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Valhallian the Black Iron de Toshimitsu Matsubara

Titre : Valhallian the Black Iron

Auteur : Toshimitsu Matsubara

Traduction : Jean-Benoît Silvestre

Éditeur vf : Ki-Oon (seinen)

Année de parution vf :  Depuis 2023

Nombre de tomes vf : 4 / 6 (en cours)

Résumé : A son réveil, Souma Tetsujirou, un samouraï de Kamakura qui avait survécu à l’invasion mongole, s’était retrouvé dans un endroit inconnu.
Hirst, la fille qui l’a amené là-bas, lui a dit qu’ils étaient au Valhalla, un endroit où se rassemblent les âmes des guerriers morts. Pour qu’il soit ressuscité, Tetsujirou n’a plus d’autre choix que de lutter contre les « guerriers morts » de différentes époques.

Mon avis :

Tome 1

Je vais être honnête, quand j’ai vu l’annonce de Ki-Oon sur ce titre, j’ai cru qu’ils cherchaient à surfer sur la vague de Valkyrie Apocalypse avec un nouveau titre pulp et fun dans un univers nordique. Je ne m’attendais absolument pas à ce mélange bien plus épique de mythologie et d’esprit du bushido que j’ai eu et tellement apprécié !

Série courte en 6 tomes, Valhallian est la somme des envies et influences d’un jeune auteur passionné de combat, d’esprit guerrier et de récits de fantasy à forte construction historique. Ancien assistant de Yasuhisa Hara sur Kingdom, amateur de Game of thrones et de Berserkil a pu y puiser tous les ingrédients nécessaires à la création et mise en scène de ce seinen mythologique guerrier jubilatoire, qui est prenant dès son premier tome.

En s’appuyant sur différentes influences : japonaises, nordiques mais aussi méditerranéennes, le mangaka nous offre un titre surprenant sous un trait en plus soigné et réaliste, plein de détails, qui rend de suite la lecture très immersive. Il installe d’abord celui-ci en nous emmenant à la rencontre du quotidien de son héros : ancien samouraï réputé et craint, Tetsujiro Soma vient désormais dans la plus grande précarité avec son jeune fils. C’est tout les jours un combat pour se nourrir et survivre sans abandonner le code d’honneur qui les définit, mais il lutte pour son fils qu’il a juré de protéger. Mais un jour tout bascule, il meurt soudainement et se retrouve propulsé dans un monde incroyable où tous ses sens sont bouleversés : ils est désormais au Valhalla, cette antichambre où les plus grands guerriers doivent se préparer à la lutte finale. Sauf que lui n’a rien demandé et il ne rêve que d’en partir !

J’ai beaucoup aimé la narration très percutante et immersive de l’auteur, qui parvient à nous faire passer d’un monde très réaliste et cru où la misère nous ravage, à celui complètement surréaliste et incroyable du Valhalla, ce lieu de la mythologie nordique qu’on ne rapprocherait pas du tout de l’esprit guerrier à la japonaise à première vue. C’est assez culotté ! Et pourtant, les deux se marient très bien. Comment a-t-il fait ? Il a imaginé un monde aux codes totalement nouveaux qui permettent de parfaitement allier les deux dans une aventure prenante, dure et pleine de morales également.

On sent bien au fil des pages, contrairement à nombre de séries, qu’on n’est pas dans de l’improvisation ici. L’auteur s’est nourri de l’Histoire de son pays mais aussi de celles des autres cultures qu’il met en scène pour imaginer un univers riche et cohérent où la guerre et l’esprit guerrier sont des moteurs importants, mais pas les seuls puisqu’il aime aussi dénoncer les ravages de la guerre sur les innocents. Valhallian est ainsi un titre où l’on retrouve aussi bien un samouraï que des légionnaires romains ou un général chinois sous l’égide de Valkyries. Cela peut sembler incohérent mais c’est tout l’inverse à la lecture. Dans ce monde fantastique dont les codes ont été pervertis, nos héros ont une vraie quête à mener qui est lancée ici et qui nous happe directement. 

