Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Le Roi-Démon et moi, et nos 10 enfants d’Ema Toyama

Titre : Le Roi-Démon et moi, et nos 10 enfants

Auteur : Ema Toyama

Éditeur vf : Pika (shonen)

Années de parution vf : Depuis 2022

Nombre de tomes vf : 9 (en cours)

Histoire : Après avoir perdu sa mère dans un accident, Akari se retrouve totalement seule. À la seconde où elle émet le fervent souhait d’avoir une famille, elle est emportée par une force mystérieuse et s’évanouit. Lorsqu’elle revient à elle… Akari découvre qu’elle se trouve dans un autre monde ! On lui annonce qu’elle a été invoquée pour donner naissance aux enfants du roi-démon, Guran, alors qu’elle n’a que 16 ans et n’est même jamais sortie avec qui que ce soit ! La survie d’une jeune maman dans un univers peuplé de créatures fantastiques commence alors…

Mon avis :

Tome 1

Ema Toyama est désormais une figure du catalogue shojo de Pika connue pour ses romances souvent légères et un peu affriolantes. Elle s’essaie ici pour la première fois au shonen avec un isekai, genre qui a le vent en poupe, mais elle n’oublie pas ses amours et son humour, ce qui donne un résultat détonnant.

Pour qui a déjà lu les autres oeuvres de l’autrice, on sait que ses histoires n’ont jamais rien de bien profond et que ce sont plutôt des récits légers et souvent assez drôles mâtinés de bons sentiments et d’un peu de piquant. Certains titres ont pu mettre mal à l’aise par leur morale borderline et leur vision de la femme tout sauf moderne. Mais étrangement, en reprenant les mêmes ingrédients ici, ce n’est pas du tout la même chose. Pourquoi ? Parce que nous sommes tout simplement dans une parodie du genre isekai.

Ce genre qui fait la part belle aux univers de jeux-vidéos permet à des héroïnes (le plus souvent) de se retrouver dans des univers d’héroïc-fantasy alors qu’elles viennent de notre réalité. Dans le cas présent, il s’agit d’Akari, une lycéenne fan de jeux-vidéos, qui a perdu sa mère il y a un an et qui vit seule. La famille qu’elle formait lui manque et elle rêve d’en trouver une nouvelle. Ni une, ni deux, son souhait est exaucé mais pas dans le monde qu’elle espérait.

Je me suis beaucoup amusée en suivant cette parodie made in Ema Toyama. C’était très drôle d’avoir une héroïne aussi naïve qu’Akari dans des situations totalement décalées et délirantes. En effet, cette jeune fille vierge de 16 ans, se retrouve dans un monde de démons sanguinaires en guerre contre les humains. Ceux-ci ont besoin que leur roi ait des enfants afin que ceux-ci les aident à lutter contre les humains avec leurs pouvoirs dévastateurs. Et Akari est censée leur donner le jour.

C’est drôle parce que bien sûr tout est poussé à l’extrême. Akari avec ses images tirées des jeux vidéos imagine toujours le pire mais participe quand même. Elle se retrouve dans une chambre sale et effrayante avec le Roi démon pensant se faire violer, mais c’est tout autrement qu’elle va concevoir leur premier enfant. L’autrice s’en donne à coeur joie, jouant sur les clichés du genre pour notre plus grand plaisir. Puis commence une nouvelle vie, celle de parent et là aussi, le décalage entre la réalité et le monde des démons est savoureux, que ce soit avec une enfant qui grandit trop vite, ne mange pas la même chose, ou avec des éléments propres à la vie de tout parent comme le manque de sommeil. On se régale en s’amusant des déboires d’Akari.

Cependant comme on peut le comprendre, il y a également un message sous-jacent sur la difficulté d’être parent, de partager la charge mentale dans un couple, de s’occuper d’un enfant, d’être prêt à tout sacrifier pour lui. C’est bien vu.

