Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

The Killer inside de Hajime Inoryuu et Shôta Itô

Titre : The Killer inside

Auteur : Hajime Inoryuu et Shôta Itô

Éditeur vf : Ki-Oon (seinen)

Année de parution vf : 2020-2023

Nombre de tomes vf : 11 (série terminée)

Histoire : À première vue, Eiji, discret et maladroit, ne se démarque pas de la foule des étudiants de sa fac… Pourtant, il tente depuis longtemps de faire oublier au monde que son défunt père n’était autre que le tueur en série LL, tristement célèbre pour les horribles tortures infligées aux jeunes femmes qu’il a assassinées.
Après des années passées à fuir la presse, Eiji a enfin réussi à trouver sa place. Mieux, il se réveille un matin avec une des plus belles filles du campus à ses côtés ! Elle lui avoue être tombée amoureuse de lui lorsqu’il l’a sauvée des griffes d’une brute épaisse. Un vrai conte de fées… dont le jeune homme n’a aucun souvenir ! Les trois derniers jours sont un trou noir dans sa mémoire, comme si quelqu’un d’autre avait vécu dans son corps à son insu… Et, pendant son amnésie, un cadavre de femme mutilé a été retrouvé dans le quartier. Pour la police, ça ne fait aucun doute : c’est du LL tout craché…

Mon avis :

Tome 1

Fan des thrillers en manga et notamment de ceux de Kei Sanbe chez cet éditeur, The Killer inside de Hajime Inoryuu et Shôta Itô m’a de suite tapé dans l’oeil avec son scénario original. Malheureusement la lecture ne fut pas à la hauteur de mes attentes…

Je parlais de scénario original, oui parce que c’est la première fois, pour moi, que je me retrouve avec un héros soupçonné d’être devenu à son tour un serial killer comme son père et reproduisant même le modus operandi de celui-ci. En effet, Eiji serait un étudiant lambda comme les autres si autrefois son père n’avait pas été le célèbre LL qui avait commis parmi les crimes les plus affreux du Japon. Disparu depuis, il ne l’est pas vraiment pour son fils, qui doit vivre avec le poids d’un tel héritage et en souffre bien. Cependant un jour la vie semble enfin lui sourire, quand il se réveille à côté de l’une des plus belles filles de sa fac qui affirme être sa petite amie. Le hic ? Il ne se souvient absolument pas de la soirée précédente voire même des jours qui précèdent…

Vraiment, j’étais très attirée par ce concept dans les premiers temps. J’ai aimé la façon dont les auteurs ont planté le décor et installé tranquillement cette ambiance inquiétante au milieu d’un quotidien banal pour un étudiant japonais. La bascule se fait d’autant plus violemment sentir et on s’interroge encore plus fortement sur ce qui a pu se passer pendant les absences du héros. Ce sont en effet ces dernières qui sont l’élément moteur principal de l’histoire. C’est autour d’elles que le mystère se plante, s’installe et se développe. Eiji souffre-t-il de troubles bipolaires ? d’une double personnalité ? ou cela cache-t-il quelque chose de bien plus complexe ? Si c’était les premières hypothèses, j’avoue que je serais un peu déçue selon la façon dont ce serait traité, alors que dans le dernier cas, j’adorerais décortiquer ça. Mais laissons ça pour les tomes suivants.

Comme je l’ai dit plus haut, cependant, je n’ai pas été emballée par ma lecture. Pourquoi alors que le début m’avait quand même plu ? Il y a tout d’abord le héros, qui est LE cliché du puceau gentil mais naïf et un peu bêta qu’on voit habituellement dans les shonen. Il manque cruellement de charisme et de maturité. A vouloir le rendre banal, l’auteur en a fait un type surtout ridicule et agaçant à mes yeux. Je n’ai pas du tout accroché. Même problème avec les autres personnages croisés, qui sont des clichés ambulants, que ce soit sa cruche de petite amie qui craque super vite pour lui parce qu’il l’a défendue, ou bien l’étudiante sombre un peu gothique qui joue les Sadako à venir lui faire peur parce qu’elle a remarqué quelque chose qui cloche chez lui. C’est du vu et revu. Mais le pire, c’est le tournant que prend l’histoire dans les derniers chapitres avec l’arrivée d’un gang de loubards/yakuzas qui m’a fait lever les yeux au ciel. C’était vraiment trop too much pour moi, complètement improbable et trop dans la surenchère de violence, de vulgarité et de provocation. Le décalage avec la personnalité « normale » du héros a fait mal à ce moment-là. Tout sonnait faux. Ce fut vraiment une douche froide.

