Livres - Science-Fiction

Cité d’Ivoire de Jean Krug

 

Titre : Cité d’Ivoire

Auteur : Jean Krug

Éditeur : Critic

Année de parution : 2023

Nombre de pages : 435

Histoire : Cinq cents ans de réchauffement climatique ont déferlé sur la Terre. Pour survivre, l’humanité s’est retranchée dans des cités couvertes, co-administrées par des intelligences artificielles.
À Iliane, ville-dôme, dernier bastion d’une société de contrôle, la police peine à contenir la colère de ses citoyens. Les milieux contestataires s’étendent, et en leur sein, on évoque l’existence d’un endroit perdu dans le Dehors. Un dernier havre de liberté : la Cité d’Ivoire.
C’est vers cette lueur que vont se tourner Sam Deson, un citoyen rangé accablé par le meurtre de son frère, Maëlle Swan, une policière d’élite traquée à mort par un mystérieux commanditaire, mais aussi le Kid, un jeune anarchiste tête brûlée.
Y trouveront-ils leurs réponses ? Un lieu pour vivre ?
D’ailleurs, la Cité d’Ivoire existe-t-elle seulement ?

Mon avis :

Découvert avec le label des « étoiles montantes de l’imaginaire« , Jean Krug m’avait laissée sur ma faim avec son Chant des glaces qui m’avait fait frissonner de froid mais où l’immersion n’avait pas été là. Ni une, ni deux, quand Critic m’a proposé de tester son nouveau roman, j’ai sauté sur l’occasion pour voir si ce défaut avait été corrigé. Verdict ? Tout à fait !

Dans Le chant des glaces, l’auteur nous emmenait dans son univers, lui, dont s’est la passion et qui en a fait son objet d’études. Changement de braquet pour Cité d’Ivoire cette fois il nous conduit sous un dôme où l’humanité s’est réfugiée face aux bouleversements induits par le changement climatique. Avec des marqueurs communs, comme son goût pour l’écologie et les questions climatiques, l’auteur nous propose toutefois une aventure bien différente sur fond de désir libertaire et de lutte contre une politique oppressive et discriminante.

J’ai vraiment beaucoup aimé l’écriture de Jean Krug dans ce nouveau roman. En découpant sous intrigue en grandes parties, puis en chapitres assez conséquents mais avec à l’intérieur de multiples points de vue qui viennent briser cette longueur et rythmer l’intrigue, les pages se tournent sans difficulté et même avec une certaine hâte. On sent ainsi une vraie urgence, un vrai souffle au fil de l’aventure qui se dessine. Cette aventure est d’ailleurs à la fois moderne, car reposant sur le défi climatique, et un peu ancienne avec son hommage aux récits d’aventure d’autrefois où il fallait partir en quête d’une cité mystérieuse. Et cerise sur le gâteau, l’auteur prolonge l’aventure jusque dans la langue qu’il utilise, puisqu’il s’amuse à créer de beaux néologismes forts parlant tout au long de l’histoire, ce qui a eu le don de m’amuser, comme avec ce « Dôminant » où l’histoire débute.

C’est en suivant trois personnages principaux qu’il va nous entraîner dans cette belle fresque où il s’agira de briser les multiples murs qui enferment les personnages. Il y a tout d’abord Kid, un jeune anarchiste tête brûlée au parlé gouailleur, ce ne fut pas mon personnage préféré malgré son rôle moteur dans l’histoire. Viennent ensuite, Sam, un citoyen lambda qui va basculer après le meurtre de son frère dont il ne se remet pas et qui va partir en quête de ce qu’il y a à l’extérieur du Dôme, et surtout Maëlle, une policière d’élite traquée à mort par un mystérieux commanditaire, qui va agiter tout cela et créer des ponts entre les intrigues, jusqu’aux révélations fracassantes qu’on attendait.

La trame en soi est assez classique et sans surprise, cependant, c’est un réel plaisir de suivre ses personnages. Avec eux, nous allons d’abord dans un premier temps découvrir le fonctionnement de cette vie sous le Dôme et surtout qui le fait fonctionner, pourquoi et comment. Puis nous allons aller à l’aventure à l’extérieur de celui-ci car nos héros en ont assez d’y être enfermés, menacés ou persécutés sans explication. Enfin, suite aux rencontres qu’ils vont faire et aux compréhensions qui vont émerger, ils vont vouloir partager tout cela avec tout le monde dans une belle quête libertaire avec des allures de pirates révolutionnaires !

L’histoire est vraiment entraînante malgré un petit creux au milieu – à moins que ce ne soit parce que je l’ai lu en étant sur la digestion ^^! -. Sans m’être vraiment attachée aux personnages, j’ai aimé les suivre dans leurs quêtes et assister à leur ouverture sur le monde leur permettant de mieux le comprendre. L’auteur fait cela avec beaucoup de nuances, montrant que chaque camp à ses motivations et nous réservant ainsi de jolies surprises sur ceux qui se cachent derrière cette vaste entreprise et les différents camps qu’on rencontre. On sent qu’il a parfaitement pensé son univers en multiples strates qui viennent s’imbriquer ou s’ajouter les unes aux autres pour former une vaste toile complexe où aussi bien les rebelles que les gouvernants cachent bien des secrets.

J’avais critiqué le manque d’immersion de son premier roman, ce n’est plus du tout le cas ici. J’ai vraiment eu l’impression de vivre ces aventures aux côtés de nos héros, notamment avec Maëlle dont la vie était menacée et qui parvenait souvent à se sortir in-extremis de guet-apens, mais également avec Sam, aux côtés duquel je suis montée à bord de bateau pirate nouvelle génération pour aller à la découverte de cette mystérieuse cité donnant son titre au livre. J’ai aimé lutter à leur côté, faire des découvertes à leur côté et vivre une passionnante aventure pleine de danger. Vous pouvez donc oublier cette critique initiale.

Les thématiques autour du réchauffement climatiques sont intéressantes et surtout bien dosées. L’auteur n’est pas trop technique, ce qui avait pu être le cas sur Le Chant des glaces, mais il sait bien nous faire saisir les possibles évolutions qui nous attendent. J’ai apprécié qu’en plus d’un volet climatique et nature, il y ait un volet politique avec l’utilisation des I.A. en prime et une réflexion critique sur celles-ci impliquant la responsabilité des hommes. On aurait pu s’attendre à un discours assez sombre, c’est tout le contraire qui naît de l’ensemble de cette aventure en prime avec un véritable élan pour réfléchir sur nos pratiques et nos désirs.

« En fin de compte, ce changement climatique qui nous avait amené jusqu’ici était encore une fois l’opportunité de réapprendre, de recréer au prisme de nouvelles valeurs. Hors du progrès abrutissant, du travail avilissant, avec pour seule force motrice l’absence de jugement. »

Après une première rencontre en demi-teinte mais pleine de promesses, ce sera donc avec ce roman que Jean Krug m’aura convaincue de m’intéresser à sa production pleine de valeurs actuelles et futures. Avoir un scientifique comme auteur apporte vraiment quelque chose en plus quand en prime il sait manier le verbe et l’aventure. Ici, j’ai eu à la fois la critique politico-climatique que j’attendais et une réflexion pertinente sur notre évolution technique et technologique. Un roman vraiment passionnant.

(Merci à Critic pour cette lecture pleine de souffle)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis bien plus pointus de : Carolivre, Zoe, Vous ?

 

 

17 commentaires sur “Cité d’Ivoire de Jean Krug

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