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Les Vestiges d’un parfum d’Asumiko Nakamura

Titre : Les Vestiges d’un parfum

Auteur : Asumiko Nakamura

Éditeur vf : IDP – Hana Collection

Année de parution vf : 2023

Nombre de tomes vf : 2 (série terminée)

HistoireMême si Shinobu est le frère aîné de Takezô, ils n’ont aucun lien de sang. Shinobu a toujours été glacial envers Takezô, pièce rapportée dans une famille riche et dysfonctionnelle. Takezô, pour sa part, a toujours éprouvé une fascination malsaine pour son frère. Un jour, ce secret est découvert par le jeune fils de Shinobu, qui pousse Takezô au pire : porter le parfum et les gants de sa belle-sœur, et profiter de la cécité temporaire de Shinobu pour le violer.

Mon avis :

Tome 1

Je suis une fan depuis de longues années d’Asumiko Nakamura. Je l’ai découvert en anglais avec son sombre Utsubora et j’ai poursuivi en français avec Doukyosei et tous ses autres titres, que j’ai tous adorés. Mais là, ça m’est vraiment compliquée de vous parler positivement de ce titre qui vient de sortir chez Hana, tant il est moralement problématique…

L’éditeur avait bien fait les choses avec les triggers warning nécessaires sur la 4e de couverture. Il n’y a donc aucune tromperie sur la marchandise. Je savais qu’il serait question de viol, inceste et scènes de sexe explicites. Je ne m’attendais cependant pas à ce que ça aille aussi loin dans le moralement répréhensible non dénoncé, car sous prétexte de dramaturgie, l’autrice va très loin. Trop loin ?

Tout le questionnement est là quand on lit ce titre : jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour vivre un drame entre deux frères par alliance qui taisent leur désir et ne peuvent l’exprimer que dans des simulacres de viols et autres moments légèrement BDSM, le tout sous le regard consentant du fils de l’un d’eux parfois ?! 

J’avoue que moi, je n’ai pas pu. Oui la mise en scène graphique de l’autrice est belle. Comme toujours avec elle, c’est une vrai virtuose quand il s’agit de dramatiser une scène par travers ses crayons d’une belle et profonde noirceur. Le pinceau court et transperce les pages pour nous. Les émotions des personnages coulent à travers les pages avec ce rapport intrinsèque au fluide qu’on lui connaît. Mais est-ce que ça suffit à faire oublier un sujet moralement plus que douteux ? Non.

Les amateurs de Dark Romance trouveront certainement leur plaisir ici. Moi, dès le début quand le fils de Shinobu piège son père pour permettre à son frère par alliance Takezo de le violer, j’ai compris que ce ne serait pas possible. Déjà, je trouve cela d’un surréalisme complet, ce qui m’a empêché d’entrer dans l’histoire. Mais en plus que son oncle le laisse assister à la scène en étant dans la même chambre ? Impossible !

Je n’ai donc pas du tout aimé l’histoire. Je trouve les personnages totalement caricaturaux, de Takezo qui pleurniche de trop et est l’homme fade et faible par excellence, en passant par Shinobu et sa froideur de prince lointain. On dirait un pauvre hommage aux vieux mangas se déroulant dans des internats de garçons. En plus, ce n’est qu’un enchaînement de chapitres conduisant immanquablement à leurs coucheries, avec juste quelques réminiscences venant entrecouper cela et approfondir, si on veut, leur psychologie. C’est extrêmement prévisible.

Première réelle déception pour moi avec Asumiko Nakamura, ce que je ne pensais pas voir arriver. Je n’aime pas du tout la toxicité des Dark Romances et on est en plein dedans. L’autrice abuse de son goût pour la dramaturgie pour mettre en scène une histoire bien trop glauque et malaisante impliquant viol, voyeurisme par un enfant et inceste. C’est trop. Le plaisir à rendre le drame beau sous un pinceau ne justifie pas tout.

 >N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Vous ?

Tome 2

Second volet mettant une conclusion à la triste histoire de Takezo et Shinobu, deux frères en pleine relation incestueuse, dont l’autrice se sert pour porter au sommet son art de la dramaturgie. C’est un peu plus acceptable que le tome 1 mais toxicité il y a toujours et ce ne sera pas une duologie que je retiendrai.

