La Passeuse de Mots d’Alric et Jennifer Twice

Titre : La Passeuse de Mots

Auteurs : Alric et Jennifer Twice

Éditeur : Hachette

Année de parution : 202

Nombre de tomes : 3 (en cours) + 1 hors série

Histoire : Dans le royaume de Hélios, les mots ont un pouvoir. Celui de créer, d’équilibrer, puis de détruire le monde. Lorsqu’on les prononce, aucun retour en arrière n’est possible.
Arya, une jeune fille de la capitale, est passionnée de livres. Elle en dévore chaque mot. Mais elle est loin de se douter qu’elle est la clé pour sauver son royaume, le seul qui ait restreint l’utilisation de la magie grâce à un traité. Un traité qui ne plaît pas aux rebelles, prêts à tout pour l’éradiquer.
À l’aube des changements qui s’annoncent, les Mots se réveillent pour établir l’ordre dans le chaos, la vérité dans l’illusion.
Ils attendent leur Appel. Celui de la Passeuse de Mots.

Mon avis :

Tome 1

Il y a des choses qui me font rapidement acheter un livre : une belle édition (celle d’Hachette est d’excellente qualité !), la promesse d’une aventure touchant aux mots (ici quoi de mieux qu’une manieuse de runes de mots !) et des avis d’amis blogueurs positifs (ils sont légions sur cette saga). Mais il y a des fois où malgré ces trois éléments réunis, je passe à côté de ma lecture, ce fut malheureusement le cas avec La passeuse de mots…

Oeuvre à quatre mains signée par un couple d’auteurs français vivant dans l’Hérault, le titre avait pourtant tout pour me séduire. Il démarrait d’ailleurs fort joliment avec des premières lignes décrivant une héroïne amoureuse des livres, qui aurait pu être moi. « Je ne sais pas depuis combien d’heures je suis en train de lire. Deux, peut-être cinq. Pour moi, le temps est un concept barbare. Il se définit par le nombre de livres dévorés et les aiguilles correspondent aux pages qui tournent dans un bruissement familier et apaisant. » C’est moi ! Il se dégage en plus des premiers chapitres une ambiance de petit village à la Disney, me rappelant celui de Belle, tandis que l’héroïne Arya est fille de pâtissiers et amie avec l’un des princes du château voisin qu’elle retrouve en cachette. C’était mignon tout plein !

Les auteurs ont en plus imaginé une aventure pleine de rebondissements où suite à une attaque d’un pays voisin, on suppose, la famille royale est décimée, les princes perdues, et Arya découvre qu’elle a le pouvoirs de s’accaparer et utiliser certaines runes-mots. La voilà partie sur les chemins avec un drôle de compagnon, Killian, pour retrouver son cher prince Aïdan. Elle va emprunter de sombres chemins, faire de drôles de rencontres, sauver des gens dans le besoin, monter à bord d’un bateau avec un étrange capitaine, et développer, développer ses pouvoirs en s’entraînant avec le mordant Killian. On ne s’ennuie donc nullement en lisant ce roman qui a tout d’un Disney façon Raiponce ou Rebelle dans le rythme, le ton, la mise en scène.

De plus, il est vraiment intéressant de se retrouver dans un univers où le pouvoir de l’héroïne a un rapport avec les mots. Telle une Sakura (Card Captor Sakura – Sakura la chasseuse de cartes), elle va voir des mots venir à elle et elle va devoir s’en faire des alliés pour ensuite pouvoir les utiliser comme une force d’attaque ou de protection, pour elle ou pour les autres. Ce n’est pas un chemin facile. Elle va souvent butter et avoir du mal à les utiliser et les apprivoiser, c’est donc d’autant plus intéressant de la voir grandir à leurs côtés et vivre de sacrées aventures grâce à eux.

