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Orient : Samurai Quest de Shinobu Ohtaka

Titre : Orient : Samurai Quest

Auteur : Shinobu Ohtaka

Editeur vf : Pika (shonen)

Année de parution vf : Depuis 2020

Nombre de tomes vf  : 2 (en cours)

Histoire : XVe siècle, Japon. Le monde est aux mains des oni, d’effroyables démons pourtant vénérés comme des dieux par le peuple, qui ignore tout de leur nature maléfique ! La vérité, seuls les bushi, de valeureux guerriers, la connaissent. Mais ces combattants sont traités en parias et condamnés à vivre dans la honte, de peur qu’ils ne renversent l’ordre établi. Cela n’empêche pas Musashi de rêver avec Kojirô, son ami d’enfance et descendant de bushi, de parvenir un jour à libérer le Japon en mettant un terme au joug des oni ! Ensemble, ils se sont jurés de fonder le plus puissant des clans de bushi.
C’est ici que commence leur quête.

Mon avis :

Tome 1

L’an passé, je faisais la connaissance avec la précédente série de Shinobu Ohtaka, Magi, chez Kurokawa, dont j’avais trouvé le début fort sympathique et qu’il faudrait que je continue un jour parce que l’exploitation de l’univers des Mille et une nuits était vraiment chouette. Mais j’ai un peu fui devant le nombre de tomes, alors quand j’ai entendu parler de la prochaine sortie de sa nouvelle saga, je me suis dit que là, j’allais prendre le train en marche.

Me voici donc avec le premier tome d‘Orient – Samurai Quest, un shonen toujours en cours au Japon avec 9 tomes à l’heure actuelle, qui se déroule dans un univers complètement différent : celui d’un Japon du XVe siècle où des démons ont pris le pas sur les humains pour se faire adorer d’eux et les réduire en esclavage tout en dénonçant au contraire ceux qui luttent contre eux : les samouraïs, appelés aussi Bushi, qu’ils font passer pour des méchants.

Comme dans Magi, l’autrice s’amuse d’un univers archi connu pour le revisiter à sa sauce et introduire les éléments de shonen d’aventure et de baston qu’elle aime. Cette fois, place à un duo de jeunes garçons voulant devenir Bushi pour lutter contre les démons et dont les prénoms sont déjà en soi des références pour les amateurs de l’histoire japonaise : Musashi et Kojiro. Ces démons sont eux-mêmes des références à des divinités bouddhistes telles qu’on en croise dans la culture japonaise. L’auteur joue à fond sur le mélange des genres et c’est vraiment chouette. J’ai beaucoup aimé ces références. Du côté culturel, c’est donc une franche réussite pour moi.

Vous le voyez peut-être venir, il y a un gros bémol dans tout ça, ce sont malheureusement certains tics de narration propres aux shonens de ce genre ou du moins au magazine de prépublication où ils paraissent. J’ai trouvé ce premier tome fort léger dans le ton donné, peut-être trop. On essaie de nous proposer une histoire à l’univers sombre où des démons ont pris le pas sur des humains qu’ils transforment en esclaves ou croyants soumis, mais le héros passe son temps à avoir la pêche avec son grand sourire collé au visage, ça ne matche pas. Je n’ai vraiment pas accroché à son caractère trop enjoué, trop exubérant, trop passionné, sûrement parce que je ne peux pas m’empêcher de comparer avec les récits plus sombres que j’ai pu lire se passant dans le même genre de décors. Sa passion pour le but qu’il s’est fixé dans la vie m’a vite agacée, de même que son insistance parfois lourdingue et débile vu ce qu’il se passait autour de lui. Du coup, ça respire bien trop la jeunesse pour moi et ce n’est pas ce que je cherchais ici.

