Livres - Romance

Les MacCoy d’Alexiane Thill

Titre : Les MacCoy

Auteur : Alexiane Thill

Éditeur : Hugo (poche)

Année de parution : 2019-2022

Nombre de tomes : 6 (série terminée)

Histoire : Et si les clans d’Ecosse n’avaient jamais disparu ? Et s’ils continuaient à diriger les Highlands à l’insu du reste du monde ? Quand Phèdre arrive à Édimbourg pour respecter les dernières volontés de son père, elle se retrouve malgré elle entraînée dans ce monde de clans et de querelles sanglantes qui lui est inconnu. Recueillie par le fougueux et irascible Caleb, chef du clan MacCoy, elle se révèle bientôt être une pièce maîtresse sur l’échiquier du pouvoir…

Mon avis :

Tome 1 : L’ogre et le chardon

Je ne suis pas une adepte des romances avec des Highlanders pour héros mais quand on me propose une uchronie où ceux-ci existent toujours à notre époque, je suis curieuse. Embarquons donc à la découverte de l’univers imaginé par Alexiane Thill, une jeune autrice française.

Je pense que beaucoup d’entre vous avez entendu parler d’Outlander, soit en livres soit en série, eh bien l’autrice aussi. Sauf qu’elle a décidé non pas de juste recopier la saga qu’elle a tant aimé mais de transposer le récit dans les temps modernes. Place à une Écosse du XXIe siècle où contrairement à ce qu’on croit tous, les Clans existent toujours et dirigent en douce le pays. Nous rentrons dans cet univers surprenant, alliant modernité et archaïsme, à travers le personnage de Phèdre, jeune étudiante française venue à Édimbourg le temps d’un échange mais surtout pour fuir les menaces qui pèsent sur elle.

L’ambiance de cette saga est très différente de ce à quoi je m’attendais. Je pensais tomber sur une romance somme toute classique pour un univers contemporain avec juste le folklore des Clans derrière, mais ce n’est pas ça du tout. Je pensais avoir une série où chaque tome serait consacré à un couple différent comme c’est souvent le cas dans les romances contemporaines, mais pas du tout non plus. En fait, on est vraiment à mi-chemin entre ces dernières et les romances historiques à l’ancienne et nous sommes plutôt en présence d’une saga qui va étaler son histoire sur plusieurs tomes, nous laissant ainsi le temps de découvrir ses personnages et de savourer leurs intrigues.

J’ai été assez surprise, tout comme l’héroïne, de découvrir un monde moderne cohabitant avec le monde ancien des highlanders, et j’ai été surprise également de découvrir non seulement une romance mais aussi une aventure à fond politique avec pas mal de dangers. En effet, avec Phèdre nous plongeons dans un univers inconnu celui des Clans du XXIe siècle qui n’ont malheureusement rien oublié de leurs traditions d’autrefois. Sans le vouloir, l’héroïne se retrouve ainsi la « Pupille » d’un chef de clan mineur qui va lui faire découvrir l’envers du décor ou ce qui se cache derrière le tableau idyllique vendu par les Ecossais aux étrangers. Rien n’a été oublié des temps passés, les Clans dirigent toujours tout en sous main et les conflits entre eux n’ont jamais cessé, et Phèdre va se retrouver en plein milieu.

J’ai aimé l’équilibre que l’autrice a su créer entre la romance et l’intrigue de fond qui joue sur le passé et la famille de Phèdre ainsi que le devenir du clan de Caleb ou l’Ogre comme on le surnomme, qui a pris Phèdre sous sa protection. C’est brutal, violent et passionné à la fois. Les deux se nourrissent l’une l’autre donnant une touche toute particulière à ce récit qui n’est pas sans rappeler les histoires de clans des MacKenzie dans les débuts d’Outlander, il n’y a que le décor moderne qui change et le rôle de l’héroïne qui est différent et plus important car plus au coeur de l’intrigue politique.

Cependant, j’ai également été profondément dérangée par le choix de l’autrice de ne pas avoir fait évoluer les Clans avec leur temps. On se retrouve encore avec une politique masculiniste toxique où les hommes se servent des femmes comme de monnaie d’échange, jouent les gros bras et où la virilité semble devoir être leur qualité première. Bof bof, ça ne me fait pas du tout rêver. Voir des femmes se faire malmener en permanence physiquement ou moralement, je n’aime pas. S’en servir comme d’un ressort scénaristique en permanence, je n’aime pas. De ce côté-là, je pense que l’autrice aurait pu et dû faire différemment même si ça aurait changé l’essence du titre.

