Livres - Fantasy / Fantastique

Les Cités Divines de Robert Jackson Bennett

Titre : Les Cités Divines #1 La Cité des marches

Auteur : Robert Jackson Bennett

Traduction : Laurent Philibert-Caillat

Éditeur vf : Albin Michel Imaginaire

Année de parution vf : 2024

Nombre de pages vf  : 545

Histoire : Autrefois puissante cité divine capable de conquérir et d’asservir les peuples établis à sa proximité, Bulikov est tombée. Une mystérieuse catastrophe a eu lieu : le Vacillement. Les dieux protecteurs de la cité ont disparu. Bulikov a été brisée en mille morceaux. Conquise par l’Empire de Saypur, réduite à l’état d’avant-poste, la ville n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été. Restent toutefois visibles, ça et là, certains vestiges des miracles qui l’ont façonnée, notamment d’immenses escaliers qui mènent désormais nulle part.
Quand un historien est assassiné, l’Empire envoie enquêter une de ses meilleures espionnes : Shara Thivani. Se présentant comme une humble diplomate impériale, la jeune femme découvre l’étrange cité et commence son enquête, compliquée, dangereuse, qui touche un domaine sensible : le passé divin de certaines cités conquises par l’Empire.
Ce que Shara va découvrir dépasse, et de loin, le simple cadre d’une affaire criminelle. Les dieux de Bulikov ne sont peut-être pas aussi morts que l’Empire veut bien le croire.

Mon avis :  

Tome 1 : La cité des marches

Découvert avec Les maîtres enlumineurs, Robert Jackson Bennett est désormais pour moi une valeur sûre en matière d’aventure de fantasy au système de magie chiadé et à l’action percutante et fascinante. Impossible donc, de passer à côté de sa nouvelle parution chez nous : Les cités divines, dont le titre me vend déjà du rêve à moi la fan de mythologie fictive consistante et active.

Cette trilogie est pourtant une ancienne parution de l’auteur qui arrive enfin à nous et dans laquelle on trouve plusieurs idées en germe des Maîtres enlumineurs. Albin Michel fait donc plaisir aux fans en revenant aux sources des écrits de l’auteur. La cité des lames et La cité des miracles compléteront et concluront d’ici un an environ cette trilogie que nous avons la chance de découvrir de manière rapprochée dans une belle édition reliée avec signet en prime ! Merci de penser aux lecteurs de fantasy adulte qui attendent aussi d’avoir de beaux livres entre les mains ❤

Pour cette nouvelle aventure, sans surprise, nous retrouvons la plume terriblement efficace et percutante de Robert Jackson Bennett, mais cette fois, c’est un mélange de mythologie fictive et de polar qui va entraîner le lecteur dans une aventure palpitante, parfois à couper le souffle. Dans un univers où les Dieux ont disparu, tué par les humains, le monde a connu d’énormes chamboulements il n’y a pas si longtemps que ça et des traces en persistent. Un historien est d’ailleurs assassiné et c’est l’une des meilleures espionnes qui est envoyée pour résoudre l’affaire, mais comme cela s’est passé en territoire étranger et ennemi, ce ne sera pas si simple.

Fan d’objet mythologique, j’ai adoré me laisse remporter dans cet univers vertigineux imaginé par Bennett dans un mélange de steampunk mystique où l’enquête n’est qu’un prétexte pour découvrir ce qu’était le monde autrefois, ce qu’il s’est passé et ce qui est encore en train de se produire car le meurtre qui a eu lieu cache bien sûr une histoire plus complexe. Je n’ai pas été éblouie par les personnages, je l’avoue. Le monde, lui, en revanche m’a laissée parfois sans voix, me rappelant ce que N.K. Jemisin avait pu faire dans ses Cent Mille royaumes avec ces divinités à la présence tellement écrasante même après leur disparition/départ. J’ai été fascinée d’apprendre qu’on avait réussi à les vaincre et comment. J’ai adoré voir les conséquences concrètes de cela dans le grand effondrement physique du monde connu que l’auteur documente avec des séquences très visuelles. Mais surtout, j’ai aimé que ça ne s’arrête pas là et que cela ait encore des conséquences actuellement avec une lecture critique très politique et actuelle de l’écriture de l’Histoire, du sort des vaincus et des vainqueurs.

