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Sous la bannière de la liberté de Natsuki Sumeragi

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Titre : Sous la bannière de la liberté

Auteur : Natsuki Sumeragi

Editeur vf : Delcourt (Johin)

Année de parution vf : 2009

Nombre de pages  : 232

Résumé : Après plus de deux cents ans de règne des Ming, accablé par la famine et mû par un sentiment d’injustice, le peuple chinois se soulève contre le gouvernement. Partisan de la non-violence, le Prince Li croise sur sa route le général Chuang, chef d’une armée rebelle qui pille les riches pour nourrir les pauvres. Malgré leurs différences, ils uniront leurs forces afin de sauver le peuple…

Mon avis :

Je vous ai parlé il y a quelques mois de Natsuki Sumeragi, cette autrice de titres historiques que Delcourt avait publié à la fin des années 2000 avec toute une série d’histoires courtes ou séries en 2 tomes maximum, tournant autour de l’Histoire de la Chine, du Japon et de la Corée. Me voilà de retour avec l’un de ses oneshots se déroulant en Chine : Sous les bannières de la liberté.

Comme dans ses précédents titres (lien), l’autrice s’appuie à nouveau sur un contexte historique connu qu’elle maîtrise, pour s’insérer dans les failles et zones d’ombre de l’Histoire et nous conter une très belle épopée. Celle-ci prend place dans le XVIIe siècle chinois, au moment où la dynastie des Ming bas de l’aile face aux attaques des Mandchoues et aux mouvements de révoltes populaires.

Dans Sous les bannières de la liberté, l’autrice tout au long de trois chapitres qui se suivent pour une fois – je précise car elle nous a habitués à des histoires courtes non liées -, nous place au coeur de ce mouvement populaire. Nous allons à la rencontre de deux de ses membres : une femme, une guerrière, Mademoiselle Hong, qui est convaincue du bien fondé de cette révolte ; et un homme, Maître Li, qui lui est un fonctionnaire pacifiste qui préfère aider à sa façon que faire la guerre. De la confrontation de ces deux personnalités va naître une histoire très humaine.

L’histoire qui nous est contée a vraiment eu lieu, mais l’autrice la prend, comme beaucoup d’auteurs de fictions historiques, par le bout de la lorgnette. Elle préfère imaginer les aventures de ces héros que l’Histoire a gardé en mémoire, mais pas les grandes épopées, plutôt leur rencontre, leurs premières actions, leurs échanges pour tenter de se convaincre l’un l’autre et leurs histoires plus personnelles. Nous allons ainsi assister à la confrontation d’idéaux opposés, à la négociation de chacun avec lui-même pour tenter de comprendre l’autre, le tout dans un contexte fait de misère et d’agitation.

Si les personnages principaux m’ont frappée par leurs grands discours et leur philosophie de vie, ce n’est pas forcément eux que je vais retenir malgré la fougue que l’autrice a tenté d’instiller en eux. Non, je vais plutôt retenir le cadre historique de l’histoire. J’ai beaucoup aimé découvrir comment fonctionnait l’Etat à la campagne, loin du pouvoir central des Ming. J’ai aimé voir d’où venaient les fonctionnaires, comment ils étaient choisis, ce qu’ils faisaient, le rôle qu’on leur donnait et celui qu’eux-même s’attribuait, leurs relations avec la population, etc. La mise en place de cette révolte populaire, des discours tenus, des actions et contre-actions menées a aussi retenu mon attention. C’était assez fascinant d’assister à l’ensemble de ses événements et à leur conséquence sur ces hommes et femmes de leur temps. La complexité des décisions à prendre, les conséquences sur leur personne et leur entourage m’ont marquée.

Cependant, j’ai eu l’impression qu’au fil de l’histoire, l’autrice se perdait un peu dans cette vaste histoire. Si le premier chapitre se tient bien, la suite perd un peu en cohérence et consistance au fil des pages. Dans le premier chapitre, les rebelles tentent de rallier à leur mouvement un homme comme Maitre Li pour leur apporter idées et cadre. Dans les chapitres suivants, il les a rejoint, mais un de ses proches ne comprend pas bien pourquoi et c’est tout. C’est un peu faible et cela laisse un fort sentiment d’inachevé une fois le tome refermé.

Cependant, je reste vraiment séduite par les titres de Natsuki Sumeragi dont il se dégage vraiment quelque chose. Ils ont tous une ambiance historique fort séduisante. Ici, le cadre chinois est superbement rendu grâce au trait tout en finesse de l’autrice. Il y a un beau travail de documentation du côté des coiffures, costumes et autres éléments du décor. On se croirait vraiment dans un film d’époque. Il y a cependant peut-être une qualité supérieure dans le premier chapitre par rapport aux suivants qui semblent comporter moins de détails et un trait moins fin, mais c’est vraiment léger et il faut avoir l’oeil pour le remarquer. Pour ma part, je suis fan de ses dessins inspirés de l’art asiatique d’autrefois à l’aspect proche de la gravure grâce à la quasi absence de trames et d’ombrages, cela confère une poésie toute singulière au titre.

Je voulais une lecture historique puissante et poétique, c’est ce que j’ai eu avec ce nouveau titre de Natsuki Sumeragi. Je prends vraiment plaisir à redécouvrir ces titres à côté desquels j’étais passée à l’époque. Ici, il y a en plus un léger souffle épique avec cette révolte populaire chinoise contre le gouvernement central. C’est graphiquement très beau et historiquement bien documenté, cela manque juste de consistance après un premier (et long) chapitre fort réussi, c’est dommage. Mais j’encourage tous les amateurs d’Histoire de l’Asie à se pencher sur les titres de cette autrice même s’ils ne sont pas simples à trouver.

> Si vous souhaitez en apprendre plus sur l’autrice, voici un article de Nostroblog.

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4 commentaires sur “Sous la bannière de la liberté de Natsuki Sumeragi

  1. Ta chronique me frustre parce que je suis certaine que ce manga plairait énormément à mon père s’il acceptait enfin d’en lire. A défaut, je le note plutôt deux fois qu’une, car malgré un manque de consistance sur la durée, le contexte historique et passionnant et même si ce n’est pas ce qui t’a le plus marquée, la relation entre les deux protagonistes m’intéressent beaucoup. J’aime les confrontations entre des idéaux différents et apprécie une certaine inversion des rôles, parce qu’en général dans les livres, ce sont les femmes qui veulent éviter la guerre et les hommes qui veulent guerroyer….

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    1. Quel beau commentaire, merci !
      Effectivement, c’est un titre qui vaut le détour. Personnellement, il m’a permis de considérer différemment une partie de l’Histoire de la Chine que je ne connaissais pas et ce renversement des rôles que tu perçois est effectivement marquant.

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  2. j’aime beaucoup le style de Natsuki Sumeragi que j’ai découvert avec Romance d’outre-tombe. Mais je ne connais pas ses autres titres. Ils sont difficiles à trouver. Dommage qu’il ne soient plus commercialisé

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