J’ai ainsi pris beaucoup de plaisir à suivre Tetsujiro qui, sous son apparence frêle est en fait un guerrier surprenant, aux techniques incroyables et à l’esprit fier et farouche, mais plein de valeurs humanistes. Il ne se bat pas pour le plaisir mais pour un idéal, pour protéger son prochain. Son rapprochement avec la Valkyrie Hrist, qui cherche à rétablir l’ordre dans ce monde juste qui fut autrefois le sien mais qui a été perverti par une de ses soeurs, est donc tout à fait logique.

Même si ce n’est encore qu’une introduction, j’ai également apprécié d’avoir des vrais gros méchants dévoyés sous les traits de ces romains, dont certains ne nous sont pas inconnus et n’ont pas été choisis au hasard. C’est manichéen mais je n’ai rien contre car la vie peut l’être également et ici cela apporte un certain poids à l’histoire, contribuant à la rendre pesante et sombre, ce que j’ai apprécié.

Ce premier tome n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il est cru, il est sombre, il est guerrier, il est brutal. L’auteur avec son trait vif et percutant, nous fait sentir la lourdeur des coups portés, la saleté du sang qui vient gicler et le drame que vivent ces victimes des guerres dont ils ne sont pas responsables. Nous ne sommes donc pas dans un titre pulp et fun à la Valkyrie Apocalypse où il s’agirait d’amuser le lecteur. Nous sommes plutôt dans un univers plus sombre qui vise à dénoncer les ravages de la guerre mais qui nous fait comprendre qu’il faut parfois se salir les mains pour obtenir ce qu’on veut. Mais chut, nous n’en sommes encore qu’aux prémices, on a encore de quoi voir venir.

Ne vous laissez donc pas saisir par vos préjugés, laissez-vous une chance de découvrir cette histoire riche et sombre où l’auteur de Riku-do a su allier le réalisme et la joliesse de son trait dans un univers mythologique aux influences multiples et assumées pour porter un message libérateur âpre mais nécessaire. Une surprise rudement enivrante !

(Merci à Ki-Oon pour cette découverte cinglante)

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : L’Apprenti Otaku, Vous ?

Tome 2

Divin et surtout divertissant patchwork guerrier, Valhallian poursuit son aventure totalement WTF avec des dimensions gigantesques humainement mais surtout très vague scénaristiquement…

Je prends du plaisir à suivre ce nouveau manga de Toshimitsu Matsubara, auteur de Rikudo, car il nous offre à nouveau des planches magnifiques grâce à son trait vif et léché qui sublime les combats des héros de tout poils invoqués ici. Mais en même temps, je trouve qu’on patauge un peu côté histoire. Elle est à la fois floue et classique, mélangeant beaucoup, peut-être trop d’influence, pour au final aboutir à un gloubiboulga assez vague.

Après un premier tome en solitaire, le héros va à la rencontre d’autres guerriers comme lui. Ami ou ennemi, le sort seul le dira. Si j’ai aimé découvrir de nouvelles figures guerrières et si j’en ai apprécié la diversité avec son grand guerrier chinois ou encore son ancien empereur mongol, je dois aussi reconnaître que l’auteur fait uniquement dans les clichés du genre. Il ne cherche pas à faire une série profonde, non, ici il est juste question d’un pur divertissement plein de testostérone, de sang et d’un peu d’humour graveleux. Pas déplaisant mais pas inoubliable.

La dynamique prend bien avec un héros tout feu tout flamme qui se lance dans tous les combats qu’il croise. C’est donc vif et entraînant. Il enchaîne en plus les belles passes d’arme, ce qui nous permet de nous régaler en les voyant, les armes et techniques étant diverses, l’auteur sachant très bien mettre en scène cela et réservant quelques surprises. Cela ne vole pas haut mais ce n’est pas le but. Entre les ennemis de mes ennemis sont mes amis et des adversaires bien fourbes qui tentent de les piéger, on a les archétypes du genre, et ça rend la lecture sympathique à lire.

