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Doukyusei + Sotsugyousei d’Asumiko Nakamura

Titre : Doukyusei + Sotsugyousei

Auteur : Asumiko Nakamura

Traduction : Delphine Desusclade

Éditeur vf : IDP (Hana Collection)

Année de parution vf : 2016

Nombre de tomes vf  : 2 (série complète) + 1 préquelle (Doukyusei) + 1 suite en 2 tomes (Blanc)

Résumé : Hikaru est élève dans un lycée privé pour garçon. En cours de musique, sa classe se prépare pour une chorale qui aura lieu dans quelques mois. Pour Hikaru qui fait partie d’un groupe, la tâche est plutôt aisée. Mais quand il réalise aux répétitions que Rihito – un discret et intelligent camarade de classe – ne chante pas, cela l’intrigue et lui propose alors de l’entraîner. Mais tandis qu’ils passent de plus en plus de temps ensemble, Hikaru réalise à contre-cœur que les efforts de Rihito sont pour Harasen, leur professeur de musique.

Mon avis :

Sotsugyosei Tome 2 : Graduates Winter

 Il y a des mangaka qu’on remarque de suite de par leur patte graphique, Asumiko Nakamura est de ceux-là. Elle a un quelque chose d’unique, entre le vaporeux et l’anguleux, qui interpelle ou en tout cas m’interpelle moi, me donnant envie de découvrir ses oeuvres. Rencontrée pour la première fois sur un titre inédit chez nous Utsubora que j’avais lu en anglais, je reviens vers elle avec ses Boys Love.

Sotsugyousei, dont je vais vous parler ici, s’inscrit en fait dans une saga plus longue. Il est précédé en effet de Doukuisei – Classmates, puis complété par les deux tomes de Blanc. Cette saga retrace la romance de deux lycéens d’un lycée pour garçons, de leur rencontre à leur engagement et on y retrouve tout ce que j’aime chez l’autrice, de ses puissantes compositions graphiques jusqu’à sa narration toute en évocation. J’ai adoré !

Même si j’ai pris l’histoire en cours de route, n’ayant pas lu le premier tome : Doukyusei, je n’ai aucunement eu le sentiment d’être perdue. J’ai juste découvert un couple déjà ensemble qui affronte son quotidien de lycéens entre recherche d’un but dans la vie, jalousie et problèmes familiaux. Dit comme ça, cela a l’air bien dramatique, mais ce n’est pas le cas en fait. La narration toute douce et un peu mordante de l’autrice rend le titre très agréable à lire, entre éphémérité et profondeur, c’est assez singulier. On se retrouve presque sur un petit nuage à suivre les volutes de fumée nous emmenant d’un personnage à l’autre, d’un doute à l’autre, le tout dans une grande douceur.

J’ai beaucoup aimé le duo mis en scène ici. L’un, Kusanabe, a une tête de premier de la classe, est très calme, suit des cours du soir et gère une situation familiale pas si simple, quoique pas unique en son genre, avec un père absent et une mère qui va se révéler malade. L’autre, Sajô, sous ses dehors de bad boys avec permanente et cheveux décolorés, est un musicien-chanteur qui rêve de passer pro, mais est surtout très amoureux et un brin possessif car très peu sûr de lui, surtout face à un certain prof, M Hara qui semble bien aimer son copain.

Nous suivons leurs rencontres souvent maladroites où ils tentent chacun d’exprimer leurs sentiments, leurs désirs, leurs besoins mais aussi leurs manques. C’est émouvant de les voir tâtonner, se manquer, se chercher, se trouver. C’est écrit avec beaucoup de délicatesse et une certaine vaporeusité. Sajô m’a particulièrement plu car il n’est pas le garçon sûr de lui qu’il montre et qu’il recherche souvent des marques d’affection plus visible d’un Kusanabe assez timide et avare dans l’expression de ses sentiments. Pourtant malgré toute cette réserve, on sent combien leur couple est solide, leurs sentiments profonds et c’est bouleversant, notamment quand un événement dramatique vient bousculer cette petite vie un peu tranquille.

J’ai bien sûr adoré les composition toutes en apesanteur de l’autrice. Son trait dégage vraiment quelque chose de singulier qui lui est propre et qui me touche. Elle fait vraiment oeuvre d’artiste dans le regard qu’elle pose sur ses planches. On sent que chaque regard, chaque mouvement est réfléchi avec cette vague, qui flue et reflue régulièrement. C’est puissant. Je suis fan de ses personnages aux allures limites de mannequins avec leurs longues jambes. Je suis fan de leur air chafouin avec leurs yeux tout étiré. C’est très arty et j’adore !

