Un second au revoir de Tomo Tanaka et Takomaru Takogawa

Titre : Un second au revoir

Auteur : Tomo Tanaka et Takomaru Takogawa

Éditeur vf : Delcourt-Tonkam (Moonlight)

Année de parution vf : Depuis 2024

Nombre de tomes vf : 3 (en cours)

Histoire : Hinata Harusawa reçoit un jour un appel : le corps de son meilleur ami, Sora Otonashi, disparu lorsqu’ils étaient en deuxième année de lycée, a été retrouvé. En observant la toile que Sora avait peinte avant sa disparition, un de ses amis remarque quelque chose… et est immédiatement attaqué par un inconnu…

Mon avis :

 Tome 1

Tandis que Delcourt-Tonkam ne semble plus offrir de nouveautés qu’à sa collection « Moonlight », Un second au revoir, jeune série d’à peine 3 tomes au Japon, vient agrémenter cela avec ses drames et ses mystères.

L’autrice, Tanaka Tomo, officie déjà depuis près une dizaine d’année au Japon et semble aimer les histoires avec une pointe de surnaturel et de mystère comme ici. Elle se fait aider cette fois par Takogawa Takomaru dont c’est apparemment la première contribution connu et qui ne démérite pas avec son trait simple et efficace, offrant une narration rapide mais lisible. 

Ensemble, elles nous emmènent dans les secrets d’un club d’arts plastiques du lycée où de mystérieux incidents se produisent. Tout commence alors que leurs membres sont adultes. Ils sont appelés car on a retrouvé l’un d’eux qui avait disparu. Retrouvé dans un endroit fort singulier, ils sont suspects. C’est alors que l’un d’eux, Hinata, est renvoyé dans le passé avant que les incidents ne se produisent. 

Utilisant le ô combien pratique voyage dans le temps, les autrices nous proposent un scénario nerveux où l’on s’interroge rapidement sur qui est le responsable de tous ces incidents en série. Cependant, elles font cela de manière bien trop limpide et précipitée, donnant l’impression d’un récit superficiel, répondant à un cahier des charges pour répondre à un public aimant un certain type d’histoires déjà connus et bien défini. C’est dommage, ça ne laisse pas la place à l’improvisation et la surprise. Du coup, on devine assez facilement les quelques rebondissements émaillant le tome, même si on prend plaisir à voir tout cela se jouer sous nos yeux et même si on sent la volonté des autrices d’instaurer une certaine tension. Ça tombe un peu à côté.

Reste des thématiques classiques mais nécessaires, qui doivent continuer à être aborder : la pression des études, la pression des examens, la gestion du stress et de la jalousie. Des classiques mais qu’il est toujours bon de voir. Et j’ajouterai qu’il y a peut-être, à voir dans les prochains tomes, un développement autour de l’artiste et son oeuvre en mode « Dorian Gray« . Je croise les doigts pour ne pas me tromper 😉

J‘attendais certainement plus de cette histoire qui promettait mystère et tension, mais j’ai passé un sympathique moment avec cette bande de lycéens amateurs d’art à qui il n’arrive que des problèmes et que quelqu’un semble poursuivre. L’ambiance un peu mystérieuse et surnaturelle du truc est sympa. Il est juste dommage qu’on sente à ce point toutes les grosses ficelles de l’affaire ^^!

Tome 2

Maintenant prévenue de ces grosses ficelles, je prends vraiment plaisir à suivre l’enquête de Hinata qui cherche à comprendre ce qui est arrivé autrefois à son meilleur ami mais qui va de surprises en surprises.

Ce n’est clairement pas fin et cela se ressent dès les dessins, mais cela a une certaine saveur aussi, peut-être un peu kitch, rappelant peut-être les séries pour ado à la Riverdale, que j’aime beaucoup finalement. J’ai pris plaisir dans ce tome à suivre le héros et ses amis dans leur recherche de vérité qui s’approche à grands pas, peut-être même un peu trop facilement, ce qui promet, je l’espère encore un nouveau twist.

Nous avons une narration dynamique, un brin trop rapide pour moi, mais prenante. Les indices se dévoilent à nous et nous glacent bien le sang. C’est sordide à souhait mais j’espère que l’autrice n’en restera pas là et poussera pour comprendre ce qui a conduit à cela. Ce serait top d’avoir un vrai développement psychologique autour de cette figure de l’artiste maudit. Nous avons déjà quelques subtilités à ce sujet avec la citation de plusieurs d’entre eux, placés assez judicieusement.

