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A Fake Affair d’Akiko Higashimura

Titre : A Fake Affair

Auteur : Akiko Higashimura

Éditeur vf : Le Lézard noir

Années de parution vf :  Depuis 2023

Nombre de tomes vf : 2 / 4 (en cours)

Résumé : Shôko Hama, 30 ans, est célibataire et vit encore chez ses parents. Après des années de recherches infructueuses, elle a abandonné l’idée de trouver un mari et décide de profiter de la fin de son contrat d’intérimaire pour s’offrir un voyage en Corée du Sud. Dans l’avion, elle se retrouve assise à côté d’un Coréen dont le charme la trouble immédiatement. Par un improbable concours de circonstances, elle est amenée à lui faire croire qu’elle est mariée. Mais le mensonge ne semble pas décourager le jeune homme, qui lui propose un déjeuner à leur arrivée à Séoul…

Mon avis :

Tome 1

Le webtoon est devenu un phénomène mondial et l’un des fers de lance de la culture coréenne en ce moment. Mais il avait déjà su séduire certains auteurs avant même son explosion, c’est le cas d’Akiko Higashimura, qui en tant que fan de la Corée, souhaitait utiliser ce format pour offrir une oeuvre entre Japon et Corée.

Publiée en parallèle de ses oeuvres désormais cultes que furent Le Tigre des neiges et Tokyo Tarareba Girls, tous deux disponibles chez le Lézard noir en vf, A fake affair est un titre paru simultanément au Japon et en Corée sur une plateforme numérique, que l’éditeur français nous a fait le plaisir de regrouper en volume double pour nous les proposer en version reliée mais intégralement en couleur comme à l’origine. Nous aurons donc 4 beaux et gros bébés à nous mettre sous la dent pour découvrir cette aventure humaine et éditoriale. 

Comme toujours avec l’autrice, au-delà de son oeuvre, j’aime beaucoup la dimension méta de l’objet. A travers plusieurs blablas elle revient de manière édifiante sur les origines et la création de ce projet, ses inspirations et sa manière de l’aborder. C’est hyper riche et cela en dit long également sur l’autrice qui livre ainsi des bouts de sa vie personnelle. 

A Fake Affair est l’histoire une jeune japonaise de 30 ans, qui vit de missions d’intérim et qui est célibataire, qui décide de partir quelques jours en voyage en solo en Corée. Dans l’avion qui l’y emmène, elle tombe sur un jeune Coréen qui a tout d’un idol, qui va la drague et lui proposer une aventure, mais qui la croit mariée parce qu’elle a trouvé par inadvertance l’alliance de sa soeur dans la poche du manteau que celle-ci lui a prêté. S’engage alors une drôle de « romance » entre eux.

Dans une atmosphère pour moi assez proche de Tokyo Tarareba Girlsl’autrice nous propose une histoire très légère mais également très ancrée dans la société actuelle. Elle décrit en effet ce phénomène que j’ai presque envie de qualifier « de mode » des femmes mariées ayant des aventures extraconjugales au Japon et la fascination que cela peut avoir sur de jeunes garçons japonais ou coréens. C’est donc non pas comique mais plutôt assez cynique et l’autrice ne se gêne pas pour tacler tout le monde mais peut aussi se montrer assez sensible.

Si l’histoire est on ne peut plus classique et se déroule sans anicroche sur un scénario qui coule de source, j’ai beaucoup apprécié la personnalité loufoque et à contre-courant de l’héroïne. D’abord, elle parle avec franchise de son célibat, ses raisons et ses choix. Elle n’a pas honte de son travail d’intérimaire malgré la pression de sa famille. Elle assume son côté papillonnant, aimant le changement. Elle est aussi assez rigolote car elle s’enferre dans son mensonge, rappelant en cela nos hautes en couleur trentenaires de Tokyo Tarareba GirlsFace à elle, j’ai trouvé son jeune amant, Jobanhi assez intrigant. J’ai aimé qu’il assume son désir d’avoir une aventure avec une femme mariée. Pourquoi pas. Sa passion pour la photo et la façon assez cynique et réaliste dont il en parle m’a plu. 

L’aventure est loin d’être aussi glauque que je le craignais. J’ai contraire pris plaisir à les voir ensemble pendant ces 3 petits jours, explorant une Séoul loin des clichés pour touristes. J’ai senti une belle connivence entre eux et j’étais presque triste que Shoko lui ait menti, même si lui aussi cache un sacré secret. On n’en est cependant qu’au tout début de cette histoire. Ce premier tome n’est qu’une amorce, certes efficace mais qui en dit peu et j’ai hâte de voir ce que le « souvenir » que Shoko a laissé aura comme conséquence et comment cela les réunira, sans parler du couple de sa soeur, car Shoko a découvert un secret lourd de sens la concernant.

Quant à l’esthétique « webtoon », je l’appréhendais, de même que la colorisation numérique qu’elle implique. J’ai été séduite. On est dans la droite ligne de ce qu’on connaît de l’autrice, sans surprise et le style colle bien à celui de l’autrice. Certes, cela implique une narration un peu trop figée et carrée pour moi avec ses planches remplies de cases rectangulaires où il y a très peu de grains de folies, mais celle de l’autrice suffit. Il suffit de voir le retour de la mascotte Bossette qui remplace à merveille les Yaca Focon de Tokyo Tarareba Girls. Ainsi, ce fut très addictif. 

