sur de belles valeurs d’universalisme et d’humanisme.

Aucune surprise dans ce tome, pour une première saga publiée, l’autrice s’en sort à merveille pour boucler celle-ci en exploitant l’ensemble des pistes qu’elle avait lancées au cours de son élaboration. Nous sommes donc en présence d’une conclusion honnête et solide où nos héros parachèvent leur évolution de la plus belle des façon et atteignent le point culminant de leur relation, sous nos yeux plein de tendresse pour eux.

Si je n’ai pas été transcendée ni surprise, j’ai tout de même passé un joli moment. J’ai apprécié cette dernière confrontation, qui relevait de l’évidence, entre Leo et son peuple, puis entre Leo et ses proches. C’était plaisant de voir l’évolution de ce dernier au contact de Salifie, de revenir sur tout ce qu’ils avaient accompli et ainsi de se retrouver avec un monarque éclairé qui remet en jeu son poste pour se retrouver conforter dedans grâce à tout ce qu’il avait accompli.

Secrets de famille et histoires politiques sont au coeur de cet ultime chapitre avec bien sûr un zeste de magie. L’antagoniste offrait une belle aventure, cela a permis à l’autrice de faire revenir plusieurs royaumes croisés au fil des aventures, ainsi que de célébrer la bravoure aussi bien des personnages principaux que de leurs amis. C’était donc une belle fable fantastique animalière avec un joli mix entre question raciale, humanisme et universalisme, si on prend bien sûr les démons à égalité avec les hommes, ce qui est le propos de la série. On voit aussi l’importance de l’écoute de l’autre, du dialogue, de la bienveillance, de la vraie égalité et de la confiance en soi. Car au-delà d’une part ouverte vers l’autre, la série parle aussi d’évolution et de développement personnels de manière assez importante et judicieuse.

J’ai aimé le dynamisme de ce dernier tome alternant entre révélations sur Leo et Salifie, et lutte de pouvoir, puis devenir du pays. Toutes les cases sont cochées. En revanche, je reste partagée quant à la relation Salifie – Leo d’un point de vue concret, tout comme ce fut le cas entre les parents de Leo, le côté zoophilie de celles-ci me rebute totalement, désolée, alors heureusement que c’est occulté des images >< J’ai quand même beaucoup apprécié le court chapitre final se déroulant des années après avec leur progéniture, c’était mignon tout plein et ça montrait tout ce qui avait été accompli pour obtenir un pays serein et en paix avec ses habitants et ses voisins.

Sans vraiment sortir du lot par son originalité, La princesse et la bête m’a tout de même offert une belle lecture de bout en bout avec le récit de ce roi démon s’amourachant de son sacrifice humain. Leur parcours politique et humain fait d’échanges avec leur peuple et les pays voisins pour oeuvrer à plus de compréhension et d’amour entre les peuples m’a beaucoup plu. Les dessins plein de douceur et de rondeur de l’autrice aussi. J’ai été surprise d’apprendre que c’était une première oeuvre tant elle fut maîtrisée et je serai curieuse de voir ce qu’elle nous réserve à l’avenir. Amateur de belles histoires de magie, de démon, de bête et d’humanité, qu’attendez-vous pour vous lancer ?

18 commentaires sur “La Princesse et la Bête de Yu Tomofuji

  1. T5 « J’ai beaucoup aimé découvrir un pan de son histoire et de la construction de son caractère grâce au flashback que nous accorde l’autrice dans lequel on le découvre enfant lors de ses premiers temps auprès du Roi. Ils sont d’abord mignon tout plein. » tout à fait 🙂

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