Totalement conquise, j’envisage donc de rapidement me procurer l’ensemble des Boys Love de l’autrice juste pour profiter de son graphisme tellement unique, mais également pour continuer à assister à la si charmante évolution de la relation Sajô-Kusanabe qui m’a profondément touchée en quelques pages à peine. Je ne sais pas si toute sa production est du même tonneau, mais si elle parvient à chaque fois avec autant d’économie à transmettre autant, c’est une grande artiste à suivre !

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Opale de Feu (sur Doukyusei), Yuya, Vous ?

Sotsugyosei Tome 3 : Graduates Spring

Derrière ce décor archi classique se cache une histoire terriblement belle et touchante pour laquelle je peine un peu à trouver mes mots tant qu’elle m’a émue.

Nos héros sont dans les derniers mois de leur vie de lycéen. Ils sont ensemble et l’assument dans leurs coeurs mais pas toujours face aux autres. Entre rencontre de la famille, avancée dans sa vie d’adulte et déclaration forte de ses sentiments, ils vont connaître un printemps très riche.

J’ai adoré la poésie douce et déchirante d’Asumiko Nakamura au cours de ces quelques chapitres. Elle se joue de nous avec beaucoup de talent, utilisant les bases de bien des romances lycéennes pour produire une oeuvre puissante et marquantes grâce à ses mots si bien choisis, ses personnages si bien écrits et ses sentiments si bien échangés avec nous.

J’ai été touchée des petits maux de la vie que nos héros vont devoir affronter : la maladie pour Sajô et sa mère, la peur de perdre l’autre pour Kusakabe et l’affichage devant tout le monde pour les deux. C’était poignant de voir Kusakabe apporter un tel soutien à son compagnon dans chaque épreuve. Il est adorable. C’était mignon de le voir aussi déstabilisé par sa relation en cours d’évolution avec Sajô quand celui-ci avance dans la voie qu’il s’est choisie : concours pour une grande école et étude longue. Kusakabe est vraiment le vecteur de tous les sentiments, celui qui nous transmet le plus les siens et nous fait saisir ceux de son amoureux. Je l’ai adoré.

La finesse d’écriture de Sajô se retrouve chez lui mais également chez Sajô qui est plus difficile à percer, c’est alors d’autant plus beau quand il baisse le masque et ose se montrer fragile devant son ami. J’ai adoré le voir troublé et apprendre à pouvoir compter sur Kusakabe, que ce soit quand sa mère était malade ou quand il avait son concours à passer. Petit à petit, sous des dehors très classiques et de petites scènes du quotidien banales, l’autrice construit entre eux une relation solide, profonde, qui prend son envol ici.

J’ai beaucoup aimé que sous ses dehors nonchalant, l’histoire parle de la peur de jeunes garçons à déclarer leur relation à la face de la société, tout en dénonçant cela et en disant que cela n’est de différent d’une autre relation. J’ai aimé ainsi qu’ils parlent à deux de leur avenir, qu’ils envisagent même le mariage et la rencontre de leur famille. C’était bien amené et bien écrit, avec tendresse, émotion et sincérité.

L’autrice, en plus, m’a encore régalé par son talent de dessinatrice qui n’en finit plus de m’émouvoir et m’époustoufler. Je sais que tout le monde n’aimera pas son trait singulier, moi j’adore la puissance poétique et évocatrice de celui-ci. Il est émouvant et chamboulant.

En trois tomes, et il m’en reste deux à découvrir, Asumiko Nakamura m’a fait découvrir une très belle histoire autour de deux jeunes garçons simples et émouvant dont la sincérité m’a touchée. Comme quoi, il n’y a pas besoin de faire original parfois pour écrire une histoire qui touche et plaît, parfois c’est par la simplicité et le classicisme qu’on réussit le mieux. C’est le cas ici. A bientôt pour la suite de leurs aventures dans Blanc.