Quand j’ai pris ce titre, j’étais emballée par le concept malheureusement le traitement des personnages et la surenchère dans la violence m’ont complètement sortie de l’histoire sur la fin. Le trait de Shôta Itône ne m’a pas convaincue non plus. Il sait faire de très beaux visages mais il est à nouveau trop dans l’exagération avec les grimaces qu’il fait au héros parfois. C’est dommage parce que le reste est vraiment plaisant. Je m’attendais juste à quelque chose de plus sérieux et mieux travaillé pour un seinen. Comme ce n’est que le premier tome, je laisserai encore sa chance au titre, peut-être que ces erreurs seront corrigées ensuite.

Tome 2

Après pas mal de réticences suite à ma lecture un peu décevante du tome 1, j’ai quand même décidé de laisser sa chance au titre et j’ai bien fait.

Ce deuxième tome creuse le filon de l’ambiance yakuza mise en place dans la fois précédente et la tension ne nous lâche pas, montant au contraire petit à petit jusqu’à être insoutenable. Eiji continue à essayer de comprendre ce qui est arrivé à la fille qu’il est accusé d’avoir tué, juste parce qu’il est le fils d’un célèbre serial killer : LL. Pour cela, il infiltre un gang de jeunes yakuzas mené par le terrifiant Sai en se faisant passer pour son double qu’il surnomme B-1.

L’enquête est menée tambours battants dans ces chapitres, faisant vraiment bien avancer l’histoire. On plonge de plus en plus dans le fonctionnement des SKALL, le groupe de yakuzas qu’il a infiltré, nous retrouvant confrontés à de violentes intimidations, un réseau de prostitution et autres joyeusetés bien glauques. C’est sombre, très sombre. C’est vraiment malsain et les auteurs poussent parfois le bouchon un peu trop loin mais ça plaira au fan de ce type d’univers. La violence des yakuzas se prête bien à l’histoire qu’on veut développer ici et il est intéressant de voir comment le héros se sert des rouages de tels groupes pour enquêter sur eux et obtenir des informations.

Personnellement, c’est ce côté thriller, enquête, qui me séduit vraiment. On a un héros sur les rotules, qui ne veut pas dormir pour ne pas que sa seconde personnalité se réveille, et qui cherche des réponses avec des alliés inattendus, en fouillant dans des recoins qu’il n’aurait jamais imaginés, le tout sous une tension constante tant sa vie est menacée. C’est un jeu de dupe qui s’installe aussi, puisque d’un côté Sai, sait parfaitement qu’Eiji est mouillé là-dedans jusqu’au coup et de l’autre la police le recherche. Le héros est pressurisé de partout ce qui donne une lecture vive, dynamique, un brin claustro peut-être tant on a de mal à respirer au milieu de tout ça, mais c’est excellent.

Les révélations qui vont tomber petit à petit sont bien amenées et semblent logiques pour le moment, un peu grosses certes d’un point de vue réaliste, mais s’insérant bien dans le fil de l’histoire. On prend donc du plaisir à les découvrir et à essayer de les devancer.

Le seul élément auquel vraiment j’ai du mal à adhérer reste les dessins. Ils manquent vraiment de finesse par moment quand le dessinateur cherche à accentuer les sentiments des personnages. Il en fait trop et parfois il tombe même à côté de la plaque faisant exprimer autre chose que le sentiment voulu à ses personnages. C’est regrettable parce que le potentiel est vraiment là, c’est juste une question de dosage.

Ainsi, alors que le premier tome m’avait laissée un peu dubitative. J’ai été séduite par la tournure prise dans cette suite. J’ai aimé l’ambiance constamment sous tension de l’enquête menée par le héros et j’ai trouvé les révélations bien senties. Je poursuivrai donc, même si le fait que la série ne soit toujours pas fini au Japon au bout de 9 tomes m’inquiète un peu ^^!

Tome 3

Le deuxième m’avait déjà réconcilié en partie avec la série, c’est encore plus le cas avec ce troisième tome où l’histoire prend enfin le tournant que j’attendais et s’intéresse de plus près au fameux B-1.

Les auteurs savent jouer avec nos nerfs. Les premiers chapitres de ce tome 3 s’ouvrent sur un duel tendu entre Eiji et Sai, le chef des Skall et grand admirateur de LL. Ce dernier a décidé de passer à la vitesse supérieure pour se débarrasser d’Eiji. Nous assistons alors à un moment complètement fou où ce détraqué monte un plan abominable pour effacer la déception de sa rencontre avec le fils de LL. Cependant, si ce moment est agréable à suivre car on se demande jusqu’où va aller Sai, paradoxalement en même temps, on devine complètement ce qu’Eiji mijote et ça tue un peu l’ensemble.

