Livres - Fantasy / Fantastique

Le sang des princes de Romain Delplancq

Titre : Le sang des Princes

Auteur : Romain Delplancq

Éditeur (poche) : Folio SF

Année de parution (poche) : 2018-2019

Nombre de tomes : 2 (série terminée)

Histoire : Le destin des ducs Spadelpeitra est assuré. Inexorable. Une ascension déterminée vers le pouvoir, vers la couronne, vers la place qui leur revient de droit. Ils sont les pacificateurs, les bâtisseurs, les gouverneurs de Slasie. Ils sont les Illustres.
Mais les nomades austrois y font à peine attention. Leur monde n’est fait que de théâtre, de musique, d’art et d’inventions dont ils gardent jalousement les secrets. Leur vie est une mécanique bien huilée, à l’image de leurs automates.
Et pourtant, un tout petit hasard vient gripper les rouges de l’histoire. Une toile découverte par les Spadelpietra qui catapulte son peintre, le jeune Mical, dans une longue fuite…
Premier tome du diptyque Le sang des princes, l’Appel des Illustres mêle habilement histoire, aventure, art et politique. Un roman qui marque les débuts en fantasy d’un jeune auteur à suivre assurément.

Mes avis :

Tome 1 : L’appel des Illustres

Avec cette nouvelle courte série de fantasy, je me suis embarquée dans un univers inconnu. Normal, me direz-vous, mais en fait pas du tout. On est dans un paysage que je n’ai jamais croisé jusqu’à présent dans ce type de roman, un paysage qui pourrait rappeler l’Italie des Temps Modernes mais avec une pointe d’exotisme en plus.

Dans ce premier tome d’exposition (alors que la série n’en comptera que deux), l’auteur passe son temps à nous brosser le portrait d’une société éminemment complexe dont on ne comprend pas bien tous les tenants et les aboutissants. On découvre au fil des pages une intrigue avec de plus en plus de ramifications sans pour autant voir où Romain Desplancq veut en venir. Cela donne une ambiance toute particulière à son histoire, surtout quand les choses semblent vouloir s’accélérer dans la deuxième et dernière partie de ce premier tome. J’ai donc eu l’impression d’avoir été plongée dans un univers que je ne comprends pas mais qui a su inexplicablement me fasciner dès les premières pages.

Nous y suivons d’abord le parcours de Mical, un jeune peintre orphelin élevé dans un monastère, qui va se faire repérer par les plus grands de son monde après que l’une de ses toiles ait mystérieusement provoquée la mort d’une fillette. La grande Duchesse Spadelpietra va alors tout faire pour mettre la main sur lui. Tandis qu’il fuit, il va tomber sur un clan austrois, les Dael, qui vont l’aider à s’échapper. C’est alors l’occasion pour nous de découvrir la vie si particulière de ces nomades chargés de divertir les puissants avec leurs automates dont ils sont les seuls à détenir la technologie pour les animer, ce qui leur donne une place très particulière au sein de cette société complexe. Mais grâce à cette course poursuite, on peut aussi apprendre à faire connaissance avec la très puissante famille Spadelpietra qui semble cacher bien des secrets en son sein à commencer par la fameuse Masse Noire.

Vous l’aurez compris, le récit est riche et complexe, il alterne phase de découverte du monde avec intrigues au sein des austrois et des plus hautes familles du royaumes. La première partie consacrée à la fuite de Mical est un peu brumeuse pour moi et m’a surtout permis de découvrir la société austroise, son mode de fonctionnement, les membres de la famille Dael que nous suivons, etc. C’est plus avec la seconde partie que j’ai vraiment senti l’histoire décoller parce qu’alors des complots hors et au sein des Spadelpietra se sont mis en place. C’est une famille éminemment complexe que je n’ai pas encore bien cernée avec des personnages assez effrayants et d’autres plutôt communs. Ils renferment un secret qu’ils cachent aussi bien aux gens du peuple qu’aux autres membres de leur famille. La Grande Duchesse est la clé de voûte de ce système avec son fou de frère, Vittor.