Du coup, même si j’ai trouvé ma lecture très addictive, que j’ai aimé suivre les aventures de Phèdre, découvrir ce qu’elle et Caleb cachaient, quels étaient leur passé, m’amuser aussi de les voir se tourner autour comme des lions en cage, je n’ai également pas pu m’empêcher de trouver tout ça bien sordide et malsain parfois. Dur de s’attacher à des personnages à la morale si limite, de cautionner une histoire qui semble excuser des comportements inacceptables et d’apprécier une héroïne qui se laisse tant malmener au point de finir pour craquer pour son bourreau… Je suis assez mal à l’aise avec ça.

Pourtant j’ai envie d’aimer, parce que oui, c’est bien écrit. Le rythme est bon, l’aventure prenante. Les dialogues sont savoureux. La tension sexuelle est palpable entre les héros et leurs échanges sont d’autant plus électriques et passionnés. L’autrice développe une mythologie intéressante autour d’eux. La famille qui les entoure est prometteuse aussi, les membres du clan MacCoy étant tous des héros de romance en puissance et des hommes forts sur qui on peut compter même s’ils vivent à l’âge de pierre. Il y a aussi de l’humour dans certains échanges ou situations rocambolesques. Et puis, soyons honnêtes sous ses airs de Cro-Magnon Caleb est quand même vraiment craquant quand il abandonne son masque de chef et révèle ses failles. Phèdre est mignonne aussi quand elle prend confiance en elle et se rebelle. La description de ses troubles mentaux et de leurs manifestations sonnent juste également. La lente construction de leur relation est touchante aussi et en fera fondre plus d’un. Il y a donc de réelles qualités à ce récit si on fait abstraction des points dérangeants que j’ai soulignés.

Je ressors donc plutôt convaincue de ma lecture malgré de gros bémols. Je sais que je la poursuivrai mais avec l’espoir de voir certains défauts gommés et non aggravés sinon je sais que ce sera trop pour moi et que je devrais abandonner comme j’ai dû abandonner Outlander…

Tome 2 : L’ours et le Taureau

Le premier tome de la saga d’Alexiane Thill m’avait cruellement laissée sur ma faim dans les dernières pages, je n’ai donc pas résisté bien longtemps avant de me jeter sur la suite, qui disons le de suite clôt peut-être la romance entre Phèdre et Caleb, mais pas du tout l’affrontement entre tous ces clans de Highlanders.

Connaissant maintenant le genre d’histoire dans laquelle je m’embarquais, j’ai essayé cette fois de laisser de côté les points qui m’avaient dérangée dans la construction de l’univers, à savoir cette incohérence pour moi entre la volonté de l’autrice d’ancrer son récit dans notre temps et celui de conserver mes manières archaïques et misogynes des hommes de clans. Ça m’a permis de lire la suite des aventures de Phèdre et Caleb de manière plus sereine et heureusement vu tout ce qu’il leur arrive ici.

Dans ce deuxième tome, ils sont tous les deux séparés. Caleb se terre chez lui, ruminant la perte de Phèdre, mais ne sachant pas quoi faire parce qu’il est pris entre deux feux. Phèdre, elle, est retournée sur les terres de ses ancêtres mais n’arrive pas à surmonter la trahison de Caleb et les révélations sur son père, du coup elle ne s’investit pas dans la direction de son clan et ne trouve pas sa place, ce qui la rend malheureuse. Le début est vraiment rude. On se retrouve avec des héros qui se plaignent beaucoup trop et qu’on a rapidement envie de secouer ! Cela dure un certain temps et il faudra de la patience au lecteur pour suivre leurs jérémiades le temps qu’ils réalisent que c’est en affrontant leurs peurs et en se livrant leurs secrets qu’ils pourront enfin avancer.

Je n’ai pas beaucoup aimé les débuts de l’histoire à cause de ça. Je trouvais les deux héros très pénibles chacun dans leur genre. L’ambiance était lourde et malsaine. Mais c’était nécessaire pour poser l’intrigue voulue par l’autrice et la dépasser. Pour ça elle a su doser ses effets, ajoutant un peu de politique des clans par-ci, un peu de jalousie par-là, quelques bisbille au sein de telle famille à cet endroit, pour quand même dynamiser cette lecture et donner envie de rapidement découvrir la suite.

