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Sorcière d’un autre monde de Sora et Tail Yuzuhara

Titre : Sorcière d’un autre monde

Auteurs : Sora et Tail Yuzuhara

Traduction : Lilian Lebrun

Éditeur vf : Delcourt-Tonkam (seinen) – alors que c’est un shojo…

Année de parution vf :  Depuis 2022

Nombre de tomes vf  : 5 (en cours)

Résumé : Le jour où elle atteint ses 18 ans… Alors qu’elle s’était enfin décidée à quitter sa chambre pour découvrir le monde extérieur, Sena est victime d’un accident de la route. À sa grande surprise, elle se réincarne dans un univers où la magie existe. Crainte par son entourage, qui la considère comme une sorcière, Sena est obligée de vivre recluse dans la forêt de Roodfarah jusqu’au jour où Keith, un prince se présente à elle…

Mon avis :

Tome 1

Les isekai ont décidément toujours le vent en poupe mais aimant les histoires de sorcières, impossible pour moi de résister devant les doux dessins de Sora et son histoire cochant toutes les cases d’un certain type de fantasy que j’affectionne. Seule ombre au tableau, cette ridicule classification en seinen d’un titre pourtant sorti dans un magazine de shojo manga… Que j’en ai marre des éditeurs qui n’assument pas les titres à destination d’un public féminin et empêche la rééducation des hommes les boycottant sous prétexte que ce n’est pas pour eux… Bref

Revenons à nos moutons. Sorcière d’un autre monde est un shojo en cours au Japon avec 5 tomes pour le moment, que l’on doit à Sora, connue pour Jeu de la mort en France, aux dessins et à Tail Yuzuhara pour l’histoire. Toutes deux s’allient pour imaginer une histoire de fantasy toute mignonne sur fond d’acceptation de soi et ses différences avec un joli trait d’union avec le phénomène japonais des hikikomori, ces jeunes qui restaient enfermés chez eux par peur de la pression extérieure.

En l’espace d’à peine quatre chapitres, elles nous font découvrir l’univers dans lequel la jeune Sena s’est réincarnée après être morte d’un accident de la route dans notre monde. Son nouvel univers : un monde où vivent à égalité personnes ayant des pouvoirs magiques et personnes en étant dépourvus. Malheureusement notre héroïne est entre les deux et là, rien ne va plus. Vivant seule dans une forêt, elle doit un jour sauver un jeune s’étant effondré devant chez elle. Celui-ci se révèle être l’un des princes du royaume et va lui ouvrir de tous nouveaux horizons.

Même si c’est archi classique, j’ai trouvé l’histoire toute attendrissante. Elle rappellera bien des titres de fantasy pur jus ou d’isekai qu’on a déjà lus mais ce n’est pas grave, c’est justement ce qui rend la lecture agréable. On prend plaisir à retrouver ce type d’héroïne douce et gentille, un peu timide et peureuse mais qui a bon coeur, qui va tenter de lutter contre ses peurs, aidée par un beau jeune qui a croisé sa route et est bien plus entreprenant qu’elle. J’ai aimé la dynamique entre Sena et Keith et surtout la petite différence d’âge entre eux, la rendant plus vieille, ainsi que leur différence de statut qui sera peut-être un ressort intéressant plus tard. J’ai aimé me retrouver dans un univers où la magie était banalisée et où on pouvait croiser des dragons menaçants, ainsi que des rois n’hésitant pas à se servir de leurs fils cadets. Ce mélange de féerie et de noirceur rappelle à merveille l’ambiance des contes de fées de notre enfance.

La thématique des hikikomori transposé dans un monde de fantasy est originale même si le traitement est assez classique. l’enfermement dans sa chambre est transposé dans le « je vis seule de manière isolée ». Mais l’autrice ne se contente pas de cela et trouvera justement le moyen de redonner espoir à son héroïne et de la faire sortir de son cocon pour découvrir le monde. C’est joliment conté avec l’atout charme qu’est Keith, qui amuse autant qu’il charme et fait bien bouger l’héroïne du coup, ce qui est une bonne chose.

Les autrices ont en plus doté leur univers de plein de petites touches de magies. On prend plaisir à découvrir la vie en forêt de l’héroïne, la façon dont elle se débrouille dans sa chaumière, presque sans magie. C’est plaisant d’apprendre un peu quels sont les rouages de la magie régissant leur royaume, même si ça reste un peu flou pour moi, je l’avoue. Les mangakas parviennent très rapidement à brosser un décor autour de Sena, que ce soit avec son passé, sa demeure présente, sa rencontre avec Keith ou encore son retour en ville et les gens qu’elle y recroise. Tout est fait pour donner une ambiance un peu cocooning au récit comme dans Shirayuki aux cheveux rouges ou The elf and the hunter. Cela n’a rien d’extraordinaire mais cela rend de suite la lecture plus chaleureuse et proche de nous.

