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La Sorcière du Château aux Chardons de John Tarachine

Titre : La Sorcière du Château aux Chardons

Auteur : John Tarachine

Traduction : Olivier Malosse

Éditeur vf : Akata (M)

Année de parution vf : 2022-2023

Nombre de tomes vf  : 4 (série terminée)

Résumé : Marie Blackwood, surnommée “la sorcière noire d’Albion“, vit à Édimbourg où elle tient une petite boutique de magie. Héritière d’une puissante famille orthodoxe, elle est aussi et surtout une femme solitaire. Mais quand l’église lui impose de devenir la tutrice du « sang de la juste indignation », adolescent aux origines obscures, un nouveau quotidien s’ouvre à elle… Sera-t-elle capable de lui enseigner la magie, et surtout, de contenir toute sa puissance ?

Mon avis :

Tome 1

Cette année, Akata a eu envie de nous sortir un petit titre typiquement ambiance halloween et quelle belle idée pour cela de repartir avec un de leurs auteurs qu’ils avaient déniché à leurs débuts en solo : John Tarachine, donc le très beau Goodnight I love you, m’avait émue grâce à son travail sur les liens familiaux et amicaux.

La sorcière du château aux chardons est cependant assez loin de ce premier titre et le trait de l’auteur est quasiment méconnaissable au passage. Il a complètement abandonné les traits crayonnés en serpe de ses débuts pour un dessin bien plus conventionnel qui a des faux airs d’Aki Irie. Ça tombe bien, j’adore !

En revanche, il a gardé ce côté assez flou dans les débuts de son scénario qui m’avait aussi perturbée la dernière fois. Et je dois dire que même après avoir refermé ce premier tome, je ne vois pas trop où il veut nous emmener à part dans une énième histoire de personnage différent malmené par la société qui va peut-être trouver l’acceptation auprès de ses pairs après des aventures où il aide également des coeurs meurtris à aller mieux. Si c’est ça, c’est extrêmement déjà vu et un peu décevant dans la forme…

En effet, on se retrouve ici dans une nouvelle histoire de sorcières. Jusque là, ça va, il n’y a pas tromperie sur la marchandise, c’était précisé dans le titre. Cependant, cela a de forts relents de The Ancient Magus Bride, avec cette sorcière décriée par ses confrères à qui on confie la tâche de s’occuper d’un jeune aux pouvoirs si puissants qu’ils font peur aux autres. Ça rappelle énormément les débuts d’Elias et Chise. La sorcière qui va s’occuper de lui, Marie, est un mouton noir, on la surnomme « sorcière noire d’Albion » et elle a un caractère assez fantasque et individualiste. A ses côtés, Théo est le cliché du jeune garçon frais et naïf qui n’est au courant de rien mais a de grands pouvoirs. Il est le « sang de la juste indignation » pour qui sait ce que ça veut dire.

Dans le premier des quatre tomes que fera la série, on les voit prendre leurs marques ensemble, tandis que des créatures s’en prennent à Théo à cause de ses grands pouvoirs qu’il ne maîtrise pas. Marie lui apprend sur le tas ce que c’est qu’être un sorcier : il faut porter des lunettes, passer des contrats avec des créatures en les regardant dans les yeux, etc. Tout est un peu jeté à la va vite sans qu’on comprenne bien les tenants et aboutissants de tout cela. C’est brouillon au possible. On comprend juste que Marie est très connue, a de grands pouvoirs et que Théo aussi pourrait en avoir, mais ça reste là.

J’ai aimé l’ambiance mystérieuse et compliquée de la série où chacun semble cacher de lourds secrets et un lourd passif. J’ai aimé qu’il n’y ait pas de gentil ni de méchant dans cette histoire aussi bien du côté des créatures que des humains et sorciers. J’ai aimé que Marie soit en décalage avec ce qu’on attend d’elle. J’ai aimé la représentation magique de tout cet univers, sorts et créatures comprises. En revanche, je sens que l’ensemble est bien naïf et bien cliché. Je ne suis pas sûre à ce jour qu’on ait une histoire qui tienne la route de bout en bout. Je crains que la bulle ne s’estompe très vite et autant dans sa précédente série un fil d’intrigue avait fini par apparaître, autant ici, je l’attends toujours à la fin de ce premier tome sur quatre…

Portée par un jolie ambiance de saison et le nom d’un auteur qui m’a plu autrefois, je me suis laissée embarquer dans cette nouvelle aventure fantastique étrange et décalée. Je suis un peu mi-figue mi-raisin après l’avoir lue. Il y a du potentiel dans l’ambiance mise en scène, les dessins qui ont fait un sacré bond en avant et l’héroïne qui n’est pas telle qu’on l’attendait. Le reste est encore bien trop flou pour que je puisse en tirer des conclusions. Je ne sais donc trop que penser de ce début assez obscur et morose au final…

Tome 2

Je continue à être très perplexe face à ce titre, à la fois parce que j’ai lu l’auteur sur un titre qui m’a bien plus remué et parce que je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi classique, qui reste pour le moment totalement vu et revu, ce que je n’imaginais pas avec lui.

