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Les Découvertes d’Akata #14 : Made in Heaven d’Ako Shimaki

Nouveau rendez-vous du mercredi où je pars à la découverte d’un titre du catalogue d’Akata.

Ça y est, je suis en vacances, j’ai envie de lectures un peu plus légères. C’est donc l’occasion parfaite pour vous parler du dernier titre de la collection WTF : Made in Heaven d’Ako Shimaki que j’avais déjà eu le plaisir de lire dans Le chemin des fleurs ou les plus anciens Sous un rayon de lune, Dingue de toi et Secret Girl. Je m’attends du coup à une lecture assez fun.

Je vous laisse maintenant découvrir mon avis sur ce nouveau titre.

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Titre : Made in Heaven

Auteur : Ako Shimaki

Éditeur vf : Akata (WTF?!)

Années de parution vf : 2018-2022

Nombre de tomes vf : 11 (série terminée)

Histoire : Dans une vie antérieure, Atsurô Nogi était un moine bouddhiste, et il avait juré de rester vierge toute sa vie. Mais est-il destiné aux mêmes choix tout au long de ses réincarnations ?! Quoi qu’il en soit, de nos jours, le voilà devenu mangaka. Et malgré son pucelage, il affirme pouvoir dessiner n’importe quelle scène de sexe ! Grâce à ses talents, bien qu’auteur débutant, il se retrouve en charge d’une nouvelle série au sein du prestigieux Weekly Shônen Gump ! C’est alors que Kanade, jeune femme à la très (très très) forte poitrine, devient son assistante. D’abord hypnotisé par les attributs de la demoiselle, il réalise très vite que pour pouvoir dessiner de voluptueux mamelons bien réalistes, il va devoir en palper avant… Tout cela par pur professionnalisme, bien évidemment ! il lui demande alors l’autorisation de la tripoter… comment réagira-t-elle ?

Mon avis :

Tome 1

Nouveau titre de la collection WTF ?!, Made in Heaven s’annonçait comme une lecture déjantée et ce fut bien le cas. Je connaissais l’humour d’Ako Shimaki dans ses précédentes série dont la précédente Le Chemin des fleurs m’avait beaucoup plu. Ici, elle va encore plus loin et c’est hilarant.

Le concept de départ est déjà complètement barré avec un moine abstinent qui se réincarne sous les traits d’un mangaka puceau. Ce dernier rêve de son ancienne vie et s’en sert comme inspiration pour sa première série publiée. Il tombe alors sur la femme qui a l’a tant perturbé dans son autre vie et se retrouve complètement obsédé par elle et ses formes. Il voudrait bien l’oublier mais il a besoin d’elle pour avancer dans les planches qu’il doit rendre.

Dit comme ça, on peut se demander où l’on est tombé. Il faut dire que l’autrice pousse le délire assez loin avec l’obsession de Nogi pour la poitrine de Kanade. Mais à la lecture, ça passe très bien. Bien sûr, il faut savoir prendre cela au Xème degré et alors on s’offre une bonne tranche de rigolade lors de scènes toutes plus drôles les unes que les autres où l’inexpérience de Nogi face au sexe opposé s’oppose aux rondeurs affriolantes de sa nouvelle assistante.

De plus, il faut reconnaitre qu’Ako Shimaki sait raconter une histoire. Il n’y a pas de temps mort dans son histoire. Elle alterne le quotidien de Nogi comme mangaka dans le présent, avec des scènes de son passé de moine. Les deux font bon ménage et se complètent plutôt bien pour former un récit drôle, piquant et dynamique où on ne voit pas le temps passer. Elle peint ainsi un récit très drôle où l’on revient sur le quotidien d’un mangaka débutant à la recherche d’idées et d’expériences pour améliorer son trait et ses histoires.