La partie romance, elle, est amusante également mais j’ai le sentiment que l’autrice va vouloir se prendre un peu trop au sérieux avec elle et qu’elle ne va pas pousser la parodie aussi loin que sur le reste et c’est dommage. Parce que du coup, les sentiments naissants qu’on voit entre Akari et le Roi démon font un peu culcul, tout comme leurs passés respectifs avec une mère qui s’est sacrifiée à chaque fois. On a à nouveau un beau gosse qui va finir par la faire fantasmer et une gentille fille qui va le faire craquer par ses attentions. Bof. Je préfère la parodie assumée et décalée du reste.

Les dessins, eux, sont à l’aune de l’ambiance voulue, totalement provocateurs mais doux également. On a les gros clichés du genre avec un roi en grosse armure à plaques et cornes de démons, une subalterne avec une armure plus que minimaliste rappelant la grande époque des pulp où les filles étaient à moitié nue sur les couvertures… La parodie fonctionne à fond. Cependant, on a aussi plein de choupitude avec le premier enfant du couple qui est juste adorable dès qu’elle pointe le bout de son nez, avec le trait très rond et lumineux de l’autrice.

Comme le titre le promettait, Le roi-démon et moi et nos 10 enfants, se promet d’être une lecture divertissante tout sauf prise de tête, qui s’amuse des clichés du genre des jeux-vidéo d’héroïc-fantasy et de l’isekai. L’autrice m’a beaucoup amusée avec le décalage qu’elle a créé et poussé assez loin. Je suis plus sceptique par son traitement trop sérieux et maladroit de la romance que la rend culcul.

Tome 2

Cette parodie déjantée de récits isekai et fantasy a encore très bien fonctionné sur moi avec un tome totalement délirant où l’autrice pousse très loin ses délires mais avec une tonalité vraiment charmante. C’est kitch, c’est culcul, mais j’aime. Ça m’amuse beaucoup.

Dans cette suite, Akari poursuit sa découverte du monde dans lequel elle est tombée en découvrant le versant humain. Pour cela, l’autrice introduit un chevalier décalé comme il faut : Arthur, cliché du beau gosse chevaleresque mais qui est au final assez loufoque. J’adore sa façon de déconstruire les clichés en les rendant ridicules, ça m’amuse beaucoup.

Ainsi, nous nous retrouvons à nouveau avec une opposition démons – humains assez bateau mais dont les éléments qui vont s’affronter et s’opposer sont assez légers et comiques. Les humains pensent que les enfants d’Akari seront des calamités, ceux-ci se révèlent être en totale opposition, plutôt de charmants petits anges dotés de dons bénéfiques à tous. A nouveau un joli contre-pied.

Pour le reste, on reprend la même dynamique avec un couple entre Akari et le Roi des démons qui semble en bonne voie mais prendra du temps et l’éducation au milieu de leurs enfants hors du commun. Après, Ann, la première née, il est temps d’accueillir Dou, le premier garçon. C’est amusant, à nouveau, de parler de parentalité dans cet univers et cette ambiance décalée. Cette fois, il est question des relations entre l’aîné des enfants et le bébé qui vient d’arriver, de l’attachement aux parents, des disputes des parents devant les enfants, etc. C’est toujours aussi loufoque et savoureux, mais très bon enfant.

On se plaît à découvrir cette petite vie de famille différente et amusante. On aime découvrir les pouvoirs et aussi les apparences et l’évolution des enfants d’Akari et du Roi des démons. On s’amuse de voir naître un pseudo triangle amoureux avec l’arrivée du chevalier Arthur, que j’aurais bien baptisée Lancelot pour ma part du coup 😉

Non, ce n’est pas de la grande littérature, nous sommes ici dans une pure oeuvre de divertissement mais que le fait avec brio. Je m’amuse beaucoup de l’utilisation et la déconstruction des clichés du genre de l’héroïc-fantasy vu par une autrice japonaise. C’est très fun et pétillant à lire. On s’amuse énormément des situations où se mettent l’héroïne et ses enfants. Il y a une bonne dynamique et une bonne évolution qui donnent envie de poursuivre !