Heureusement parce que le tome s’est révélé très riche en aventures, retournements de situations, révélations et trahisons. Je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. L’autrice a su exploiter l’ensemble des fils qu’elle avait lancés précédemment. Elle est revenue sur les alliés des uns, les ennemis des autres, les envies de vengeances, les doutes et les faiblesses de chacun, c’était très ingénieux. On passe d’une intrigue à l’autre avec beaucoup de facilité, un coup on suit Phèdre et son plan de vengeance, puis celui-ci s’en retrouve bousculé par Caleb qui agit sur un coup de tête et vient tout envoyer valdinguer pour complètement changer la direction du récit. C’est un sens du rythme que j’ai trouvé très agréable.

Alors bien sûr, on est jusqu’au cou dans les affaires des différents clans. C’est parfois assez emberlificoté d’ailleurs et on se demande comment ils vont pouvoir se sortir de ce jeu d’alliance qui tend à les obliger à faire des choses qu’ils ne veulent pas. Caleb se retrouve ainsi à cherche de nouveaux alliés parce qu’il voudrait se venger des MacKenzie mais ce sont les alliés des Campbell de qui il dépend aussi et qui cherche à récupérer Phèdre en utilisant le lien de Tuteur de Caleb. Cette dernière veut se venger de Caleb et pour cela les MacKenzie lui proposent une alliance mais elle doit arriver à se faire répudier pour cela, ce que Caleb ne veut pas. Quand je vous dis que c’est un vrai sac de noeuds ^^ Mais j’ai apprécié cela, cela forçait mon petit cerveau à chercher une solution pour défaire tout ça.

Toujours par rapport aux clans, j’ai apprécié de voir comment cela se passait quand un nouveau Chef comme Phèdre prenait les rênes. On découvre la vie interne dans le château avec ses conseillers qui se disputent et lui mettent des bâtons dans les roues. On assiste au sentiment de trahison de la population de l’île. A l’envie de Phèdre de reconstruire son héritage malgré les difficultés rencontrées. C’est dur, intime et passionnant parce que c’est en luttant contre elle-même que l’héroïne trouvera les bonnes réponses.

Du côté de la romance, on assiste à une intrigue complètement entremêlée avec celle de la politique des clans et c’est vraiment chouette. On n’a pas juste une romance pour une romance, mais plutôt une romance qui va servir à forger le caractère des personnages et les aider à survivre. Le couple s’est séparé sur de fausses présomptions et Caleb veut essayer de recoller les morceaux. Phèdre, elle, ne le veut pas mais la faiblesse de sa position de Chef/Pupille va l’obliger petit à petit à devoir accepter la gentillesse de l’ensemble des MacCoy, et à nouveau à leur contact, en étant aidée par ceux-ci sans qu’elle s’en rende compte, elle va construire sa nouvelle position de Chef de clan. C’est une très belle alchimie. Je ne veux pas trop en dire, mais on découvre enfin tout ce qu’ils cachent l’un et l’autre et c’est très puissant. Cela rend leur couple vraiment nécessaire et complémentaire, comme si le destin les avait réunis.

Enfin côté aventure, nous sommes également servis. La fin est extrêmement tendue et douloureuse. On ne nous épargne rien avant d’arriver au final attendu pour le couple. Ce n’est pas un happy-end pour autant, l’histoire des clans n’est pas finie par ailleurs et on assistera à la suite de leurs querelles dans le tome 3 qui devrait se focaliser cette fois sur l’une des soeurs de Caleb. J’ai hâte.

Tome 3 : La louve et le Glaive

Après plusieurs années de voyage autour du monde, Elisabeth MacCoy est de retour à Inchkeith, l’île de son Clan, bien décidée à prendre la place qui lui revient de droit en tant que sœur du Chef. Écartée de l’action depuis son plus jeune âge, elle veut enfin avoir son mot à dire, surtout alors que le spectre d’une guerre à venir plane sur les siens…
Mais revenir à Inchkeith implique pour Elisabeth de devoir se confronter à Duncan, son premier amour, dont un fossé d’amertume la sépare désormais… Devenu le bras droit de son frère, il a toujours placé sa loyauté envers le Clan MacCoy au dessus de toute autre considération, y compris son propre bonheur. Cependant, face à la femme qu’il n’a jamais pu oublier, qu’adviendra-t-il de ses allégeances ?

Après une belle découverte de cet univers original dans les tomes 1 et 2 consacré au couple des chefs des clans MacLeod et MacCoy, j’attendais également une belle aventure de l’histoire consacrée à la soeur et au meilleur ami de Caleb. Si j’ai beaucoup aimé retrouver l’univers qui continue à se développer, la gestion de la romance m’a profondément déçue.