En ce qui concerne le trait d’Ako Shimaki elle-même, il est aussi beau et fin que dans ses précédents travaux, alors une pointe de rondeur et de sensualité qui correspond bien au sujet. J’aime beaucoup la finesse des traits masculins et notamment de leurs regards que j’ai toujours trouvés très expressifs. Elle sait aussi rendre ses dessins très drôles en sur une surenchère des sentiments toujours bien dosée. Elle est top pour cela.

Avec Made In Heaven, on tient donc un titre drôle et frais dans lequel on retrouve avec plaisir le goût de la mangaka pour l’humour et le fantastique, le tout avec une narration et des dessins soignés et maîtrisés. Je lirai la suite avec grand plaisir.

Tome 2

Cette suite confirme tout le plaisir que j’ai pris lors de ma lecture du premier tome. L’autrice reprend les mêmes éléments pour poursuivre son histoire et aller toujours plus loin.

Nous continuons à suivre les aléas de la vie de mangaka de notre héros, dont on prend l’histoire d’amour pour une comédie érotique. Il faut donc qu’il cherche des idées pour combler ses lecteurs et comme il ne sait que s’inspirer du réel, il a besoin de nouvelles expériences, ce qui donne encore lieu à des scènes désopilantes. Son obsession pour les fortes poitrines ne se laisse pas démentir mais il commence à comprendre que ce ne sont pas toutes les mêmes et qu’il en apprécie une et une seule. Du moins, c’est ce qu’il comprend de son héros, c’est-à-dire sa vie antérieure, mais il reste du chemin pour qu’il l’associe avec son moi présent.

On enchaîne donc situation ubuesque avec malentendu grotesque et c’est poilant. Que ce sont dans les réminiscences du passé ou dans le présent, on a des scènes tordantes, je prends pour exemple celle en couverture ou encore celles du dernier chapitre. Vraiment, j’adore cet humour un peu gras où tout le monde peut être pris pour cible, homme comme femme.

Graphiquement, c’est toujours aussi séduisant, dynamique, pêchu, même si j’ai un peu de mal avec certaines représentation du corps… Mais j’aime beaucoup toute la palette graphique dont est capable la mangaka.

Je me suis encore régalée à la lecture de ce tome, je n’ai pas vu le temps passer. On avance dans les souvenirs de leur première vie antérieure et un peu aussi dans le présent avec un triangle amoureux désopilant. Je suis fan.

Tome 3

Ako Shimaki continue à nous livrer un titre barré et sans fausse note pour moi. Elle fait toujours autant dans la démesure mais qu’est-ce que c’est drôle.

Ce tome se concentre sur le passé de nos héros pour conclure ce premier arc et en ouvrir un nouveau la prochaine fois. J’ai trouvé qu’il y avait un léger déséquilibre du coup entre présent et passé, ce que j’ai regretté. Cependant l’humour et le cocasse des situations me font toujours passer un bon moment. J’ai beaucoup ri des déboires de Yaï et Ryôchin. Ce dernier veut à tout prix la piéger mais ça se retourne contre lui. C’est vraiment très drôle. L’autrice pousse l’humour encore plus loin après, en faisant de la position inventé par Ryôchin l’origine d’une certaine forme de philosophie, et du mantra qu’adore Eiken, une ôde à l’amour charnel alors qu’il faisait tout pour le repousser. C’était tordant !

Certains pourront reprocher sa légèreté au scénario mais c’est le propre de cette série alors je trouve ça tout à fait normal, je n’y cherche pas autre chose qu’un bon moment de rigolade. Après, l’autrice pense tout de même à faire avancer son histoire. Dans le passé, ce cycle de réincarnation se termine et on nous promet de passer au suivant dans le prochain tome, ce qui devrait renouveler l’histoire. Dans le présent, suite à la dernière déconfiture et au dernier malentendu du trio, Kanade prend un décision qui va radicalement changer leur dynamique et peut-être pousser Nogi dans ses retranchements, ce serait sympa pour relancer l’histoire ici aussi.