Mais mon intérêt pour ce tome ne réside pas dans cette péripétie qui prend fin dans la première moitié, non, ce qui m’a vraiment passionnée c’est l’intérêt que les auteurs commencent à porter à B-1. Eiji révèle ses troubles et se trouve un(e) autre allié(e), ce qui permet au lecteur de voir enfin l’intrigue se tourner vers ce dédoublement de la personnalité dont il souffre. On apprend un peu comment procède B-1 au quotidien mais surtout après une ultime prise de pouvoir de celui-ci, Eiji se réveille et fait des révélations surprenantes en cherchant à aller de l’avant. Les auteurs jouent donc à merveille la carte des trous de mémoire pour glisser plein de mystères et de surprises dans leur histoire. Les dernières pages en sont un modèle du genre qui donnent terriblement envie de se jeter sur la suite.

Maintenant qu’une bonne dynamique a été trouvé, que la surenchère est mieux gérée, j’espère que les mangakas vont garder cette direction et poursuivre leur intrigue autour de B-1, du dédoublement de la personnalité et des origines de celle-ci, car c’est clairement cela qui m’intéresse le plus.

Tome 4

Série qui m’avait un peu déçue lors de la lecture de son tome 1 mais désormais plus les tomes passent, plus je suis convaincue. Comme quoi, comme un diesel, le titre avait besoin de peu de temps pour prendre sa vitesse de croisière.

Avec un talent certain, l’auteur nous maintient en haleine tout au long de ce tome avec une tension constante. Le malaise point et s’installe peu à peu autour de la figure de Kyoka, celle à qui on aurait donné le bon dieu sans confession. On se met alors dans les pas du héros et on suit chacune de leurs rencontres avec appréhension, chacune de ses découvertes nous glace le sang et la révélation finale fait mal ! Très très bonne mise en scène ici.

Alors certes, le héros est un peu naïf. C’est le prototype même du héros dont on veut un peu trop faire un garçon banal confronté à un événement étrange et cette banalité et immaturité tranche avec ce qui se passe, ce qui fait qu’on a du mal à vraiment s’attacher à lui et qu’il peut agacer. Mais force est de reconnaitre maintenant qu’il se bouge vraiment et fait avancer l’histoire.

J’ai beaucoup aimé le voir mener l’enquête sur sa petite amie. C’est totalement surréaliste mais prenant car bien amené et mené. Grâce à cela la lecture s’en retrouve vraiment dynamisée. On ne tombe pas, pour le moment, dans les excès des débuts, c’est mieux dosé. Une bonne dose de psychologie – certes qui ne vole pas très haut – est introduite et ça a le mérite de poser les choses. On s’interroge avec ce nouveau démêlé sur la portée des maltraitances que les enfants peuvent subir pour leur construction future.

The Killer Inside est donc un titre qui révèle au fil des tomes une richesse cachée. Un peu tape à l’oeil au début, il devient de plus en plus fin et passionnant au fil des chapitres et des avancées du héros dans les turpitudes de son moi intérieur et de son entourage. C’est vraiment devenu un thriller palpitant !

Tome 5

J’ai frôlé le coup de coeur avec ce tome à la construction lente et magistrale nous acheminant vers les révélations lourdes de sens !

La mise en scène du thriller d’Hajime Inoryu est vraiment excellente. Alors que je ne misais pas vraiment sur la série au début, elle a su se détacher de son côté provocateur des débuts pour petit à petit devenir un récit très immersif. Certes cela reste profondément dérangeant car on est en présence d’êtres humains totalement fous pour certains mais cela devient également de plus en plus humain au fur et à mesure qu’on avance.

Dans ce tome, les révélations pleuvent mêlées à une narration qui semble tranquille mais qui prend peu à peu à la gorge. On ouvre avec le portrait saisissant de Kyoka qui confirme toute la folie qu’on percevait en elle et même plus. Avec elle, nous avons la figure terrifiante de la perverse narcissique poussée à l’extrême surtout face à l’homme masochiste qu’est son père en miroir. Avec froideur et application, on reçoit en pleine face son récit macabre, qui se termine en prime d’une manière explosive inattendue.

Cette surprise rebat complètement les cartes et nous entraîne sur de nouvelles voies inexplorées mais qui étaient nécessaires de l’être. J’ai beaucoup aimé. C’est certes difficilement crédible tant cela va loin dans la psychose, mais c’est passionnant. Les découvertes que l’on fait sur Rei et Eiji changent beaucoup de choses dans notre perception des événements. Cela relance de manière terriblement efficace notre intérêt pour la série. J’ai beaucoup aimé.

Je trouve surtout que les troubles mentaux sont mis en scène avec un certain réalisme malgré la narration forcément un peu exagérée nécessaire dans ce type d’histoire. Ainsi, découvrir une ancienne victime devenue bourreau et reproduisant en pire ce qu’elle a vécu ne surprend pas. De même que découvrir un jeune enfant qui a subi des violences psychiques et physiques se créer une autre personnalité pour arriver à gérer tout ça est parfaitement crédible finalement. Tout cela est saisissant voire même poignant.