Tome 3

Toujours aussi barrée, Ema Toyama nous entraîne avec force dans son délire de revisite de RPG en mode pro-créatif +++. C’est drôle, loufoque et terriblement efficace. Amateur ou non de jeux de rôle, on s’amuse follement à suivre les aventures d’Akari et sa petite famille haute en couleur.

L’autrice a bien cerné les mécanismes qui feraient fonctionner son histoire. Elle s’en donne donc à coeur joie, entre évolution des pouvoirs des enfants, rivalité entre le Roi-Démon et le jeune Preux, thématique de la parentalité et de l’éducation, tout y passe et nous fracasse.

Avec humour, l’autrice met en scène tous ces différents aspects pour bien nous amuser. Ainsi quand le gentil et le méchant se disputent, cela finit en organisation de bal. Ainsi quand l’héroïne pense enfin conclure, c’est une robe enchantée qui vient la délivrer de façon inattendue. Ainsi quand des hommes se proposent de soulager une jeune mère finissent-ils en dépression post-portum avec en prime la naissance d’un dragon ! Tout est prétexte à exagération et burlesque et ça fonctionne du feu de dieu !

Dans ce tome, j’ai beaucoup aimé l’implication grandissante d’Albert dans la petite famille. J’ai apprécié également de voir celle-ci s’agrandir avec des jumeaux très différents l’un de l’autre et différents de leurs frère et soeur. C’était sympa que ce ne soit pas Akari dans son rôle de mère qu’on mette en avant mais le roi. Quant aux derniers chapitres, ils ajoutent une dimension politique charmante avec les nains et les elfes qui passent à l’action, nous offrant quelques indices supplémentaires sur la vie en dehors du château, ainsi qu’une aventure charmante où ce sont cette fois nos charmants bambins qui mènent la danse.

L’autrice sait se renouveler et ne s’en prive pas. Que ce soit pour revisiter avec morgue les RPG ou pour parler de manière grinçante de parentalité et d’éducation. Les aventures d’Akari et sa famille sont le prétexte de bien des scènes drôlatiques et qui pourtant peuvent en dire long. J’aime beaucoup cette façon de revisiter les isekai qui change drastiquement des autres tout en reprenant les codes de base du genre. C’est plein de peps et de surprise !

Tome 4

Saga pleine de surprises, je m’amuse vraiment comme une petite folle à chaque lecture tellement c’est drôle et barré.

Ema Toyama se plaît vraiment à construire et déconstruire les topos des récits d’héroïc-fantasy dans un récit survitaminé où les aventures s’enchaînent à vitesse grand V pour le plus grand plaisir du lecture. C’est drôle, fun, léger et entraînant, sans temps morts avec des réparties très drôles et des rebondissements surprenants à n’en plus finir tellement ils sont gros.

J’ai adoré voir l’action se déplacer hors du château cette fois, que ce soit pour aller du côté des nains et des elfes ou pour rejoindre Delunielle, la mère de Guran. Cela permet d’offrir de nouvelles intrigues pleine d’entrain dans un nouveau décor et amenant de nouvelles réactions. On voit ainsi un peu plus concrètement ce dont sont capables les enfants d’Akari et c’est très fun à voir. L’autrice fait preuve d’autant d’humour que d’astuce, ce qui est très agréable.

Bien sûr tout cela va très vite, on passe d’une scène à l’autre sans temps mort, mais on survole l’ensemble. C’est voulu pour être léger et c’est parfait en cela. Tout est très caricatural mais c’est ce qui apporte de la fraîcheur à cette lecture vraiment pas à prendre au sérieux. On s’amuse de voir la facilité avec laquelle un discours peu réveiller la philosophie d’un ancien allié passé au camp adverse pour le faire revenir vers nous. On rit de voir des enfants au coeurs de la stratégie de combat et reconquête. L’autrice joue pour cela des codes du genre à merveille et c’est chouette de voir nains et elfes désormais dans le camp des démons.