Made in Heaven continue donc à me faire rire. Les dessins d’Ako Shimaki sont toujours aussi beau, la mise en scène encore une fois entrainante. Elle sait construire un récit et maintenir l’intérêt de son lectorat même si son histoire est légère. Je passe de très bons moments.

Tome 4

L’autrice poursuit sur sa lancée sans faillir dans ce nouveau tome. Si je m’amuse toujours lors de cette lecture détente, je dois reconnaitre que du point de vue du scénario ça n’avance pas beaucoup, pour ne pas dire ça se répète un peu inlassablement. Et même si c’est le propre de cette histoire de réincarnation, c’est tout de même un peu frustrant.

Ako Shimaki essaie pourtant de renouveler son histoire. Elle propose un nouveau défi à son héros, qui veut faire basculer le cadre de son manga mais est confronté à son ancienne assistante qui sort déjà une série sur la même histoire. Peut-il persister même si ça ressemble à du plagiat ? Pourquoi veut-il à ce point n’écrire que sur ses rêves ? Ce présent m’intéresse peu, parce que je commence à trouver agaçant le manque de communication et de franchise de Kanade envers Nogi.

Par contre, j’aime toujours autant les moments dans le passé. Le changement de temporalité me plaît. J’aime que l’histoire bascule dans l’époque Heian. Les personnages sont différents aussi bien physiquement que dans leur personnalité, ce qui change un peu la donne. C’est amusant de voir Yaé devenue une princesse, future prêtresse. Les nouvelles personnes autour d’eux ajoutent aussi pas mal d’humour.

L’humour, c’est bien ce qui me pousse à lire ce titre. Honnêtement, j’adore l’humour bien gras de l’autrice. Elle se moque avec pertinence des mecs libidineux qui veulent abuser de leur position, mais aussi des femmes qui usent de leurs charmes. Elle s’amuse avec les superstitions d’un autre temps et les quiproquos que l’ignorance peut susciter. Il y a tellement de moments complètement absurdes qui m’ont fait rire dans ce tome encore. Alors oui, il n’y a rien de neuf mais c’est bien fait, ça m’amuse et c’est ce qui compte.

Tome 5

Un nouvel opus en mode de pilote automatique jusqu’au renversement final que je n’avais pas vraiment prévu.

On continue à suivre en parallèle les aventures présentes et passées de notre trios de héros à travers le temps. Pour une fois, c’est ce qui se passe dans le passé qui m’intéresse le moins. On y voit Nogi, alias Munemitsu et Kanade alias Nariko se tourner autour, le premier demandant bien sûr conseil à la mauvaise personne ensuite, ce qui va tout venir compliquer. Les choses se répètent, du coup ça ne me passionne pas. Heureusement que l’autrice en profite pour insérer des petites connaissances sur l’ère Heian toujours bonnes à prendre, et surtout une bonne dose d’humour où elle se joue de la naïveté des héros.

Dans le présent, c’est tout aussi léger dans un sens, mais tout de même plus intéressant. Nogi apprécie de plus en plus le travail de Funamushi, alias Kanade, au point de penser en être amoureux alors qu’il ne l’a jamais rencontrée. Il souhaite donc profiter d’une interview commune pour déclarer sa flamme, (les préparatifs en sont très drôles au passage), sauf que ça ne va pas se passer comme prévu. Le rebondissement que cela apporte relance l’histoire dans une direction qui me plait avec une vraie interrogation sur ce qu’est l’amour : un sentiment qui ne dépend pas de la personne en face, ou une pulsion biologique dirigée seulement vers un certain type d’individus avec un sexe défini. L’autrice explore le sujet avec humour mais le sujet est plus profond que cela ne le laisse penser et j’aime ça. Honnêtement, ça n’aurait pas pris cette direction, j’aurais commencé à me lasser mais là, ça relance mon intérêt.