Ainsi, j’ai reçu une petite claque à la lecture de ce tome qui est pour moi un vrai tournant dans l’histoire de part ses révélations mais également de part la maitrise dont l’auteur fait preuve pour amener tout cela sans forcer. C’est limpide, incisif et percutant ! Un excellent thriller !

Tome 6

Je suis toujours aussi surprise par la qualité qu’a gagné la série depuis ses débuts. Elle est vraiment devenu un excellent thriller racé et tendu où histoires familiales, meurtres en série et mafia se mélangent à merveille !

Dans ce nouveau tome plus classique que le précédent, nous assistons à toute l’enquête menée par Eiji et son double depuis leur enfance et c’est fascinant. Coincé en prison et suspecté d’un crime qu’il n’a pas commis, c’est l’occasion pour lui de se livrer à la seule qui a compris de quel bois il était fait.

Le récit sous forme de flashback est extrêmement classique mais n’enlève rien à la fascination qu’on ressent à l’écoutant, car nous sommes face à la figure du psychopathe qui nait et grandit sous nos yeux suite à un événement extrêmement traumatisant. J’aime beaucoup la caractérisation dont l’auteur fait preuve avec lui. On découvre quelqu’un de totalement banal qui a vrillé de manière folle suite à l’accusation de son père et de ce qu’il a vécu. Le suivre ensuite dans tous les plans qu’il met en oeuvre pour récolter des infos, mener l’enquête, mais aussi se couvrir est fascinant et donne froid dans le dos en même temps.

L’enquête, elle, racontée de cette façon est rondement menée et nous permet de recouper pas mal d’éléments que nous avions déjà à disposition depuis plusieurs tomes. Contrairement au début, l’auteur gère mieux l’aspect sombre et glauque de son histoire. Il n’est plus dans l’outrance mais plutôt dans l’utilisation d’un cadre bien connu : la mafia, la prostitution, la protection de l’enfance, la jeune délinquance, etc. C’est extrêmement classique mais bien raconté, donc prenant.

Cependant tout ce récit presque tranquille nous amène à un procès et une médiatisation qui ne sont qu’une nouvelle marche dans la quête du héros, ce que les dernières pages confirmes froidement mais magistralement, avec un vrai sentiment de frustration quant à l’attente de la suite.

The Killer Inside est donc vraiment un thriller bien écrit et bien mené qui offre une enquête passionnante remontant à loin mais également un héros au double caractère fouillé et fascinant. C’est classique mais excellent à lire !

Tome 7

Passionnant ! Voici le premier mot qui me vient après avoir refermé ce tome où l’auteur joue bien avec nos nerfs.

J’avoue que quand je me suis lancée dans ce tome, j’ai d’abord été un peu perdue par les va-et-viens temporels que l’auteur opère dans la première partie entre les personnages d’Eiji et Kyoka. Le chassé croisé qui s’engage entre les deux est aussi prenant que déstabilisant mais totalement nécessaire pour remonter aux sources et au noeud de leur relation après le grand bouleversement du tome précédent.

C’est donc plein de tension et de questions que j’ai enchaîné les pages pour tenter de comprendre ce qui se passait, heureusement aidé par les repères temporels parsemés dans l’histoire. Et c’est fascinant d’assister à la mise en scène orchestrée par cette folle de Kyoko. Elle fait littéralement froid dans le dos et il y a une double page où elle m’a carrément fait faire un bond pendant ma lecture. Bien joué les auteurs !

Ces explications nous conduisent naturellement jusqu’au présent où les choses se sont bien corsées pour Eiji. Mais ceci étant posé, on peut alors repartir dans ce qui était à l’origine de la série pour moi : la recherche de la vraie identité de LL. L’enquête connait alors un second souffle totalement pertinent avec un Eiji recevant des aides inattendues afin d’enquêter sur l’affaire de son père et tous les mystères qu’elle cache. C’est classique mais extrêmement prenant grâce à une narration fluide parsemée de trous qui offrent des interprétations diverses et font beaucoup réfléchir à ce que ça peut cacher.

Les personnages sont de plus en plus ambigus dans cette histoire. On ne sait plus qui croire, à qui faire confiance, qui dit la vérité, qui cache quelque chose, qui peut nous aider, qui va nous enfoncer. C’est une valse incessante et fascinante, pas du tout fatigante ou m’as-tu-vu comme je le croyais au début. On est loin des premiers tomes tapageurs sur les gangs. Certes, le visage offert par les antagonistes est bien barré mais cela apporte juste la noirceur nécessaire au titre pour mieux nous entraîner toujours plus loin.