Si j’apprécie toujours autant le sens de la mise en scène de l’autrice avec sa maestria graphique à laquelle elle nous a habitués, je ne peux pas en dire autant de l’histoire, bien que celle-ci s’améliore ici. Il y a moins de triggers warning, du moins celui qui me dérangeait le plus a quasiment disparu, ouf. Mais il reste de nombreux points dérangeants qu’elle utilise trop comme support à l’émoustillement. 

Avec le même brio qu’on lui connaît, elle passe ce tome à faire monter le drame entre les deux frères, héros de cette histoire. Cependant, elle se repose moins sur le côté malsain de cette relation et bascule plus du côté des émotions des personnages, de leur mal être, de leur solitude, de leurs sentiments refoulés et du tabou vis-à-vis de la société. Je préfère, c’est plus fin. Son dessin retrouve ainsi sa force et s’associe mieux à l’histoire. 

Cependant, cela reste malsain. Cette fois, ce n’est plus le fils mais la femme qui vient mettre son grain de sel et semer la zizanie, créant les situations problématiques de ce tome par les révélations qu’elle va connaître et mettre à jour. C’est elle qui fait monter le drame et fait basculer le récit, poussant les héros vers encore plus de drame, atteignant une apothéose dans la métaphore aveugle de leurs ébats tabous. Elle associe donc beauté et malaise dans cet ultime opus avec une dramaturgie certaine mais moins d’éléments problématiques intrinsèques, ce sont plus le regard des autres et de leur famille qui est en jeu. 

Les scènes de sexe, elles, sont toujours aussi nombreuses et ont toujours ce côté cru mais également assez répétitif que je leur reprochais. Cependant, c’est dans leurs interstices aussi que nait la puissance du message graphique de l’autrice avec tous ces fluides qui exultent. Il y a réellement de la beauté derrière ces abats si tristes, mais c’est à réserver aux lecteurs avertis. 

Suite et fin d’une Dark Romance qui m’aura bien ébranlée, tant que je ne pensais l’autrice aussi borderline. Ce second volet est moins malaisant que le premier même s’il continue à toucher de près à des tabous de nos sociétés. Cependant, l’autrice jongle mieux entre ces thèmes chocs et ce drame qu’elle veut porter aux nues sous son brillant dessin. Je termine donc cette duologie sur une note plus positive avec une représentation de drame humain plus belle et sensible que précédemment et c’est ce qui compte.

(Merci à Hana de continuer à proposer les oeuvres – même dérangeantes – de l’autrice)

7 commentaires sur “Les Vestiges d’un parfum d’Asumiko Nakamura

  1. Ton avis est très intéressant pour prévenir les personnes de ce que propose cette lecture. Est-ce que tu t’attendais à une lecture dérangeante? On m’avait vendu l’oeuvre comme une de ses plus dérangeante donc je crois que je m’attendais à ça (sans pour autant cautionner ce genre d’actes on est bien d’accord). J’ai donc pu me plonger dans la lecture sans avoir de réaction de rejet (après j’apprécie quand ça dérange même si j’avoue avoir largement préféré le tome 2 aussi).
    C’est sur qu’une oeuvre aussi glauque traitant à la fois d’amour et de relation malsaine est aussi un peu faite pour rebuter. (personnellement j’ai été bien dérangé par la triste histoire du fils alors que pas ou peu pour la relation des frères).
    C’est toujours intéressant de lire des avis nuancé et bien critique comme le tiens

    Aimé par 1 personne

    1. Oui, j’avais lu avant que ce serait une lecture dérangeante, mais comme souvent les avis n’allaient pas dans le détail, je n’avais pas anticiper la place du fils et c’est vraiment ça qui m’a fait vriller plus que tout le reste. Cet amour interdit et problématique entre frère, j’aurais pu le « supporter », surtout que l’autrice en décrit une belle évolution fouillée et réfléchie. Le fils, lui, non je ne peux pas. On est au-delà ^^!
      Bref, on ne met pas tous la même chose derrière le dérangeant et ça peut causer des chocs ^^!
      Merci en tout cas, car ce n’est jamais facile de poster de tels avis…

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