Ema Toyama fait ainsi faire de grands bonds à l’histoire, tout d’abord avec l’arrivée d’un nouveau bambin, Sank, que j’adore déjà ! Il ressemble énormément à son père, au passage dont j’ai adoré découvrir la jeune période rebelle, il était tellement plus attirant alors. C’est un stratège qui va de suite être mis au boulot, ce qui est tordant. Mais surtout, les démons partent recouvrer leur reine et quelle aventure. L’autrice se joue encore de ce qu’on attend dans ce type de récit, avec un plan totalement farfelu, tellement prévisible qu’on se fit que c’est trop facile et pourtant ça marche. Alors oui, tout est ultra facile mais c’est le propre de ce récit et on s’amuse plutôt de voir les nouvelles dynamiques que ça induit.

Car après le cliché de l’héroïne naïve enlevée par le méchant démon, place à celui de la bru maltraitée par sa belle-mère et là aussi, ça fonctionne à merveille, avec un démarrage plein d’énergie et de drôlerie où l’autrice joue à nouveau avec les clichés du genre. On se retrouve ainsi dans une nouvelle version de Cendrillon avec une marâtre démoniaque et une bru que ses enfants mini-démons comptent bien protéger. Cela s’annonce encore très drôle.

Pour lire Le roi-démon moi et nos 10 enfants, il faut savoir faire preuve de second degré mais si on y parvient, on passe un moment très léger, vraiment hilarant où on s’amuse énormément de cette réinterprétation déjantée et survitaminée des classiques de notre littérature, que ce soit en héroïc-fantasy ou en merveilleux. C’est vraiment très bien fait car tout est vraiment bien dosé et parfaitement mis en scène pour nous amuser. On tient peut-être là le meilleur titre de l’autrice !

Tome 5

Avec toujours cette facilité qu’on lui connaît, Ema Toyama poursuit sa parodie aventureuse des récits de high fantasy entre humour et tendresse.

Quel bonheur de poursuivre les aventures d’Akari au royaume des démons. Avec l’arrivée de Delunielle, la mère de Guran, c’est une nouvelle quête qui s’offre à nous : celle de retrouver son époux, le père de Guran, Shinichirô et l’autrice s’y engouffre avec joie.

Entre chapitres humoristiques mettant en scène la petite vie d’Akari et sa famille au château et chapitres où l’aventure prend plus le pas, pas le temps de s’ennuyer. J’aime toujours autant voir évoluer les fils et filles de Guran et Akari, ceux-ci sont une source inépuisable d’amusement, tout comme les habitants du château, il suffit de voir le chapitre sur la source d’eau chaude pour cela. Ils font une très bonne diversion entre des chapitres plus denses.

La quête du père de Guran est l’occasion de découvrir avec émotion le passé de celui-ci et la relation touchante de ses parents, faisant découvrir une autre Delunielle. Mais surtout, cela relance l’intrigue dans une nouvelle direction et l’on fait découverte sur découverte dans cet univers de high fantasy tellement bien maîtrisé par l’autrice. Entre arbre de vie, espèce céleste cachée en son sommet et autres trouvailles, l’autrice montre qu’elle maîtrise bien les arcanes du genre. C’est amusant, pétillant, frais et rythmé. L’aventure prend très bien et on s’amuse de voir faux semblants sur faux semblants au fur et à mesure que les masques tombent de partout. C’est très bien fait.

Oui, c’est léger. Oui, c’est une parodie. Non, ça n’a rien inventé. Mais qu’est-ce que c’est drôle, entraînant et bien fichu ! Je m’amuse beaucoup à la lecture de chacun des nouveaux tomes car j’aime découvrir les trouvailles grotesques que l’autrice fait à chaque fois et le nouveau pouvoir de l’enfant qui nait à chaque tome. Mission accomplie ici encore !