Dans ce nouveau tome, le flou artistique entretenu par les auteurs, nous conduit peu à peu sur un chemin pavé de mauvaises intentions qui fait frissonner d’avance. Exit le dédoublement de la personnalité d’Eiji, place à une vraie enquête nerveuse et dangereuse autour du personnage de LL et de ses atrocités passées. C’est un très bon rebondissement bien senti qui conduit le lecteur vers toujours plus de noirceur et de personnages troubles. Personnellement, je suis fan !

Tome 8

Encore un tome ultra percutant dévoré dans la demi-heure tambours battants tellement je voulais savoir ce qui allait arriver à notre héros et s’il allait avoir de nouvelles révélations sur LL.

The Killer Inside est vraiment typiquement le genre de thriller dont j’apprécie l’écrire grâce à une intrigue variée qui ne reprend jamais les mêmes codes d’un tome à l’autre et qui ainsi fait sans cesse avancer l’histoire tout en nous surprenant. Ici, c’est au tour de l’inspectrice Momoi d’être au coeur des avancées de ce tome comme l’indiquent la jaquette et couverture en-dessous signées Shota Ito, qui sait toujours frapper juste pour dévoiler la noirceur cachée dans l’âme de chacun.

Avec elle, nous entrons dans des méandres toujours plus sombres de l’enquête. Après avoir découvert que le patron de Momoi était le dernier à avoir parlé à une témoin ayant vu son père, Eiji est convaincu qu’il est coupable de sa mort et souhaite le confronter. La confrontation a lieu avec la tension attendue, cependant les révélations qui l’accompagnent ne l’étaient pas vraiment. J’ai adoré le rythme mis pour l’auteur dans ce moment clé. Il associe retour dans le passé et duel présent avec un certain doigté. Cela permet au lecteur de voir l’intrigue se resserrer encore et partir sur de nouvelles pistes. C’est bandant.

J’ai adoré assister à la déchéance de ces deux flics qui se sont couverts l’un l’autre et ont commis le pire des crimes pour eux. C’est noir, très noir. Et au final, nous lecteurs, nous avons de nouvelles interrogations qui nous viennent. On se demande toujours qui est LL mais surtout pourquoi il a fait chanter Momoi, comment et quel est son lien avec le père d’Eiji pour avoir réussi un tel coup. C’est hyper intrigant et on a hâte de voir comment dans le présent cela va pouvoir être démêlé. Le seul point faible dans ce tome, c’est que les auteurs oublient un peu vite à mon goût les multiples personnalités du héros alors que c’est pour moi le coeur de l’histoire au vu du titre.

Reste une lecture stressante, prenante, qui se fait à 100 à l’heure avec une action et des révélations qui se dévorent. Si on aime les thrillers tendu, celui-ci est parfait. Si on aime être surpris et voir l’histoire partir vers de nouvelles voies tout en restant cohérente, cette saga est également faite pour nous. C’est vraiment du très bon boulot de la part des auteurs et la noirceur présente j’ai chacun file de sacrés frissons de plaisir !

Tome 9

Depuis un moment, la série ne fait que monter et gagner en qualité au fil des tomes. Elle propose ici une construction ascendante juste excellent, digne des meilleurs thriller !

J’adore la façon dont les japonais écrivent des thriller. Depuis Monster, ma référence en la matière, j’ai adoré tout ce que j’ai lu, de MPD Psycho, en passant par Erased ou Le Bateau de Thésée. C’est aussi le cas avec The Killer inside où malgré un premier tome un peu trop trash pour moi sur certains aspect, je sentais déjà le potentiel d’un histoire prenante et tordue avec un serial killer à la recherche fascinante.

Dans ce neuvième tome déjà, les auteurs nous emmènent sur bien des pistes et se jouent de nous à merveille avec une intrigue spiralaire parfaitement construite et maîtrisée pour faire durer le suspens et laisser exploser des révélations clés ! Dans un premier temps, on retrouve le nouveau Eiji toujours plongée dans son obsession, à essayer de comprendre ce qui est arrivé à Kyoka et comment ça a pu déraper ainsi. Le lecteur est entraîné dans un road-trip assez classique, où le héros essaie de collecter des indices, tandis qu’on lui rappelle son humanité en la personne de Kashi, son ancien ami.

Mais cela se révèle presque comme une fausse piste, puisque brusquement arrivé à la moitié du tome, un rebondissement majeur se produit qui nous propulse vers une toute autre piste ! On découvre alors effaré qui est derrière l’attaque de Kyoka et comment tout s’est mis en branle. C’est excellent ! Il y a ainsi une grosse remise en question du héros et de ses obsessions, de leurs conséquences sur son entourage et les femmes de sa vie. C’est classique mais archi prenant et ça scotche littéralement le lecteur, qui est happé par cette suite d’images violentes dont on remonte le fil, comme on le fait des aveux du coupable. J’ai adoré !