Je me doute cependant que ça plaira à plein de monde parce que c’est entraînant et pêchu. Le duo fonctionne bien. L’auteur a pensé à leur confectionner une vraie histoire, un passé, des motivations crédibles. Leur évolution est rapide mais logique. L’histoire démarre rapidement et le rythme ne mollit pas. On saisit rapidement les enjeux et les différents camps. Les héros affrontent vite leur premier ennemi et se trouvent tout aussi vite des alliés et probables futurs mentors. Tout ça est bien fait, il n’y a pas à dire, c’est bien calibré, mais ça manque d’âme pour moi. C’est trop lisse. Alors j’ai quand même espoir que ça devienne plus sérieux par la suite (Oui, j’ai bon dos de dire ça alors que j’adore Black Clover et son humour à deux balles ^^!).

Je n’ai rien à redire graphiquement parlant par contre. C’est exactement ce que j’attendais de la part de Shinobu Ohtaka. J’aime la rondeur de son trait qui n’empêche en rien la vivacité de la narration et des scènes d’action. Elle aime les personnages poseurs et moi aussi, ça tombe bien. Elle cherche à donner une vraie signature stylistique à chacun de ses univers et j’aime ça. Les pages s’enchainent à un rythme plus que convaincant, avec des combats bien orchestrés et des designs de personnages humains ou démons, mais aussi d’armes et de décors variés et dépaysants. Les références au Japon du XVe sont là mais elle ne les calque pas tels quels, elle leur donne sa touche, ce que j’apprécie toujours.

Malgré quelques défauts, qui je l’espère sont des réglages à faire pour la suite, j’ai passé un bon moment de lecture. J’ai surtout aimé la découverte de cet univers mélangeant période connue et imaginaire fou de l’autrice. C’est celui-ci qui m’a vraiment accrochée et donné envie de découvrir la suite malgré des bémols qui auraient pu être rédhibitoires chez quelqu’un d’autre. Cependant, j’ai plus accroché aux débuts et à l’univers de Magi, alors je sens mon coeur balancer entre les deux séries et un certain choix à faire ><

Tome 2

Après mon avis un peu mitigé sur le tome 1, j’hésitais un peu à continuer mais les lecteurs ayant l’air de dire que le titre décollait vraiment avec la tome 2, je lui ai laissé sa chance. Malheureusement, même si je reconnais que celui-ci est plus dynamique dans un sens, il ne m’a pas plus convaincue.

J’ai tout d’abord énormément de mal avec le héros. Je n’aime pas son caractère. Il m’agace énormément. Je le trouve par moment inutilement agressif et très immature, alors qu’à d’autres il est tout l’inverse. Et je ne saurais dire pourquoi mais je n’accroche pas. A l’inverse, je lui préfère son meilleur ami mais celui-ci est bien trop discret pour le moment. C’est le gros point noir pour moi. Dans un shonen, j’ai besoin d’adhérer au héros et comme ici ce n’est pas le cas, le reste a beau relativement me plaire, ça me gâche quand même une partie de ma lecture.

J’ai d’ailleurs retrouvé ce problème d’écriture des personnages dans les seconds couteaux rencontrés. Je les trouve tous très caricaturaux dans la mise en scène de leur ambivalence, comme si l’auteur en faisait trop. Ainsi tous les bushis rencontrés peine à me convaincre d’une façon ou d’une autre et c’est encore plus le cas, quand le mangaka utilise la petite nouvelle, qui doit être dans les âges des héros, de façon extrêmement sexiste, un comble avec une femme aux manettes de la série… On oscille entre une pleurnicheuse et une dragueuse qui met ses charmes en avant, merci les clichés. Certains diront que l’autrice en joue, moi, je le prends au premier degré et ça m’agace d’enfermer les femmes dans cette caricature, surtout la première avec un rôle un peu important dans l’histoire…

Heureusement que celle-ci, l’histoire, elle, décolle effectivement dans ce tome. Comprenant qu’ils sont un peu beaucoup enfermés dans leur petite ville par rapport au destin qu’ils souhaitent accomplir, les deux amis apprentis bushis décident de partir découvrir le monde. C’est LA bonne nouvelle, car cela permet enfin d’avoir une dynamique plus vive. Cependant l’ambiance reste sombre. En effet, on a l’impression que la plupart des personnes croisées sont des salauds, que ce soit le clan Takeda qui leur a ravit leur première victoire, ou le clan Kosameda où derrière sa belle gueule, le chef n’a aucun scrupule à utiliser et rabaisser voire persécuter les plus faibles. On cherche un peu les vrais héros là-dedans pour le moment. Et s’il n’y a que nos deux amis qui sont « gentils », ça va très vite m’agacer ^^!