Tome 6

Ema Toyama casse la routine dans ce tome et nous embarque dans un contre-isekai drôle et subversif avec toute la légèreté qu’on lui connaît.

Nous nous étions habituée à suivre Akari dans le monde des démons aux côtés de Guran et des enfants qu’elle avait eu de lui. Nous nous amusions à découvrir les particularités de chacun et le rapprochement de leurs parents de circonstance. Mais avec le glissement de l’histoire vers la propre enfance de Guran et notamment l’histoire de ses parents, l’autrice a cassé cette routine.

Elle nous embarque dans ce tome dans le contraire d’un isekai, une aventure avec une héroïne qui rentre dans son monde en emportant des éléments de l’univers où elle avait atterri, en l’occurrence ses enfants. Pour qui a lu, l’un des titres fondateurs du genre : Fushigi Yugi, c’est quelque chose de connu et l’autrice reprend d’ailleurs des mécanismes déjà vus, mais elle le fait toujours avec autant d’humour. Ainsi, on s’amuse de découvrir Akari et surtout ses enfants dans notre Tokyo moderne.

Péripétie rocambolesque sur péripétie rocambolesque s’enchaînent avec humour. Le décalage entre les deux mondes est parfaitement exploité. L’autrice montre bien l’absurdité pour nous d’une mère de famille aussi jeune et avec autant d’enfant. Elle appuie aussi sur les différences entre les deux mondes à travers les heureuses découvertes des enfants, c’est assez drôle. Elle en profite également pour les faire grandir, ce qui aide leur mère pas dégourdie pour un sou. Alors l’image qu’on a de celle-ci est terrible… Elle est totalement inutile et cruche… Mais ses enfants, eux, nous amusent au plus haut point, surtout en se voyant rejoindre par la petite dernière Sissou et ses pouvoirs qu’on découvre ici.

Sur un scénario très classique et assez sexiste, l’autrice tort les codes et nous amuse énormément avec ces enfants débrouillards qui aident leurs parents mal embouchés. Nouveauté du scénario : nous allons à la rencontre du grand père de cette histoire qui a tout oublié et qu’ils vont tout de même convaincre de ce joindre à eux. Une nouvelle dynamique nait donc et bien que ce tome soit unique dans l’histoire, je suis curieuse de voir ses incidences sur le monde qu’on connaît depuis le début et les nouvelles surprises que ça nous réserve.

Humour, charme enfantin, aventures et personnages rocambolesques, Ema Toyama malaxe et mélange tout ça pour accoucher d’une histoire drôle et décalée, légère et barrée où sexisme et choupitude se côtoient et se font rebondir l’un l’autre. On peut en grincer des dents ou juste s’en amuser et le prendre pour le divertissement au Xième degré qu’il est. A vous de voir 😉

Tome 7

Quel plaisir de retrouver à chaque fois la comédie parodique et décapante d’Ema Toyama se moquant gentiment des RPG. C’est frais, décalé, totalement décomplexé et follement amusant.

L’autrice est passée reine dans la comédie romantique jeunesse mais j’ai toujours trouvé soit qu’elle en faisait trop en restant 1e degré, soit que c’était un peu malsain. Ici, étrangement, elle met cela bout à bout pour créer une parodie de romance dans un univers de jeu de rôle des plus drôles parce qu’elle ne se prend pas au sérieux et ça fonctionne !