Et pourtant, je n’étais pas au bout de mes surprises. Je croyais l’histoire un peu réglée, je pensais que l’auteur nous avait bien expliqué l’impasse de l’obsession d’Eiji pour LL, bien qu’il reste la zone d’ombre des raisons de l’accusation du père d’Eiji, signifiant qu’il y avait bien un autre LL. Et là d’un coup, nouvelle révélation choc, inattendue, surprenante, que je n’avais pas du tout vu venir et sur laquelle en plus on referme le tome. Dur dur d’attendre la suite pour entendre le fin mot de cette histoire mais moi, je suis totalement sous le charme, complète scotchée par rapport à ce qui vient de se passer !

J’ai ainsi adoré durant l’ensemble du tome suivre tour à tour une enquête sur le terrain, assister à des révélations clés, entendre des aveux, voir le canevas de ces événements se mettre en place de manière tragique et implacable, pour finir achevée par le dernier rebondissement. Oui, c’est extrêmement tiré par les cheveux, il n’y a pas grand-chose de crédible, mais c’est happant, haletant, efficace, tordu et sombre. On s’interroge sur les conséquences des traumas, sur comment ça transforme les gens, sur le sens même du mot « humanité » et des liens qu’on a avec les autres qui peuvent tour à tour nous changer pour nous faire sombrer ou nous sauver. Alors malgré tout c’est très finement écrit.

Tome 10

Dans le domaine du thriller, il n’y a parfois pas besoin de grand-chose pour faire d’une histoire une histoire addictive. Il suffit d’un scénario efficace, de personnages auxquels on s’est attaché et alors même un déroulement classique passe. C’est le cas avec The Killer Inside.

Quand l’histoire a démarré, pourtant, l’auteur avait tendance à vouloir être un peu trop m’as-tu-vu. Mais au fil des tomes, il a su rectifier la trajectoire et proposer une histoire bien plus fine et complexe que juste de la prostitution avec une touche de yakuza. C’est plutôt une riche histoire de famille au sens large qu’il nous sert ici et ça nous détraque d’autant plus.

Tome des révélations à nouveau, on se pose autour d’une table avec Eiji et on écoute tout ce qu’il a compris sur celui qui est le vrai LL. C’est glaçant. Eiji nous retrace et comble toutes les zones d’ombre du parcours de ce psychopathe. Cela n’a rien de révolutionnaire mais quand on saisit l’ampleur de la chose, quand on fait le lien avec tout ce qu’on a suivi jusqu’à présent, on est saisi. En plus, l’histoire sonne vraie. Elle rappelle bien des affaires de serial killer qui ont existé et qui, pour certaines, ont été adaptées en feuilleton télé depuis. C’est terrifiant.

La mise en scène très sombre des auteurs où toute la noirceur du criminel transpire de chacun de ses pores est saisissante. Elle est angoissante, stressante. On ressent très bien la pression d’Eiji qui se retrouve seul face à ce psychopathe. On ressent aussi à merveille, derrière le portrait très froid de celui-ci, son total manque d’empathie et ce qui a fait de lui le criminel qu’il est. Shota Ito a ainsi un joli sens du cadrage avec ses plongées et contre-plongées sur les visages des deux protagonistes de cet échange limite claustrophobique. On est nous aussi scotchés à notre siège et happés par ce qui se joue, comme prisonnier de cet échange.

Et pourtant dans le fond, il n’y a rien de novateur. Juste un homme dont les pathologies l’ont poussé à devenir un criminel, quelqu’un qui a tiré parti des faiblesses des gens sur son chemin pour soit se couvrir, soir commettre des crimes atroces pour ce sentir en vie. Ce sont des choses qu’on a déjà vu. Mais c’est peut-être justement à cause de cette familiarité que ça nous choque d’autant plus et nous fait craindre que cela pourrait se produire, pourrait nous arriver. Le décor japonais, ici, pourrait être transposé ailleurs. Il y a quelque chose d’universel dans le schéma du tueur et les lieux et personnes croisées. C’est ce qui fait de cette histoire, une histoire crédible et prenante à lire.

Avec un avant-dernier tome classique mais terriblement efficace, les auteurs nous scotchent à notre fauteuil tout comme les héros dont la discussion ici nous happe autant qu’elle nous saisit et nous effraie. Décidément le récit des parcours criminels des psychopathes ont toujours quelque chose de particulier et sous le pinceau de Shota Ito c’est encore plus effrayant et angoissant. On ne peut qu’être impatient de voir le dénouement même si le plus gros s’est joué ici !

Tome 11 – Fin

Conclure un thriller n’est pas chose aisée, je trouve qu’il est facile de tomber dans les facilités ou les fins abruptes une fois l’enquête, le mystère résolu. Heureusement après un début maladroit, Hajime Inoryu a su trouver sa voie et nous offre ici un final à la hauteur avec une belle dimension psychologique.