Curiosité éditoriale, ce webtoon avant l’heure où Akiko Higashimura s’est adonné à sa passion pour la Corée en offrant une rom-com digne des meilleurs soap télé asiatiques pour adultes et jeunes adultes, fut une lecture facile et addictive où je me suis plu à suivre cette héroïne maladroite et fantasque qui s’est inventée une aventure extraconjugale au lieu de juste vivre une histoire sans lendemain avec un beau jeune homme. Drôle et grinçante, cette histoire pointe aussi du doigt une fois de plus la société japonaise et son rapport au mariage avec brio.

Tome 2

Voilà une lecture toujours aussi problématique chez moi, entre petit plaisir coupable et écriture qui me gêne aux entournures, ce qui fait que je ne sais pas si j’aime ou pas par moment.

J’évacue de suite la question, ce n’est pas vraiment parce que les soeurs héroïnes de cette histoire sont des menteuses que ça me gêne, après tout c’est original d’oser traiter de l’infidélité et de l’adultère. Non, ce qui me dérange, c’est que je trouve le message de l’autrice et sa narration assez brouillonne, comme si elle ne parvenait pas à ce décider de ce qu’elle voulait faire dire à ses personnages, du coup, c’est brouillé chez moi aussi.

Sur le même schéma que le précédent, nous suivons les aventures un peu lourdingues et loufoques de Shoko qui s’est fait passer pour une femme mariée afin de « choper » un jeune coréen qui lui plaisait. On s’amuse à nouveau énormément à la voir s’embourber dans son mensonge et à l’analyser de manière assez rude envers elle-même, à l’aide d’une nouvelle créature à la Akiko Higashimura juste trop drôle. Cependant cet aspect comique vient aussi se percuter avec un ton qui se veut de plus en plus lourd par moment, ce qui est assez dissonant.

On comprend vite en effet que son bel éphèbe coréen est malade, ce qu’il lui cache bien sûr, comme elle lui cache qui elle est vraiment. Chacun a ses raisons pour cela, ce qui rend leurs rencontres d’autant plus poignantes, je trouve. L’autrice instille ainsi une atmosphère sensiblement plus dramatique et mélancolique à l’image de ce train de la voie lactée qui nous accompagne tout du long et rappelle des souvenirs à certains, japonais comme français, grâce à Galaxy Express 999 que les plus anciens ont dû voir enfants 😉 J’ai aimé cette touche plus sombre où le réel semble vouloir les rattraper, où Shoko se rend compte de son erreur et où son ami poursuit mélancoliquement sa route seul alors qu’il pensait peut-être avoir trouvé une compagne de circonstance. J’espère vraiment pouvoir entendre sa voix plus tard.

En revanche, tout cela entre gravement en dissonance avec la situation plus bancale de la soeur aînée. Celle-ci est un modèle de cynisme et de mensonge. Je ne l’ai pas du tout aimé. J’avais cru percevoir quelqu’un de sensible, de fragile, peut-être coincée dans une situation sentimentale complexe. Je découvre ici une femme égoïste et presque infantile derrière son masque de femme d’affaire sûre d’elle et mature. Je suis déçue. J’ai détesté son analyse de son adultère et la façon dont elle se sert de sa soeur. J’ai détesté la façon dont elle traite son mari qui, au premier abord, a l’air adorable et tellement compréhensif. J’ai été gênée de la voir aussi gamine dans « sa passion » avec ce petit jeune, pratiquant de MMA. Pour moi, quelque chose cloche dans l’écriture ici et je ne retrouve pas l’autrice. Il y a certes son humour décapant, battant en brèche notre société corsetée, mais quelque chose sonne faux cette fois.

J’ai donc été partagée au cours de ma lecture entre le plaisir de suivre les déboires sincères de Shoko qui réalise son erreur mais s’enferre dedans, et la détestation de sa soeur que j’ai trouvé de plus en plus antipathique et loin de ce que l’autrice a l’habitude de nous proposer en nuance dramatique. Je veux bien qu’on rit et qu’on se moque de l’adultère mais encore faut-il avoir un discours qui tient un minimum la route et entre les deux tomes parus, je sens déjà une dissonance désagréable…

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2 commentaires sur “A Fake Affair d’Akiko Higashimura

  1. J’ai croisé l’ouvrage mais la couverture ne m’ayant pas attirée, je n’ai pas été plus loin. Alors que j’aime beaucoup ce genre d’héroïne à contre-courant qui assume ses choix, surtout dans le cadre japonais où la pression sociétale est énorme.
    Quant à « ce phénomène de femmes mariées ayant des aventures extraconjugales au Japon et la fascination que cela peut avoir sur de jeunes garçons japonais ou coréens », je n’en avais nullement conscience. Alors le voir aborder à travers un regard non dénué de cynisme me plaît bien !

    Aimé par 1 personne

    1. J’ai également totalement découvert le phénomène et suis un peu tombée des nues xD Surtout qu’avec la plume de l’autrice, c’est cocasse et grinçant à souhait. Donc oui, il faut passer la couverture, pas très vendeuse j’avoue ^^!

      Aimé par 1 personne

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