Au moins, l’autrice a le mérite de creuser sa mythologie. Kojiro découvre des similitudes entre le rouleau de son père et ce qu’ils viennent de vivre en battant le démon. Le rouleau explique comment les chasser et les tuer. Musashi comprend que ce que lui a donné le chef du clan Takeda est une sorte de boussole pouvant l’aider dans sa quête en le conduisant là où il faut pour éliminer les onis. C’est parfait pour se lancer dans une nouvelle aventure.

On ne peut donc pas dire que l’histoire reste statique. La mangaka nous embarque dans une belle aventure où les héros vont aller à la découverte de leur monde. Ils vont devoir en comprendre les arcanes pour mieux lutter contre les onis. Ces arcanes sont aussi bien magiques qu’humaines, puisque c’est en comprenant le fonctionnement des différents clans/peuples qu’ils vont croiser qu’ils se trouveront sûrement des alliés et en viendront à mieux comprendre ce dont ils ont besoin dans leur combat. De ce côté-là, l’aventure est vraiment au rendez-vous.

Ainsi pour les fans du premier tome et de l’univers, il est sûr que ce deuxième tome vous confirmera votre envie de continuer. Pour ceux qui n’avaient pas trop aimé comme moi, pas sûr que ça vous donne plus envie tant certains défauts sont accentués et rejoints par d’autres. Il ne suffit pas de proposer de l’aventure et des combats pour convaincre tous les lecteurs. Pour ma part, j’ai besoin de personnages mieux construits. Du coup, je ne compte pas poursuivre pour le moment…

Ma note : 13,5 / 20

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© 2018 Shinobu Ohtaka / © 2020 Pika Editions

11 commentaires sur “Orient : Samurai Quest de Shinobu Ohtaka

  1. Je comprends tout à fait tes réserves, même si pour ma part ce ne fut pas le cas. Je trouve par exemple que Musashi a une certaine profondeur malgré son côté enjoué qui m’a bien plu.
    J’espère que le tome 2 te touchera davantage, notamment avec le personnage de Tsugumi que j’ai personnellement beaucoup aimé.

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  2. Étant finalement assez novice dans les mangas, je ne pense pas que les points que tu soulèves me gênent outre mesure sauf peut-être le côté trop exubérant du personnage… Cela peut avoir un côté niais qui me déplaît fortement surtout si l’on considère le fond du manga.

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    1. Effectivement vu que tu as moins de titres à ton actifs ça pourrait très bien passer. Mais je ne peux m’empêcher de me dire que son précédent titre, Magi, me plaît plus. Et en plus, ça me fait aussi penser à Shaman King mais en moins bien. Alors je risque de me concentrer plutôt sur eux si le 2e tome ne le fait pas changer d’avis ^^

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  3. Je te rejoins sur les défauts que je place aussi sur une maladresse de début de série. Le premier tome n’en montre pas assez à mon goût, mais ça s’améliore dans le deuxième.
    Mais pour l’instant on n’est pas dans le niveau de Magi 😁

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  4. Merci pour cette chronique ! Je n’ai pas du tout lu Magi, donc je ne pourrai pas faire de comparaison, et cela pourra être à l’avantage de Orient du coup 🤔 dommage pour les maladresses, mais j’espère vraiment que cela sera corrigé par la suite, et comme tu l’as dit, l’univers est plutôt sombre, en espérant que le protagoniste se colle à cette image au fur et à mesure…

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