Déjà, contrairement à notre couple phare, la Louve (Elisabeth) et le Glaive (Duncan) n’ont droit qu’à un seul tome, ce que je ne savais pas en commençant… Je me disais donc que l’absence de romance entre eux n’était pas grave puisqu’on avait le temps… Grave erreur ! C’est quand même râlant dans une collection consacrée à ce type de récit que la romance n’intervienne qu’à la toute fin, genre « Oups j’ai oublié de développer l’histoire des deux héros du tome, il faut vite que je me rattrape ». Ça m’a vraiment agacée. J’y ai vu un vrai gâchis parce que Duncan et Elisabeth méritaient autre chose. Leur histoire avait tout pour me faire craquer et elle n’a pas été exploitée comme elle l’aurait dû T.T

On découvre tout au fil du roman, en parallèle de l’intrigue principale sur laquelle je reviendrai, la relation entre Duncan et le clan MacCoy à travers les souvenirs de ce dernier. Ceux-ci sont également orientés de manière à nous faire comprendre sa relation complexe avec Caleb et Elisabeth et la raison de la haine de cette dernière envers lui. C’est un très bon point et quelque chose que j’ai vraiment aimé car on voit l’évolution du Glaive et ça permet de mieux accepter une relation qu’on aurait pu être vu comme incestueuse autrement entre Elisabeth et lui, ou toxique entre lui et Caleb. Mais, une fois de plus, je pensais que si l’autrice utilisait ce procédé un peu long et fastueux, c’était parce que la romance aurait 2 tomes, comme celle de Caleb et son Chardon, et que la partie plus « pimentée » serait présente dans la suite. A nouveau, grave erreur !

Ainsi la romance entre les deux n’intervient que très rapidement dans les dernières 100-150 pages, ce qui fait peu sur un tome de 650… et surtout cela n’a lieu que parce que nous sommes dans une situation d’urgence. Auparavant les personnages se retiennent tellement ou sont tellement en colère qu’il ne se passe rien, pas un petit moment croustillant à se mettre sous la dent V.V

Heureusement, pour moi, je ne lis pas cette série que pour la romance, même si c’est un de mes moteurs. Je la lis également parce que j’aime la politique entre les clans qu’elle met en scène, ainsi que les confrontations et attaques qu’elles occasionnent, et les relations entre membres des clans qu’elle développe. Et tout ça m’a comblée ici !

J’ai d’abord beaucoup aimé que l’autrice ne lâche pas son fil rouge et qu’on continue à trouver les clans MacCoy et MacLeod en relation plus que tendues avec d’autres. J’ai aimé voir la façon dont Caleb et Phèdre gérait chacun leur clan mais également leur relation à eux. J’ai aimé voir des liens se nouer entre MacCoy et MacLeod mettant en avant la nouvelle génération. J’ai aimé la recherche de Logan qui se lance très vite et qui permet à tout le monde de bouger.

L’action est effectivement largement au rendez-vous dans ce tome, avec de beaux moments de tension, des duels, des affrontements, des luttes au corps à corps, des échanges de coup de feu et même un assaut en règle. La mise en scène de ces moments est particulièrement soignée et très visuelle. J’ai beaucoup aimé les longues descriptions de l’autrice qui me permettait de vraiment vivre l’action comme j’y étais. C’était super de suivre Elisabeth dans ses combats, de les vivre au plus près de cette guerrière dans l’âme. J’ai également beaucoup aimé voir certain combat sous l’oeil plus calme du sérieux Duncan, qui est un snipper hors paire. Les scènes étaient variées et toujours impactantes, suivant bien l’évolution de l’intrigue et des manières politiciennes de leurs ennemis.

Ce dernier point fut effectivement un régal. La politique entre les clans est un élément fort de la saga. Il y a d’abord la politique interne, avec des tensions entre Caleb et Phèdre qui ont réuni leurs deux clans mais souhaitent en garder l’indépendance respective. Et puis, il y a la politique interclan qui là est plus compliquée maintenant qu’ils sont en position de faiblesse, ce qu’on bien compris leurs ennemis qui comptent passer à l’attaque de toutes les manières possibles et imaginables. Nos héros sont donc constamment en danger et sous tension, ce qui est parfaitement rendu.

