Fourth Wing de Rebecca Yarros

Titre : Fourth Wing

Auteur : Rebecca Yarros

Traduction : Karine Forestier

Édition vf : Hugo Roman (Romantasy)

Année de parution : 2024

Nombre de pages vf  : 617

Histoire : Rien ne prédestinait Violet Sorrengail à être une cavalière. Elle était censée intégrer le quadrant des Scribes et mener une vie tranquille parmi les livres. Elle dont les os sont si fragiles qu’ils peuvent se briser en un instant…
Mais aujourd’hui est le jour des conscriptions, et en tant que fille de la Générale – elle-même cavalière et dresseuse de dragons -, Violet n’a d’autre choix que de satisfaire les ordres de sa mère, et de rejoindre les épreuves de sélection pour devenir dragonnière… L’élite de la Navarre !
Pourtant, le simple fait d’envisager s’inscrire à cette compétition lui paraît ridicule… Car les dragons ne se lient pas aux humains « fragiles » : ils les brûlent ! Mais Violet est peut-être la candidate la moins forte physiquement, elle est cependant rusée et rapide. Des qualités indispensables quand on évolue dans un monde sans foi ni loi, où les alliés peuvent vite devenir des ennemis, ou peut-être encore des conquêtes… Violet va vite devoir penser à un plan solide, car cette compétition n’a que deux issues : passer toutes les épreuves ou mourir !

Mon avis :  

Tome 1 : Fourth Wing

Je ne vais pas le cacher, lorsque j’ai entendu parler du phénomène Fourth Wing j’ai de suite eu des a priori négatifs. J’avais peur que comme pour Le prieuré de l’oranger, je passe à côté de ma lecture à cause de trop d’attentes. Du coup, j’ai lu et relu les avis que je trouvais. J’étais très tentée par les dragons, beaucoup moins par la romance, parce que le phénomène romantasy et moi ça fait deux. Mais grâce à un prêt, je me suis lancée sans la moindre attente et j’ai passé un très bon moment !

J’ai vu le roman comparé à A court of thorns and roses (ACOTAR), probablement le seul roman du genre que j’ai lu et adoré autrefois, mais il est en fait très différent, à la fois plus simple et plus riche sur d’autres points. ACOTAR nous emmenait dans un univers de contes et de fées sombres, Fourth Wing lui est dans une fantasy plus classique avec des dragons et vous connaissez peut-être mon amour pour ceux-ci. C’était clairement le point qui allait faire basculer mon adhésion et heureusement, contrairement à pas mal de ses consoeurs, Rebecca Yarros utilise vraiment bien ceux-ci, me voilà donc conquise. Oui, il m’en faut peu ^^!

Pourtant, j’ai eu quelques frayeurs au début, franchement les premières lignes avec l’héroïne fragile obligée par une mère tyrannique à aller dans un endroit mortel et la même héroïne qui s’extasie comme une gamine, avec des mots vraiment de midinette, devant le beau ténébreux du coin, c’était fort maladroit. Heureusement, grâce à la plume quand même très addictive et immersive de l’autrice, j’ai petit à petit oublié ces écueils au profit d’une intrigue qui fut pour moi une sorte de Harry Potter, plus sombre et mature, où on suivait une cohorte de jeunes adultes tout le temps sur la brèche pour tenter d’acquérir leur place comme dragonnier tandis que les autres, en mode Hunger Games, essayaient de les éliminer pour prendre leur place. Mortel ! L’autrice a vraiment su prendre dans tout ce qui est sorti avant elle, les éléments de ces univers qui allaient enrichir et rendre le sien tout aussi addictif, mais quand même différent grâce aux petits twists qu’elle choisissait. Ainsi cet univers de dragons, de conquête, de révolte, malgré son classicisme m’a totalement parlé !

Cela n’a rien d’innovant, mais j’ai été happé par la découverte progressive du monde où évolue Violette, la fille de la Générale qui a maté une certaine rébellion il y a des années et qui va atterrir dans l’Académie où sont entraînés les dragonniers qui doivent défendre le royaume. A l’intérieur de l’Académie tout n’est que menace pour elle et l’autrice joue astucieusement là-dessus pour faire monter la tension mais également pour donner de plus en plus de matière à une héroïne semblant bien trop faible au début. Se mélangent ainsi des menaces à tout va pour sa vie et des réponses qui la font grandir et apparaître bien plus intéressante à nos yeux. J’ai beaucoup aimé ce personnage, attachée aux livres grâce à son père, capable d’empoisonner ses adversaires et luttant âprement contre les faiblesses de son corps, mais aussi sachant avoir de la répartie face aux garçons de sa vie, que ce soit un adversaire qui la menace d’entrée, un meilleur ami un peu trop protecteur ou un aîné arrogant et menaçant aimant un peu trop la titiller. Violet est forte sous ses airs fragiles et le sera de plus en plus ! Un classique du Y.A. mais un classique qui fonctionne très bien ici.

