Livres - Romance

Disgrace de Brittainy C. Cherry

Titre : Disgrace

Auteur : Brittainy C. Cherry

Traduction : Marie-Christine Tricottet

Éditeur : Hugo Poche

Année de parution : 2022

Nombre de pages  : 568

Histoire : Grace Harris a toujours été du genre obéissant, toujours soucieuse de faire plaisir. Digne fille des prêcheurs de la ville elle a dès l’enfance tenu a montrer le bon exemple. Après la trahison de son mari, elle a découvert qu’elle en avait assez de faire plaisir à tout le monde. Jackson Emery a depuis toujours été méprisé et jugé par les habitants de la ville. Il était le mouton noir et personne ne voulait avoir affaire avec lui ou son père à cause de sa réputation de mauvais garçon. Cependant personne n’a jamais pris le temps d’essayer de le connaître vraiment et de voir le garçon brisé en lui, personne jusqu’à ce qu’il la rencontre.

Mon avis :  

Brittainy C. Cherry, c’est mon autrice de romances préférée à ce jour, celle vers qui je me tourne quand je veux que mon petit coeur soit ravagé par l’émotion et la justesse de ses mots. Ayant lu tout sa bibliographie en français, il ne me restait malheureusement plus que Disgrace à découvrir et maintenant que c’est fait, je me sens bien orpheline T.T

Pourtant Disgrace, écrit en 2018, n’est pas exempt de défauts. C’est un titre qui m’aura beaucoup plus plu pour l’histoire qu’il raconte que pour la façon dont l’autrice met en scène cette histoire. Je trouve en effet que l’autrice a vraiment été trop loin dans l’exagération mélodramatique dans ce volume, alors qu’elle est bien plus juste dans des romans comme sa saga Element ou Landon & Shay et Eleanor & Grey. Mais comme toujours ce qu’elle raconte a tellement de poids que j’ai fini le coeur en miettes avant qu’elle ne le recolle par la magie de ses mots.

L’amour est un sentiment complexe qui ne suit pas une ligne droite. Il évolue en vagues et en boucles, a des hauts et des bas. C’est un sentiment tortueux qui peut, contre toute attente, continuer d’exister au sein des pires chagrins et des trahisons.

Dans Disgrace, l’autrice écrit déjà un peu l’histoire que nous aurons plus tard dans le premier tome de sa saga Compass. Elle y met en scène une jeune femme solaire qui vient de subir un énième terrible revers dans la vie et qui retourne dans sa ville natale le temps d’une pause et tombe sur le connard de la ville, mais qui en fait est loin d’être la brute que tout le monde décrit. Ce schéma de sunny & grumpy, c’est un classique du genre auquel je ne suis pas forcément sensible. J’ai du mal quand l’un des personnages est ouvertement méchant et blessant dans ses mots avant de s’adoucir et ainsi d’être pardonné comme si on oubliait ce qu’il avait dit. Ça me donne toujours le sentiment que celui qui pardonne est faible. Sauf qu’ici, c’est justement ce que cherche à travailler l’autrice et c’est lumineux !

En effet, Brittainy C.Cherry utilise des clichés bien lourds pour en fait les déconstruire et nous montrer la bêtise de nos préjugés, même littéraires. Elle démontre que Grace, l’héroïne de cette histoire, n’est pas quelqu’un de faible parce qu’elle pardonne. Au contraire, c’est une femme forte, qui va apprendre à faire la part des choses, à vraiment « zoomer » sur les gens pour les connaître et ainsi casser ses préjugés. Elle va aussi apprendre, au contact du beau et puissant Jackson, à faire de même pour elle, ce qu’elle ne faisait pas. C’est donc un message d’amour pour soi et pour les autres, pour toutes les victimes de préjugés bons ou mauvais que l’autrice nous délivre ici avec des personnages complexes, qu’on ne peut parfois s’empêcher de détester comme la mère de Grace ou le père de Jackson, avant de les comprendre et de prendre du recul. C’est à nouveau lumineux !

Mais quand tu zoomes, quand tu regardes de plus près la personne qui se trouve à côté de toi, tu découvre un tas de choses similaires. L’espoir, l’amour, la peur, la colère. Une fois que tu zoomes, tu te rends compte que nous sommes tous semblables sur beaucoup d’aspects. Lorsque nous saignons, ce qui coule est toujours rouge, et même le coeur d’une brute peut se briser. Il ne faut jamais oublier de zoomer.