De nouveaux personnages émergent de tout cela. Il y a la nouvelle génération des MacLeod, Callum en tête, qu’il me tarde de voir développer dans les prochains tomes. Il y a également l’énigmatique Hel, qui vient les aider alors que rien ne l’y prédispose. Je me demande qui elle est vraiment et ce qu’elle cache. Puis, il y a les vieux de la vieille toujours là en renfort quand nécessaire. L’autrice a vraiment su créer une belle osmose entre tous ces groupes et une belle brochette de personnages marquants, un peu comme dans la Confrérie de la Dague noire, je trouve. C’est en tout cas une dynamique qui me plaît beaucoup et je suis curieuse de voir ce qu’elle nous réserve dans les prochains tomes vu tous ceux que j’aimerais voir un peu plus mis en lumière, comme Megan, la dernière de la fratrie que j’aimerais bien croiser.

Ce tome très guerrier m’a donc beaucoup plu de ce côté-là. Si je ne m’étais pas attendue à une aventure piquante et électrique également du côté de la romance promise, j’aurais adoré ma lecture. Ici, je me retrouve avec un avis mitigé parce que tout le volet action fut parfait, mais que la romance y est très mal intégrée pour ne pas dire ratée pour moi. Avec toutes les promesses qu’elle contenait, je m’attendais à un vrai développement qui n’a jamais lieu. Mais maintenant, je suis prévenue et pour la suite, je ne m’attendrai pas à une romance mais plutôt à une intrigue à la fois guerrière et politique. En plus, le changement de point de vue que semble vouloir opérer l’autrice en se tournant vers Annabelle, la fille des MacKenzie, m’intéresse beaucoup !

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Tome 4 : La biche et le limier

Annabelle MacKenzie vit une existence protégée à Eilean Donan, le château de son Clan. Prunelle des yeux de ses parents, elle a été éduquée pour exceller dans tous les domaines qu’une future épouse de haut rang doit maîtriser. Et son fiancé est choisi : Darren Campbell, le fils d’Henry Campbell dont la main s’étend peu à peu sur toute l’Ecosse.
Mais Annabelle ignore que son Clan est allé trop loin dans sa soif de vengeance face aux MacCoy : les MacKenzie ont enlevé Xander, le fils de Phèdre et Caleb, et menacent de le livrer à Campbell…
Dyclan est le Limier du clan MacCoy. Spécialiste du pistage et des opérations discrètes, il est chargé par les parents acculés de capturer Annabelle, afin de disposer d’une monnaie d’échange pour récupérer leur bébé. Mais rien ne se passe comme prévu. Forcé de traverser les Highlands à pied avec sa prisonnière, Dyclan doit la conduire sur l’île d’Inchkeith avant qu’il ne soit trop tard. Cependant, quand la candeur d’Annabelle ravive les blessures de son passé, sa loyauté se retrouve ébranlée…

Soyons honnête quand j’ai vu que ce tome sera consacrée à la frêle et fragile Annabelle MacKenzie, je n’étais pas hyper emballée. J’y allais même à reculons même si l’histoire principale, elle, continue à beaucoup me plaire malgré les tours et détours de l’autrice. Or, j’ai découvert une très aventure où romance, politique et droit des femmes se mêlent à merveille.

L’histoire commence d’un côté avec l’enlèvement du fils de Caleb et Phèdre, et de l’autre avec la vie particulièrement morose de la jeune Annabelle, seule fille du clan des MacKenzie. J’ai beaucoup aimé découvrir à travers elle, la vie des femmes dans ces clans archaïques. C’était à la fois terrifiant et scandaleux. On aurait alors pu sombrer dans quelque chose de larmoyant et mélodramatique mais ce serait mal connaître l’autrice. En effet, elle passe le premier quart déjà à dénoncer la vie d’Annabelle et à rendre celle-ci de plus en plus, la poussant à se dresser contre sa famille. Qu’est-ce qui l’y pousse ? Le fils de Caleb et Phèdre pour qui elle a un coup de foudre et qui la pousse à le protéger.

Cependant, comme souvent dans la saga, cela ne s’arrête pas là. S’ajoute ensuite une très belle et douce romance entre un Roméo et une Juliette des temps modernes, mais loin d’une romance pleine de passion et de piquant, c’est une romance bien plus lente et complexe qui va naitre. Les protagonistes de celle-ci : Annabelle du clan des MacKenzie et Dyclan, le limier des MacCoy. Ils vont se rencontrer lorsque ce premier s’introduit dans le clan adverse et enlève la belle. Nous allons ensuite les suivre à travers un épisode de survit fondateur dans lequel des liens solides vont se tisser entre eux. J’ai beaucoup aimé car c’est lent et profond, sans esbroufe et qu’on va au plus profond de chacun d’eux. On découvre ainsi une Annabelle bien moins fragile que prévue et un Dyclan, loin de l’image du tombeur qu’on lui connaissait. Et alors que je n’aurais pas misé un kopec sur eux, j’ai adoré leur couple.