Le hic, c’est que j’ai l’impression que l’univers, lui, est plutôt sous-exploité. Le seul petit apport ici et encore c’est le guerrier béni qu’ils combattent à deux reprises. Sinon, on est juste sur du relationnel avec Tetsujiro se trouvant de nouveaux alliés et rejoignant leur groupe afin d’avancer vers le tour d’Ivoire de nos dieux pour rentrer chez lui. On nous offre bien deux-trois petits souvenirs en mode séquence émotion pour nous sustenter mais ce n’est pas suffisant. Ok, il a un fils. Ok, il avait une belle relation d’homme à homme, ou plutôt de guerrier à guerrier avec son père face aux envahisseurs étrangers, mais c’est bien léger.

Je n’ai donc pas particulièrement d’attachement envers la quête de Tetsujiro et sa Valkyrie, ni envers les nouveaux guerriers qu’il croise. Tout reste en surface. On est vraiment juste sur une lecture plaisir, divertissante et superficielle. En même temps, dur dur de faire autrement en seulement 6 tomes avec l’univers invoqué par l’auteur.

J’aurais aimé voir la série prendre son envol. Ce ne sera pas le cas. Elle reste heureusement sympathique à lire, grâce à une narration pêchue, des dessins vifs et séduisants, et une ambiance guerrière bouillonnante. Le ton me plaît pour vivre un moment divertissant. Je n’aurais pas été contre un peu plus, mais je vais avec sans déplaisir, allant de rencontres en combats dans cet univers où la mort est à tous les tournants.

Tome 3

A mi-chemin de cette aventure, je passe toujours un bon moment bien relevé entre action et réflexion sur la valeur de la vie et ses idéaux.

Valhallian est définitivement un titre divertissant aux allures de série B qui joue sur les codes du genre en reprenant plein d’éléments de la pop culture, mais ça fonctionne très bien. Certes, ça ne vole pas aussi haut qu’on aurait pu le souhaiter. Les valeurs défendues sont assez génériques, de même que les dialogues écrits pour les souligner ou les scènes choisies pour dynamiser tout ça, mais ça fait bien le job.

On prend plaisir dans ce tome à voir notre héros et la troupe qu’il a rassemblée autour de lui se rapprocher physiquement de leur objectif mais se retrouver aussi piégé par les Romains qui les attendaient de pieds fermes. L’auteur joue alors à merveille avec les clichés qu’on connaît sur la Rome antique pour nous proposer des points de tension visant à faire grandir le héros et tendre encore l’intrigue. C’est grossier mais bien joué car ça accroche l’oeil.

Il faut dire que les dessins de Toshimitsu Matsubara sont pulp et violent à souhait et savent bien accrocher le regard. On se plaît assez de sa vision très « bacchanale » de l’ancienne Rome dans un premier temps puis de sa vision très « gladiateurs » de la suite où Tetsujiro va se retrouver face à un héros d’autrefois, un peu comme dans Valkyries Apocalypse : Spartacus, le libérateur d’esclaves. L’intrigue change alors de dynamique et plutôt que de se retrouver dans une lutte frontale face à la chef du Valhalla, notre héros va se retrouver face à lui-même et ses souvenirs, un changement salvateur, car l’intrigue aurait pu vite tourner en rond. Cela permet en plus de rencontrer de nouveaux personnages autrement plus charismatiques que les antagonistes précédents.

Avec sa vision toujours terriblement sombre du Valhalla, Toshimitsu Matsubara nous entraîne dans une intrigue vive et sombre où la destinée des personnages est sans cesse remise sur le tapis, ceux-ci devant littéralement se battre contre eux-même pour sortir de ce marasme orgiaque tenu par les Romains. C’est barré, c’est punchy, c’est sombre. J’aime ce divertissement inattendu.

Tome 4

Valhallian est et reste une série d’action qui ne perd pas de temps en fioriture et nous plonge dans un quotidien guerrier non-stop entre deux aspirations à la liberté. Rien de trop complexe mais de l’action à gogo qui vient nous percuter à chaque page sous le traité léché de Toshimitsu Matsubara.