J’ai donc pris un vif plaisir à retrouver Akari et toute sa petite famille avec une première partie consacrée à la relation entre Guran et son père, et une seconde sur l’agrandissement de leur famille en pleine tension pouvant conduire à la guerre. Avec des recettes éculées, l’autrice nous amuse et nous charme. Il est question de potion faisant revenir Guran d’abord à l’adolescence puis à l’enfance, ce qui est truculent parce que l’autrice croque à merveille l’ado rebelle en lui et le petit garçon en mal d’amour paternel. Puis il est question de première fois et notre héroïne va tomber enceinte d’une manière inédite, ce qui est amusant vu comment cela se passe habituellement. Ema Toyama joue vraiment à merveille sur les registres de l’humour et du décalage, prenant des situations codifiées pour les tordre en ridicule.

Cependant, elle s’essaie également dans ce tome, comme ce fut le cas brièvement dans d’autres, à ajouter un peu de contexte avec une guerre se préparant entre humains et démons, et là, je ne suis pas forcément des plus convaincues par ce que ça pourra donner par la suite. Heureusement que ça reste pris en gros sur le ton de l’humour parce que si ça virait sérieux avec un discours pseudo manichéen, gentil contre méchant, discussion pour se comprendre, etc, ça me ferait lever les yeux au ciel. En revanche, voir les petits travailler pour perfectionner leurs pouvoirs ça me plaît. Ça claque quand même de voir l’un appeler tout plein de rats, un autre avec une épée enchantée enflammée, ou une fabriquant des potions annihilatrice de magie ou encore une dernière avec son canon à dos de dragon ! Surtout que l’autrice s’amuse à utiliser tout ça dans un contexte décalé de chasse aux fantômes due à la dernière naissance. Je savoure !

Série drôle et décalée qui ne se prend pas la tête, Le roi-démon et moi et nos 10 enfants continue de me séduire justement parce qu’elle ne se prend pas au sérieux. Ça m’amuse toujours de voir les situations rocambolesques dans lesquels ils se mettent qui tordent le cou aux clichés des RPG et surtout de découvrir les nouveaux petits de la fratrie. Maintenant qu’ils sont 9 et qu’il n’en manque plus qu’un cependant, j’espère que ça ne s’essoufflera pas ou que l’autrice saura conclure.

(Merci à Pika et Sanctuary pour ces lectures.)

Tome 8

Après avoir formé une famille, guéri leurs plaies, rencontrés leurs parents, il était temps pour nos héros d’affronter les problèmes du monde des démons face aux humains. Cependant le choix fait par l’autrice bien que toujours parodique ne m’a pas vraiment convaincue.

Je salue la volonté d’Ema Toyama de faire entrer sa série dans son dernier acte maintenant que la quasi totalité des enfants d’Akari et Guran sont nés. C’est chouette de se défaire de tout ce qui empêchait d’aller vers la résolution du problème entre les humains et les démons. Malheureusement sa façon de procéder ne m’a pas plu. En effet, pour cela, elle propose un plan des plus farfelu, ok c’est drôle, mais totalement improbable et donc pas crédible : transformer Akari et ses enfants en idols en mode cirque du monde. Quand je vous dis que l’autrice va loin !

Si j’ai aimé découvrir nos petits démons plus grands que les bébés et jeunes enfants qu’on a connu, j’ai trouvé leur rôle assez inintéressant dans ce tome du moment qu’ils se travestissent en artistes de cirque. J’ai été plus intéressée à l’idée de découvrir les pouvoirs de 3 petits derniers entre Nouph qui est médium, Seth artiste et Yui chanteuse. Il faut dire que grâce à la première on a pu revenir sur les origines des dissensions entre démons et humains. C’était une bonne chose d’apprendre pour Chell, la petite fée toute mignonne qui est partie en cacahuète et est devenue une horrible créature gigantesque à faire froid dans le dos, comme l’un des terribles anges d’Angel Sanctuary de Kaori Yuki.