Pourtant pour parvenir à ce message, l’autrice nous fait patauger dans une ambiance de petite ville croyante et jugeante des plus détestables. Fille de pasteur, quand elle revient sur le point de divorcer de son mari parfait (qui au passage l’a trompée et la trompe encore…), Grace est horriblement jugée. L’autrice en fait des caisses pendant quasiment l’ensemble du roman sur les horreurs que Grace se prend en pleine figure. C’est insoutenable à lire ! Pour moi, l’autrice en fait même trop, ce qui donne énormément de longueurs autour du thème : « Grace est une gentille fille perdue, il faut l’aider à retrouver le droit chemin vers la foi et son gentil mari... », idem avec le thème « Jackson est un coureur, un salaud, une brute, un fou comme son père« . Ces préjugés sont insupportables à lire et leur répétition fut de trop pour moi. Je ne sais pas s’il y avait besoin d’insister aussi lourdement et longuement là-dessus…

Cependant, je dois reconnaître que c’est justement parce que je détestait toute cette partie de l’histoire, les jugements de ces prétendus croyants, les mots blessants de sa mère, l’absence de réaction de son père, l’hypocrisie de sa meilleure amie qui couche avec son mari, que j’ai tant aimé le rapprochement entre Grace et Jackson. Celui-ci n’est effectivement pas un homme facile à cerner et apprécier. Il a vécu une terrible tragédie familiale qui n’est toujours pas finie à cause de l’alcoolisme prononcé de son père, il souhaite donc donner une mauvaise image de lui car il est bouffé par la colère et le désespoir. Ses seuls beaux moments sont dans ses souvenirs avec sa mère artiste peintre et dans le présent avec son vieux chien Tucker et un homme gentil avec un animal ne peut qu’être une bonne personne ^^ L’autrice nous le vend ainsi et petit à petit on voit naître quelque chose entre eux. C’est long à venir. Il y a des hauts et des bas. Mais une fois qu’il laisse Grace entrer, c’est irrémédiable. L’autrice décrit de manière poignante les lents changements que cela opère en lui qui avait barricadé son coeur, après tout c’est aussi une ancienne victime de harcèlement scolaire.

La romance est magnifiquement écrite, c’est vraiment le point d’orgue du roman. Rien n’est facile, évident et pourtant les sentiments naissent au milieu de ces coeurs brisés. Ils ne s’avouent rien au début, ils deviennent d’abord amis, des amis qui peuvent compter l’un sur l’autre pour apprendre à se découvrir eux-mêmes. Et c’est beau ! J’adore les amitiés amoureuses et celle-ci est poignante. Elle l’est à cause du traumatisme de Jack. Elle l’est à cause de la souffrance de Grace, trahie par son mari, mais qui souffre aussi de ses fausses couches à répétition et la perte de ces enfants est à nouveau, comme dans Compass, décrite de manière puissante et sensible. Elle touche. Alors le réconfort qu’ils trouvent l’un avec l’autre, le soutien qu’ils se transmettent, m’ont bouleversée et ce alors même que je trouvais que l’autrice en faisait trop autour d’eux dans le mélo. Ils étaient ma bulle.

La seule personne responsable de toi, c’est toi. Tu dois te trouver toi-même. Tu dois être ton propre soutien. Sinon tu passeras ta vie à essayer d’être tout ce que tout le monde désire que tu sois, et cent pour cent du temps, ce ne sera pas encore assez. Donc, tu dois te trouver toi-même. À partir de là, tu dois te faire passer en premier. Sinon, tu vas sombrer.

Disgrace fut donc une lecture complexe. J’ai eu beaucoup de mal avec le décor prêchi-prêcha heureusement remis en cause et très nuancé par l’autrice. J’ai détesté le drama à n’en plus finir de cette petite ville si méchante. Mais c’est justement parce qu’il y avait cela que l’amitié amoureuse, qui va naître entre les héros et qui va leur permettre de surnager par-dessus cela, m’a tant touchée. L’autrice a encore écrit des lignes magiques sur le deuil d’un parent, le deuil d’un enfant, le deuil d’un amour. Et quand on découvre au final la tristesse de tous ces deuils entremêlés et de ce qu’ils ont produit, notre coeur déchiré se recolle petit à petit baigné dans l’amour qui va finir par surgir difficilement de cela. Ode à l’acceptation des autres sans préjugés, à la bienveillance et à l’entraide, Disgrace est réellement une histoire poignante qu’on ne peut oublier une fois l’avoir lue et ce malgré ses défauts. La preuve que l’amour a su même transcender cela. Vite, il me faut un nouveau Brittainy C.Cherry !

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