Les personnages sont nombreux des deux côtés mais tous très vite et bien définis grâce à la plume simple et précise de l’auteur. Je ne peux pas dire que je me sois attachée à eux mais j’ai apprécié de suivre les aventures de chacun et j’ai trouvé qu’aucun n’était tout blanc ou tout noir. J’ai aimé la force et l’ingéniosité des Dael. J’ai aimé la ruse et la violence des Spadelpietra, notamment des aînés, les plus jeunes étant encore un peu trop malléables mais c’est normal. J’ai trouvé la galerie des personnages riches mais assez classique en soi, il y a juste le chef d’orchestre à tendance autiste des Dael qui m’a semblé un peu original dans ce type de récit. Les personnages secondaires ont aussi leur rôle à jouer, Romain Delplancq ne les oublie pas ce que j’ai trouvé appréciable.

L’univers dans lequel ils évoluent est fait de politique, de mystère et de magie dissimulée dont j’espère bien avoir des nouvelles dans le prochain tome. J’ai aimé cette ambiance de forains mélangée avec ces intrigues de palais, le tout dans des paysages exotiques où les villes et les lieux jouent un rôle à part entière. Même si je reste un peu sur ma faim avec juste ce premier tome, je me jetterai clairement sur le prochain et dernier tome quand il sortira en poche, surtout que la couverture de Gaelle Marco pour Folio SF est vraiment belle.

Tome 2 : L’Éveil des Réprouvés

Je ne sais vraiment pas pourquoi j’ai attendu si longtemps pour lire cette suite et fin de la fresque politique et magique imaginée par Romain Delplancq. J’avais déjà beaucoup aimé ce mélange d’univers de saltimbanques et d’intrigues politiques à l’italienne du tome 1, ce fut encore plus explosif dans le second tome où j’ai frôlé le coup de coeur.

Ma lecture remontait pourtant à loin, je n’avais pas relu mes notes et je me suis plongée comme vierge de tout le début de l’histoire, pourtant sans forcer la plume de Romain Delplancq m’a de suite raccrochée à l’histoire, tout d’abord grâce à une introduction qui pourrait aider les éditeurs à écrire des résumés bien meilleurs que ceux qu’on trouve en général en 4e de couverture, mais aussi grâce à une plume qui nous prend vraiment par la main pour nous réintroduire dans cet univers pourtant riche. Bon, je n’aurais pas craché pour quelques pages en début ou fin de tome rappelant qui était qui, mais c’est quand même facilement revenu.

Pourtant on ne peut pas dire que le début soit plan plan. On est au contraire dès les premières pages replongés dans cet univers de complots explosifs des romans de cape et épée que j’aime tant, mais avec une pression plus forte, plus urgente et une ambiance de saltimbanque et d’espionnage juste hyper savoureuse. Le rythme de l’histoire est enlevé et du début à la fin, l’auteur nous emporte dans les multiples intrigues à tiroir qu’il a imaginé, qu’elles parlent de politique, d’histoires de famille ou de magie.

On se retrouve ainsi face à une histoire où les héros ont toujours quelque chose à faire, un plan d’évasion à concocter, une fuite à mettre en place, des épreuves à surmonter, des révélations familiales à digérer, des recherches à faire ou une contre-attaque à mener. La mise en scène de chacun de ses pans de l’intrigue est de haute volée grâce à une plume très cinématographique. Par exemple, la couverture de Gaelle Marco pour ce second tome correspond à merveille à une certaine scène explosive ! On est du coup totalement immergé dans l’histoire.

Celle-ci pourtant se complexifie dans ce second tome, faisant des liens entre les différentes familles rencontrées. Si au début, on peine un peu à suivre, on voit peu à peu se dessiner un très beau tableau complexe et tragique où magie, drame personnel, drame familial et politique se mélangent. J’ai adoré le rôle central des Spadelpietra dans tout ça, ce sont à la fois les grands méchants de l’histoire mais aussi les moteurs principaux de celle-ci et bien plus encore. Chaque personnage de cette famille est extrêmement bien travaillé par l’auteur pour nous en révéler ici des nuances inattendues, notamment en lien avec ce fameux Appel.

La magie de l’histoire fut aussi un élément complexe et magnifique à découvrir. Elle s’entremêle avec l’histoire tragique de cette famille et celle de nos héros saltimbanques. Par contre, même arrivée aux ultimes pages, j’ai l’impression de ne pas avoir tout compris de cet Appel, notamment de ses origines… Cependant, j’ai trouvé ça magnifique la façon dont la famille de Mical d’un côté et celle de Silva et Jiani de l’autre plongent dans tous ces mystères. L’auteur nous réserve bien des surprises avec eux tout au long de ces près de 700 pages.

