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Mujirushi, le signe des rêves de Naoki Urasawa

Titre : Mujirushi : le signe des rêves

Auteur : Naoki Urasawa

Éditeur vf : Futuropolis – Louvre éditions

Année de parution : 2018

Nombre de tomes : 2 (série terminée)

Histoire : Gérant naïf et falot d’une petite manufacture d’objets en caoutchouc, M. Kamoda se voit placer sous séquestre pour fraude fiscale ; excédée, sa femme le quitte, et il est victime d’une escroquerie qui le laisse criblé de dettes… Alors qu’il erre sans but dans la ville avec sa fille Kasumi, à deux doigts de céder à des pulsions de désespoir, il va trouver sur sa route un étrange signe des rêves, qui l’amènera jusqu’à Paris pour l’aventure de sa vie, dans une série de manigances concentriques autour de la Dentellière, le chef-d’œuvre de Vermeer… Sur fond d’élection à la présidence des États-Unis d’une improbable candidate démago-affairiste, Le Signe des rêves est un récit d’aventures satirico-parodique, narrant l’improbable quête d’un pauvre père et de sa fille au musée du Louvre, sous l’impulsion d’Iyami, un mystérieux manipulateur francophile, fameuse figure d’aigrefin farfelu créé par le dessinateur d’humour AKATSUKA Fujio dans les années 1960.

Mon avis :

Tome 1

En bonne fan de Naoki Urasawa, je reviens vous parler de sa dernière oeuvre en date parue en France en collaboration avec le musée du Louvre : Mujirushi : le signe des rêves. Dans la lignée de ce qu’on fait d’autres de ses confrères (Jirô Taniguchi , Hirohiko Araki, Taiyou Matsumoto), Naoki Urasawa signe un titre qui lui ressemble et qui en même temps est avant tout là pour faire l’apologie d’un lieu emblématique de notre pays : le musée du Louvre, et ça se ressent…

En effet, nous ne sommes pas en présence d’un titre majeur du mangaka mais plutôt d’un exercice de style où il cherche comment mêler les thèmes qu’il aime tant à l’exigence de ce projet de commande. On se retrouve ainsi avec un titre un peu bâtard où l’on a bien le style Urasawa mais en version ultra rapide, concise et superficielle, le tout dans un cadre rempli de clichés sur la France, Paris et le Louvre encore une fois.

Si je comprends le dernier point car il est question de donner envie au potentiel touriste japonais, je suis un peu plus déçue par le premier. Urasawa ne fait preuve d’aucune originalité. Il fait ce qu’il sait faire, certes il le fait bien, mais on est en droit d’attendre un peu plus. Les dessins et la narration sont soignés, normal pour un auteur avec une telle carrière, mais l’histoire est bateau et bien trop facile.

Nous suivons une nouvelle fois une enfant dont le père l’amène d’une galère à une autre à cause des mauvais choix qu’il fait. Vous avez une impression de déjà-vu ? Allez relire Happy ! ^^ En effet, Naoki Urasawa recycle la figure du père peu fiable voire carrément looser et magouilleur, pour le confronter au regard perspicace d’une fillette bien trop mature pour son âge. Si le duo fonctionne au final assez bien, il n’a rien d’original et on en vient très vite à plaindre cette pauvre gamine balloté des conséquences d’une mauvaise idée à l’autre.

Ce duo-père fille va vivre des aventures on ne peut plus rocambolesques complètement surréalistes, mais en soi ça ne m’a pas gênée, c’est aussi ce qui fait le sel des dernières séries de l’auteur. Au contraire, j’ai trouvé original dans un manga de voir des héros en passe de réaliser une belle escroquerie, ça change. La seule chose qui me dérange, c’est que vu le principe de l’oeuvre, il est impossible pour le mangaka de vraiment développer son oeuvre et son propos et qu’on s’en tient ainsi à des lieux communs et une intrigue développée beaucoup trop rapidement pour être creusée. Il manque clairement des pages pour un auteur comme Urasawa qui aime s’étaler sur des tomes et des tomes. On ne retient ainsi qu’une impression de vacuité et de facilité excessive, dommage.

Dernier point noir que je ne peux pas m’empêcher de soulever, c’est la mauvaise idée d’utiliser un personnage humoristique créé par le dessinateur d’humour Akatsuka Fujio dans les années 1960. Il est juste insupportable par ses tics de langage qui ont vraiment pourri ma lecture sur un bon tiers du tome, au point que j’essayais de les sauter sans y parvenir… Horrible !

Bilan, Le signe des rêves est bel et bien une oeuvre de commande où Urasawa ne se foule pas trop. Il réutilise ce qu’il sait faire vite fait bien fait sans apporter ce qui pourrait en faire une oeuvre originale à retenir. On a donc un titre bien fait mais sans âme pour le moment. Dommage vu le prix et la qualité de l’objet livre, dont au passage j’ai fait le choix d’acquérir la première édition et non le coffret regroupant les 2 tomes qui doit sortir après car celui-ci est honteusement cher au vu du contenu…

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Tome 2

Il est déjà temps de conclure cette courte histoire de commande du Louvre à Naoki Urasawa où celui-ci s’amuse sans se forcer à inventer une histoire d’escroquerie avec le Japonais le plus fan de la France qu’il connaisse.

Ce second tome est une bonne surprise dans la mesure où je n’en attendais pas grand-chose après un premier tome très convenu. L’histoire avance rapidement. On ne perd pas de temps en fioriture pour vite arriver au jour où le père et la fille doivent voler le Vermeer. L’affaire est rondement menée dans une ambiance assez drôle, je dois avouer. On n’est pas dans le casse du siècle mais dans un coup monté à la va-vite qui a tout pour mal tourner et qui est donc égrené de moments qui pourraient tout faire basculer du mauvais côté. Ainsi même si l’histoire reste ultra classique et pleine de bons sentiments (incarnés par le personnage de Michel), les aventures du père et de la fille peuvent tenir un petit peu en haleine. D’ailleurs, la chute de cette escroquerie a vraiment de quoi faire rire, Urasawa faisant une pirouette comme lui seul à le don d’en faire, pour que tout le monde s’en sorte bien.

Je suis donc ressortie satisfaite de la lecture de ce second tome. J’ai trouvé certes l’histoire trop rapide, mais j’ai aimé le contre-pied choisi par l’auteur. L’histoire qu’il a imaginé derrière le signe des rêves m’a amusée et attendrie. J’ai également aimé, même si c’est très surfait, la petite critique politique qu’il y a glissée même si ce serait bien qu’il ait le même regard critique envers son pays et pas seulement envers l’Occident…

Mujirushi est donc une oeuvre de commande bien calibrée mais un peu trop artificielle, dans laquelle on sent qu’Urasawa s’amuse bien tout de même mais qui laisse le lecteur cruellement sur sa faim quand même tant elle peut sonner creux. C’est une brève aventure un peu rocambolesque qui aura permis à une famille de se remettre sur les rails et de faire de belles rencontres. Le Musée du Louvre est bien mis en avant même si on le parcours très rapidement. L’histoire de base est originale. Il m’aura manquait un vrai développement pour que ça fasse moins artificiel. Par contre, j’ai vraiment apprécié la Postface d’Urasawa expliquant sa participation.

Ma note : 14 / 20

2 commentaires sur “Mujirushi, le signe des rêves de Naoki Urasawa

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