Alors que je pensais voir une histoire originale, me voici face à un divertissement réussi mais trop déjà vu, qui ressemble à s’y méprendre à la franchise The Ancient MAgus Bride et ses spin-off, ainsi que les autres récits de sorcières/sorciers à notre époque… Nous avons un jeune héros dont les pouvoirs le dépassent et qui pourraient vite basculer du côté obscur, la construction d’une relation de confiance avec une mentor et ses premiers dans une école de sorciers où la menace gronde déjà en coulisses. Rien de neuf !

Ce n’est pas désagréable pour autant, on prend plaisir à découvrir la relation qui ne noue entre Marie et Théo, deux personnes fragiles émotionnellement, qui ont peur du rejet et dont le lien va permettre de combler bien des carences. La mise en scène pour aboutir à cela est juste bien trop classique et prévisible pour moi qui aime ce genre d’histoires et en a lu déjà plusieurs. Ainsi, je n’ai pas été surprise du vrai-faux-vrai ami qui piège Théo par jalousie. Je ne l’ai pas été non plus par la déception de Marie qui tente de cacher ses sentiments et du grand coeur de Théo qui veut la protéger. C’est plein d’une douce maladresse touchante mais à nouveau, je reste bien souvent extérieur malgré les efforts de l’auteur car c’est vu et revu.

La suite est à l’aune de cela avec la recherche d’un familier assez surprenant mais logique en même temps pour Théo, tandis qu’il prépare sa rentrée dans sa nouvelle époque et qu’on rencontre brièvement ses camarades. Mais quand on réalise qu’on est à la moitié de la série, on se dit quand même que c’est peu. Les bons sentiments ne compensent pas tout et le manque d’intérêt et de densité narratifs se fait bien sentir désormais. C’est gentil mais plat.

Ce qui relève l’histoire, ce sont les dessins, qui eux ont un charme fou. Si l’histoire n’a pas le relief de celle d’Aki Irie (Le monde de Ran), en revanche ses dessins ont ce côté entêtant, légèrement brumeux et vaporeux que j’avais aimé y trouver et qui rappelle aussi ceux des Clamp dans XXX Holic. L’ambiance « sorcière » des temps modernes avec pouvoirs qui virevoltes, créatures sombres, et belles robes sexy est respecté à fond et confère une belle atmosphère à la série, même si c’est à peu près tout.

Je suis donc très partagée, pour ne pas dire mitigée, sur l’intérêt de sortir ce titre en dehors du suivi de l’auteur. Je trouve les thèmes bien fades et sans relief en comparaison de sa précédente série, alors que la narration graphique est bien plus maîtrisée. L’auteur n’a pas su imposer sa patte sur cet univers pour le moment et se contente de resservir ce que d’autres ont fait. Ce n’est pas mauvais mais je m’attendais à mieux, à plus.

Tome 3

Je pourrais presque reprendre la même intro que pour mon commentaire du tome précédent tant je trouve la série bancale et pourtant intéressante. Ohlala, je suis bien embêtée.

Dans les éléments bancals, il y a la narration qui a une sacrée tendance à passer du coq à l’âne brusquement sans transition, il y a aussi cet univers magique encore trop faiblement exploité, comme si on n’en prenait qu’une toute toute portion voir un seul élément, ce qui est frustrant, et enfin il y a ses personnages bien trop survolés pour bien saisir toute leur importance. L’ensemble rend la lecture parfaitement oubliable et maladroite.

Mais en même temps, le peu qu’on voit de cet univers est fascinant et son association à des thèmes autour de la famille, la différence ou encore le rejet, rend aussi la lecture puissante par moment. Ainsi l’épisode où on revient sur le passé de Marie est ravageur et particulièrement efficace, cette fois, avec une belle profondeur et des émotions qui jaillissent des pages pour nous envahir, car comment ne pas être touché par les maladresses de cette enfant surdouée qui souhaitait juste être aimé et pas seulement manipulée au profit du prestige de sa famille.

Ainsi, même si j’ai trouvé le début du tome très brouillon avec ses cours incongrus au sein de la nouvelle école de magie de Théo, même si le combat qui éclate lors d’une tentative d’enlèvement au sein de la même école est également fort peu lisible à cause d’une narration qui part dans tous les sens, j’ai été fascinée par les interventions magiques de chacun lors de ces deux moments, j’ai aimé le rôle d’Arthur, l’ex de Marie, et leurs peurs des parents qui éclatent légitimement sont un bon agitateur pour faire avancer l’intrigue.

Je reste juste insensible aux camarades de Théo qui, comme dans la seconde partie de The Ancient Magus Bride sont surtout des accessoires et manquent de développement, même si je ne peux pas dire que Théo le soit énormément non plus, seule Marie l’est un peu au final dans cette histoire. Maintenant, je trouve qu’avec un seul tome pour conclure, cela fait un peu juste et que l’auteur est quand même globalement passé à côté de l’écriture de ses personnages, les rendant sans consistance.

