Livres - Fantasy / Fantastique

La voie des oracles d’Estelle Faye

Titre : La voie des oracles

Auteur : Estelle Faye

Editeur : Folio sf (format poche) / Scrineo (grand format)

Années de parution : 2017-2018 (en poche) / 2014-2016 (grand format)

Nombre de tomes : 3 (série terminée)

Résumé du tome 1 : La Gaule, au début du cinquième siècle après Jésus-Christ.
Cerné par les barbares, minés par les intrigues internes et les jeux malsains du pouvoir, l’Empire romain, devenu chrétien depuis peu, décline lentement.
Dans une villa d’Aquitania, perdue au milieu des forêts, vit Thya, seize ans, fille du général romain Gnaeus Sertor. À cinq ans, elle a manifesté pour la première fois des dons de devin. Mais dans l’Empire chrétien, il ne fait plus bon être oracle, et à cause de ce secret qu’elle doit garder, Thya est devenue une adolescente solitaire, à l’avenir incertain.
Lors d’une des visites en Aquitania, Gnaeus tombe sous les coups d’assassins à la solde de son fils Aedon qui souhaite s’emparer de son siège au sénat. Il est ramené à la villa entre la vie et la mort et Thya cherche dans ses visions un moyen de le sauver. Son don lui permet d’apercevoir la forteresse de Brog, dans les montagnes du nord, là où, autrefois, Gnaeus a obtenu sa plus grande victoire contre les Vandales. Elle comprend alors qu’elle doit s’y rendre et s’enfuit dans la nuit.
Sa route sera pavée de rencontres, Enoch, un jeune et séduisant barbare, ou encore un faune, un être surnaturel issu du monde païen, et Thya va évoluer et découvrir un monde en mutation qui n’est pas exactement celui que lui décrivait son père…

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Mes avis :

Tome 1 : Thya

Avec cette nouvelle saga dont j’ai souvent entendu le plus grand bien, elle a notamment eu un prix sur Elbakin, je redonne sa chance à de la fantasy dans un univers antique. J’avais déjà essayé auparavant avec Le Roi d’Ys et cela c’était soldé par un échec. Ici l’univers et surtout la plume d’Estelle Faye n’ont rien à voir.

Dès les première page, j’ai été emportée par l’histoire qui naissait sous mes yeux. Pourtant, on ne peut pas dire qu’au départ ce soit une grande histoire. C’est même plutôt assez classique avec cette Thya qui a des dons d’Oracle mais qui doit les cacher dans la Gaule chrétienne des premiers siècles de notre ère. Quand elle a une vision où elle se voit perdre son père, elle comprend que pour le sauver, elle doit se rendre à Brog, le lieu de la plus grande victoire de celui-ci quand il était général. Cela reste donc assez flou, je trouve, on ne voit pas trop ce qu’elle va y trouver et ce qui la convainc vraiment de tout lâcher pour y aller. C’est en plus une quête assez personnelle à l’enjeu limité se dit-on.

Mais tout le talent d’Estelle Faye, c’est à partir de là, d’arriver à tisser la toile d’un univers bien plus riche. On ne suit pas seulement Thya en route vers Brog. On la voit aussi tenter d’échapper à la tyrannie de son frère, Aeron, et de la société patriarcale romaine. On croise également, le jeune Enoch, maquilleur de profession, mais au passé bien plus trouble. Ce fils d’une prêtresse Node est vraiment trompeur. Au départ, comme Thya, je ne l’appréciais pas et puis petit à petit, il a su se montrer plus fort et plus humain que je le croyais et il a révélé un vrai potentiel, notamment grâce à ses liens avec la magie Node. Car en effet, en plus de suivre Thya et ses visions, on découvre tout un univers mystique peuplé de divinités et autres créatures magiques comme les Ondines, les Sylvains…

Estelle Faye nous brosse un portrait très vivant et mystérieux de cette Gaule tout juste christianisée. C’est peut-être ce que j’ai préféré dans le titre. J’ai vraiment beaucoup aimé l’ambiance fantastique qui s’en dégage. C’est plein de mythes, de magie et de mystères. On ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre et on se laisse vite emporter dans ce monde enchanteur. Et quand on retombe de pleins pieds dans la réalité comme parfois, la magie n’est jamais bien loin pour nous ramener dans ce monde magique.

Estelle Faye a vraiment une plume enchanteresse qui m’a plu du début à la fin. J’ai aimé son univers. J’ai aimé ce qu’elle a réussi à faire naître à partir d’une histoire un peu simple et banale. J’ai aimé voir ces personnages grandir et faire de nouvelles rencontres mais aussi vivre des pertes, mais toujours lutter contre leur Destin pour créer celui dans lequel ils préfèreraient vivre. Ma seule déception est peut-être le côté un peu trop léger parfois. On sent que l’histoire et les personnages gagnerait à être un peu plus creusés et un peu plus sombre. Et surtout, je regrette d’avoir pris la version poche dont les couvertures sont bien loin d’être aussi belles que celles du grand format…

Ma note : 16 / 20

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Tome 2 : Enoch

Tout comme je n’aime pas la couverture de ce deuxième tome en poche, j’ai moins aimé et adhéré à l’histoire que dans le tome 1. J’ai trouvé que l’auteure allait beaucoup trop vite et que parfois les décisions des personnages n’avaient ni queue ni tête. De plus, le fait d’ajouter de nouveaux personnages, de ne pas forcément approfondir ceux qu’on connaissait déjà et de donner à entendre les voix des personnages secondaires ne m’a pas convaincue.