Il faut dire qu’il a imaginé un monde foisonnant que les héros vont sillonner ici. En sortant de la ville, sujet du premier tome, on découvre tout un monde autour, un monde où les plans des Spadelpietra va semer le chaos, un monde qui va chercher à répondre à cette menace. Nos horizons s’ouvrent alors aussi en conséquence et j’ai adoré suivre les projets, notamment scientifiques et mécaniques, qui certains vont dresser face à la menace de ce Duché.

Tout en nuance, tout en finesse, l’auteur va ainsi peindre une fresque complexe peuplée de nombreux personnages profonds et marquant qui, parfois loin des clichés qu’on leur avait collé au début de l’histoire, vont évoluer de manière inattendue et savoir nous toucher. Ainsi, j’ai vraiment beaucoup aimé le nouveau Mical, bien plus réfléchi que le précédent. J’ai été émue par sa femme Lydie, de tous les combats, ainsi que son oncle Cyril, véritable bouclier humain. Mais c’est surtout la fameuse Jana Spadelpietra qui risque de me rester en mémoire, alors qu’on la voit bien peu, parce qu’elle se révèle bien plus torturée que ses plans déments ne le laissaient croire et que j’ai été touchée par sa triste relation avec Oeil-de-Givre et Sybille. L’auteur a vraiment su capter mon attention avec tous ces personnages formant au final une grande famille ballottée par le destin.

Ce destin implacable qui est à l’origine de toute cette fresque et que l’auteur se sera fait un plaisir de tordre dans cet ultime volume aussi riche en action qu’en développements intimes et quête de soi. Ce destin qui aura mis en branle des forces tellement puissantes et si bien mise en scène par un auteur imaginatif et très visuel. Ce destin qui aura su toucher et parfois arracher notre coeur pour le piétiner avant de le remettre en place. C’est une belle histoire tragique que cette destinée torturée des Spadelpietra et de leur ville Tandal.

Conclusion :

Grâce à ce diptyque passionnant, j’ai découvert une nouvelle plume de la fantasy française qui m’a ravie par sa virtuosité tant j’ai eu le sentiment de voir sa plume courir sur les pages et partir à l’aventure avec ses héros. Des héros que Roman Delplancq a su magnifiquement bien écrire pour nous les rendre attachant et leur donner une belle profondeur humain, jamais totalement pure, jamais totalement impure. Tout n’est qu’affaire de nuances chez lui et celles-ci furent dans des teintes qui m’ont plu. Sa magie s’est transférée de ses doigts aux pages de ce roman avec cet Appel si unique et ces tenseurs tellement explosifs. J’ai vraiment été fascinée par cet univers et je serais ravie de découvrir ce que l’imagination fertile de l’auteur pourra le pousser à inventer encore dans les années à venir, que cela soit inspiré à nouveau comme ici par la richesse des intrigues politiques italiennes et l’ingéniosité gouailleuse du monde des saltimbanques, ou que cela soit totalement inédit. A bientôt j’espère !

4 commentaires sur “Le sang des princes de Romain Delplancq

    1. Je confirme, l’univers c’est le gros point fort de la série, par contre c’est assez différent de Locke Lamora qui a un côté plus crapuleux qu’ici, je trouve, si tu vois ce que je veux dire ^^’

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  1. Ca a l’air drôlement sympa, cet univers de forains ! Moi qui adore les histoires de spectacles magiques… Et puis, deux tomes seulement, en fait,c’est un bon chiffre, l’intrigue a le temps de s’installer et de monter en puissance sans s’alanguir trop, j’avais trouvé que ça donnait un rythme très intéressant à Aeternia de Gabriel Katz.
    Je note le titre… Merci pour ton avis !
    (au passage, damn, quelle belle couverture !)

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    1. Ravie si mon avis à pu te donner envie. Je trouve que l’univers change de ce qu’on trouve classiquement en fantasy, ça fait du bien. Et oui, parfois un titre court oblige à avoir un rythme plus soutenu et c’est pas plus mal 😉
      (La couverture du 2 est tout aussi belle ><)

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