Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Dreamaker de Zilo

Titre : DreaMaker

Auteur : Zilo

Éditeur : Ki-Oon (shonen) – Création originale

Année de parution : Depuis 2023

Nombre de tomes : 2 (en cours)

Résumé : Les rêves, seuls remparts face aux ténèbres !
Les hommes ont perdu la capacité de rêver et, avec elle, une partie de leur âme s’est envolée. Pour pallier ce manque, la seule solution est d’acheter des songes auprès des DreaMakers, des élus capables d’utiliser la magie. La légende raconte même qu’ils auraient terrassé un terrible démon dans les temps anciens ! Le jeune Kiio est fasciné par leurs pouvoirs et passe chaque jour visiter la DreamHouse, le repère du mage de la ville. Plein d’énergie et toujours prêt à faire les quatre cents coups, le chenapan nourrit un secret espoir : obtenir un rêve pour échapper ne serait-ce qu’un instant à la dure réalité…
Aujourd’hui, c’est le grand jour, il a enfin réuni l’argent nécessaire ! Alors qu’il entre dans la boutique, il aperçoit un étrange garçon endormi sous un arbre… C’est le début d’une aventure fabuleuse qui le mènera loin de chez lui, à la découverte des nombreux mystères qui entourent les DreaMakers !
Entrez dans le monde magique de Zilo, lauréate du Tremplin Ki-oon ! La jeune autrice déroule un récit à la fois tendre et profond, véritable ode au pouvoir de l’imaginaire. Choyez vos rêves et votre âme d’enfant, ce sont vos biens les plus précieux !

Mon avis :

Tome 1

Chaque année ou presque, Ki-Oon nous propose sa création originale avec des artistes merveilleux qu’ils savent débaucher pour nous faire découvrir des univers variés mais toujours soignés et de qualité. Cette année après, Beyond the Clouds désormais terminé, ils repartent dans un univers jeunesse onirique et cauchemardesque très marqué avec Zilo et son DreaMaker, un belle réussite chez moi.

Avec sa couverture très pop aux allures un peu onirico-steampunk, DreaMaker avait de suite retenu mon attention, de même qu’avec son titre jeu de mot qui m’avait bien plu. Même si je ne suis qu’en partie le public désigné, je sentais que nous allions avoir des affinités. Ce fut totalement le cas ! Bien que très orienté jeunesse, le titre m’a totalement parlé, que ce soit pour ses thématiques, sa dynamique ou, surtout, son univers graphique.

Zilo nous embarque littéralement dans un monde fantastique où les êtres humains ont perdu la capacité de rêver. Seule solution pour eux : acheter des rêves. Les cauchemars, eux, nous le découvrirons, continuent de rythmer leur quotidien, malgré les allures presque utopiques du monde où ils évoluent désormais. C’est sous cet angle classique d’utopie – dystopie, de rêve – cauchemars que nous emmène l’auteur mais il le fait avec beaucoup de talent.

Oeuvre jeunesse oblige, il insuffle une très belle dynamique et énergie à son titre dès les premières pages avec un héros qui rappellera bien des personnages de shonen avec son petit air de Goku qui saute et grimpe partout et de Naruto avec le background familial tout pourri qu’il se trimbale et l’ami qu’il va se faire. C’est simple, on est littéralement plongé dans le feu de l’action dès les premières pages et on ne peut que se sentir entraîné dans la magie et la noirceur du récit ensuite.

L’auteur nous emmène à la rencontre des désirs secrets de Kiio, avec la vie toute pourrie qu’il a, il aimerait bien devenir DreaMaker pour y insuffler de la joie et du bonheur. Il va ainsi faire la rencontre du petit fil de l’un des maître du genre, ce qui donnera une scène aux allures de Sasuke x Naruto lol Mais ce dernier, Akira, est une patte avec le coeur sur la main et jouera plus les mères de substitution pour notre héros qui en a bien besoin.

Car derrière les allures de joliesse de cet univers où cela semble si facile de pouvoir être heureux grâce aux rêves qu’on achète, bien des noirceurs se cachent. Et c’est dans la représentation de celles-ci que j’ai trouvé mon bonheur justement. J’ai trouvé très fort et poignant la manière de Zilo d’amener tout cela. Elle se place littéralement du côté des enfants qui peuvent avoir énormément de mal à verbaliser les sévices qu’ils subissent à la maison. Ici, elle traduit cela par de véritables figures de cauchemars mise en scène à la manière de cauchemars fantastiques dans un trait à la fois rond et horrifique des plus saisissants que j’ai adoré. Tant de poésie pour évoquer une chose aussi moche, sale et violente, il fallait le faire.