Tome 6

Alors que l’humour de cette série me plait depuis le premier tome, ici il ne suffit plus à masquer une intrigue qui piétine et un tome assez décevant dans l’ensemble où l’intrigue principale n’occupe qu’un peu plus de la moitié du tome avant un oneshot qui n’a rien à voir…

Nogi persuadé qu’il est gay a décidé de passer à l’acte avec son ami de toujours, Akira. Nous assistons donc à leur rencontre en parallèle de la fin de l’histoire de leur réincarnation du XIe siècle. Les deux se matchent assez bien même si ça fait redondant avec ce qu’on a déjà lu. En effet, comme dans sa précédente réincarnation, il se fait tromper par l’Akira d’alors et son histoire avec la princesse échoue. Les ressors scénaristiques et comiques sont encore une fois les mêmes : tromperie, mensonge, sexe, punition rocambolesque… En plus, ici j’ai vraiment eu l’impression que tout allait trop vite ce qui rendait impossible le moindre attachement aux personnages. Et comme le récit de ce passé occupe la majeure partie du récit, le présent, lui, fait du surplace. On assiste juste à la tentative de Nogi et Akira de coucher ensemble, pendant que Kanade se lamente… Du vu et revu dans la série. On commence sérieusement à tourner en rond, il va falloir mettre un grand coup dans la fourmilière !

Concernant le oneshot dont je parlais plus haut, nous sommes sur quelque chose de très classique, avec une lycéenne lambda amoureuse du prince de sa classe mais qui n’ose pas lui dire parce qu’elle se sent tout en bas de l’échelle par rapport à lui. Le petit twist de l’histoire est le fait qu’après avoir prié 100 fois son nom avant de s’endormir, elle parvient à le voir et à lui parler dans ses rêves. Ils apprennent ainsi à faire connaissance, sauf qu’elle se présente toujours avec un masque sur le visage. J’avoue que j’ai trouvé les deux chapitres de cette histoire assez drôles au début, c’est léger et un peu original dans la forme (le fond est archi vu, lui). Le héros étant tout sauf un beau gosse calme et classe comme elle le croyait, ça apportait un bon ressort comique. Le problème, c’est que la chute est tellement abrupte que ça tombe complètement à plat ! Comme souvent, je ne vois pas l’intérêt de mettre ce genre de oneshot qui occupe la moitié de la place, alors que ça n’apporte rien au titre principal et que c’est tout sauf important dans la carrière de l’autrice…

Donc, un tome assez décevant, avec une histoire principale qui fait du surplace, des héros dont les histoires se répètent trop et auxquels on a du mal à s’attacher. L’humour qui faisait mouche ne marche plus aussi bien à force. Si on ajoute le sentiment qu’en plus on est floué sur le nombre de pages, ça n’aide pas.

Tome 7

Un nouveau tome placé sous l’humour décapant d’Ako Shimaki. Celle-ci a beau utiliser toujours un peu la même recette ici, j’avoue qu’elle parvient toujours à me faire. Par contre, j’ai un peu perdu espoir de voir la trame principale avancer correctement ou du moins comme je l’aimerais. Mais je prends plaisir à suivre les aventures des réincarnations de Yae, Eiken et Ryochin à travers le temps.

Dans le présent, Murofushi vit très mal la découverte de la relation entre Nogi et Akira, même si ce dernier lui a menti quant à ce qu’il s’est passé entre eux. Alors lorsque Nogi lui demande en quelque sorte conseil sur cette relation, elle craque. C’est un moment complètement ubuesque où se croisent tous les non-dits qu’il y a entre eux pour aboutir à une déclaration par contre très pure sur l’amour au-delà du sexe de la personne. Cependant, on avance encore ici à la vitesse d’un escargot et comme l’autrice a décidé de partager son scénario à parts égales ici entre présent et passé, ça n’arrange rien…

Ce passé que l’on va retrouver est celui de nouvelles réincarnations, nous voilà propulsés en plein XIVe siècle cette fois, soit 400 ans après leur dernière incarnation. Et ô originalité cette fois, Yae se retrouve dans la peau d’un homme, tout comme Eiken, tandis que Ryochin est une femme. Les problématiques changent donc et on découvre un nouvel Eiken, qui peut aimer une personne même si celle-ci n’a pas de seins, son obsession intemporelle.