J’aurais vraiment aimé aimer La sorcière du château aux chardons car j’apprécie son auteur, mais l’ensemble est vraiment trop léger. L’univers n’a rien d’original, tout comme les personnages, et chacun manque d’exploitation, John Tarachine restant en surface. Reste parfois des thèmes et sentiments qui savent nous saisir et un univers magique sombrement enchanteur avec son côté âpre et mystérieux. Peut-être cela sera-t-il suffisant pour d’autres lecteurs que moi.

Tome 4 – Fin

Mon dieu que de progrès dans les dessins de John Tarachine depuis qu’on la connaît, j’ai vraiment été soufflée dans ce dernier tome malgré une narration un peu brouillonne, elle. Cela m’a apportée toute l’âpre magie qu’elle souhaitait nous délivrer je pense, dans cette histoire de ségrégation magique.

Depuis le début j’aime beaucoup l’ambiance de cette série faite d’enfants rejetés à cause de leurs pouvoirs mal maîtrisés ou qui font peur, de camaraderie dans l’adversité et de liens profonds noués dans les épreuves traversées. Sous le trait bien plus fin et poétique qu’avant de l’autrice, qui a fait sa mue au cours de cette série, on est plongée dans une Angleterre où magie et réalité sobre se cotoient ou plutôt se percutent, ce qui donne des pages splendides et oniriques, mais un onirisme moderne et urbain. J’ai beaucoup aimé, à l’image des planches ouvrant les chapitres.

L’histoire, elle, fut plus compliquée à suivre parfois, malgré une volonté d’éclaircir les choses et de mener ici à une vraie conclusion, mais en quatre tomes, cela reste rapide et brouillon bien souvent. C’est ainsi dans ce dernier tome que tout se détache vraiment et on en vient à regrette que la ligne n’ait pas été plus claire dès le début pour donner quelque chose de plus fouillé. En effet, on revient sur les pouvoirs de Théo et l’origine de sa « capture » par l’Eglise de Londres. C’est l’occasion de parler du rapport des sorciers à la magie mais plus largement du monde autour également et l’autrice montre bien que c’est par le dialogue, les échanges et la communication que la compréhension et l’acceptation passent. Un message positif mais beaucoup de tourments pour y arriver.

Ce manque de lisibilité de l’oeuvre dans sa globalité a joué sur mon appréciation générale et notamment sur les personnages où seuls Theo et Marie se détachent au final, les autres n’étant là que pour le décor. C’est dommage. Il y a pourtant un joli travail fait sur les émotions à vifs de nos personnages qui se retranscrivent dans leur magie et leurs liens à leurs « familiers ». Quand leur magie entre en scène, c’est un régal pour les yeux avec un trait très urban-fantasy magique et moderne où les influences du bestiaire classique se mélangent avec une fantasy plus moderne comme dans The Magicians (romans + série SyFy).

J’ai ainsi aimé assister aux dernières évolutions de nos héros dans cette conclusion qui concrétise tous les rêves portés pour un duo maître-élève qui aura su me convaincre du début à la fin sans tomber dans le cliché romantique que j’ai cru un temps. Ce fut juste la rencontre de deux belles âmes en osmose pour s’aider à trouver mutuellement leur voie, ce que le dernier chapitre nous montre avec justesse, tendresse, humour et émotion.

La sorcière du château aux chardons ne sera pas ma série préférée de l’autrice, mais j’ai apprécié d’y retrouver son goût pour le thème de la communication entre écorchés vifs afin qu’ils trouvent leur place et que la société s’élargisse pour les accueillir en bonne intelligence. Le décor fantastique choisi, bien que brouillon, fut un régal pour les yeux et l’imaginaire. Je regrette une narration qui a longtemps manqué de clarté et rendu la plupart des personnages accessoires, mais je suis ravie de ce final qui a su apporter tout ce que j’attendais bien que de manière un peu succincte. Amateurs de l’autrice, n’hésitez pas à vous diriger désormais vers sa nouvelle série déjà disponible : Ocean Rush, où là aussi les secondes chances sont au rendez-vous !

6 commentaires sur “La Sorcière du Château aux Chardons de John Tarachine

  1. Je te rejoins totalement, ce manga est très classique voir trop, on ne sais pas où l’auteur veux aller et en même temps il possède quelques belles qualités notamment graphique. J’espère que les 2 derniers tomes ont des choses à nous révéler sinon je vais être déçu.
    J’espère par contre que Akata va proposer ensuite le titre en cours de l’auteur qui à l’air excellent!

    Aimé par 1 personne

      1. Ils ont l’air d’avoir quelques soucis de plannings en ce moment… Mais je préfère qu’ils prennent leur temps et qu’on soit gâté.
        Merci pour l’info en tout cas 🫶

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