De la même façon, les dessins sont très codifiés pour rentrer dans le cahier des charges du genre avec des rappel aux titres d’Ogura Akane par exemple. C’est beau, c’est doux mais peut-être un peu lisse. Rien de surprenant du coup mais un joli coup de crayon agréable et de belles manifestations des courants de la magie, ainsi que des représentations bien saisissantes des dragons. C’est sympathique à regarder.

Ce tome 1 offre donc une jolie entrée en matière à la découverte du nouveau monde dans lequel a atterri notre ancienne hikikomori où elle va devoir lutter contre ses anciens démons avec l’aide de son jeune prince pour trouver sa place et oser vivre ses rêves. C’est joliment raconté, avec plein de bons sentiments et un joli dessin tout doux. C’est peut-être un peu facile, un peu rapide, mais cela reste charmant et on passe un bon moment aux côtés de la douce et peureuse Sena, ainsi que de l’entraînant prince Keith. Je suis sûre que je prendrais plaisir à continuer à découvrir leur monde à leurs côtés.

Tome 2

Après un premier tome déjà convaincant, ce petit shojo d’aventure fantastique confirme ici ses belles qualités avec une suite pleine d’action et d’émotion au pays des dragons et des magiciens des éléments. Une jolie réussite.

Je suis amatrice parfois d’histoires simples. C’est le cas ici avec cet isekai nous propulsant dans un classique monde d’héroïc-fantasy inspiré du merveilleux des contes de fées avec dragons, méchants rois et chevaliers-mages à la clé. L’autrice ne se foule pas de ce côté-là. Il y a zéro originalité, mais cela reste un pur plaisir de lecture grâce à une histoire parfaitement ficelée, une belle émotion et des dessins à la fois doux et percutants quand il y a de l’action.

Notre héroïne a été enlevée par un dragon à la fin du dernier tome et découvre grâce à son kidnappeur la nature même de sa magie : c’est une invocatrice de dragon qui peut maîtriser l’ensemble des éléments. Centré sur ce nouveau pan de l’intrigue, le tome se concentre à la fois sur sa rencontre avec ce dragon : Rishkall et sur son évasion pour retourner auprès du prince Keith. L’autrice enchaîne bien les deux et alterne bien les ambiances différentes de ce récit. Elle introduit joliment le nouveau personnage et continue à développer les anciens, nous proposant ainsi une histoire complète.

Même si c’est léger et que ça va vite, j’ai aimé apprendre la nature du pouvoirs de Sena et découvrir le maladroit Rishkall, dragon qui peut prendre forme humaine et qui est aussi maladroit qu’un nouveau né en matière de relations humaines. Cela ouvre de nouvelles perspectives qui seront vite saisies dès la fin de ce tome par le père biologique de Keith, bien entendu, en bon roi pourri qu’il est. Pour nous lecteur, cela nous offre également une jolie séquence d’action quand Rishkall perd le contrôle en croyant avoir perdu celle qu’il attendait depuis toujours et je dois dire que la représentation visuelle des différentes magies est assez séduisante.

Mais c’est quand même le volet émotion qui m’a le plus convaincue. En effet, j’ai apprécié, malgré le côté très caricatural, d’apprendre ce qui était autrefois arrivée à Sena dans son ancien monde, et de voir que cela avait une utilité dans la situation présente, par rapport justement au propre passé de Keith. Ainsi tout est lié et j’aime assez ça. Les deux sont adorables et l’aide que leur fournie Garth, montre la belle relation qu’il entretient avec son maître, ce qui n’est pas pour me déplaire. Tout se joue là-dessus, sur la pureté des caractères et na naïveté douce des relations. C’est simple, c’est bateau mais j’aime beaucoup.

La série suit donc son petit bonhomme de chemin à bon rythme. J’avais peur de la pause de ce tome autour du problème des dragons mais cela enrichie joliment la série avec la découverte du passé des personnages, l’évolution de leur relation, la découverte des pouvoirs de Sena et la proposition d’exploitation de tout cela par le roi. Sora revisite joliment le merveilleux des contes de fées avec une touche très douce et pure qui attendrit.