Série au début un peu bourrine, The Killer Inside a su s’affirmer au fil des tomes, pour devenir ce titre efficace et addictif. Après avoir découvert l’identité de LL on aurait pu croire que tout était fini, c’était mal connaître l’auteur. Celui-ci nous entraîne ensuite dans un face à face saisissant entre son héros aux multiples personnalités et nous-mêmes pour creuser jusqu’au bout du bout sa quête identitaire.

Dans une mise en scène des plus classiques, telles qu’on a pu la voir à de multiples reprises au cinéma, l’auteur se sert de la fameuse audience du tribunal pour laisser la parole à son héros afin qu’il nous assène les dernières révélation qui font mal devant une audience suspendue à ses lèvres, nous y compris. Nous voilà donc revenu à ce fameux 18 novembre, jour où tout a basculé pour Eiji. Posant ses pièces comme un joueur confirmé, Inoryu nous emmène peu à peu à réaliser la profondeur des crimes qui ont été commis aussi bien par LL que par sa copycat Kyoka. C’est un développement inattendu car reposant avant tout sur l’intériorité de son héros, une chose qu’on ne met pas assez en avant dans certains thriller.

J’ai beaucoup aimé la façon, peut-être maladroite, les spécialistes en jugeront, dont le mangaka a ainsi traité du dédoublement de la personnalité. Il explique et décortique ce qui a amené Eiji à se créer ces deux personnalités, lui-même et B1. Il met en scène également le choc traumatique qui va changer la donne et amener ces personnalités à disparaître, fusionner, s’effacer, se mélanger en partie, on ne sait pas trop, pour donner naissance à celui qui est désormais face à nous. Plus que la reconstruction d’un individu trompé depuis toujours et accusé à tort, c’est celui d’un jeune homme qui cherche avant tout son identité, qui va naître ici, ce qui est excellent. Ainsi, plus que les scènes percutantes tout de même du procès, c’est l’après qui m’a intéressée.

En effet, on montre trop peu ce que deviennent les personnages après une affaire. Même si ce fut bref, j’ai aimé qu’on découvre ensuite ce que sont devenus le nouveau Eiji et ses anciens et/ou collaborateurs. J’ai eu le sentiment que derrière un schéma assez classique de reconstruction, on assistait à quelque chose d’assez fin dans la constitution de cette nouvelle personnalité pour le héros, qui en quelque sorte débarrassé du tueur à l’intérieur de lui, renaissait. C’est assez simple, presque banal et pourtant j’ai trouvé beaucoup de force et d’intérêt à ces quelques pages, justifiant en fait tout le parcours de lecture de cette série. Pas la peine de s’attarder sur les injustices du système, on les connaît, passons plutôt du côté de ceux qui souhaite s’en sortir et en cela, ce fut lumineux. Une lumière certes pas éclatante mais une petite lumière douce qui deviendra plus chaleureuse au fur et à mesure.

Final de grande qualité d’une série qui n’a eu de cesse de me surprendre alors que je craignais tellement qu’elle verse dans le subversif pour le subversif au début. J’ai beaucoup aimé que l’auteur s’attarde sur sa dimension psychologique et nous plonge dans la tête du tueur et de sa victime de manière aussi juste que surprenante. Sur un scénario et une mise en scène de base assez classique, Hajime Inoryu a su réaliser une histoire solide, addictive et fine dans sa psychologie. Ça m’a donné envie de voir ce qu’il pourrait produire d’autre à l’avenir.

(Merci à Sanctuary et Ki-oon pour ces lectures)

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9 commentaires sur “The Killer inside de Hajime Inoryuu et Shôta Itô

  1. Pas du tout d’accord xD
    Au contraire c’est cette surenchère de trash et de violence qui rend le titre intéressant et réaliste (car dans la vie, on est rarement dans un shojo tout mignon). Et justement, si on compare avec « Don’t Fake your Smile » celui-ci était trop gentil, on voit rien, et il y a aussi l’intrigue cliché (le trio H/H/F dont un est gay devient la norme maintenant…)

    Et pour les problèmes de fille cruche qui craque quand le héros la sauve, c’est comme ça dans presque tous les manga, surtout les shojo….