Entre moments cocasses et truculents, l’autrice développe un beau message sur l’amour à travers le temps et en dépit du sexe de la personne, un amour pur entre âmes soeurs. Cependant, c’est un peu noyé sous l’humour sous la ceinture de la mangaka, sous les manoeuvres des uns et des autres qui visent à mentir à leur prochain au final et les personnages avancent peu dans leur réflexion. On a l’impression de revivre sans cesse la même histoire. Seule nouveauté ici, le changement de sexe dans leur incarnation pour deux personnages et peut-être l’introduction d’une nouvelle figure parmi celles se réincarnant, pour le reste c’est encore la même chose. Pas que je déteste mais je me lasse un peu de cette répétition, et quand je vois le schéma au début du tome présentant les réincarnations où on n’a fait que la moitié du chemin et encore, j’ai peur de voir ce que ça va donner sur la durée…

Made in Heaven reste donc une lecture fun et légère, sympathique à retrouver mais qui manque cruellement d’enjeux tant ceux-ci sont noyés sous le concept et l’humour graveleux d’Ako Shimaki. Dommage.

Tome 8

Nouvelle lecture décomplexée pour cette série drôle et atypique qui revisite comme personne les histoires de mangakas et de réincarnations !

J’ai encore beaucoup ri cette fois encore même si le twist sur le changement de sexe des héros n’empêche pas de voir que l’autrice reprend sempiternellement les mêmes schémas scénaristiques. Ce n’est pas déplaisant mais ça empêche un peu la série de vraiment décoller et ça la rend juste sympathique. Cependant, c’est agréable de voir la variété des couples et agencements proposée librement par l’autrice, presque comme allant de soi.

La narration, elle, est un tantinet longuette dans cet arc. On ne voit pas assez le présent, qui stagne, sur ce statu-quo Nogi croit que Renjo est l’auteur qu’il cherche alors que c’est Murofushi. Nogi n’aimant pas les hommes, ça n’avance pas entre eux. Murofushi étant coincée par son contrat, elle est dans l’incapacité de se révéler. Il ne reste donc plus que le récit de leurs réincarnations passées à l’autrice pour faire avancer son scénario, ce qu’elle parvient à faire astucieusement en ajoutant un nouvel élément, enfin.

Ce nouvel élément, n’est autre que l’agent de Murofushi dans le présent et le compagnon pauvre de l’ancienne réincarnation de Renjo. Celui-ci apporte une nouvelle dose d’humour bienvenue dans le présent avec ses problèmes d’érection, qui devraient être au centre du prochain tome. Dans le passé, il offre malheureusement un levier à Renjo/Yoshiko, qui vit de plus en plus mal son rejet par Nogi/Masatsura, et voit aussi en lui à la fois une échappatoire pour confirmer qu’il/elle reste désirable.

L’autrice continue donc avec humour d’aborder des sujets sensibles et d’actualité peu importe l’époque : les sentiments au-delà du genre, le sentiment de désirabilité, la capacité ou l’incapacité d’avoir des relations sexuelles, etc.

Ainsi même si elle reprend toujours le même schéma, Aki Shimaki introduit suffisamment de nouveaux petits éléments à chaque fois pour continuer à susciter et renouveler notre intérêt. En plus, son humour continue à faire mouche même après 8 tomes. Une jolie série humoristique qui cache bien des secrets.

Tome 9

Made in Heaven c’est mon petit plaisir coupable de la collection WTF ! A chaque tome, je m’amuse des imbroglios qu’imagine l’autrice pour caricaturer à la fois les Boys Love, les shojo et les récits sur les mangaka. Un pur bonheur !