C’est pourquoi même si DreaMaker est fort classique dans le genre, j’ai eu un petit coup de coeur lors de certaines scènes où j’ai trouvé que Zilo faisait preuve d’un rare talent pour évoquer les violences infantiles et insuffler de l’espoir à ses enfants à qui on essaie de l’enlever. Véritable ode à la puissance des rêves face aux cauchemars de la vie réelle, à l’amitié voulue face à la famille non choisie, DreaMaker a su me communiquer son souffle et ses espoirs. J’ai hâte de voir Kiio totalement libérer de ses chaînes pour découvrir tous les rêves qu’il pourra réaliser.

(Merci à Ki-Oon pour ce beau nouveau titre jeunesse)

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Les voyages de Ly, Floriane, Vous ?

Tome 2

Belle petite surprise lors de sa découverte, DreaMaker confirme être un titre plein de potentiel, à l’univers riche et profond, marqué par la tristesse et les drames, qui suscite donc bien des émotions à la lecture.

Le retour dans l’univers fut pourtant un peu ardu. L’auteur nous déstabilise dans ce deuxième volet en changeant le focus de l’histoire dans ses premières pages et en nous déracinant. Il nous plonge dans le passé afin de mieux comprendre le présent et le futur. Place donc à un aller simple au coeur des mythes et légendes de Lugdunum, à une époque lointaine où un mal mystérieux sévissait gravement. Avec énergie, l’auteur nous ramène dans une ville ancienne crasse et pleine de misère où la maladie mais aussi la violence règne. Qui est à l’origine de tout ce mal ?

Talentueux conteur, alors qu’une réponse se dessine, il nous ramène dans le présent et l’euphorie de la découverte de la ville par un Kiio tout naïf qui ne voit pas bien le rôle qu’il va avoir à jouer dans tout cela, et nous non plus il faut bien l’avouer. Il faut donc que l’auteur nous prenne par la main au milieu de sa narration plus que foisonnante et très cartoonesque, pour nous retomber les pieds sur Terre et nous rendre compte de ce qui se prépare. Schéma assez classique, ce sont les adultes, ces figures d’autorité et ici des mages acrédités, qui vont mettre des mots sur la menace qui est de retour. Le saisissement est garanti. Pour autant, l’ensemble reste flou.

Ce moment de flottement, nous allons constamment le sentir dans l’ambiance encore plus étrange de ce tome. Lors de notre première rencontre avec Kiio, le cheminement narratif était assez clair. Dans cette suite, cela se complique, l’auteur mélangeant légendes du passé, peurs du présents et non-dits des adultes. Il faut donc accepter de ce laisser guider dans ces méandres, de sauter d’une scène à l’autre sans bien tout comprendre, pour petit à petit raccrocher les wagons et faire possiblement le lien entre le drame vécu par Ziio, enfant battu et maltraité par ses parents, et l’épidémie qui semble refaire surface et qui n’a rien de naturel.

Encore une fois, j’ai aimé le talent de l’auteur pour faire vivre cet univers. Sa dynamique graphique m’émerveille dans sa vivacité, sa poésie et sa noirceur tout à la fois. On sent ses inspirations venant des cartoons mais aussi de l’animation japonaise et notamment de Ghibli (regardez la couverture !). Il nous plonge avec un côté onirique très pop dans les sombres désirs et désespoirs des hommes, femmes et enfants de cet univers. C’est doux et effrayant à la fois. Il n’hésite pas à se montrer très violent, même graphiquement, alors que nous sommes a priori dans un titre à destination d’un public plutôt jeune (moins que ce que j’aurais recommandé après avoir lu le tome 1 ^^!). Mais parfois, il y en a tellement de partout sur ses pages que c’est dur de s’y retrouver, dur de suivre, dur de comprendre, dur de se rappeler. J’aime la complexité, j’aime l’audace, mais j’aime aussi comprendre.

Cependant, je ne peux pas lui enlever qu’il aborde des thèmes vraiment intéressants. En plus des violences subies par Kiio qu’on connaît depuis le premier tome, il nous fait rencontrer Swann qui a été victime de brimades par des camarades. Il nous emmène aussi dans un passé tragique auprès de la lie de la société et on va à la rencontre des miséreux obligés de faire n’importe quoi pour survivre, prostitution, vols et violences sont à l’honneur. Il n’hésite pas non plus à pointer du doigts le côté récalcitrant de certains gens de pouvoir à agir, car ceux-ci préfèrent rester tranquilles dans leurs pénates. C’est un auteur engagé et ça fait plaisir.

DreaMaker reste un joli patchwork de thèmes sombres dans un univers très pop où le mignon côtoie l’impitoyable pour mieux nous interroger sur nos noirceurs. C’est vif, profond, percutant. On se perd un peu parfois dans la douce folie de l’auteur et son engouement pour son propre univers et ses personnages, mais la lecture laisse toujours des traces, et le drame de Ziio ne semble que commencer ! J’ai hâte de découvrir l’ampleur de la suite.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

2 commentaires sur “Dreamaker de Zilo

Laisser un commentaire