Doukyusei – Tome 1 : Classmate (Préquelle)

Je fais les choses complètement dans le désordre mais après avoir découvert la tendre romance de Kusakabe et Sajô dans Sotsugyosei, j’avais envie de revenir aux prémices de leur histoire grâce à cet opus parus avant mais que je lis après. Vous suivez ? ^^

Doukyusei est le premier travail de l’autrice dans un magazine purement Boys Love, auparavant malgré des histoires qui flirtaient avec le genre, elle n’avait jamais publié dans ce type de magazine. Bien que l’histoire est archi classique dans le fond comme elle l’avoue, elle rencontra un succès immédiat avec notamment la 3e place du meilleur manga de l’année en 2008 au classiquement Chill Chill au Japon, puis les années suivantes elle fut dans le Top 10 et dans le top 50 encore 6 ans plus tard, tout ça juste pour un petit oneshot, c’est dire ! Le titre fut même adapté en film d’animation en 2016, 8 ans après sa sortie, un vrai phénomène.

J’avoue que même si j’ai beaucoup aimé ma lecture, je suis très surprise d’un tel succès car l’autrice reprend tous les archétypes du genre, certes avec douceur et talent, mais quand même, pour l’originalité, on repassera. On se retrouve face à une histoire où deux lycéens d’une école pour garçon se retrouvent attirés l’un par l’autre après s’être entraidé pour la chorale du lycée. L’un d’eux est assez sérieux avec ses petites lunettes, c’est Sajô. L’autre semble plus entreprenant avec sa permanente et ses paupières tombante, c’est Kusakabe. Ensemble, ils font apprendre à être ensemble.

Leur romance n’a rien qui sort de l’ordinaire mais elle fait juste un bien fou au moral quand on la lit. Kusakabe derrière ses airs de beaux gosses, qui fait parti d’un groupe et joue les gars nonchalants est un grand maladroit assez inexpérimenté. Il cache tout ça sous un humour à deux balles, me rappelant un peu Rei de Mars (le titre culte de Fuyumi Soryo). J’ai beaucoup aimé être à ses côtés pour assister à ses baisers maladroits, ses tentatives de déclarations foireuses et autres rapprochements ratés. Il m’a touchée par ce portrait de l’adolescent moyen qu’il est dans toute sa fausse candeur. J’ai aimé le duo qu’il forme peu à peu au fil des saisons avec Sajô, qui cache bien des choses derrière ses lunettes. Même s’il n’est pas Kusakabe, il peut être assez entreprenant et assume bien leur relation, même s’il a aussi peur de ce qu’en pense son compagnon.

La force de l’autrice est effectivement de parler avec subtilité de ce que c’est que de se découvrir amoureux d’un autre garçon au Japon dans un lycée pour garçons mais pas que. Avec beaucoup de tendresse, elle va aborder leurs différentes peurs : peur de leurs sentiments, peur de se déclarer, peur d’être vu en couple, peur de ce qu’ils seront plus tard… C’est toujours tendre, touchant et fin, l’autrice prenant son temps et l’abordant avec délicatesse, jamais frontalement. Le personnage de M Hara, sorte de mentor pour eux, est également une autre facette de cela, étant lui-même gay.

Mais ce qui retient le plus mon attention comme toujours chez elle, ce sont ses compositions graphiques archi fluides qui nous emportent telle une brise printanière. C’est doux, subtile, poétique et très naturel. On sent un effet de vent, de vague dans son trait vaporeux. Les lignes des corps soulignent la fluctuation des sentiments. Le jeu des paupières qui s’abaissent et s’abaissent, la passion qui couve. C’est doux et à la fois des sensuels, très charnel. J’adore !

J’avais beaucoup aimé Sotsugyosei, je suis tout aussi fan de Doukuysei où les héros tombent amoureux lentement mais sûrement. Sous des dehors classiques, l’autrice nous offre une première histoire d’amour belle, profonde et fort émouvante sous un trait envoûtant comme on en voit peu ailleurs.

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6 commentaires sur “Doukyusei + Sotsugyousei d’Asumiko Nakamura

  1. J’ai juste lu le tome 1 de Blanc de l’autrice pour l’instant (tome que j’ai adoré).
    Je me suis procuré il y a quelques temps Doukyusei + Sotsugyousei et ton avis très positif me donne envie de les lire dès ce soir^^ merci pour ton retour!

    Aimé par 1 personne

    1. Avec grand plaisir, j’ai lu Blanc depuis aussi et ce fut un coup de coeur ❤️
      Je suis en train d’acheter tout ce que je trouve de l’autrice tant j’adore son trait et ses ambiances.
      Je te souhaite d’y trouver le même plaisir 😁

      Aimé par 1 personne

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