L’aventure proposée par l’autrice mêle ainsi de nombreux fils. Elle offre d’abord des enlèvements, des courses-poursuites, des emprisonnements et des batailles. Elle aborde aussi plusieurs thèmes comme le mariage forcé, la maltraitance dans le cercle familial, l’émancipation des femmes, l’aide envers les femmes battues… C’est très riche et tout sauf artificiel ici. Alors que le cadre un peu archaïque de ces clans me pesaient depuis le début, ici, l’autrice en fait enfin quelque chose que j’aime beaucoup. Elle montre tout en dénonçant et en agissant enfin. J’adore !

Pour ce qui concerne la trame de fond, la guerre entre les MacCoy et les MacKenzie est à son comble. Ça parle beaucoup du code, de la façon de le déjouer et de l’importance de le respecter. Le conflit ne fait plus que couver, il bouillonne. J’ai adoré les nombreuses scènes d’action parsemant le tome, que ce soit l’enlèvement du début, l’échange au milieu ou la bataille à la fin. La politique est au coeur de toute cette histoire, tout comme les rancoeurs claniques et tout s’ajoute et se mélange à merveille que ce soit dans la grande histoire des clans entre eux, mais aussi dans leur propre vie quotidienne.

Cela donne lieu à de très belles évolutions chez les personnages. J’ai aimé voir les MacCoy réfléchir sur la façon dont ils devaient traiter leurs prisonniers de guerre avec Annabelle. J’ai aimé voir les frères d’Annabelle l’aider dans sa révolte et remettre en cause la façon de faire horrible de leurs parents tous puissants. De plus en plus de personnage en viennent à s’interroger sur les règles des clans mais également sur leur propre appartenance à ces organes de pouvoir. C’est beau de voir de telles remises en question.

Ainsi, ce nouveau tome des MacCoy m’a offert tout ce que je pouvais désirer dans la série : une romance lente, profonde et touchante entre deux héros qui se révèlent totalement ici, une aventure dynamique qui se relance sans cesse, des réflexions sur les fondements des clans et leurs relations mais aussi une passerelle avec notre présent sur la questions des femmes battues/maltraitées. J’ai adoré !

Tome 5 : Le Trèfle et l’Agneau

Pendant près de trente ans, Lachlan O ´Connor a été le garant de l’ordre en Écosse, le défenseur du Code auquel les clans se soumettent pour éviter que les conflits ne dégénèrent en bain de sang. Mais alors que l’affrontement entre Campbell et MacLeod s’intensifie, le Trèfle doit admettre qu’il est dépassé par les événements. Son autorité remise en question, il voit l’œuvre de sa vie au bord de l’effondrement. Et ça, c’est sans compter un nouveau problème qui vient s’ajouter à la longue liste de ceux qu’il doit gérer : le retour de Megan MacCoy à Édimbourg…
Megan a laissé le système clanique et son titre derrière elle pour offrir à sa fille Catherine une vie stable. Mais quand son passé la rattrape jusqu’à Londres, elle n’a pas d’autre choix pour protéger sa famille que de se tourner vers Lachlan, dans l’espoir qu’il lui vienne une nouvelle fois en aide afin de disparaître. Cependant, ces retrouvailles rouvrent de nombreuses blessures, et déclenchent une série de conséquences que ni Megan ni Lachlan n’auraient pu anticiper. Alors que l’Ecosse vacille au bord du chaos, échapperont ils au pire ?

Quand j’achète un roman dans une collection romance, je m’attends à ce que celle soit présente, pas forcément en prenant toute la place mais quand même. J’ai donc été un brin décontenancée par ce tome très politique et familial des MacCoy où la romance a brillé par son absence à part peut-être sur une dizaine de pages. C’est mince.

Ce ne fut pas pour autant une lecture désagréable. Alexiane Thill nous embarque vraiment dans une suite pleine d’intrigue où l’on retrouve la soeur disparue des MacCoy, celle que tout le monde a renié et un peu oublié : Megan. Menacée dans sa petite vie tranquille avec sa fille, elle se réfugie auprès de son allié de toujours : Lachlan, alors que celui-ci est déjà en plein doute quant à son rôle auprès des clans.