Les premières pages du tome donnent le La de ce tome, ça tranche, ça tranche, ça tranche. Ce démarrage en pleine action tandis que Tetsujiro essaie de se sortir du coupe gorge des arènes aux côtés d’un Crixos enfin réveillé et que notre petit Khan organise la résistance en dehors, est particulièrement jouissif. C’est pour ça que je lis ce titre. Pas pour un pseudo débat philo ou de la réflexion approfondie, non pour l’action et le sang. Et c’est parfaitement réussi ! Le mangaka a un très beau coup de crayon, riche et vivant, qui rempli bien les pages et les anime à merveille, ce qui nous plonge littéralement en plein dans les combats et qu’on ressent la violence de ces derniers. J’adorerais le voir en animé !

Cependant, l’auteur a aussi eu des velléités de faire quelque chose de plus que de la castagne et alors que nous sommes à mi-chemin dans la série, il va venir en bouleverser le cadre avec un beau sentiment de vertige rebattant totalement les cartes. J’ai aimé cette petite surprise, pas réellement originale quand on connaît ce type d’univers et les mécanismes qui l’accompagnent, mais suffisamment impactante. Il utilise pour cela de manière astucieuse le credo de bien des mythologie, à savoir un personnage déchu qui se crée son monde, le fait croire réel, alors que ce n’est qu’une illusion cachant quelque chose de bien plus vaste. Classique mais efficace.

J’ai donc beaucoup aimé la dynamique de le seconde moitié de ce tome, qui bien qu’ayant une narration un peu brouillonne, a bien reflété la personnalité du personnage au coeur de ce passage, et a permis d’amorcer un sacré virage dans l’histoire, avec l’arrivée inattendue d’un personnage important proche du héros. C’était inattendu de voir le récit basculer ainsi à ce stade avec seulement 2 tomes encore devant lui. Cela donne envie d’aller au devant des nouvelles promesses qui sont faites dans l’aspiration à la liberté de chacun mais cela fait craindre des capacités matérielles pour y parvenir en si peu de temps. J’espère que ça ne donnera pas lieu à une frustration de ne pas avoir pu découvrir l’ensemble de l’univers désormais promis, car vraiment la dynamique relationnelle mise en avant, bien que classique, me plaît d’avance et l’univers mythologique annoncé également, même si je sais qu’on reste dans du pur divertissement mainstream et non dans quelque chose de fouillé.

Série toujours aussi explosive, toujours aussi bourrée d’action et toujours aussi noire, Valhallian prend un nouveau virage serré dans ce tome, envoyant valser les bases sur lesquelles elle reposait jusqu’à présent pour élargir drastiquement son univers et à la fois se rapprocher de l’intimité de son héros. C’est prometteur et cela me fait d’autant plus peur pour une suite qui ne compte plus que 2 tomes. Alors je sais que l’auteur va vite, qu’il ne perd pas de temps en circonvolutions et que c’est une série avant tout punchy et divertissante mais quand même. Affaire à suivre !

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6 commentaires sur “Valhallian the Black Iron de Toshimitsu Matsubara

  1. Je t’avoue que la couverture et les dessins, peut-être trop confus pour moi, ne m’auraient pas tentée sans ton avis. Mais je trouve super audacieux et remarquable de mêler différentes inspirations tout en arrivant à restituer une œuvre cohérente et, il semblerait, passionnante. J’adore le mythe du Valhalla, je suis fascinée par le monde des samouraïs alors la rencontre des deux ne peut que me plaire !

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    1. J’avoue que je n’avais pas vu la couverture ainsi mais maintenant que tu le dis… Elle reflète l’oeuvre, plein d’idées et une symbiose qui étrangement se fait quand même. A voir ce que ça donne sur l’ensemble des 6 tomes. J’espère que ce sera cohérent et pas trop court 😅

      Aimé par 1 personne

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