Cependant, je trouvais que l’histoire traînait en longueur depuis plusieurs tome et là enfin elle avance, je suis ravie ! En effet, malgré tous les pièges que Renjô met sur son chemin, Nogi se dirige inexorablement vers Murofushi, c’est pas trop tôt ! En même temps, il est hyper amusant de voir les stratagèmes imaginés par Renjô et toute l’énergie qu’il met à contrecarrer Murofushi, allant même jusqu’à apprendre à dessiner comme elle pour prendre sa place. Il va loin.

L’astuce de l’autrice pour rendre ce récit si drôle et addictif, c’est de jouer avec talent entre les lignes narratives présente et passée due à leurs anciennes incarnations. C’est parfaitement réussi. Il y a eu des fois où je ne voyais pas l’intérêt de l’un ou l’autre. Ici, elles se répondent astucieusement et logiquement pour former un tout cohérent et en même temps totalement barré. Les pièges de l’ancien Renjô répondent à ceux du nouveau, impliquant même le même pauvre bougre dans tout ça.

Mais loin de se répéter encore et toujours et d’éloigner une fois de plus les deux héros destinés à s’aimer, pour une fois, ils se retrouvent enfin dans les ultimes pages de ce tome. Ce n’était pas trop tôt ! J’ai ainsi été ravie d’avoir la surprise de les voir se trouver, ou plutôt de voir enfin Nogi agir selon son coeur pour courir après Murofushi. Bien sûr, ce serait trop simple si ça s’arrêtait là et l’autrice imagine déjà bien d’autre complication avec ce triangle amoureux et la naïveté confondante de Nogi qui ne comprend rien à ses sentiments et qui écoute trop ce que les autres lui disent. C’est tordu mais vraiment fun.

Alors qu’il ne reste maintenant plus que 3 tomes, il est a espérer qu’Akata aura l’opportunité de les sortir de manière plus rapprochée afin de pleinement profiter du final tordant, tordu et torpilleur que nous prépare l’autrice en jouant encore et toujours avec les sentiments présents et passés de ces héros. Mais maintenant que ça a enfin avancé, il serait dommage d’y mettre un coup de frein.

Tome 10

Ça y est, la dizaine de tomes est atteinte et quel coup d’accélérateur de la part de l’autrice ! Celle-ci nous emporte dans un tourbillon d’absurde et de questionnement dans un tome très riche.

Je me suis beaucoup amusée à voir la façon rocambolesque dont elle a géré la déclaration de Nogi. C’était totalement à l’image de la série. J’ai beaucoup ri de la façon dont tout s’est ensuite enchaîné pour aboutir à la formation de ce couple souhaité depuis le début mais devenu ici un peu improbable et qui pousse ainsi les héros à se questionner sur leurs vrais désirs et la frontière entre ceux-ci et ce que leurs réincarnations les poussent à ressentir. C’est assez joliment tourné, surtout mélangé à cet humour omniprésent.

Tout comme elle parvient à manier le verbe haut et à mélanger humour et questionnement sérieux sur les raisons d’entrer en relation avec quelqu’un, l’autrice mélange aussi astucieusement, dans ce tome, temporalités passées et présentes avec cette fois l’ensemble des réincarnations des héros qui reviennent à leurs mémoires. C’est amusant de découvrir celles qui nous manquaient et qui sont parfois surprenantes. Ah le coup de la vache, puis celui des estampes érotiques ! On se prête vraiment bien au jeu.

Cependant, le titre n’est pas qu’humour, il est aussi amour et la relation d’amitié qui s’est nouée entre les trois héros est à nouveau au coeur ici, avec un couple nouvellement formé qui n’oublie pas le troisième larron malgré tout ce qu’il a pu leur faire. On prend ainsi plaisir à les voir nouer et renouer une relation, à s’entraider autour de leurs histoires et de leurs mangas. Cela change la donne. Changement, qui va d’ailleurs obliger l’autrice, comme elle le suggère de manière très « méta », à chercher et introduire un nouvel antagoniste pour faire avancer l’histoire qui sinon serait un peu trop plate, comme la romance trop lisse de ce début de tome.