Le monde présent invoqué par l’auteur résonne en cela très singulièrement en vue de l’actualité actuelle au Moyen Orient. Nous sommes face à un territoire occupé par une nation voisine, des tensions terribles entre deux peuples qui n’ont pas du tout le même rapport au divin et des cultures que tout semble opposer. J’ai adoré ! Shara, notre super espionne, va se retrouver au croisement de tout cela et les aventures qu’elle va vivre vont raviver bien des souvenirs, proposant des relations complexes, loin des premières idées qu’on aurait pu s’en faire et avec régulièrement des surprises grâce aux rencontres qu’elle va faire en cours de route et aux « aides » qu’elle va recevoir d’hommes plutôt singuliers eux aussi. Le tout offre ainsi une belle dynamique entre mystère, suspense, enquête et critique de la foi et de la société où ils évoluent, une dimension politique qui éclot de plus en plus au fil de l’intrigue.

Celle-ci est cependant menée assez classiquement, sans énorme surprise dans les procédures utilisées par l’auteur pour créer suspense et mystère. L’enquête a même tendance à s’efface derrière la mythologie de l’univers et plus que comprendre comment et pourquoi ce célèbre historien a disparu, c’est le passé divin de ce Continent qui va nous scotcher et nous passionner. On va se lancer nous aussi sur la piste de ces Dieux sensément disparu mais… On essayer de comprendre le rôle de Shara dans tout ça avec ce qu’elle peut voir, ce qu’elle peut faire, ce qu’elle peut entendre. Les deux se nourrissent bien car chaque avancée de l’enquête profite à ces nouveaux mystères qu’on se plaît à explorer. C’est vite passionnant, notamment dans le dernier quart où c’est vraiment dur de lâcher l’affaire même après avoir deviné les secrets de l’auteur. La relance est en plus parfaitement assurée en vue du prochain tome, avec juste le regret de ces personnages décidément un peu trop transparents malgré leurs destinées héroïques, face à cette grande histoire qui les dépasse. Même Vohannes, compagnon d’enquête de Shara, à qui on avait donné une belle aura de vie atypique, manque le coche finalement, ce qui m’a un peu attristée. J’aime quand les personnages sont à la hauteur de leur histoire et l’incarnent.

Nouvelle fable mythologique vertigineuse, cette aventure mêlant quête historique et enquête sur un mort, fut passionnante à lire, même si la Mythologie prend tellement le pas sur le reste qu’elle efface tout et rend tout, même les personnages, un peu fade en comparaison. J’ai aimé retrouver la plume si inventive et visuelle de Bennett qui sait toujours aussi bien me percuter et me faire voyager. Amoureuse de mythologie au service d’histoire vertigineuse, j’ai adoré l’univers de ces Cités divines et j’ai hâte d’y retourner avec notre espionne diplomate dans un deuxième volet qui devrait encore plus nous faire voyager dans les tensions entre les peuples séparés par leur histoire et leurs croyances.

(Merci à Albin Michel Imaginaire pour ce nouveau voyage)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : BlackWolf, Fantasy à la carte, Lianne, Vous ?

8 commentaires sur “Les Cités Divines de Robert Jackson Bennett

  1. J’ai beaucoup entendu parler de cet auteur à cause des Maîtres enlumineurs, mais j’avoue qu’il ne m’attire pas trop. Pourtant au vu de ce que j’en entends, il aurait tout pour me plaire…

    Aimé par 1 personne

    1. Avec grand plaisir 😀
      C’est un juste retour de bâton tant ma wishlist est longue à force de grappiller sur les blogs des uns et autres. Après le catalogue d’Albin Michel est toujours hyper attrayant, on sent qu’ils réfléchissent bien aux titres qu’ils choisissent.

      J’aime

    1. J’aime aussi quand les auteurs donnent la part belle à la mythologie de leur univers et que ça interagit avec les personnages. Je trouve ça top !
      J’espère que tu aimeras aussi si tu découvres car l’auteur a une plume des plus addictives et visuelles pour moi >.<

      Aimé par 1 personne

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