Tome 3

Sur le même modèle que précédemment Sora Mizuki nous emmène cette fois encore loin du royaume de Keith, à la rencontre d’un nouveau dragon pour une aventure encore pleine de réflexion et d’émotion.

L’autrice semble avoir trouvé son modèle : un fil rouge autour de la politique menée par les parents de Keith dans leur royaume et leurs relations avec leurs voisins d’un côté et des voyages pour aller à la rencontre des différents royaumes de cet univers s’appuyant chacun sur un élément. Ainsi après le dragon de glace, place au dragon de feu ! C’est assez classique mais cela fonctionne bien.

L’autrice a une manière d’écrire entraînante et comble aussi le lecteur amateur de jolis personnages avec Sena et Keith qui forment un duo sympathique à suivre. Je me suis amusée de l’humour et la bonne humeur qui règne entre eux. En prime, nous avons droit à un peu de piment avec la rencontre du dragon de feu et de son maître l’Empereur. Celui-ci est le méchant typique à qui on va montrer qu’il se trompe et qui risque de se repentir. On le voit venir de loin mais ça reste mignon à voir.

De plus, l’autrice glisse des thématiques intéressantes et pertinentes, surtout pour les jeunes lecteurs, autour de la liberté, de la contrainte ou du bien être animal. Elle parle de mariage forcé, d’obligation familiale, de privation de liberté, le tout aussi bien avec des femmes, des hommes que des animaux, enfin des dragons. La fantasy est une manière fort sympathique ainsi d’aborder des sujets pourtant sérieux.

Avec une aventure qui continue de rester entraînante malgré un schéma un peu trop téléphoné et répétitif, et des personnages et situations un brin trop archétypaux, Sora Mizuki continue de nous séduire avec son univers à la fois drôle et engagé, un beau mélange dans cette ambiance de conte ancien revisité.

Tome 4

Voici décidément une série de fantasy x dragons des plus simples mais aussi des plus agréables et chaleureuses, reprenant des valeurs humaines importantes et menant parfaitement sa barque sans chichi.

Depuis le début à chaque tome, l’autrice nous réserve son lot de surprises et les dessins sont toujours aussi fin et jolis, mettant bien en scène les relations humains-dragons et les pouvoirs de chacun, ce qui est fort agréable. Alors il n’y a rien de révolutionnaire mais ça rend la lecture sympathique et attachante, à l’image du duo de héros.

Ils sont depuis quelques chapitres dans le royaume de Fonduna, celui du Dragon de Feu, où le souverain semble des plus oppressifs et où ils subissent le poids de ses désirs. Réveillés dans les geôles de ce dernier, ils vont aller de surprises en surprises dans ce tome. J’ai beaucoup aimé y suivre la douce évolution de Sena et son éveil à ses pouvoirs une nouvelle fois, en compagnie de Keith. Leur duo fonctionne à merveille et l’autrice nous gâte de petites touches presque romantiques toutes mimi. J’ai aussi beaucoup aimé le travail sur les apparences et les a priori suite à une vision extérieure de la politique d’un pays. C’était surprenant et fort intéressant. J’ai aimé remettre en question mes opinions, un peu trop vite tranchées sur ce Régent et son dragon. Classique mais très bien fait.

J’aime les dragons et l’autrice offre vraiment un fort joli travail sur eux. Elle sort des clichés du genre et nous  présente un peuple qui n’a rien d’uniforme même au sein d’une espèce spécifique. Ainsi les dragons du feu n’ont rien à voir avec ceux du vent, mais en plus au sein même des dragons du feu, il y a des disparités expliquant les particularité de ce royaume de Fonduna. En prime, nous avons droit à une relation des plus intéressantes et légèrement équivoque, ce que les fans de ship apprécieront, entre Isaac et Gédéon. Ils sont touchants. Cerise sur le gâteau, sans surprise, un nouveau dragon fait son apparition à la fin du tome, celui d’un nouvel élément, qui a une problématique encore différente et emmène l’héroïne vers une nouvelle aventure. Charmant !

Avec des bases et des développements classiques, Sora et Tail Yuzuhara nous offre, ce que les amateurs de dragons apprécieront, un beau récit humain d’aventure où Hommes et dragons apprennent à cohabiter, collaborer et évoluer côte à côte. C’est parfois compliqué mais on est souvent récompensés par de belles relations fort joliment écrites et mises en scène. Pas besoin, donc, de se compliquer la vie pour offrir une lecture qui fait du bien.

Tome 5

Petit shojo d’aventure qui passe relativement inaperçu, Sorcière d’un autre monde est pourtant un divertissement efficace qui se déploie de plus en plus de tome en tome, révélant un univers âpre et touchant.