L’ambiance est donc vraiment top dans ce top et l’histoire rebondit bien, nous faisant porter notre regard ailleurs et introduisant un nouveau personnage pour partager encore l’enquête avec le héros. La dynamique rappelle un peu celle de Tokyo Revengers dans sa gestion des sauts dans le temps mais sans le côté furyo, avec un petit thriller lycée à la place, qui rappelle ces séries estivales qui font gentiment frissonner avec des personnages déglingués. C’est certes écrit un peu grossièrement mais on ne parvient pas à lâcher le tome une fois en main. On veut savoir, on veut comprendre, on ne peut imaginer que ce soit juste ça.

Il y a parfois des séries anodines qui nous font vraiment passer de très bons moments avec quelque chose d’assez simple : une intrigue efficace et rondement menée dont les émotions viennent nous percuter et nous triturer. Un second au revoir parlait de deuil dans le tome 1, il parle de la figure de l’artiste maudit ici. L’auteur semble ainsi prendre plaisir à nous mener pour le bout du nez. Je suis curieuse de voir jusqu’où il ira et si ça restera cohérent ^^!

Tome 3

Pour pleinement apprécier ce thriller prenant et un tantinet glauque, il faut accepter de suspendre notre incrédulité, mais une fois fait, on passe un très bon moment et ce tome riche en révélations et tensions en est la preuve.

En effet, c’est LE tome où Hinata va le plus se confier et où Sora va se révéler à nous. Après avoir fait un peu le tour dans le passé jusqu’au moment clé, il fallait bien faire avancer Hinata et ce n’est pas tout seul qu’il peut le faire. Comme dans tout bon thriller qui se respecte, le héros va donc finir par révéler ses propres secrets à ceux qui pourraient l’aider, ici en l’occurrence, le journaliste déjà présent la dernière fois et ses amis du club d’art. Ensemble, ils vont pouvoir repartir à la conquête de tous ces mystères.

Je ne sais pas si c’est propre aux thrillers japonais, mais je trouve vraiment des similitudes dans l’écriture de Tanaka Tomo et de Kei Sanbe. Ils ont un peu les mêmes atmosphères et la même façon de genre leur rythme, leur narration, leur histoire. Ce dernier a aussi utilisé le voyage dans le temps d’ailleurs dans ses histoires. C’est cependant dans les ingrédients ensuite que cela diffère, même si on retrouve ce thème de la maltraitance qui fait vriller les enfants en grandissant, ou de l’adulte qui prend un enfant dans ses filets et lui fait subir son emprise. Des thèmes auxquelles je suis sensible même si ici tout est un peu grossier, un peu facile.

Je me suis donc retrouvée une nouvelle fois complètement happée par le récit et ses rebondissements. J’ai adoré suivre Hinata dans son enquête. Les révélations sortent souvent un peu de nulle part mais ils ont le mérite de nous garder attentif à l’histoire et pris par celle-ci. J’ai vraiment aimé le rythme de celle-ci, ça n’arrête pas une seconde dans ce tome entre les menaces, les intuitions, les révélations, il se passe toujours quelque chose. L’élargissement de l’intrigue et des personnages au courant est une bonne dynamique aussi, même si on reste pas mal centré sur le duo du départ. Il faut cependant une certaine crédulité pour croire ce dont sont capable à la fois les parents de Sora et leur professeur d’art car ça reste très exagéré et surréaliste, mais cela permet de voir des personnages vrillés assez fascinants.

Ce tome permet ainsi de mettre plus au clair qui est derrière tout ça et pourquoi. Reste le mystère du tableau et la suite des événements à percer encore, mais si ça reste dans le même ton et sur le même rythme, ce sera encore passionnant à suivre.

Voilà un thriller qui ne paie pas de mine, qui ressemble même à une petite bluette adolescente si on s’en tient aux couvertures qui ne disent rien du ton plus sombre de l’histoire. C’est donc une bonne surprise que de découvrir une histoire aussi prenante, des personnages aussi sombres et des motifs aussi glaçants derrière. Certes, il y a besoin d’une grosse suspension de crédulité pour accepter beaucoup de choses mais ça n’enlève pas le bon moment de lecture passé à chercher à tout détricoter. C’est un petit thriller que je lis donc avec plaisir.