J’aime vraiment beaucoup la conscientisation de l’autrice sur son oeuvre qu’elle nous laisse percevoir au fil des pages, que ce soit sur l’utilisation du trope de la réincarnation, sur la mise en scène de relations amoureuses trop parfaites et sans relief, ou sur le rôle de chacun des personnages dans tout ça. Elle nous laisse entrapercevoir une réflexion bien plus profonde qu’on pourrait le croire de sa part dans cette oeuvre pourtant hautement humoristique et WTF.

Très beau tournant que celui offert ici. Oui, cela va un peu trop vite. Non, on ne croit pas trop à la relation amoureuse qui se met en place. Mais il y a tellement de questionnements intéressants derrière sur la notion d’artiste et de création, que personnellement, j’adore !

Tome 11 – Fin

Depuis le début, la série est bien barrée, mais elle s’était un peu normalisée avec les tomes. Je n’étais donc pas préparée aux multiples rebondissements totalement WTF de ce final xD

Ako Shimaki était partie dans une schéma assez classique avec le récit au fil des tomes de chacune des incarnations de ses héros à travers le temps et quelques avancées, entre deux plongées dans le passé, de leur trio présent entre amis, mangakas et rivaux. Mais pour ce grand final, elle a décidé de rompre la boucle et j’ai adoré cela ! C’était totalement surprenant.

Attention spoilers en vue car comment en parler sans aborder la grande révélation de ce tome ? L’autrice nous surprend donc une dernière fois concernant les identités des incarnations passées de nos héros et nous propose une réponse tout à fait inattendu tandis que Nogi part sur les traces de son passé. J’ai adoré ce rebondissement qui conduit à des réflexions très méta sur la création artistique, le rapport à l’écriture et aux inspirations. C’était excellent même si totalement inattendu à ce stade et semblant sortir de nulle part tant cela rompt avec toute la cohérence des points précédents.

Elle joue ainsi à merveille de ses personnages comme de ses lecteurs. Elle met Nogi en difficulté et offre une réflexion puissante sur ces auteurs qui font des emprunts à droite à gauche au point de perdre leur fougue, leur propre imaginaire et de finir par se perdre eux-mêmes. C’est très intéressant. Elle a également une écriture fort caustique et grinçante sur les réseaux sociaux et autres moyens de critiquer le travail des auteurs et le rapport des mangaka à ceux-ci. Tout son discours sur sa propre création et celle de ses collègues m’a paru très pertinent sous les gros traits d’humour qui les enrobent ici.

Car au final bien que l’autrice ait fait de ce titre une très bonne comédie de moeurs, elle nous aura également tout du long touché avec le destin de ces personnages et ce de façon assez sérieuse. Elle a questionné les lecteurs sur leur rapport au désir : hétérosexualité, aromantisme même peut-être pour un Nogi que ça intéressait fort peu, homosexualité ; mais également sur la façon dont les relations sur déroulent au Japon : la grande naïveté des couples, les rendez-vous et unions arrangés, etc. C’était très intéressant. Le petit apport culturel avec les incarnations au fil des époques fut un bel ajout et l’autrice a poussé le concept jusqu’au bout, ce qui est tout à son honneur !

Avec humour et sérieux, l’autrice nous aurons donc livré un dernier tome plein de surprises et de réflexions. C’était complètement barré et improbable donc amusant et pertinent à lire. J’ai aimé aussi bien le divertissement que les idées développées. J’ai aimé être surprise, j’ai aimé réfléchir, j’ai aimé être touchée par leurs histoires. Je n’imaginais pas du tout Ako Shimaki aller dans cette direction. L’ensemble fut peut-être un peu long avec une narration en dents de scie mais le final, lui, a su offrir un très beau moment et une belle morale sur l’importance d’aimer l’autre pour lui-même et non pour ce qu’on nous dit de lui ou ce qu’on attend de lui.

B lecture

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