    Je ne comprends pas trop pourquoi tu t’acharnes sur ce genre de titres qui ne sont clairement pas un genre que tu apprécies, t’as déjà moyennement accroché à Doppelganger, et justement The Killer Inside, ça se voyait qu’il irait plus loin dans le trash. Du devrais les éviter, ça te ferait gagner du temps et de l’argent xD

    Aimé par 1 personne

    1. On n’a clairement pas les mêmes goûts, ni attentes, ni avis.
      Je m’acharne parce que j’ai l’espoir un jour de tomber sur un titre plus fin et intelligent, ça arrive parfois.
      Ici, c’est très premier degré et clairement, je risque de ne pas prendre la suite, mais on ne peut pas savoir tant qu’on n’a pas tenté.
      Tu trouves que je m’acharne sur ces titres-là, je trouve que toi tu t’acharnes sur les shojos lycéens, comme quoi 😉

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      1. haha mais je comprends tout à fait. Les shojos lycéens, c’est mon fléau. j’ai l’impression de jouer à la roulette russe à chaque fois xD

        En fait, je crois qu’on a trop d’espoir parfois, ou qu’on est trop curieux.

        Sinon, en thriller assez efficace, il y a Route End chez Ki-oon et Museum chez Pika, j’sais plus si tu as testé ?

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      2. Je vois ça et je peux comprendre ton sentiment. Il faut dire aussi qu’on a été noyé sous le genre à un moment alors dur de trouver les bons titres au milieu.

        Non, je n’ai testé ni l’un ni l’autre, mais j’avais prévu de prendre Route End avec l’offre de Ki-Oon 1 acheté = 1 offert qui doit arriver ce mois-ci, je crois, alors ça tombe bien que tu me le recommandes. Et je note aussi l’autre 🙂

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      3. Pour les packs, ils sont sortis le 5 mars, tu ne devrait pas trop trainer, on sait jamais. Moi je viens de me prendre celui sur « Vigilante, My Hero Academia Illégals » (paye ton nom à rallonge xD)

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      4. Ils n’y étaient pas dans ma librairie la semaine dernière, j’espère trop les trouver cette fois, surtout qu’il va falloir que je trouve de quoi tenir 😁
        (Ouais punaise ils n’ont pas trouvé plus long ?!)

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  2. Ooh, je l’ai plutôt bien apprécié, mais j’admets que j’ai grimacé en voyant le profil du héros qui est comme tu dis, le cliché du puceau gentil.
    J’ai lu le résumé de travers de peur d’être spoilé du coup j’ai cru qu’on allait suivre direct les traces du psychopathe dans son quotidien avec les traits caractéristiques = homme charismatique, calme etc
    Mais au final non, et j’ai pas été déçu par l’aspect personnalité et psychologie.
    Il est vrai que les autres personnages sont aussi stéréotypés, mais le trash ne m’a pas fait déprécier, comme j’aime ce type de thème, les atrocités commises par des serial killer bien réels m’ont immunisé.
    Ensuite, piur le gang, eh bien j’ai trouvé ça conforme en fait, les gangs ne s’habillent pas de manière classique du coup sur ça chui pas d’accord
    Je lirai la suite, dommage que t’ai pas accroché mais bon

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    1. Ayant lu le résumé et voyant le titre dans la collection seinen de l’éditeur je ne pouvais que m’attendre à quelque chose de moins cliché et plus fouillé, malheureusement ce n’est pas ce que j’ai eu…
      Pour le gang, à aucun moment je n’ai parlé de leur tenue vestimentaire, ce n’est pas ça qui m’a fait tiqué mais leur utilisation complètement clichée. Il faut lire un témoignage comme celui de Jake Adelstein sur ces derniers pour se rendre combien ici on est dans la caricature de bas étage.
      Après tant mieux si toi tu as trouvé ton compte dans l’histoire, il en faut pour tous les goûts. Je ne sais pas pour ma part si je continuerai, je suis curieuse de voir le concept évoluer et en même temps vu ce premier tome j’ai peur de ne pas trouver ce que je cherche V.V

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      1. Oui j’ai sais pour les gangs, my bad, j’ai interprété avec leur tenue aussi, comme une sorte de tout (pour ça que j’ai relevé que ça sur eux, comme la page où ils apparaissent était genre « bam » j’ai cru que leur tenue aussi t’avais courru sur le haricot). Ben j’ai pas lu de témoignage sur les gangs mais des reportages dessus oui, des faits d’articles quand un jeune de 13 ans en tue un autre en réglage de compte aussi (exemple), ou ceux d’Espagne ou du Mexique qui violent la copine d’un nouveau membre (car ce qui est à un est a tout le monde par exemple), créent un réseau de prostitution (kidnapping, drogue pour rendre dépendant etc), tue ou se débarrasse des corps comme d’un objet et du coup j’ai pas trouvé l’utilisation de celui-ci cliché. Par tout ça, je pense plutôt qu’il y a autant de gangs que de personnalités (et manière de l’exploiter par ce qu’ils recherchent) et si du coup ce témoignage donnait l’impression que celui du tome était complètement caricaturé (un témoignage ne peut pas établir une situation générale), ce que j’ai vu et lu au fil du temps était plutôt de ce style.

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