Pourtant comme dans le premier tome, j’ai beaucoup aimé l’ambiance de ce tome. Ambiance qui, de plus, devient de plus en plus sombre, au fur et à mesure des épreuves qui attendent Thya. J’ai trouvé remarquable la façon dont on passe de la Gaule romaine à l’Empire bigarré de Constantinople et des différentes peuplades d’Orient. Malgré tout la transition fut brutale, peut-être trop pour moi.

C’est vraiment ce que je reproche à ce nouveau tome, les transitions trop brusques entre les différentes péripéties de Thya et les lieux qu’elle visite. On passe de l’un à l’autre avec beaucoup de brusquerie et on ne s’attarde pas vraiment assez pour bien creuser les choses. Je comprends la volonté de l’auteure de montrer l’urgence de sa quête vers les anciens dieux pour échapper à son frère mais ça m’a dérangée.

J’ai quand même beaucoup aimé la voir utiliser de plus en plus ses pouvoirs, la voir également apprendre à les redouter et en souffrir. J’ai aimé son trio avec Aylus et Enoch. La perte brutale de celui-ci est par contre l’un des passage raté du tome. Je n’ai rien ressenti à ce moment-là et même après alors que Thya est pleine de rage à cause de cela. J’ai par contre apprécié son rapprochement avec Adur que j’ai trouvé vraiment logique et bien amené. La transformation d’Enoch par la suite était bien trouvée aussi, de même que l’intervention de plus en plus importante d’Hécate auprès des différents personnages. Estelle Faye a vraiment réussi à peupler son monde de tout un bestiaire mythologique crédible et intéressant.

La fin, elle, est amenée bien trop rapidement. Elle est vraiment précipitée mais elle donne très envie de lire le dernier tome pour voir ce que la décision de Thya va changer pour leur avenir.

En conclusion, ce deuxième tome au rythme trop rapide manque de maîtrise. L’univers est toujours aussi intéressant et l’ambiance est réussie. L’histoire reste prenante et le développement de la mythologie est intéressante. Maintenant j’attends le dernier tome en poche en impatience.

Ma note : 15 / 20

Tome 3 : Aylus

Un an après, je reviens pour la lecture du dernier tome qui n’aura pas fait long feu. Nous retrouvons Thya dans le monde alternatif qu’elle a créé où les Oracles ne sont plus pourchassés, où Enoch est en vie et où Aylus est devenu l’Empereur de Rome. On pourrait croire que tout est parfait dans le meilleur des mondes mais ce n’est absolument pas le cas. Nous partons donc dans de nouvelles aventures qui vont déconstruire tout ce qu’elle croyait vouloir pour qu’enfin elle trouve sa voie.

Je dois dire que j’ai trouvé le concept de ce dernier tome très original. Je ne m’attendais pas à un tel reboot où en même que chaque personnage qu’on connaissait a un nouveau destin, l’on suit en parallèle celui de l’ancienne Thya en tant qu’Oracle Brûlée. Et comme je ne suis pas sûre d’être claire, je m’explique. La Thya des premiers tomes est toujours présente avec sa connaissance de ce qui est arrivée, mais il y a également une nouvelle Thya qui est née et les autres personnages ont aussi droit à des incarnations différentes. On suit donc la course à la puissance d’Aylus devenu Empereur qui éloigne de lui tous ceux qui lui ont été chers. On voit ainsi une Thya également Oracle s’embarquer dans une quête pour lutter contre son oncle et retrouver également celui qu’elle aime toujours : Enoch. L’Enoch de ce monde-là est aussi un orphelin à sa façon, un peu dilettante qui ne s’est pas encore trouvé mais qui va faire un joli voyage et va devenir fort intéressant. Mais la plus belle évolution est clairement celle d’Aedon, le frère de Thya qui va devenir un homme volontaire qui malgré ses faiblesses va toujours se battre pour atteindre ses buts et s’affirmer. Seul Mettius est resté assez fidèle à son personnage et est toujours là pour aider Thya en cas de besoin, tel le pilier qu’il est. Cela donne une équipée fort intéressante.

L’histoire en soi, elle, est assez simple. On découvre que le nouveau régime en place n’est pas meilleur que le précédent et que Thya y a perdu encore plus. Ce nouveau monde est corrompu, un terrible mal le ronge et de terribles forces refont surface. Il va donc falloir trouver une solution pour rétablir l’équilibre rompu. L’aventure est belle et passionnante. La fin est très bien trouvée, je ne lui vois aucun défaut même. Mais je regrette finalement qu’Estelle Faye aille aussi vite. On se rend compte qu’elle a énormément de choses à raconter mais comme elle enchaîne sans rien approfondir ça sonne un peu creux au niveau des moments forts aussi bien pour les batailles que pour la romance. C’est vraiment dommage. J’aime sentir un souffle épique dans ce genre de récit et ici je l’ai attendu tout du long mais il n’est jamais venu.

C’est mon gros regret sur ce tome et cette série, parce que sinon j’ai tout aimé : les personnages, l’univers, le système de magie, les créatures. Estelle Faye a su créer une histoire originale mélangeant Fantasy et Histoire Romaine, ça change. Il lui reste juste à faire quelques réglages pour que ce soit parfait.

Ma note : 16 / 20

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