Avec Megan, nous avons une histoire pleine de rebondissements et assez touchante, car elle est telle une louve auprès de sa fille qu’elle veut défendre envers et contre tout. J’ai aimé cette personnalité forte et posée, qui a la tête sur les épaules et vie avec les souvenirs douloureux de son passé d’ancienne héritière qui a tout abandonné. Elle aime vraiment sa fille et c’est ce qui la définit. Peut-être un peu trop d’ailleurs… Cependant avec les menaces qui pèsent sur elles deux, l’autrice nous offre plein de tension. On est dans la classique histoires de femmes traquées, cherchant refuge, avec une ado rebelle, qui fugue, etc. C’est assez bien mené mais ça prend beaucoup de place dans l’histoire pour pas grand-chose au final.

A l’inverse, j’ai trouvé que Lachlan, le Trèfle était là mais un peu trop en retrait, alors que je trouve le personnage fort intéressant. Homme usé et fatigué par le Code qu’il a mis en place, il cherche à tourner la page, quand Megan et sa fille débarquent et viennent tout perturber. J’ai aimé ses interrogations sur sa place. J’ai aimé voir ce héros ballotté par les événements, hésiter, douter, commettre des erreurs. Il est vraiment humain et l’autrice nous fait bien sentir sa fatigue. J’ai aimé le sentir sur le point de faillir.

C’est pour ça que j’aurais d’autant plus aimé que la romance qui se noue entre lui et Megan ait droit à plus de place car chacun se raccroche à l’autre, l’une pour renaître, l’autre pour se trouver. Cette relation a un gros potentiel et l’autre l’occulte un peu trop au profit de la répétition des problèmes relationnels de Megan et sa fille, mais aussi de la politique des clans, qu’elle aime tant nous détailler par le menu. Et j’ai beau aimé le cadre de cette saga, je trouve que ça prend vraiment beaucoup de place, que l’autrice passe vraiment trop de pages à nous détailler ça par le menu pour que cela n’avance que dans les ultimes pages et encore pour ensuite nous couper en plein élan avec un cliffhanger terrible. C’est très frustrant.

Heureusement qu’on a eu droit aussi à un développement fort intéressant et surtout plein d’émotion sur les liens entre Megan et son clan ou plutôt sa famille. J’ai aimé entendre les souvenirs de cette femme quand son père était en train de la former. L’autrice nous fait sentir de manière poignante ses regrets. Mais j’ai aimé qu’elle ait la force de s’en éloigner et les quitter pour défendre ses idéaux. C’est moderne et culotté ! Son retour dans sa famille, et non son clan, n’est pas sans émotion et amorce encore une fois de beaux changements, ce qui l’autrice décrit très bien.

Pendant plus de 500 pages, j’ai donc eu le sentiment d’osciller entre plaisir à découvrir ces nouvelles affaires des clans écossais qu’on connaît si bien désormais et la frustration d’une romance qui démarre très tardivement et n’a que peu de pages pour s’exprimer, alors que je suis dans une collection « romance ». C’est perturbant… Heureusement le prochain tome (à paraître dans peu de temps) sera le dernier et je croise vraiment les doigts pour que l’autrice m’offre la conclusion que j’attends à cette romance si bouleversante et ces destinées si puissantes, en refondant les clans !

Couverture Les MacCoy, tome 6 : La reine et le clan

Tome 6 : La Reine et le Clan

Dernière plongée dans l’univers tellement soapesque des MacCoy, ce mélange d’Amour, gloire et beauté et de mafia clanique en kilt. Alexiane Thill aura vraiment proposé une saga qui sort du lot dans la collection d’Hugo. Ce dernier tome vécu comme un feu d’artifice bien cruel aura été un moment intense, peut-être un peu trop pour moi qui lis cette collection avant tout pour ses romances qui, ici, ont souvent été les grandes absentes aussi bien que le moteur des actions des héros paradoxalement. J’ai donc passé un joli moment mais sans vraiment vibrer.

J’ai vécu cette lecture comme une spectatrice, spectatrice du dernier duel entre les MacCoy et Henry Campbell, spectatrice d’une histoire de quête de liberté diablement bien écrite. Si la romance que je cherchais comme dit plus haut m’a fait défaut, ce n’est pas le cas de l’action. Avec un tome qui met en avant l’ensemble des duos croisés au fil de la saga, l’autrice vient parachever son oeuvre. Elle fait se rejoindre tous les fils d’intrigue dans un grand final explosif et sous tension, dont le rythme ne nous lâche pas de bout en bout, et pour cela, chapeau à elle !