« La maison construit la famille. Le coeur la transporte. »

A ce stade, vous vous demandez : mais pourquoi a-t-elle dit qu’elle n’a pas aimé ? Tout simplement parce que j’ai eu trois gros soucis : je n’aime pas l’écriture trop immature du duo principal + je trouve l’ensemble très stéréotypé et banal une fois qu’on a lu quelques romans d’aventure fantasy jeunesse + pour finir, j’ai eu l‘impression que les auteurs juxtaposaient des scènes, des lieux, des aventures qui leur faisaient plaisir plutôt que de construire un tout cohérent autour de la quête d’Arya : à savoir retrouver ce pauvre Aïdan qu’on oublie bien vite au milieu de toutes ces péripéties. Revenons, sur chaque point.

Je sais que nous sommes dans une lecture visant un public jeunesse mais sommes-nous obligés à chaque fois qu’il y a un personnage adolescent de le rendre insupportable ? Arya est une vraie girouette inconséquente une fois qu’elle part à l’aventure, ce qui ne correspond pas vraiment à son caractère dans les premières pages au passage. On dirait une ado en pleine crise et c’est d’un cliché ! Ce n’est pas mieux quand ils veulent lui donner confiance en elle car ça sort de nulle part. Face à elle, il y a le pétillant Killian, cliché là aussi du mâle protecteur agaçant et mystérieux qui va sans cesse titiller l’héroïne. Leurs joutes verbales sont amusantes mais lassantes, redondantes et prévisibles. On voit d’emblée ce qui se dessine et c’est lourd. Pitié, chez auteurs, prenez le temps de construire vos personnages au-delà des clichés d’usage, tous les jeunes ne sont pas ainsi et ne cherche pas à retrouver cela dans vos textes T.T Pourquoi ne pas faire le même effort que sur vos personnages plus âgés qui sont bien plus intéressants. J’ai bien plus apprécié Alric le vampire, qui a tout de l’âme soeur amicale pour l’héroïne, qui cherche à couper avec son passé traumatique, ou encore Saren le soldat, figure paternelle du groupe, qui doit bien prendre sur lui vu les gugusses ^^! Il y a heureusement une bonne dynamique entre eux, ce qui m’a aidé à faire passer la pilule des deux premiers xD

Cependant le scénario bien que dynamique est bâti comme le sont tous ceux du genre en fantasy jeunesse et la petite originalité (si on peut dire, vu que Sakura l’a déjà fait…) du pouvoir de l’héroïne ne suffit pas. Les décors ne sont pas assez détaillés pour rendre l’aventure immersive et on se contente de passer d’un lieu commun à l’autre, certes écrit avec entrain mais sans profondeur. De plus, quand un récit démarre sur une quête, celle d’un personnage perdu (enfin ici plusieurs en l’occurrence parce que les autres princes aussi ont disparu), il serait bien soi-même de ne pas oublier cet enjeu au profit d’autres. C’est un peu léger. L’histoire démarre quand même sur une attaque imprévisible, irrésolue et personne dans le groupe ne cherche à savoir. On évoque rapidement le contexte géopolitique, le Traité d’Hélios qui interdit la magie, mais personne ne pense à creuser et nous parler véritablement des pays voisins, leurs interactions, leurs relations, leur population… Ça manque cruellement. C’est très très léger.

Ainsi, on enchaîne les scènes propices à développer le pouvoir de l’héroïne, les liens avec les membres de son équipe qu’elle va réunir autour d’elle au fil de son voyage telle Dorothy dans Le Magicien d’Oz, mais tout est superficiel à côté. On oublie la quête de départ les 3/4 du temps, on ne creuse pas l’univers où l’histoire se déroule, les personnages ont des caractéristiques très basiques. Je trouve cela dommage vu le potentiel de la série.

J’ai passé un bon petit moment aux côté d’Arya, à la voir découvrir ses pouvoirs sur les mots et leurs implications, mais je regrette que ça s’arrête là. Oui l’édition est très belle et de qualité, certains pourraient s’en inspirer (Bragelonne si vous passez par là 😉 ) mais est-ce que ça suffit à me donner envie d’acheter la suite ? Non. J’ai besoin d’un univers plus fouillé, de personnages plus finement construits et d’un vrai but qui ne soit pas oublié en cours de route. Aventure pour adolescents sympathique dans un bel écrin, je recherche plus et je me ferai sûrement prêter la suite par curiosité mais ça s’arrêtera là.

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