J’ai toujours aimé les histoires de dragons, alors forcément je suis bonne cliente, mais ça ne s’arrête pas là. En démarrant par une intrigue assez resserrée se déroulant dans un univers fantasy des plus classique, l’autrice élargit peu à peu ce décor et sa mythologie, nous invitant à aller à la rencontre de différents royaumes ayant chacun une relation différente et de plus en plus profonde à sa divinité protectrice : un dragon. Après avoir fait le dragon de vent, puis du feu, place à celui de l’eau cette fois.

Pour ne pas changer, j’ai apprécié le changement de décor qui se fait dans la continuité du précédent, à savoir la rencontre d’un nouveau monarque ayant besoin de notre Invocatrice et l’emmenant toujours plus loin de sa palais « natal ». Les dessins de Sora sont toujours aussi fin et merveilleux, faisant vraiment vivre ce dépaysement et sa magie. Nous faisons cette fois la rencontre d’un dragon féminin, ce qui change, et avec elle, c’est la question du deuil et de l’héritage qui vient sur le devant de la scène, avec la mort d’un roi et l’élévation compliquée de son jeune successeur. Un scénario classique mais où l’émotion mise et transmise par l’autrice fait la différence. Elle mélange tragédie personnelle, avec cette douleur de la perte d’un être cher, et complexe situation politique avec un rival cherchant à en profitant pour prendre le pouvoir et renverser le régime et ses habitudes draconiques. Une dynamique qui procure un réel plaisir de lecture entre verve et émotion.

Je trouve l’autrice particulière efficace dans son écriture. Tout est certes très classique mais bien fait et amené. La narration est peut-être un poil rapide, sur une longue à la Yona, elle gagnerait encore plus en force et impact, mais elle laisse déjà sa marque. Nous sommes dans un titre sensible où les relations aux autres et aux dragons notamment sont toujours plus compliquées qu’au premier abord. Notre nouvelle dragonne souhaite mourir, de douleur d’avoir perdu celui qui comptait tant pour elle. C’était oublier le propre fils de celui-ci qui, lui, a besoin d’elle pour affronter la mort de son père. Un très beau duo plein d’émotion qui montre la douleur d’une perte et notre capacité à tenter de se relever pour aider l’autre.

Nos héros, du coup, n’en sont que presque accessoire par contre tant l’histoire s’écrit sans eux dans ce nouveau pays en proie à l’agitation de toute part. C’était aussi un peu le cas dans l’arc précédent et je trouve cela un peu dommage. On ne se rappelle d’eux que lors d’échanges humoristiques ou un brin romantiques, sinon ils se fondent dans le décor, appuyant ou soutenant les personnages à la rencontre de qui ils viennent mais qui leur volent la vedette. Il serait peut-être temps de les faire vraiment vivre et de leur donner une épaisseur. C’est mon vrai manque ici, car sinon j’aime beaucoup le mélange de politique, géopolitique et psychologie de la série.

Bien moins connu que ses aînés, Sorcière d’un autre monde est pourtant un fort sympathique shojo d’aventure avec de vrais dragons en prime où l’autrice nous convoque à chaque arc des relations passionnantes roi-dragon où l’émotion est au rendez-vous. Malgré des héros en retrait, on apprécie la dimension sur le deuil et l’héritage dans celui-ci et on prend déjà rendez-vous pour la suite pour retrouver ce bel univers si joliment esquissé par Sora.

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8 commentaires sur “Sorcière d’un autre monde de Sora et Tail Yuzuhara

  1. La couverture et le titre m’avaient fait directement ajouter ce manga à ma wish list, mais je suis encore plus tentée maintenant, appréciant la mignonnerie qui semble se dégager de la rencontre et de la relation entre Sena et le prince. Et je suis toujours partante par des ambiances cocooning d’autant que tu cites deux mangas que j’apprécie 🙂

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  2. Je ne suis pas une grande fan d’isekai et rien que le fait que Delcourt ait remaquetter le titre en seinen au lieu de shôjo m’agace au plus au point, en mode ça va mieux se vendre si c’est les acheteurs ignorent que c’est du shôjo… Genre 🙄
    Je pense que je le lirais si je le trouve à la médiathèque 🙂

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      1. C’est clair que la couverture sent le shôjo à plein nez alors je comprends pas pourquoi « tromper » l’acheteur en lui faisant croire que c’est un seinen.
        Il va peut-être se faire avoir sur le tome 1 mais pas sur la suite…

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