Ma lecture fut donc ambivalente. D’un côté, j’ai aimé découvrir les nouveaux personnages et voir l’évolution toute mignonne des anciens, qui sont désormais ado et adorent toujours leur mère, ou encore l’amour que nos démons portent à leur partenaire humain. D’un autre côté, j’ai trouvé ça lourd d’user du trope des idols version cirque pour faire bouger les choses et charmer les humains afin qu’ils se réconcilient avec les humains. Ça ne m’a pas amusé comme d’autres parodies vues précédemment. Je n’ai pas ressenti d’émotion particulière non plus. C’était assez plat et convenu, dans le genre aventure pour défaire la méchante mais qui résiste bien.

Ema Toyama nous fait sentir à ce stade que son histoire arrive à son terme et qu’il est temps de passer au plat de résistance. Un plat de résistance dont je n’ai pas trop aimé la recette ici alors que les ingrédients m’avaient tous conquis avant d’être assemblés. Je continue donc à apprécier l’essence de la série qui m’amuse beaucoup dans sa parodie, j’aime moins le virage pris et la façon de l’autrice de le raconter. A voir si la recette change dans les prochains tomes.

Tome 9

Quand Ema Toyama nous invente une crise d’adolescence avec des enfants démons, elle ne fait pas les choses à moitié, mais au moins, ainsi, elle me raccroche à une histoire qui était en train de me perdre depuis son virage céleste.

En effet, j’aime moins la série depuis quelques tomes mais heureusement ici, j’ai vraiment retrouvé du plaisir, alors certes un plaisir facile et léger, je n’attends rien d’autres de la série, mais ce fut un bon moment quand même. Cela m’a plu de voir comment elle est parvenue à broder une histoire où se mélange le drame et la violence autour de Chell, antagoniste divin déglingué par excellence, et la crise existentielle des aînés d’Akari et Guran. C’est assez amusant de voir comment elle tire le fil de tout cela.

Cela nous permet d’avoir un tome bourré d’action et de pouvoir, où on voit ces jeunes adolescents métamorphoser leurs pouvoirs en quelque chose de totalement démoniaque, eux qui, jusqu’à présent, avaient réussi à éviter cet écueil en dévoyant justement ce qu’on attendait d’eux par leur extrême gentillesse et bonté. J’ai donc pris plaisir à découvrir cette évolution grâce à la plume toujours aussi survoltée et légère de l’autrice, qui manie aussi bien le drame et l’humour à la sauce parodique ici. C’est vraiment savoureux.

On ne voit pas le temps passer une fois de plus, entre Akari et Guran qui tentent de juguler leurs enfants qui sont partis à la dérive mais sont coincés, puis qui trouvent un semblant de solution avec leurs jeunes enfants non touchés par le drame, ce qui les amène à la racine de la mythologie de leur monde. L’autrice nous offre ainsi un développement facile mais intéressant sur la question des mélanges d’espèce ou plutôt d’effacement des limites entre les espèces, ce qui est le coeur de sa série depuis les débuts. Elle veut faire tomber les barrières et y arrive à merveille dans sa proposition actuelle.

Alors oui, l’histoire est extrêmement facile, tout se voit venir. On est à fond dans les clichés du genre mais c’est totalement voulu et assumé, donc si vous en êtes là dans l’histoire, c’est que vous l’acceptez et appréciez à un certain niveau, tout comme moi. Je trouve vraiment qu’à ce jour, cette parodie assumée, est ce que l’autrice a fait de mieux, car oui la relation est problématique, comme souvent chez elle, mais ici on sent que c’est critiqué et que les solutions trouvés, souvent de manière ovipare, fond partie de la critique. C’est donc fort amusant et plus sain que ses autres séries où tout était très premier degré.

Après avoir décroché avec le virage pris par l’histoire, un retour aux sources et aux questions de séparation des espèces, d’identité et d’image renvoyée m’ont séduite. C’était plein d’action mais aussi drôle, cocasse et pêchu, avec de beaux dévoiements des codes classiques de la fantasy et donc des pouvoirs à gogo qui nous en mettent plein les yeux. Une parodie d’héroïc fantasy vraiment savoureuse.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

©Edition Pika, 2022


Laisser un commentaire