Alexiane Thill offre une ultime volume qui concrétise son histoire de clans qui cherchent à se libérer du joug et des traditions ancestrales mais patriarcales pour un peu plus d’égalité et de modernité, en cela c’est très réussi. Bien sûr, tout n’est pas parfait, mais ça fait plaisir de voir des hommes et des femmes lutter ensemble pour renverser un ordre établi devenu obsolète. J’ai aimé qu’on ait des personnages de toutes sortes, aussi bien forts que fragiles, qui chacun participe à sa façon et apporte quelque chose. J’ai aimé entendre les voix de chacun dans ce tome et les voir apporter leur pierre à l’édifice final.

Après, je trouve le tome encore une fois fort long. A vouloir donner la parole à chacun, on leur offre des petites scènes qui sont charmantes mais n’apportent pas grand-chose, si ce n’est reculer l’inéluctable et ici, on tournera en rond pendant une bonne moitié du tome avant que ça n’avance franchement. C’est un peu le reproche que je ferais à la série, ses tomes inutilement longs à mon goûts. Quant au manque de romance, je le savais et cela m’a quand même gênée. Je sais qu’au vu de la situation de ce tome, cela aurait été un peu saugrenu, mais je trouve tout de même que nos héros et héroïnes auraient pu plus s’appuyer sur leur moitié pour avancer et/ou trouver du réconfort et de la force. J’ai trouvé chaque histoire un peu légère, même si à nouveau je sais qu’ils ont chacun déjà eu droit à leur tome et que ce n’était pas l’objet ici. Le pire étant bien sûr Megan, dont j’ai trouvé la romance bancale dans le tome précédent, et qui nous offre ici une tragédie bien trop exagérée à mon goût et ce malgré le contexte, désolée. Je vois la logique de l’autrice mais je ne ressens pas pour autant de justesse dans l’écriture de cette histoire à deux… alors que pourtant, le dénouement m’a beaucoup plu.

Reste que ce fut une lecture addictive. J’ai aimé assister à la revanche de la revanche de chaque camp de l’histoire. C’était palpitant de voir les mouvements de chacun, d’assister à leurs avancées et leurs revers, de voir les plans s’élaborer, réussir ou échouer, de voir les nerfs de chacun mis à mal et leurs émotions ressortir d’autant plus. Les petites scènes avec Xander furent de vraies bonus. J’ai aimé le mini-moment révélation consacré à Hel. L’autrice n’a vraiment oublié personne parmi tous ceux qu’on a croisé depuis le début de la saga, des proches de Phèdre et Caleb, en passant par la famille et les amis de chacun, tous ont eu droit à leur ligne et leur conclusion, c’est un sacré travail. La montée en tension et les scènes d’action furent aussi très réussies avec un final qui m’a satisfaite parce que l’autrice a osé aller jusqu’au bout de ses convictions et offrir l’avenir qui était bon pour chacun. Alors non, ce n’est pas un happy end, mais c’est l’ending qui était nécessaire et merci à elle pour ça !

Même si je n’ai pas été totalement emballée par cette lecture, parce que ce n’est pas le type d’histoire que je préfère, je reconnais toutes les qualités d’écriture de celle-ci avec une autrice qui est allée au bout de son univers et a su proposer autre chose dans un univers de la romance parfois un peu sclérosé. C’était osé. Ça plaît ou ça ne plaît pas. Je suis partagée pour ma part. Mais on n’enlèvera pas à l’autrice d’avoir su mélanger romance, action, re-visite de l’univers mafieux avec des clans ancestraux évoluant enfin vers la modernité pour mettre à bas le patriarcat. Une bien belle proposition !

 

17 commentaires sur “Les MacCoy d’Alexiane Thill

  1. Je ne sais pas encore si je tenterai parce que tes bémols en sont de gros pour moi, mais d’un autre côté, j’adore l’idée de ce mélange entre modernité et tradition qui semble bien amené et plutôt original. A voir ton avis pour le deuxième tome, notamment sur l’évolution des personnages et la place de la femme…

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    1. Moi, j’ai eu ma période romance avec highlanders mais j’en ai vite eu marre lol alors ça faisait un moment que je n’en avais pas lu.
      Je compte lire le tome 2 cette semaine, ça pourra peut-être t’aider à trancher 😉

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  2. Cela m’intéresse même si les bémols que tu décris me rebutent un peu.
    Ce qui est marrant c’est que je viens tout juste de commencer Outlander… Je vais donc peut-être attendre un peu avant de commencer cette nouvelle série.
    J’adore l’histoire de l’Ecosse depuis très longtemps mais là deux d’un coup, cela risque de faire redondance !
    Merci pour la suggestion 🙂 .

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