Cette construction mélangeant danger et univers qui s’en nourrit, on la retrouve également dans ce qui constitue le monde où elle évolue. J’ai beaucoup aimé partir de la lorgnette qui constitue l’enfance protégée de Violette, pour aller vers la rencontre avec les enfants des anciens rebelles dans l’Académie, et découvrir via leur présence et notamment celle de leur chef quelque chose d’encore plus vaste où tout se mélange : les légendes de son enfance, les secrets des adultes, ce que cachent ces anciens rebelles et le rôle des dragons bien entendus ! Quand on fait un pas de côté, c’est classique, on l’a lu dans nombre de dystopie. Quand on est plongé dedans, c’est très addictif à suivre. On veut percer ces secrets.

Il faut dire que l’écriture a une belle dynamique. En plus de suivre Violet dans chacun de ses pas qui est un danger mortel pour elle, nous allons prendre un vif plaisir à la voir évoluer dans ses relations. Il y a bien sûr les sympathiques amis qu’elle se fait qui crée un effet de groupe non négligeable autour d’elle. Mais ce sont surtout les garçons de sa vie qui vont dynamiser l’ensemble. Il y a d’abord le triangle amoureux évident qui se crée. J’ai souvent levé les yeux au ciel, c’est archi classique et parfois fort maladroitement écrit avec des clichés qui font perdre l’intensité du reste tant ça fait « midinette », mais cela s’estompe petit à petit grâce au personnage de Xaden qui joue à merveille au chat et à la souris avec elle, tel un super antagoniste, mais en la poussant dans ses retranchements pour la faire grandir tout en comptant vraiment sur elle, contrairement à Dain qui est le cliché du mec qui veut bien faire mais ne se rend pas compte qu’il la bloque dans son ascension, vraiment un type toxique derrière ses allures gentilles. Mais surtout, il y a son dragon Tairn, un être grinçant, caustique, grincheux, que j’ai adoré et dont l’autrice nous a permis de régulièrement entendre la voix ! Vives les dragons.

Ce fut vraiment mon petit coup de coeur du roman. J’ai adoré, bien qu’à nouveau ce n’ait rien d’innovant, la relation forte qui commence à se nouer entre Violet et son ou plutôt ses dragons. J’ai beaucoup aimé les choix de ceux-ci, leur écho avec les traits de personnalité de l’héroïne, les pouvoirs qu’ils vont lui apporter et toute la mythologie autour de ceux-ci. L’autrice a vraiment bien pensé la chose, à coup de marque, de sceau, d’espèces de dragons différentes, de lien entre les dragons et leurs dragonniers, et j’en passe. C’est très riche et vite passionnant pour le lecteur. Ici cela donne vraiment un plus à l’histoire dans tous ses aspects : l’intime avec la relation de Violet et ses dragon ; le politique avec leur rôle dans la protection du royaume ; la mythologie avec les secrets et le passé dont ils sont dépositaires ; et même le romantique avec le lien d’accouplement de certains d’entre eux. Tout y est !

J’ai donc vite été passionnée par l’histoire de Violet. J’ai aimé suivre son entraînement dur et douloureux à l’Académie et les rencontres, amitiés et amours, qu’elle va y connaître. J’ai bien sûr totalement craqué pour le personnage rude et grinçant de Xaden qui est un peu un Rhysand bis version édulcorée mais prometteuse. J’ai surtout adoré les mystères de l’univers et leur dévoilement progressif. C’était parfois prévisible, souvent très addictif. La place des dragons fut parfaite pour moi avec leurs nombreux échanges et leur réelle participation à l’intrigue. Et le petit côté Académie à la Harry Potter, forcément, je ne pouvais qu’aimer. J’ai juste trouvé la plume un peu faiblarde dans le choix des mots parfois quand il s’agit d’entendre les pensées et échanges des personnages, ça faisait trop « jeunesse » à mon goût, notamment dans la romance… De même, les fondements de l’univers sont assez simples et prévisibles quand on a déjà lu quelques dystopies et romans fantasy Young Adult phares de ces dernières années, mais ne boudons pas notre plaisir.

Fourth Wing est un phénomène depuis sa sortie et entre la belle édition d’Hugo et la lecture addictive que j’en ai fais, je comprends mieux pourquoi. Un univers qui reprend intelligemment les classiques du genre, des personnages qui grandissent avec nous au fil de la lecture, un monde rempli de mystères et menaces, et des dragons parfaitement utilisés, il ne m’en fallait pas plus ! Certes, j’aurais aimé moins de clichés romantiques issus du Young Adult mais ce n’est heureusement pas (encore ?) le coeur de l’histoire et me laisser porter par cette ambiance de mort à chaque tournant dans les hauteurs ventées de l’Académie ou à dos de dragons a suffit à me faire voyager. J’ai même hâte de lire le tome 2 dans quelques jours au vu du cliffhanger.

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